HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Sur l'ambassade (discours complet)

Paragraphes 320-329

  Paragraphes 320-329

[320] ᾜδει δὴ σαφῶς, οἶμαι, τοῦθ' ὅτι νῦν, ἡνίκ' ἐστασίαζε μὲν αὐτῷ τὰ Θετταλῶν, καὶ Φεραῖοι πρῶτον οὐ συνηκολούθουν, ἐκρατοῦντο δὲ Θηβαῖοι καὶ μάχην ἥττηντο καὶ τρόπαιον ἀπ' αὐτῶν εἱστήκει, οὐκ ἔνεστι παρελθεῖν, εἰ βοηθήσεθ' ὑμεῖς, οὐδ', ἂν ἐπιχειρῇ, χαιρήσει, εἰ μή τις τέχνη προσγενήσεται. Πῶς οὖν μήτε ψεύσωμαι φανερῶς, μήτ' ἐπιορκεῖν δόξας πάνθ' βούλομαι διαπράξωμαι; Πῶς; Οὕτως, ἂν Ἀθηναίων τινὰς εὕρω τοὺς Ἀθηναίους ἐξαπατήσοντας· ταύτης γὰρ οὐκέτ' ἐγὼ τῆς αἰσχύνης κληρονομῶ. (321) Ἐντεῦθεν οἱ μὲν παρ' ἐκείνου πρέσβεις προὔλεγον ὑμῖν ὅτι Φωκέας οὐ προσδέχεται Φίλιππος συμμάχους, οὗτοι δ' ἐκδεχόμενοι τοιαῦτ' ἐδημηγόρουν, ὡς φανερῶς μὲν οὐχὶ καλῶς ἔχει τῷ Φιλίππῳ προσδέξασθαι τοὺς Φωκέας συμμάχους διὰ τοὺς Θηβαίους καὶ τοὺς Θετταλούς, ἂν δὲ γένηται τῶν πραγμάτων κύριος καὶ τῆς εἰρήνης τύχῃ, ἅπερ ἂν συνθέσθαι νῦν ἀξιώσαιμεν αὐτόν, ταῦτα ποιήσει τότε. (322) Τὴν μὲν τοίνυν εἰρήνην ταύταις ταῖς ἐλπίσι καὶ ταῖς ἐπαγωγαῖς εὕροντο παρ' ὑμῶν ἄνευ Φωκέων· τὴν δὲ βοήθειαν ἔδει κωλῦσαι τὴν εἰς τὰς Πύλας, ἐφ' ἣν αἱ πεντήκοντα τριήρεις ὅμως ἐφώρμουν, ἵν', εἰ πορεύοιτο Φίλιππος, κωλύοιθ' ὑμεῖς. Πῶς οὖν; (323) Τίς τέχνη πάλιν αὖ γενήσεται περὶ ταύτης; Τοὺς χρόνους ὑμῶν ἀφελέσθαι καὶ ἐπιστῆσαι τὰ πράγματ' ἀγαγόντας ἄφνω, ἵνα μηδ' ἂν βούλησθε δύνησθ' ἐξελθεῖν. Οὐκοῦν τοῦθ' οὗτοι πράττοντες φαίνονται, ἐγὼ δ', ὥσπερ ἀκηκόατ' ἤδη πολλάκις, οὐχὶ δυνηθεὶς προαπελθεῖν, ἀλλὰ καὶ μισθωσάμενος πλοῖον κατακωλυθεὶς ἐκπλεῦσαι. (324) Ἀλλὰ καὶ πιστεῦσαι Φωκέας ἔδει Φιλίππῳ καὶ ἑκόντας ἑαυτοὺς ἐνδοῦναι, ἵνα μηδεὶς χρόνος ἐγγένηται τοῖς πράγμασι μηδ' ἐναντίον ἔλθῃ ψήφισμα παρ' ὑμῶν μηδέν. Οὐκοῦν ὡς μὲν οἱ Φωκεῖς σωθήσονται, παρὰ τῶν Ἀθηναίων πρέσβεων ἀπαγγελθήσεται, ὥστε καὶ εἴ τις ἐμοὶ διαπιστεῖ, τούτοις πιστεύσας αὑτὸν ἐγχειριεῖ· τοὺς δ' Ἀθηναίους αὐτοὺς μεταπεμψόμεθ' ἡμεῖς, ἵνα πάνθ', ὅσ' ἂν βούλωνται, νομίσαντες ὑπάρχειν σφίσι μηδὲν ἐναντίον ψηφίσωνται· οὗτοι δὲ τοιαῦτ' ἀπαγγελοῦσι παρ' ἡμῶν καὶ ὑποσχήσονται ἐξ ὧν μηδ' ἂν ὁτιοῦν κινηθήσονται. (325) Τοῦτον τὸν τρόπον καὶ τοιαύταις τέχναις ὑπὸ τῶν κάκιστ' ἀπολουμένων ἀνθρώπων πάντα τὰ πράγματ' ἀπώλετο. Καὶ γάρ τοι παραχρῆμα, ἀντὶ μὲν τοῦ Θεσπιὰς καὶ Πλαταιὰς ἰδεῖν οἰκιζομένας, Ὀρχομενὸν καὶ Κορώνειαν ἠκούσατ' ἠνδραποδισμένας, ἀντὶ δὲ τοῦ τὰς Θήβας ταπεινὰς γενέσθαι καὶ περιαιρεθῆναι τὴν ὕβριν καὶ τὸ φρόνημα (αὐτῶν), τὰ τῶν συμμάχων τῶν ὑμετέρων (Φωκέων) τείχη κατεσκάπτετο· Θηβαῖοι δ' ἦσαν οἱ κατασκάπτοντες, οἱ διοικισθέντες ὑπ' Αἰσχίνου τῷ λόγῳ. (326) Ἀντὶ δὲ τοῦ τὴν Εὔβοιαν ἀντ' Ἀμφιπόλεως ὑμῖν παραδοθῆναι, ὁρμητήρι' ἐφ' ὑμᾶς ἐν Εὐβοίᾳ Φίλιππος προσκατασκευάζεται καὶ Γεραιστῷ καὶ Μεγάροις ἐπιβουλεύων διατελεῖ. Ἀντὶ δὲ τοῦ τὸν Ὠρωπὸν ὑμῖν ἀποδοθῆναι, περὶ Δρυμοῦ καὶ τῆς πρὸς Πανάκτῳ χώρας μεθ' ὅπλων ἐξερχόμεθα, , τέως ἦσαν Φωκεῖς σῷοι, οὐδεπώποτ' ἐποιήσαμεν. (327) Ἀντὶ δὲ τοῦ τὰ πάτρι' ἐν τῷ ἱερῷ κατασταθῆναι καὶ τὰ χρήματ' εἰσπραχθῆναι τῷ θεῷ, οἱ μὲν ὄντες Ἀμφικτύονες φεύγουσι καὶ ἐξελήλανται, καὶ ἀνάστατος αὐτῶν χώρα γέγονεν, οἱ δ' οὐπώποτ' ἐν τῷ πρόσθεν χρόνῳ γενόμενοι Μακεδόνες καὶ βάρβαροι, νῦν Ἀμφικτύονες εἶναι βιάζονται· ἐὰν δέ τις περὶ τῶν ἱερῶν χρημάτων μνησθῇ, κατακρημνίζεται, πόλις δὲ τὴν προμαντείαν ἀφῄρηται. (328) Καὶ γέγονεν τὰ πράγματα πάνθ' ὥσπερ αἴνιγμα τῇ πόλει. μὲν οὐδὲν ἔψευσται καὶ πάνθ' ὅσ' ἐβουλήθη διαπέπρακται, ὑμεῖς δ' ἅπερ εὔξαισθ' ἂν ἐλπίσαντες, τἀναντία τούτων ἑοράκατε γιγνόμενα, καὶ δοκεῖτε μὲν εἰρήνην ἄγειν, πεπόνθατε δὲ δεινότερ' πολεμοῦντες· οὗτοι δὲ χρήματ' ἔχουσιν ἐπὶ τούτοις καὶ μέχρι τῆς τήμερον ἡμέρας δίκην οὐ δεδώκασιν. (329) Ὅτι γὰρ ταῦθ' ἁπλῶς δεδωροδόκηται καὶ τιμὴν ἔχουσιν ἁπάντων τούτων οὗτοι, πολλαχόθεν μὲν ἔγωγ' οἶμαι δῆλον ὑμῖν εἶναι πάλαι, καὶ δέδοικα μὴ τοὐναντίον οὗ βούλομαι ποιῶ, σφόδρ' ἀκριβῶς δεικνύναι πειρώμενος διοχλῶ πάλαι τοῦτ' αὐτοὺς ὑμᾶς εἰδότας· ὅμως δ' ἔτι καὶ τόδ' ἀκούσατε. [320] Il comprenait donc nettement qu'au milieu de ses démêlés actuels avec la Thessalie, privé, pour la première fois, du concours des Phéréens, et voyant Thèbes essuyer une défaite entière qu'attestait un trophée, il ne pouvait avancer si vous secouriez la Phocide, et que, sans le concours de la ruse, les tentatives de ses armes seraient toujours repoussées. Comment donc, se dit-il, sans me déclarer imposteur et parjure, viendrai-je à bout de tous mes projets? Comment? le voici. Je me procurerai quelques Athéniens qui se chargeront de tromper Athènes : car je ne veux pas de cette honte dans mon lot. (321) En conséquence, ses ambassadeurs vous prévenaient qu'il ne recevait pas les Phocidiens dans son alliance; et nos traîtres, prenant la parole après eux : « Évidemment Philippe ne peut avec honneur comprendre la Phocide dans le traité, par égard pour Thèbes et la Thessalie; mais, qu'il obtienne la paix et la principale influence dans les affaires; alors il fera ce que nous voudrions qu'il stipulât aujourd'hui. » (322) Insidieuses promesses, perfides suggestions, qui ont acquis à Philippe la paix, à l'exclusion de la Phocide. Il fallait encore vous détourner d'envoyer des troupes au passage où stationnaient, malgré la paix, cinquante trirèmes athéniennes, pour l'arrêter, s'il tentait de le franchir. Comment s'y prendre? (323) Quelle nouvelle ruse mettre en jeu ? On vous enlèvera les instants propices ; on arrêtera le mouvement commencé : par là, vous ne pourrez plus à votre gré vous mettre en campagne. Et telle fut visiblement la conduite des traîtres. Pour moi, je l'ai dit plus d'une fois, je ne pus prendre les devants ; j'avais même frété un bâtiment qu'on empêcha de partir. (324) Il