HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Les Philippiques, Discours VI

Paragraphes 10-19

  Paragraphes 10-19

[6,10] Οὐ γὰρ ἔστιν, οὐκ ἔστιν, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ἀδικοῦντα κἀπιορκοῦντα καὶ ψευδόμενον δύναμιν βεβαίαν κτήσασθαι, ἀλλὰ τὰ τοιαῦτ' εἰς μὲν ἅπαξ καὶ βραχὺν χρόνον ἀντέχει, καὶ σφόδρα γ' ἤνθησ' ἐπὶ ταῖς ἐλπίσιν, ἂν τύχῃ, τῷ χρόνῳ δὲ φωρᾶται καὶ περὶ αὑτὰ καταρρεῖ. Ὥσπερ γὰρ οἰκίας, οἶμαι, καὶ πλοίου καὶ τῶν ἄλλων τῶν τοιούτων τὰ κάτωθεν ἰσχυρότατ' εἶναι δεῖ, οὕτω καὶ τῶν πράξεων τὰς ἀρχὰς καὶ τὰς ὑποθέσεις ἀληθεῖς καὶ δικαίας εἶναι προσήκει. Τοῦτο δ' οὐκ ἔνι νῦν ἐν τοῖς πεπραγμένοις Φιλίππῳ. (11) Φημὶ δὴ δεῖν ἡμᾶς τοῖς μὲν Ὀλυνθίοις βοηθεῖν, καὶ ὅπως τις λέγει κάλλιστα καὶ τάχιστα, οὕτως ἀρέσκει μοι· πρὸς δὲ Θετταλοὺς πρεσβείαν πέμπειν, τοὺς μὲν διδάξει ταῦτα, τοὺς δὲ παροξυνεῖ· καὶ γὰρ νῦν εἰσιν ἐψηφισμένοι Παγασὰς ἀπαιτεῖν καὶ περὶ Μαγνησίας λόγους ποιεῖσθαι. (12) Σκοπεῖσθε μέντοι τοῦτ', ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ὅπως μὴ λόγους ἐροῦσιν μόνον οἱ παρ' ἡμῶν πρέσβεις, ἀλλὰ καὶ ἔργον τι δεικνύειν ἕξουσιν ἐξεληλυθότων ὑμῶν ἀξίως τῆς πόλεως καὶ ὄντων ἐπὶ τοῖς πράγμασιν, ὡς ἅπας μὲν λόγος, ἂν ἀπῇ τὰ πράγματα, μάταιόν τι φαίνεται καὶ κενόν, μάλιστα δ' παρὰ τῆς ἡμετέρας πόλεως· ὅσῳ γὰρ ἑτοιμότατ' αὐτῷ δοκοῦμεν χρῆσθαι, τοσούτῳ μᾶλλον ἀπιστοῦσι πάντες αὐτῷ. (13) Πολλὴν δὴ τὴν μετάστασιν καὶ μεγάλην δεικτέον τὴν μεταβολήν, εἰσφέροντας, ἐξιόντας, ἅπαντα ποιοῦντας ἑτοίμως, εἴπερ τις ὑμῖν προσέξει τὸν νοῦν. Κἂν ταῦτ' ἐθελήσηθ' ὡς προσήκει καὶ δὴ περαίνειν, οὐ μόνον, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τὰ συμμαχικὰ ἀσθενῶς καὶ ἀπίστως ἔχοντα φανήσεται Φιλίππῳ, ἀλλὰ καὶ τὰ τῆς οἰκείας ἀρχῆς καὶ δυνάμεως κακῶς ἔχοντ' ἐξελεγχθήσεται. (14) Ὅλως μὲν γὰρ Μακεδονικὴ δύναμις καὶ ἀρχὴ ἐν μὲν προσθήκῃ μερίς ἐστί τις οὐ μικρά, οἷον ὑπῆρξέ ποθ' ὑμῖν ἐπὶ Τιμοθέου πρὸς Ὀλυνθίους· πάλιν αὖ πρὸς Ποτείδαιαν Ὀλυνθίοις ἐφάνη τι τοῦτο συναμφότερον· νυνὶ δὲ Θετταλοῖς νοσοῦσι καὶ τεταραγμένοις ἐπὶ τὴν τυραννικὴν οἰκίαν ἐβοήθησεν· καὶ ὅποι τις ἄν, οἶμαι, προσθῇ κἂν μικρὰν δύναμιν, πάντ' ὠφελεῖ· αὐτὴ δὲ καθ' αὑτὴν ἀσθενὴς καὶ πολλῶν κακῶν ἐστι μεστή. Καὶ γὰρ οὗτος ἅπασι τούτοις, οἷς ἄν τις μέγαν αὐτὸν ἡγήσαιτο, τοῖς πολέμοις καὶ ταῖς στρατείαις, ἔτ' ἐπισφαλεστέραν ὑπῆρχε φύσει κατεσκεύακεν αὑτῷ. (15) Μὴ γὰρ οἴεσθ', ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοῖς αὐτοῖς Φίλιππόν τε χαίρειν καὶ τοὺς ἀρχομένους, ἀλλ' μὲν δόξης ἐπιθυμεῖ καὶ τοῦτ' ἐζήλωκε, καὶ προῄρηται πράττων καὶ κινδυνεύων, ἂν συμβῇ τι, παθεῖν, τὴν τοῦ διαπράξασθαι ταῦθ' μηδεὶς πώποτ' ἄλλος Μακεδόνων βασιλεὺς δόξαν ἀντὶ τοῦ ζῆν ἀσφαλῶς ᾑρημένος (16) τοῖς δὲ τῆς μὲν φιλοτιμίας τῆς ἀπὸ τούτων οὐ μέτεστι, κοπτόμενοι δ' ἀεὶ ταῖς στρατείαις ταύταις ταῖς ἄνω κάτω λυποῦνται καὶ συνεχῶς ταλαιπωροῦσιν, οὔτ' ἐπὶ τοῖς ἔργοις οὔτ' ἐπὶ τοῖς αὑτῶν ἰδίοις ἐώμενοι διατρίβειν, οὔθ' ὅσ' ἂν ποιήσωσιν οὕτως ὅπως ἂν δύνωνται, ταῦτ' ἔχοντες διαθέσθαι κεκλειμένων τῶν ἐμπορίων τῶν ἐν τῇ χώρᾳ διὰ τὸν πόλεμον. (17) Οἱ μὲν οὖν πολλοὶ Μακεδόνων πῶς ἔχουσι Φιλίππῳ, ἐκ τούτων ἄν τις σκέψαιτ' οὐ χαλεπῶς· οἱ δὲ δὴ περὶ αὐτὸν ὄντες ξένοι καὶ πεζέταιροι δόξαν μὲν ἔχουσιν ὡς εἰσὶ θαυμαστοὶ καὶ συγκεκροτημένοι τὰ τοῦ πολέμου, ὡς δ' ἐγὼ τῶν ἐν αὐτῇ τῇ χώρᾳ γεγενημένων τινὸς ἤκουον, ἀνδρὸς οὐδαμῶς οἵου τε ψεύδεσθαι, οὐδένων εἰσὶν βελτίους. (18) Εἰ μὲν γάρ τις ἀνήρ ἐστιν ἐν αὐτοῖς οἷος ἔμπειρος πολέμου καὶ ἀγώνων, τούτους μὲν φιλοτιμίᾳ πάντας ἀπωθεῖν αὐτὸν ἔφη, βουλόμενον πάνθ' αὑτοῦ δοκεῖν εἶναι τἄργα (πρὸς γὰρ αὖ τοῖς ἄλλοις καὶ τὴν φιλοτιμίαν ἀνυπέρβλητον εἶναιεἰ δέ τις σώφρων δίκαιος ἄλλως, τὴν καθ' ἡμέραν ἀκρασίαν τοῦ βίου καὶ μέθην καὶ κορδακισμοὺς οὐ δυνάμενος φέρειν, παρεῶσθαι καὶ ἐν οὐδενὸς εἶναι μέρει τὸν τοιοῦτον. (19) Λοιποὺς δὴ περὶ αὐτὸν εἶναι λῃστὰς καὶ κόλακας καὶ τοιούτους ἀνθρώπους οἵους μεθυσθέντας ὀρχεῖσθαι τοιαῦθ' οἷ' ἐγὼ νῦν ὀκνῶ πρὸς ὑμᾶς ὀνομάσαι. Δῆλον δ' ὅτι ταῦτ' ἐστὶν ἀληθῆ· καὶ γὰρ οὓς ἐνθένδε πάντες ἀπήλαυνον ὡς πολὺ τῶν θαυματοποιῶν ἀσελγεστέρους ὄντας, Καλλίαν ἐκεῖνον τὸν δημόσιον καὶ τοιούτους ἀνθρώπους, μίμους γελοίων καὶ ποιητὰς αἰσχρῶν ᾀσμάτων, ὧν εἰς τοὺς συνόντας ποιοῦσιν εἵνεκα τοῦ γελασθῆναι, τούτους ἀγαπᾷ καὶ περὶ αὑτὸν ἔχει. [6,10] Car il n'est pas possible, Athéniens, non il ne l'est pas qu'un injuste, un imposteur, un parjure ait des succès constants. Il peut bien tromper une fois, et réaliser par hasard une partie de ses espérances ; mais bientôt il se démasque, et ne tarde pas à voir l'édifice de sa fortune se dissoudre et s'écrouler. Et comme pour être durables, une maison, un vaisseau, un bâtiment quelconque, doivent avoir un fondement solide, de même, pour être constamment heureuse une entreprise doit avoir pour principe et pour base la justice et la vérité : et c'est par-là que manquent toutes celles de Philippe. (11) Pour revenir â mon sujet, je dis d'abord que vous devez secourir Olynthe, et la secourir le plus promptement, le plus efficacement qu'il vous sera possible. Je dis en second lieu que vous devez envoyer des députés aux Thessaliens, afin de les instruire et de les animer : nous savons qu'ils ont résolu de redemander Pagase, et de faire valoir leurs droits sur Magnésie. (12) Cependant, Athéniens, que vos députés ne se présentent pas avec de simples paroles, qu'ils annoncent des faits de votre part, qu'on sache que vous vous êtes mis en campagne avec un courage digne de vous, et que vous êtes sérieusement occupés des affaires. Car si toute parole, sans les effets, n'est qu'un vain son, elle doit paraître suspecte, surtout dans la bouche de nos citoyens, qui courent d'autant plus risque de n'être pas crus, qu'ils passent pour avoir le talent de bien parler. (13) Il faut donc changer de système et de conduite, contribuer de nos fortunes, payer de nos personnes, nous porter à tout avec ardeur, sans quoi on ne nous écoutera pas. Mais si nous agissons comme il est convenable et nécessaire, nous verrons les amis de Philippe plus circonspects et plus timides s'éloigner de lui, en même temps que nous découvrirons les vices intérieurs de