[5,16] Ἤδη δὲ περὶ καταφορὰν ὄντος ἡλίου πρὸς
τοὺς ἑαυτῶν ἀνέστρεψαν ἑκάτεροι χάρακας, οὐ τοσοῦτον ἐπὶ τῇ νίκῃ
χαίροντες, ὅσον ἐπὶ τῷ πλήθει τῶν
ἀπολωλότων ἀχθόμενοι καί, εἰ δεήσειεν αὐτοῖς ἑτέρας
μάχης, οὐχ ἱκανοὺς ἡγούμενοι τὸν ἀγῶνα ἄρασθαι τοὺς
περιλειπομένους σφῶν τραυματίας τοὺς πολλοὺς ὄντας.
πλείων δ´ ἦν περὶ τοὺς Ῥωμαίους ἀθυμία καὶ ἀπόγνωσις τῶν πραγμάτων
διὰ τὸν τοῦ ἡγεμόνος θάνατον· καὶ λογισμὸς εἰσῄει πολλοῖς, ὡς
ἄμεινον εἴη σφίσιν ἐκλιπεῖν τὸν χάρακα πρὶν ἡμέραν γενέσθαι.
τοιαῦτα δ´ αὐτῶν διανοουμένων καὶ διαλεγομένων
πρὸς ἀλλήλους περὶ τὴν πρώτην που μάλιστα φυλακὴν
ἐκ τοῦ δρυμοῦ, παρ´ ὃν ἐστρατοπεδεύσαντο, φωνή τις
ἠκούσθη ταῖς δυνάμεσιν ἀμφοτέραις γεγονυῖα, ὥσθ´
ἅπαντας αὐτοὺς ἀκούειν εἴτε τοῦ κατέχοντος τὸ τέμενος ἥρωος εἴτε
τοῦ καλουμένου Φαύνου. τούτῳ γὰρ
ἀνατιθέασι τῷ δαίμονι Ῥωμαῖοι τὰ πανικὰ καὶ ὅσα
φάσματα μορφὰς ἄλλοτε ἀλλοίας ἴσχοντα εἰς ὄψιν ἀνθρώπων ἔρχεται
δείματα φέροντα, ἢ φωναὶ δαιμόνιοι
ταράττουσι τὰς ἀκοὰς τούτου φασὶν εἶναι τοῦ θεοῦ
τὸ ἔργον. ἡ δὲ τοῦ δαιμονίου φωνὴ θαρρεῖν παρεκελεύετο τοῖς
Ῥωμαίοις ὡς νενικηκόσιν, ἑνὶ πλείους
εἶναι τοὺς τῶν πολεμίων ἀποφαίνουσα νεκρούς. ταύτῃ
λέγουσι τῇ φωνῇ τὸν Οὐαλέριον ἐπαρθέντα νυκτὸς ἔτι
πολλῆς ἐπὶ τὸν χάρακα τῶν Τυρρηνῶν ὤσασθαι καὶ
πολλοὺς μὲν ἀποκτείναντα ἐξ αὐτῶν, τοὺς δὲ λοιποὺς
ἐκβαλόντα κρατῆσαι τοῦ στρατοπέδου.
| [5,16] V. DEJA le soleil penchait vers son couchant lorsque les deux
armées se séparèrent. Chacun se retira dans son camp, moins joyeux de
la victoire, qu'affligé d'avoir perdu tant de monde à cette affreuse journée.
La plupart des soldats qui survécurent à cet horrible
carnage, étaient accablés de blessures ; ni les uns ni les autres n'étaient
plus en état de livrer un second combat. La consternation fut néanmoins
plus grande du côté des Romains, et la perte de leur chef les jeta dans un
tel abattement, que la plupart ne croyaient pas qu'il y eût de meilleur parti
à prendre que d'abandonner leur camp avant le jour. Ils étaient dans cette
pensée et s'en entretenaient ensemble, lorsque vers la première veille il
sortit du bois voisin de leur camp une certaine voix qui fut entendue
distinctement des deux armées, soit qu'elle vînt du héros qui préside à ce
bois, soit que ce fût la voix du dieu qu'on appelle Faunus. Car c'est lui que
les Romains croyent l'auteur des terreurs paniques ; c'est à lui qu'ils
attribuent les spectres effrayants qui apparaissent aux hommes sous une
forme étrangère ; c'est à ce même dieu qu'ils rapportent les voix divines
qui jettent l'épouvante et le trouble dans les esprits. Quoiqu'il en soit, la
voix du dieu exhortait les Romains à prendre courage, elle leur apprenait
que la victoire était de leur côté, et que les ennemis avaient perdu un
homme de plus qu'eux dans la dernière action.
VI. ON dit qu'animé par cette voix Valerius fondit pendant la nuit sur
les lignes des Tyrrhéniens, qu'il en tua un grand nombre, mit le reste en
fuite, et se rendit maître de leur camp. Telle fut l'issue et le succès du
combat. Le lendemain les Romains s'en retournèrent, après avoir enseveli
leurs morts et dépouillé ceux des ennemis.
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