HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Sur l'ambassade (discours complet)

Paragraphes 330-343

  Paragraphes 330-343

[330] Ἔσθ' ὅντιν' ὑμεῖς, ἄνδρες δικασταί, τῶν πρέσβεων ὧν ἔπεμψε Φίλιππος χαλκοῦν στήσαιτ' ἂν ἐν ἀγορᾷ; Τί δέ; Δοίητ' ἂν ἐν πρυτανείῳ σίτησιν ἄλλην τινὰ δωρειάν, αἷς τιμᾶτε τοὺς εὐεργέτας; Ἐγὼ μὲν οὐκ οἶμαι. Διὰ τί; ̔Οὔτε γὰρ ὑμεῖς γ' ἀχάριστοί ἐστ' οὔτ' ἄδικοι ἄνθρωποι οὔτε κακοίὅτι πάνθ' ὑπὲρ Φιλίππου καὶ οὐδ' ὁτιοῦν ὑπὲρ ὑμῶν ἔπραξαν, εἴποιτ' ἄν, καὶ ἀληθῆ καὶ δίκαια. (331) Εἶτ' οἴεσθ' ὑμεῖς μὲν οὕτω γιγνώσκειν, τὸν δὲ Φίλιππον οὐχ οὕτω, ἀλλὰ τούτοις διδόναι τηλικαύτας καὶ τοσαύτας δωρειὰς διότι ὑπὲρ ὑμῶν καλῶς καὶ δικαίως ἐπρέσβευσαν; Οὐκ ἔστι ταῦτα. Τὸν γὰρ Ἡγήσιππον ὁρᾶτε καὶ τοὺς μετ' αὐτοῦ πρέσβεις πῶς ἐδέξατο. Τὰ μὲν ἄλλα σιωπῶ, ἀλλὰ Ξενοκλείδην τουτονὶ τὸν ποιητὴν ἐξεκήρυξεν, ὅτι αὐτοὺς ὑπεδέξατο πολίτας ὄντας. Τοῖς μὲν γὰρ ὑπὲρ ὑμῶν λέγουσι δικαίως ὅσ' ἂν φρονῶσι τοῦτον τὸν τρόπον προσφέρεται, τοῖς δὲ πεπρακόσιν αὑτοὺς ὡς τούτοις. Ταῦτ' οὖν μαρτύρων, ταῦτ' ἐλέγχων τινῶν ἔτι δεῖται μειζόνων; Ταῦτ' ἀφαιρήσεταί τις ὑμῶν; (332) Εἶπε τοίνυν μοί τις ἄρτι προσελθὼν πρὸ τοῦ δικαστηρίου πρᾶγμα καινότατον πάντων, Χάρητος κατηγορεῖν αὐτὸν παρεσκευάσθαι, καὶ διὰ τούτου τοῦ τρόπου καὶ τούτων τῶν λόγων ἐξαπατήσειν ὑμᾶς ἐλπίζειν. Ἐγὼ δ' ὅτι μὲν πάντα τρόπον κρινόμενος Χάρης εὕρηται πιστῶς καὶ εὐνοϊκῶς, ὅσον ἦν ἐπ' ἐκείνῳ, πράττων ὑπὲρ ὑμῶν, διὰ τοὺς δ' ἐπὶ χρήμασι λυμαινομένους τοῖς πράγμασι πολλῶν ὑστερῶν, οὐ σφόδρ' ἰσχυρίζομαι, ἀλλ' ὑπερβολὴν ποιήσομαι· ἔστω γὰρ πάντ' ἀληθῆ λέξειν περὶ αὐτοῦ τουτονί. Καὶ οὕτω τοίνυν κομιδῇ γέλως ἐστὶ κατηγορεῖν ἐκείνου τουτονί. (333) Ἐγὼ γὰρ Αἰσχίνην οὐδενὸς αἰτιῶμαι τῶν ἐν τῷ πολέμῳ πραχθέντων ̔τούτων γάρ εἰσιν οἱ στρατηγοὶ ὑπεύθυνοἰ, οὐδὲ τοῦ ποιήσασθαι τὴν πόλιν εἰρήνην, ἀλλ' ἄχρι τούτου πάντ' ἀφίημι. Τί οὖν λέγω καὶ πόθεν ἄρχομαι κατηγορεῖν; Τοῦ ποιουμένης τῆς πόλεως εἰρήνην Φιλοκράτει συνειπεῖν, ἀλλὰ μὴ τοῖς τὰ βέλτιστα γράφουσι, (καὶ) τοῦ δῶρ' εἰληφέναι, τοῦ μετὰ ταῦτ' ἐπὶ τῆς ὑστέρας πρεσβείας τοὺς χρόνους κατατρῖψαι καὶ μηδὲν ὧν προσετάξαθ' ὑμεῖς ποιῆσαι, τοῦ φενακίσαι τὴν πόλιν καὶ παραστήσαντ' ἐλπίδας, ὡς ὅσα βουλόμεθ' ἡμεῖς Φίλιππος πράξει, πάντ' ἀπολωλεκέναι, τοῦ μετὰ ταῦθ', ἑτέρων προλεγόντων φυλάττεσθαι τὸν τοσαῦτ' ἠδικηκότα, τοῦτον ἐκείνῳ συνηγορεῖν. (334) Ταῦτα κατηγορῶ, ταῦτα μέμνησθε, ἐπεὶ δικαίαν εἰρήνην καὶ ἴσην καὶ μηδὲν πεπρακότας ἀνθρώπους μηδὲ ψευσαμένους ὕστερον κἂν ἐπῄνουν καὶ στεφανοῦν ἐκέλευον. Στρατηγὸς δ' εἴ τις ἠδίκηκεν ὑμᾶς, οὐχὶ κοινωνεῖ ταῖς νῦν εὐθύναις. Ποῖος γὰρ στρατηγὸς Ἅλον, τίς δὲ Φωκέας ἀπολώλεκε; Τίς δὲ Δορίσκον; Τίς δὲ Κερσοβλέπτην; Τίς δ' Ἱερὸν ὄρος; Τίς δὲ Πύλας; Τίς δὲ πεποίηκεν ἄχρι τῆς Ἀττικῆς ὁδὸν διὰ συμμάχων καὶ φίλων εἶναι Φιλίππῳ; Τίς δὲ Κορώνειαν, τίς δ' Ὀρχομενόν, τίς Εὔβοιαν ἀλλοτρίαν; (335) Τίς Μέγαρα πρώην ὀλίγου; Τίς Θηβαίους ἰσχυρούς; Τούτων γὰρ οὐδὲν τοσούτων καὶ τηλικούτων ὄντων διὰ τοὺς στρατηγοὺς ἀπώλετο, οὐδ' ἐν τῇ εἰρήνῃ συγχωρηθὲν πεισθέντων ὑμῶν ἔχει Φίλιππος, ἀλλὰ διὰ τούτους ἀπόλωλε καὶ τὴν τούτων δωροδοκίαν. Ἂν τοίνυν ταῦτα μὲν φεύγῃ, πλανᾷ δὲ καὶ πάντα μᾶλλον λέγῃ, ἐκείνως αὐτὸν δέχεσθε. « Οὐ στρατηγῷ δικάζομεν, οὐ περὶ τούτων κρίνει. Μὴ λέγ' εἴ τις αἴτιός ἐστι καὶ ἄλλος τοῦ Φωκέων ὀλέθρου, ἀλλ' ὡς οὐ σὺ αἴτιος δεῖξον. Τί οὖν, εἴ τι Δημοσθένης ἠδίκει, νῦν λέγεις, ἀλλ' οὐχ ὅτε τὰς εὐθύνας ἐδίδου κατηγόρεις; Δι' αὐτὸ γὰρ εἶ τοῦτ' ἀπολωλέναι δίκαιος. (336) Μὴ λέγ' ὡς καλὸν εἰρήνη, μηδ' ὡς συμφέρον· οὐδεὶς γὰρ αἰτιᾶταί σε τοῦ ποιήσασθαι τὴν πόλιν εἰρήνην· ἀλλ' ὡς οὐκ αἰσχρὰ καὶ ἐπονείδιστος, καὶ πόλλ' ὕστερον ἐξηπατήμεθα, καὶ πάντ' ἀπώλετο, ταῦτα λέγε. Τούτων γὰρ ἁπάντων ἡμῖν αἴτιος σὺ δέδειξαι. Καὶ τί δὴ μέχρι νυνὶ τὸν τὰ τοιαῦτα πεποιηκότ' ἐπαινεῖς; » Ἂν οὕτω φυλάττητ' αὐτόν, οὐχ ἕξει τί λέγῃ, ἀλλὰ τὴν ἄλλως ἐνταῦθ' ἐπαρεῖ τὴν φωνὴν καὶ πεφωνασκηκὼς ἔσται. (337) Καίτοι καὶ περὶ τῆς φωνῆς ἴσως εἰπεῖν ἀνάγκη· πάνυ γὰρ μέγα καὶ ἐπὶ ταύτῃ φρονεῖν αὐτὸν ἀκούω, ὡς καθυποκρινούμενον ὑμᾶς. Ἐμοὶ δὲ δοκεῖτ' ἀτοπώτατον ἁπάντων ἂν ποιῆσαι, εἰ, ὅτε μὲν τὰ Θυέστου καὶ τῶν ἐπὶ Τροίᾳ κάκ' ἠγωνίζετο, ἐξεβάλλετ' αὐτὸν καὶ ἐξεσυρίττετ' ἐκ τῶν θεάτρων καὶ μόνον οὐ κατελεύεθ' οὕτως ὥστε τελευτῶντα τοῦ τριταγωνιστεῖν ἀποστῆναι, ἐπειδὴ δ' οὐκ ἐπὶ τῆς σκηνῆς, ἀλλ' ἐν τοῖς κοινοῖς καὶ μεγίστοις τῆς πόλεως πράγμασι μυρί' εἴργασται κακά, τηνικαῦθ' ὡς καλὸν φθεγγομένῳ προσέχοιτε. (338) Μηδαμῶς· μηδὲν ὑμεῖς ἀβέλτερον πάθητε, ἀλλὰ λογίζεσθ' ὅτι δεῖ κήρυκα μὲν ἂν δοκιμάζητε, εὔφωνον σκοπεῖν, πρεσβευτὴν δὲ καὶ τῶν κοινῶν ἀξιοῦντά τι πράττειν δίκαιον καὶ φρόνημ' ἔχονθ' ὑπὲρ μὲν ὑμῶν μέγα, πρὸς δ' ὑμᾶς ἴσον, ὥσπερ ἐγὼ Φίλιππον μὲν οὐκ ἐθαύμασα, τοὺς δ' αἰχμαλώτους ἐθαύμασα, ἔσωσα, οὐδὲν ὑπεστειλάμην. Οὗτος δ' ἐκείνου μὲν προὐκαλινδεῖτο, τοὺς παιᾶνας P[330] Des ambassadeurs revenus de chez Philippe, en est-il un seul, ô juges! à qui vous élèveriez une statue sur la place publique? Que dis-je? lui assigneriez- vous une pension au Prytanée, ou telle autre récompense dont vous payez vos zélés serviteurs? non, sans doute. Et pourquoi? Ce n'est pas que vous soyez injustes, durs ou ingrats; mais c'est, diriez-vous, qu'ils ont agi pour l'intérêt de Philippe, et nullement pour le nôtre : réponse juste et vraie. (331) Eh bien ! croyez-vous que le monarque pense différemment? croyez- vous qu'il ait été si magnifique envers eux pour reconnaître leurs bons et loyaux services envers Athènes? Cela n'est point. Voyez l'accueil qu'il a fait à Hégésippe et à ses collègues. Sans parler