[5,77] Ταῦτα διαπραξάμενος ὁ ἀνὴρ ἀπῆγε τὰς
δυνάμεις ἐκ τῆς ὑπαίθρου καὶ πρὶν ἢ πάντα τὸν τῆς
ἐξουσίας ἐκπληρῶσαι χρόνον ὑπάτους ἀποδείξας ἀπέθετο τὴν ἀρχὴν
οὔτ´ ἀποκτείνας οὐθένα Ῥωμαίων οὔτ´
ἐξελάσας τῆς πατρίδος οὔτ´ ἄλλῃ συμφορᾷ βαρείᾳ περιβαλὼν οὐδεμιᾷ.
οὗτος ὁ ζῆλος ἀπ´ ἐκείνου τοῦ ἀνδρὸς
ἀρξάμενος ἅπασι παρέμεινε τοῖς λαμβάνουσι τὴν αὐτὴν ἐξουσίαν ἄχρι
τῆς τρίτης πρὸ ἡμῶν γενεᾶς. οὐθένα
γοῦν ἐκ τῆς ἱστορίας παρειλήφαμεν, ὃς οὐ μετρίως
αὐτῇ καὶ πολιτικῶς ἐχρήσατο, πολλάκις ἀναγκασθείσης
τῆς πόλεως καταλῦσαι τὰς νομίμους ἀρχὰς καὶ πάντα
ποιῆσαι τὰ πράγματα ὑφ´ ἑνί. καὶ εἰ μὲν ἐν τοῖς
ὀθνείοις πολέμοις μόνον ἦσαν οἱ λαμβάνοντες τὴν
δικτατορίαν ἀγαθοὶ προστάται τῆς πατρίδος μηθὲν
ὑπὸ τοῦ μεγέθους τῆς ἀρχῆς διαφθειρόμενοι ἧττον ἂν
θαυμαστὸν ἦν· νῦν δὲ καὶ ἐν ταῖς ἐμφυλίοις διχοστασίαις
πολλαῖς καὶ μεγάλαις γενομέναις καὶ ἐπὶ
καταλύσει βασιλειῶν καὶ τυραννίδων ὑποπτευομένων
καὶ ἐπ´ ἄλλων συμφορῶν κωλύσει μυρίων ὅσων οἱ
τηλικαύτης τυχόντες ἐξουσίας ἅπαντες ἀνεπιλήπτους
καὶ τῷ πρώτῳ λαβόντι τὴν ἀρχὴν ὁμοίους ἑαυτοὺς
παρέσχον· ὥσθ´ ἅπασι παραστῆναι τὴν αὐτὴν δόξαν,
ὅτι μία βοήθεια παντός ἐστιν ἀνιάτου κακοῦ καὶ
τελευταίας σωτηρίας ἐλπίς, ὅταν ἀπορραγῶσιν ἅπασαι
διὰ καιρούς τινας, ἡ τοῦ δικτάτορος ἀρχή. ἐπὶ δὲ
τῆς κατὰ τοὺς πατέρας ἡμῶν ἡλικίας ὁμοῦ τι τετρακοσίων
διαγενομένων ἐτῶν ἀπὸ τῆς Τίτου Λαρκίου
δικτατορίας διεβλήθη καὶ μισητὸν ἅπασιν ἀνθρώποις
ἐφάνη τὸ πρᾶγμα Λευκίου Κορνηλίου Σύλλα πρώτου
καὶ μόνου πικρῶς αὐτῇ καὶ ὠμῶς χρησαμένου·
ὥστε τότε πρῶτον αἰσθέσθαι Ῥωμαίους, ὃ τὸν ἄλλον
ἅπαντα χρόνον ἠγνόουν, ὅτι τυραννίς ἐστιν ἡ τοῦ
δικτάτορος ἀρχή. βουλήν τε γὰρ ἐκ τῶν ἐπιτυχόντων
ἀνθρώπων συνέστησε καὶ τὸ τῆς δημαρχίας κράτος εἰς
τοὐλάχιστον συνέστειλε καὶ πόλεις ὅλας ἐξῴκισε καὶ
βασιλείας τὰς μὲν ἀνεῖλε, τὰς δ´ αὐτὸς ἀπέδειξε, καὶ
ἄλλα πολλὰ καὶ αὐθάδη διεπράξατο, περὶ ὧν πολὺ ἂν
ἔργον εἴη λέγειν· πολίτας τε χωρὶς τῶν ἐν ταῖς μάχαις
ἀπολομένων τοὺς παραδόντας αὐτῷ σφᾶς αὐτοὺς οὐκ
ἐλάττους τετρακισμυρίων ἀπέκτεινεν, ὧν τινας καὶ
βασάνοις πρῶτον αἰκισάμενος. εἰ μὲν οὖν ἀναγκαίως
ἢ συμφερόντως τῷ κοινῷ πάντα ταῦτ´ ἔπραξεν, οὐχ ὁ
παρὼν καιρὸς ἐξετάζειν· ὅτι δὲ διὰ ταῦτ´ ἐμισήθη καὶ
δεινὸν ἐφάνη τὸ τοῦ δικτάτορος ὄνομα, τοῦτό μοι
προὔκειτο ἐπιδεῖξαι. πέφυκε δ´ οὐ ταῖς δυναστείαις
τοῦτο μόναις, ἀλλὰ καὶ τοῖς ἄλλοις συμβαίνειν τοῖς
περιμαχήτοις καὶ θαυμαζομένοις ὑπὸ τοῦ κοινοῦ βίου
πράγμασι. καλὰ μὲν γὰρ ἅπαντα φαίνεται καὶ συμφέροντα τοῖς
χρωμένοις, ὅταν τις αὐτοῖς χρῆται καλῶς,
αἰσχρὰ δὲ καὶ ἀσύμφορα, ὅταν πονηροὺς λάβῃ προστάτας. τούτου δ´ ἡ
φύσις αἰτία προσθεῖσα τοῖς ἀγαθοῖς ἅπασι καὶ κῆράς τινας συμφύτους.