fallait encore que les Phocidiens se livrassent eux-mêmes à la foi de Philippe, pour qu'il n'y eût pas un moment perdu, et qu'il ne fût porté chez nous aucun décret contraire à ses vues. Je ferai dire, par les députés d'Athènes, que la Phocide sera sauvée : ainsi, les Phocidiens qui pourraient se défier de moi, sur la parole des députés, se jetteront dans mes bras. Pour les Athéniens, nous les appellerons sur les lieux : croyant que tout va se passer à leur gré, ce peuple ne nous entravera par aucune résolution; et nous concerterons si bien les rapports et les promesses de nos créatures, qu'il ne bougera pas, quoi qu'il arrive. (325) Voilà les détours, voilà les artifices par lesquels tout a péri dans les mains de ces hommes, dignes eux-mêmes de périr cruellement. Aussi, tout à coup, loin de voir Thespies à Platée rétablies, vous apprîtes qu'Orchomène et Coronée étaient réduites en servitude. Loin que Thèbes fût humiliée, et son insolent orgueil abattu, les remparts des Phocidiens, des alliés d'Athènes, avaient été détruits, et détruits par ces mêmes Thébains dont les discours d'Eschine dispersaient la population. (326) Loin que l'Eubée nous fût livrée en dédommagement d'Amphipolis, Philippe élève sur ses côtes de nouveaux forts contre l'Attique,et ne cesse d'entreprendre sourdement sur Gérsestos et sur Mégare. Loin qu'Oropos nous soit rendue, nous prenons les armes pour défendre Drymos et le territoire de Panacte; ce que nous ne fîmes jamais, tant que les Phocidiens ont subsisté. (327) Loin qu'on maintienne dans le temple de Delphes les antiques usages, et qu'on exige la restitution du trésor sacré, les vrais Amphictyons ont été chassés et bannis d'un sol où il n'est pas resté pierre sur pierre; des Macédoniens, Barbares à qui ce titre n'appartint jamais, l'ont pris avec leur épée ; quiconque parlerait de rendre au Dieu ses richesses périrait comme les sacrilèges; Athènes est dépouillée du privilège de consulter l'oracle la première, (328) et tous les événements sont pour elle autant d'énigmes. Philippe a sauvé sa parole, et obtenu tout ce qu'il voulait; vous, qui espériez tout ce qu'on peut souhaiter, vous avez vu arriver tout le contraire. Avec les apparences de la paix, vous souffrez plus que pendant la guerre; les coupables ont reçu de l'or pour vous tromper, et leurs crimes sont encore impunis. (329) Que ces crimes soient le résultat de leur seule cupidité, que le salaire de tant de trahisons soit dans leurs mains, c'est là un fait éclairé depuis longtemps sous toutes ses faces. Par la démonstration rigoureuse de ce que vous saviez déjà, je serai même allé, je le crains, contre mon but, et je vous aurai importunés. Encore un mot, cependant.


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Dernière mise à jour : 22/01/2009