ses états et la faiblesse de sa puissance. (14) En général, les forces de la Macédoine, unies à d'autres, ne sont pas méprisables. Vous l'avez éprouvé vous-mêmes lorsque, sous la conduite de Timothée, vous marchâtes contre les Olynthiens; les Olynthiens, à leur tour, en ont senti les heureux effets lorsqu'ils assiégèrent Potidée ; les Macédoniens viennent encore de secourir, contre la famille des tyrans, les Thessaliens, livrés à la discorde, et déchirés par les factions. Le poids le plus léger, ajouté de part et d'autre, fait pencher la balance. Mais de sa nature la Macédoine est faible, elle pèche par bien des côtés ; et ces guerres, ces combats que plusieurs admirent comme le principe de sa grandeur de son roi, n'ont fait que rendre plus fragile encore cette nouvelle puissance. (15) Car ne vous imaginez pas que Philippe et ceux qui lui obéissent, soient animés des mêmes sentiment. Lui ne respire que la gloire, ne voit et ne poursuit que la gloire au milieu des périls et des travaux, préférant aux douceurs d'une vie tranquille d'honneur d'avoir exécuté ce qu'aucun roi de Macédoine n'avait encore entrepris. (16) Ceux qu'il commande, sont bien loin de partager l'ambition qui le dévore : las de courir de contrée en contrée pour des expéditions sans cesse renaissantes, ils détestent et maudissent une guerre qui les empêche de cultiver leurs champs, de vaquer à leurs affaires domestiques, et de s'occuper dans un pays dont les ports sont fermés de toutes parts, du commerce des denrées qu'ils ont recueillies comme ils ont pu. (17) De là vous pouvez juger, sans peine, comment sont disposés â son égard le plus grand nombre de ses sujets. Quant aux étrangers qu'il tient à son service, et à cette infanterie qui compose sa garde, ils passent, il est vrai, pour d'excellents soldats mais si j'en crois le rapport d'un homme digne de foi, qui est du pays même, ils ne lui sont pas plus attachés que d'autres. (18) Si dans le nombre, me disait-il, il s'en trouve qui se distinguent par leur courage et par leurs talents, offensé de leur gloire et voulant seul paraître, Philippe les écarte, car sans parler de ses autres vices, il est jaloux jusqu'à la fureur. En est-il quelqu'un, me disait-il encore, trop pudique et trop sage pour approuver la licence de ses moeurs, pour partager ses excès et se prêter à ses danses infâmes? il le néglige et n'en fait aucun cas. (19) Il n'aime et n'approche de sa personne que des brigands, des flatteurs, des scélérats, qui dans l'ivresse ne rougissent point de se livrer à des horreurs dont je rougirais de parler. Ce qui prouve la vérité de ce récit, c'est que d'indignes baladins, chassés d'ici pour leurs vices, un Callias, esclave public, et ses pareils, méprisables bouffons, faiseurs de chansons obscènes, diseurs de bons mots, aux traits desquels Philippe abandonne ses convives ce sont les gens avec lesquels il vit et les seuls qui lui plaisent.


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Dernière mise à jour : 4/09/2008