[5,64] Ἦν δ´ ὁ ταύτης ἡγούμενος τῆς γνώμης
Μάρκος Οὐαλέριος, υἱὸς Ποπλίου Οὐαλερίου, ἑνὸς τῶν
καταλυσάντων τὴν τυραννίδα, τοῦ κληθέντος διὰ τὴν
εἰς τὸ δημοτικὸν εὔνοιαν Ποπλικόλα, διδάσκων αὐτούς, ὅτι τοῖς μὲν
ὑπὲρ τῶν ἴσων ἀγωνιζομένοις ἴσαι
φιλοῦσιν ἐμφύεσθαι πρὸς τὰ ἔργα φιλοτιμίαι, τοῖς δὲ
μηδὲν ἀπολαύειν μέλλουσιν ἀγαθὸν οὐδὲν ἐπέρχεται
φρονεῖν γενναῖον· ἠρεθίσθαι τε λέγων ἅπαντας τοὺς
ἀπόρους καὶ περιιόντας κατὰ τὴν ἀγορὰν λέγειν· Τί
δ´ ἡμῖν ἔσται πλέον, ἐὰν νικήσωμεν τοὺς ἔξωθεν πολεμίους, εἰ τοῖς
δανεισταῖς ἀγώγιμοι πρὸς τὰ χρέα
γενησόμεθα καὶ τῇ πόλει τὴν ἡγεμονίαν κατασκευάσαντες αὐτοὶ μηδὲ
τὴν ἐλευθερίαν τοῖς σώμασι φυλάξαι δυνησόμεθα; κίνδυνόν τ´ οὐ
τοῦτον μόνον ἐπαχθῆναι σφίσιν ἀποφαίνων, ἐὰν ἐκπολεμωθῇ πρὸς
τὴν βουλὴν ὁ δῆμος, μὴ καταλίπῃ τὴν πόλιν ἐν τοῖς
κινδύνοις, ὃ πάντας ὀρρωδεῖν χρὴ τοὺς τὰ κοινὰ σώζεσθαι
βουλομένους, ἀλλὰ κἀκεῖνον τὸν ἔτι τούτου
χαλεπώτερον, μὴ ταῖς παρὰ τῶν τυράννων φιλανθρωπίαις ἐξαπατηθεὶς
κατὰ τῶν πατρικίων ἄρηται τὰ ὅπλα
καὶ συγκαταγάγῃ Ταρκύνιον ἐπὶ τὴν ἀρχήν. ἕως οὖν
ἔτι λόγους καὶ ἀπειλὰς εἶναι, πονηρὸν δ´ ἔργον μηδὲν
ὑπὸ τοῦ δήμου γεγονέναι, φθάσαι τῇ βοηθείᾳ ταύτῃ
τὸν δῆμον εἰς τὰ πράγματα προοικειωσαμένους παρῄνει, οὔτε πρώτους
τὸ πολίτευμα τοῦτο καθισταμένους
οὔτε αἰσχύνην τινὰ δι´ αὐτὸ μεγάλην ὀφλήσοντας,
ἀλλὰ πολλοὺς ἔχοντας ἐπιδεῖξαι καὶ τοῦτο ὑπομείναντας καὶ ἄλλα
πολλῷ τούτου χαλεπώτερα, ὅταν μηθὲν
ἐξῇ πράττειν ἕτερον· τὰς γὰρ ἀνάγκας κρείττους εἶναι
τῆς ἀνθρωπίνης φύσεως, καὶ τὸ εὐπρεπὲς τότε ἀξιοῦν
ἅπαντας σκοπεῖν, ὅταν ἔχωσιν ἤδη τὸ ἀσφαλές.
| [5,64] Le premier qui ouvrit cet avis fut Marcus Valérius, il était fils
de Marcus Valérius : celui-ci était un de ceux qui avaient chassé les
tyrans, et frère de ce Publius Valérius qu'on avait surnommé Poplicola à
cause de l'amour qu'il avait pour le peuple.
XIII. IL représenta aux sénateurs, que ceux qui combattent pour une
chose où ils ont tous également intérêt, sont ordinairement animés d'une
égale émulation, au lieu que ceux qui n'en espèrent aucun avantage, ne
peuvent avoir des sentiments de valeur. Que tous les pauvres étaient
irrités, et que courant çà et là dans la place publique, ils répétaient
incessamment ces discours : Que nous servira-t-il de vaincre les ennemis
du dehors, si nos créanciers nous mettent dans les fers pour les dettes
que nous avons contactées ? Quel avantage aurons-nous d'affermir
l'empire de Rome, si nous ne pouvons pas conserver notre propre liberté ?
XIV. Il fit voir qu'il n'y avait pas seulement à craindre que le peuple
irrité contre le sénat, n'abandonnât la ville dans les périls qui la
menaçaient, ce que tous les vrais amateurs du bien public devaient
appréhender surtout: mais qu'il y avait encore plus de danger que la
populace gagnée par les caresses des tyrans, ne prît les armes contre les
patriciens et ne remît Tarquin sur le trône. Que pendant qu'elle n'en était
encore qu'aux paroles et aux menaces sans avoir fait aucun mal, il fallait
l'adoucir par le bienfait de l'abolition des dettes, afin de prévenir de plus
grands maux.
XV. QU'ILS ne seraient pas les premiers qui en auraient usé de la
sorte ; que cette condescendance ne tournerait point à leur déshonneur ;
qu'ils pouvaient s'autoriser de l'exemple de plusieurs magistrats qui
avaient pris un parti semblable, et même beaucoup plus difficile, quand ils
n'avaient pu faire autrement. Que la nécessité était au dessus des forces
de l'homme, et qu'on ne devait avoir égard á la bienséance que quand on
ne courait aucun risque.
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