du reste, il a fait expulser à son de trompe notre poète Xénoclide, pour avoir reçu chez lui ses concitoyens. Voilà comme il traite ceux qui soutiennent leur opinion et vos droits; ceux qui se vendent sont traités comme Eschine et Pbîlocrate. Faut-il encore des témoins? faut-il de plus fortes preuves? arrachera-t-on cela de votre conviction? (332) Tout à l'heure, devant cette enceinte, quelqu'un, s'approchant de moi, m'apprit la plus étrange nouvelle : Eschine a préparé une accusation contre Charès; et, par cette diversion oratoire, il espère vous donner le change. Athéniens, un procès ferait reconnaître que Charès vous a toujours servis avec tout le zèle, avec toute la fidélité dont il était capable, et que ses échecs furent l'ouvrage des hommes cupides qui ont ruiné vos affaires : mais je n'insiste point, je ferai même la concession la plus large. Tenons pour vrai tout ce qu'avancera l'accusé contre ce général : même alors ce procès serait une pure dérision. (333) Car je n'impute à Eschine ni aucun des événements de la guerre, dont les généraux seuls sont responsables, ni la paix faite par la République : oui, jusque-là, je le tiens quitte de tout. Quel est donc mon objet, et où commence mon accusation ? A l'appui qu'il a prêté à Philocrate en combattant les plus utiles propositions, lorsque Athènes négociait cette paix ; aux présents qu'il a reçus ; au temps précieux qu'il consuma ensuite dans la seconde ambassade. N'avoir exécuté aucun de vos ordres ; avoir trompé la République; avoir tout perdu par l'espoir pompeusement étalé de la docilité de Philippe à nos désirs; s'être fait l'avocat d'un prince coupable de tant d'injustices, et contre lequel d'autres citoyens armaient votre méfiance : (334) voilà mon accusation, voilà vos souvenirs. Ah! si la paix eût été, à mes yeux, juste et favorable pour tous ; si je n'avais vu ces hommes tout vendre, puis vous abuser par des mensonges, j'aurais moi-même demandé pour eux des éloges et des couronnes. Quant aux délits qu'a pu commettre un général, ils sont étrangers à la cause. Quel général, en effet, a perdu la Phocide, livré Alos, Doriskos, Kersobleptès, Mont-Sacré, les Thermopyles? Quel général a frayé à Philippe un chemin jusqu'à l'Attique à travers nos alliés et nos amis? Quel général a soumis à l'étranger Coronée, Orchomène, l'Eubée, (335) et, peu s'en fallait dernièrement, Mégare? Quel général a rendu Thèbes puissante? De tant de pertes, si graves, si nombreuses, pas une n'a été l'œuvre de vos chefs militaires, ou le résultat d'une cession faite à Philippe par les Athéniens persuadés dans un traité de paix (113) : toutes ont leur cause dans la cupidité de vos ambassadeurs. Si donc Eschine