ἀλλ´ ὑπὲρ μὲν τούτων ἕτερος ἂν εἴη τοῖς λόγοις καιρὸς ἐπιτηδειότερος.
| [5,77] XV. LA guerre terminée, il décampa pour s'en retourner à Rome avec
ses troupes. Avant que tout le temps de la dictature fût expiré il créa des
consuls, et se démit de sa charge, sans avoir jamais fait mourir, ni exilé, ni
chagriné en aucune chose un seul Romain. Son zèle et son exemple ont
été suivis par tous les autres dictateurs jusqu'à la troisième génération
avant celle-ci, car nous ne voyons point dans l'histoire qu'aucun de ceux
qui ont été revêtus, de cette éminente dignité, ait jamais agi autrement
qu'avec modération et prudence, quoique Rome se soit vue souvent
obligée de supprimer pour un temps les charges ordinaires afin de
remettre toute l'autorité de la république entre les mains d'un seul homme.
Si l'on n'eût fait des dictateurs que dans les temps où l'on était en guerre
avec les nations étrangères, il n'y aurait peut-être pas tant de sujet de
s'étonner qu'ils eussent défendu avec valeur la liberté de la patrie sans se
laisser corrompre par la grandeur de leur puissance. Mais comme on en a
créé non seulement dans les séditions et dans les guerres civiles qui ont
été fort fréquentes et très grandes, mais encore toutes les fois qu'il a fallu
s'opposer à ceux qu'on soupçonnait d'aspirer à la royauté ou à la tyrannie
et en mille autres occasions : il est surprenant que tous ceux qui ont été
revêtus de cette magistrature se soient rendus irréprochables, et qu'aucun
ne se soit écarté de la route du premier des dictateurs. Aussi a-t-on
toujours été persuadé que la dictature était l'unique remède à tous les
maux incurables et la dernière espérance des peuples quand le malheur
des temps leur avait ôté toutes les autres ressources.
XVI. Du temps de nos pères, quatre cents ans entiers après la
dictature de Titus Largius, cette dignité devint odieuse à tout le monde
dans la personne de Lucius Cornélius Sylla, car il fut le premier qui en
abusa pour exercer mille cruautés, et il est le seul qui ait changé cette
magistrature respectable en une tyrannie ouverte. Les Romains
reconnurent alors ce qu'ils avaient ignoré pendant plusieurs siècles, que
la dictature était une véritable tyrannie. En effet Sylla composa un sénat
des premiers venus, il resserra l'autorité des tribuns du peuple dans des
bornes très étroites, il désola des villes entières et il détruisit des
royaumes, il en établit d'autres, enfin il s'emporta a mille excès qu'il
serait trop long de rapporter ici. Outre une infinité de citoyens qui périrent
dans les combats, il en fit mourir au moins quatre mille qui s'étaient
rendus à lui, dont il y en eut même quelques-uns qu'il fit mettre
ignominieusement à la torture avant de leur ôter la vie. Il n'est pas temps
présentement d'examiner s'il usa de rigueur par nécessité ou pour l'utilité
de la république. J'ai voulu seulement faire voir que ces excès rendirent la
dictature odieuse et insupportable. Au reste, c'est le sort ordinaire des
puissances et des dignités, comme de toutes les autres choses qui sont
un objet d'envie et d'admiration. Elles paraissent belles d'abord, et on en
sent l'utilité, tant qu'elles sont en bonnes mains, dès qu'on commence à
en abuser, on s'en dégoûte, on les déteste, et elles deviennent
préjudiciables. Il faut s'en prendre à la nature, qui a attaché aux plus
grands biens quelque chose de fatal. Mais ce n'est pas ici le lieu d'en dire
davantage sur cette matière ; nous en parlerons plus au long, dans une
autre occasion. Aulus Sempronius Atratinus et Marcus Minucius furent
faits consuls l'année suivante, qui était la première de la soixante-
onzième olympiade, vers le temps que Tisicrate de Crotone remporta le
prix de la course, Hipparque étant archonte à Athènes.
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