Texte grec :
[8,80] Ἐπιβαλλομένων δέ τινων καὶ τοὺς παῖδας
ἀποκτεῖναι τοῦ Κασσίου δεινὸν τὸ ἔθος ἔδοξεν εἶναι
τῇ βουλῇ καὶ ἀσύμφορον· καὶ συνελθοῦσα ἐψηφίσατο
ἀφεῖσθαι τὰ μειράκια τῆς τιμωρίας καὶ ἐπὶ πάσῃ ἀδείᾳ
ζῆν, μήτε φυγῇ μήτ´ ἀτιμίᾳ μήτ´ ἄλλῃ συμφορᾷ ζημιωθέντα. καὶ
ἐξ ἐκείνου τὸ ἔθος τοῦτο Ῥωμαίοις
ἐπιχώριον γέγονεν ἕως τῆς καθ´ ἡμᾶς διατηρούμενον
ἡλικίας, ἀφεῖσθαι τιμωρίας ἁπάσης τοὺς παῖδας, ὧν
ἂν οἱ πατέρες ἀδικήσωσιν, ἐάν τε τυράννων ὄντες υἱοὶ
τύχωσιν, ἐάν τε πατροκτόνων, ἐάν τε προδοτῶν, ὃ
μέγιστόν ἐστι παρ´ ἐκείνοις ἀδίκημα. οἵ τε καταλῦσαι
τὸ ἔθος τοῦτ´ ἐπιβαλόμενοι κατὰ τοὺς ἡμετέρους χρόνους μετὰ
τὴν συντέλειαν τοῦ Μαρσικοῦ τε καὶ ἐμφυλίου πολέμου, καὶ τοὺς
παῖδας τῶν ἐπικηρυχθέντων
ἐπὶ Σύλλα πατέρων ἀφελόμενοι τὸ μετιέναι τὰς πατρίους ἀρχὰς
καὶ βουλῆς μετέχειν καθ´ ὃν ἐδυνάστευον
αὐτοὶ χρόνον, ἐπίφθονόν τ´ ἀνθρώποις καὶ νεμεσητὸν
θεοῖς ἔργον ἔδοξαν ἀποδείξασθαι. τοιγάρτοι δίκη μὲν
ἐκείνοις σὺν χρόνῳ τιμωρὸς οὐ μεμπτὴ παρηκολούθησε,
δι´ ἣν ἐκ μεγίστου τέως αὐχήματος εἰς ταπεινότατον
πτῶμα κατήχθησαν, καὶ οὐδὲ γένος τὸ ἐξ αὐτῶν ὅτι
μὴ κατὰ γυναῖκας ἔτι λείπεται. τὸ δ´ ἔθος εἰς τὸν
ἐξ ἀρχῆς κόσμον ὁ τούτους καθελὼν ἀνὴρ ἀποκατέστησε. παρ´
Ἕλλησι δ´ οὐχ οὕτως ἐνίοις ὁ νόμος
ἔχει, ἀλλὰ τοὺς ἐκ τυράννων γενομένους οἱ μὲν
συναποκτίννυσθαι τοῖς πατράσι δικαιοῦσιν, οἱ δ´ ἀειφυγίᾳ
κολάζουσιν, ὥσπερ οὐκ ἐνδεχομένης τῆς φύσεως
χρηστοὺς παῖδας ἐκ πονηρῶν πατέρων ἢ κακοὺς ἐξ
ἀγαθῶν γενέσθαι. ἀλλ´ ὑπὲρ μὲν τούτων εἴτε ὁ παρ´
Ἕλλησιν ἀμείνων νόμος εἴτε τὸ Ῥωμαίων ἔθος κρεῖττον,
ἀφίημι τῷ βουλομένῳ σκοπεῖν· ἐπάνειμι δ´ ἐπὶ τὰ ἑξῆς.
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Traduction française :
[8,80] VIII. QUELQUES personnes voulurent aussi faire mourir les enfants
de Cassius : mais le sénat trouvant cette conduite trop sévère et d'un
exemple très pernicieux, s'assembla exprès pour les exempter du
supplice. Par un arrêt solennel il les renvoya absous ; et sans les exiler, ni
les noter d'infamie, ni les punir de quelque autre manière que ce soit, il
leur permit de vivre en toute sûreté dans leur patrie. Depuis ce temps-là
jusqu'à notre siècle on a toujours observé parmi les Romains la louable
coutume de ne point punir les enfants pour les fautes des pères qui se
trouvaient convaincus de tyrannie, de parricide, ou même de trahison, qui
passe chez eux pour le crime le plus énorme. Ceux qui ont entrepris de
notre temps d'abolir une si sage loi vers la fin de la guerre des Marses et
de la guerre civile, ou qui ont voulu pendant leur domination exclure du
sénat et des charges de leurs pères les enfants des proscrits par Sylla,
ont été regardés comme coupables d'un crime digne de la haine des
hommes et de la colère des dieux , aussi en ont-ils été punis avec le
temps comme ils le méritaient. On les a vu tomber du plus haut point de la
vanité et de la gloire dans l'état le plus bas , en sorte qu'aujourd'hui il ne
leur reste plus de postérité, si ce n'est par les femmes ; et celui qui les a
exterminés a rétabli l'ancien usage. Au reste, quelques-uns des Grecs
n'ont pas en ce point la même coutume que les Romains. Les uns font
mourir les enfants des tyrans avec leurs pères ; les autres se contentent
de les condamner à un exil perpétuel , comme si la nature ne pouvait pas
faire naître de bons enfants de mauvais pères, et de mauvais enfants de
bons pères. Pour moi je n'examine point laquelle est la meilleure, ou de la
coutume des Grecs, ou de celle des Romains : je laisse ce point au
jugement du lecteur, et je reprends le fil de mon histoire.
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