fuit et veut vous égarer vers quelque autre objet, résistez-lui par ces mots : Nous ne jugeons pas un général ; ce n'est pas sur la conduite de la guerre que tu es accusé. Ne dis pas qu'un autre ait été complice de la ruine des Phocidiens, mais démontre que tu n'y as aucune part. Pourquoi, si Démosthène a prévariqué, n'en parler qu'aujourd'hui ? Que ne l'accusais-tu quand il rendait ses comptes? Cela seul suffit pour te condamner. (336) Ne viens pas nous vanter les douceurs et les avantages de la paix; on ne t'impute pas d'avoir engagé la République à la faire : mais que cette paix ne soit pas une flétrissure et un outrage ; que, depuis sa conclusion, toutes nos espérances n'aient pas été déçues, tous nos droits anéantis : c'est là ce que tu dois prouver, puisque c'est là ce qu'on a démontré contre toi. D'ailleurs, pourquoi, aujourd'hui encore, louer le prince, auteur de tant de maux? Si vous le pressez ainsi, Athéniens, il ne saura que dire : vainement alors fera-t-il éclater sa voix, vainement l'aura-t-il exercée. (337) La voix! ce sujet demande aussi quelques mots. Tout fier de la sienne, Eschine, me dit-on, compte vous subjuguer par une illusion théâtrale. Quoi, Athéniens! celui qui, jouant les malheurs de Thyeste et les infortunes de Troie, fut, par vous, sifflé, chassé de la scène, presque lapidé, réduit enfin à renoncer aux troisièmes rôles ; celui-là, quand il a causé tant d'infortunes, non comme tragédien, mais comme chargé des plus hauts intérêts de sa patrie, vous captiverait par les sons de sa voix ! Ce serait, à mes yeux, la plus étrange inconséquence. (338) Loin de vous d'aussi sottes impressions ! Songez que c'est aux épreuves subies par les crieurs publics qu'il faut demander de forts poumons; mais que le choix d'un député, d'un citoyen qui veut devenir homme d'État, doit être basé sur son intégrité, sur la fierté de son âme lorsqu'il agit pour vous, sur son amour de l'égalité au milieu de vous. Moi, par exemple, Philippe ne m'a pas ébloui ; je n'ai eu des yeux que pour nos captifs, que j'ai rachetés ; je n'ai jamais fléchi devant ce prince. Eschine, le front dans la poussière, chantait ses victoires ; Eschine n'avait de dédains que pour Athènes. (339) Sans doute, l'éloquence, la voix, ou quelque autre avantage de ce genre, joint à l'ambition du patriotisme et de la vertu, doit être pour vous tous une cause de joie et l'objet de vos encouragements ; c'est un bien que se partage un peuple entier. Mais, se rencontre-t-il chez le méchant que la cupidité courbe devant un peu d'or? repoussez l'orateur, ne l'écoutez qu'avec haine et colère. Devenu, par le talent, une puissance, le méchant, chez vous, est le fléau de l'État.
[340] Ὁρᾶτε δ', ἀφ' ὧν οὗτος εὐδοκιμεῖ πηλίκα τῇ πόλει περιέστηκε πράγματα. Αἱ μὲν τοίνυν ἄλλαι δυνάμεις ἐπιεικῶς εἰσιν αὐτάρκεις, δὲ τοῦ λέγειν, ἂν τὰ παρ' ὑμῶν τῶν ἀκουόντων ἀντιστῇ, διακόπτεται. Οὕτως οὖν ἀκούετε τούτου ὡς πονηροῦ καὶ δωροδόκου καὶ οὐδ' ὁτιοῦν ἐροῦντος ἀληθές. (341) Ὅτι δ' οὐ μόνον κατὰ τἄλλα, ἀλλὰ καὶ τὰ πρὸς αὐτὸν τὸν Φίλιππον πράγματα πανταχῶς συμφέρει τοῦτον ἑαλωκέναι, θεάσασθε. Εἴτε γὰρ ἥξει ποτ' εἰς ἀνάγκην τῶν δικαίων τι ποιεῖν τῇ πόλει, τὸν τρόπον μεταθήσεται· νῦν μὲν γὰρ ᾕρηται τοὺς πολλοὺς ἐξαπατῶν ὀλίγους θεραπεύειν, ἂν δὲ τούτους ἀπολωλότας πύθηται, ὑμῖν τοῖς πολλοῖς καὶ πάντων κυρίοις τὰ λοιπὰ ποιεῖν βουλήσεται. (342) Εἴτ' ἐπὶ τῆς αὐτῆς ἧσπερ νῦν ἐξουσίας καὶ ἀσελγείας μενεῖ, τοὺς ὁτιοῦν ἂν ἐκείνῳ ποιήσαντας ἀνῃρηκότες ἐκ τῆς πόλεως ἔσεσθε, ἂν τούτους ἀνέλητε· οἳ γὰρ οἰόμενοι δίκην ὑφέξειν τοιαῦτ' ἔπραξαν, τούτους, ἂν τὰ παρ' ὑμῶν αὐτοῖς ἐφεθῇ, τί οἴεσθε ποιήσειν; Ποῖον Εὐθυκράτη, ποῖον Λασθένη, τίν' οὐχ ὑπερβαλεῖσθαι προδότην; (343) Τίνα δ' οὐ πάντων τῶν ἄλλων χείρω πολίτην ὑπάρξειν, ὁρῶντα τοῖς μὲν ἅπαντα πεπρακόσι χρήματα, δόξαν, ἀφορμὴν τὴν Φιλίππου ξενίαν περιοῦσαν, τοῖς δὲ δικαίους τε παρέχουσιν ἑαυτοὺς καὶ προσανηλωκόσι χρήματα πράγματα, ἀπεχθείας, φθόνον περιόντα παρ' ἐνίων; Μηδαμῶς· οὔτε γὰρ πρὸς δόξαν οὔτε πρὸς εὐσέβειαν οὔτε πρὸς ἀσφάλειαν οὔτε πρὸς ἄλλ' οὐδὲν ὑμῖν συμφέρει τοῦτον ἀφεῖναι, ἀλλὰ τιμωρησαμένους παράδειγμα ποιῆσαι πᾶσι, καὶ τοῖς πολίταις καὶ τοῖς ἄλλοις Ἕλλησιν. [340] Voyez combien Athènes a souffert de ce qui faisait la gloire d'Eschine! Les autres talents se soutiennent assez d'eux-mêmes : mais l'opposition des auditeurs frappe la parole d'impuissance. N'écoutez donc l'accusé que comme un perfide, un mercenaire, un imposteur. (341) À tant de motifs réunis qui demandent sa condamnation, ajoutez notre position vis-à-vis de Philippe. Réduit à la nécessité de respecter nos droits, il changera de politique. Son système, jusqu'à ce jour, fut de courtiser quelques hommes pour tromper le Peuple. Qu'il apprenne leur mort : c'est à vous, Peuple redevenu souverain, qu'il voudra désormais complaire. (342) Ou bien, s'il s'obstine dans son insolente audace, vous aurez, dans la personne de ces criminels, retranché de la République des gens toujours prêts à le servir. Coupables de tels forfaits alors même qu'ils se voyaient menacés par les tribunaux, que ne feront-ils pas, s'ils en sortent absous? Où est l'Euthycrate, où est le Lasthène que le dernier de nos traîtres ne va pas surpasser? (343) Quel citoyen ne rivalisera point de bassesse, quand il verra l'or, le crédit, et tout ce que l'amitié de Philippe peut prodiguer de biens, affluer vers ceux qui ont vendu la Grèce, tandis que des hommes intègres, qui ont fait des sacrifices de fortune, sont inquiétés, sont poursuivis par la haine et l'envie? Non, non; pour votre honneur, pour votre religion, pour votre sûreté, pour tous vos intérêts, n'acquittez pas Eschine : il importe que vous donniez, par son châtiment, une leçon à tous les Athéniens, à toute la Grèce.


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Dernière mise à jour : 22/01/2009