[3,30] Τί δὴ τὸ πάντων αἴτιον τούτων, καὶ τί δή ποθ´ ἅπαντ´
εἶχε καλῶς τότε, καὶ νῦν οὐκ ὀρθῶς; ὅτι τότε μὲν πράττειν
καὶ στρατεύεσθαι τολμῶν αὐτὸς ὁ δῆμος δεσπότης τῶν
πολιτευομένων ἦν καὶ κύριος αὐτὸς ἁπάντων τῶν ἀγαθῶν, καὶ
ἀγαπητὸν ἦν παρὰ τοῦ δήμου τῶν ἄλλων ἑκάστῳ καὶ τιμῆς
καὶ ἀρχῆς καὶ ἀγαθοῦ τινος μεταλαβεῖν· νῦν δὲ τοὐναντίον
κύριοι μὲν οἱ πολιτευόμενοι τῶν ἀγαθῶν, καὶ διὰ τούτων
ἅπαντα πράττεται, ὑμεῖς δ´ ὁ δῆμος, ἐκνενευρισμένοι καὶ
περιῃρημένοι χρήματα, συμμάχους, ἐν ὑπηρέτου καὶ
προσθήκης μέρει γεγένησθε, ἀγαπῶντες ἐὰν μεταδιδῶσι θεωρικῶν
ὑμῖν ἢ Βοηδρόμια πέμψωσιν οὗτοι, καὶ τὸ πάντων ἀνδρειότατον,
τῶν ὑμετέρων αὐτῶν χάριν προσοφείλετε. οἱ δ´ ἐν
αὐτῇ τῇ πόλει καθείρξαντες ὑμᾶς ἐπάγους´ ἐπὶ ταῦτα καὶ
τιθασεύουσι χειροήθεις αὑτοῖς ποιοῦντες. ἔστι δ´ οὐδέποτ´,
οἶμαι, μέγα καὶ νεανικὸν φρόνημα λαβεῖν μικρὰ καὶ φαῦλα
πράττοντας· ὁποῖ´ ἄττα γὰρ ἂν τἀπιτηδεύματα τῶν ἀνθρώπων
ᾖ, τοιοῦτον ἀνάγκη καὶ τὸ φρόνημ´ ἔχειν. ταῦτα μὰ
τὴν Δήμητρ´ οὐκ ἂν θαυμάσαιμ´ εἰ μείζων εἰπόντι ἐμοὶ γένοιτο
παρ´ ὑμῶν βλάβη τῶν πεποιηκότων αὐτὰ γενέσθαι·
οὐδὲ γὰρ παρρησία περὶ πάντων ἀεὶ παρ´ ὑμῖν ἐστιν, ἀλλ´
ἔγωγ´ ὅτι καὶ νῦν γέγονεν θαυμάζω.
Ἐὰν οὖν ἀλλὰ νῦν γ´ ἔτι ἀπαλλαγέντες τούτων τῶν
ἐθῶν ἐθελήσητε στρατεύεσθαί τε καὶ πράττειν ἀξίως ὑμῶν
αὐτῶν, καὶ ταῖς περιουσίαις ταῖς οἴκοι ταύταις ἀφορμαῖς
ἐπὶ τὰ ἔξω τῶν ἀγαθῶν χρῆσθαι, ἴσως ἄν, ἴσως, ὦ ἄνδρες
Ἀθηναῖοι, τέλειόν τι καὶ μέγα κτήσαισθ´ ἀγαθὸν καὶ τῶν
τοιούτων λημμάτων ἀπαλλαγείητε, ἃ τοῖς {ἀσθενοῦσι}
παρὰ τῶν ἰατρῶν σιτίοις {διδομένοις} ἔοικε. καὶ γὰρ ἐκεῖν´ οὔτ´
ἰσχὺν ἐντίθησιν οὔτ´ ἀποθνῄσκειν ἐᾷ· καὶ ταῦθ´ ἃ νέμεσθε
νῦν ὑμεῖς, οὔτε τοσαῦτ´ ἐστὶν ὥστ´ ὠφέλειαν ἔχειν τινὰ
διαρκῆ, οὔτ´ ἀπογνόντας ἄλλο τι πράττειν ἐᾷ, ἀλλ´ ἔστι
ταῦτα τὴν ἑκάστου ῥᾳθυμίαν ὑμῶν ἐπαυξάνοντα. οὐκοῦν
σὺ μισθοφορὰν λέγεις; φήσει τις. καὶ παραχρῆμά γε τὴν
αὐτὴν σύνταξιν ἁπάντων, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ἵνα τῶν κοινῶν
ἕκαστος τὸ μέρος λαμβάνων, ὅτου δέοιθ´ ἡ πόλις, τοῦθ´
ὑπάρχοι. ἔξεστιν ἄγειν ἡσυχίαν· οἴκοι μένων βελτίων, τοῦ
δι´ ἔνδειαν ἀνάγκῃ τι ποιεῖν αἰσχρὸν ἀπηλλαγμένος. συμβαίνει
τι τοιοῦτον οἷον καὶ τὰ νῦν· στρατιώτης αὐτὸς ὑπάρχων
ἀπὸ τῶν αὐτῶν τούτων λημμάτων, ὥσπερ ἐστὶ δίκαιον
ὑπὲρ τῆς πατρίδος. ἔστι τις ἔξω τῆς ἡλικίας ὑμῶν· ὅς´
οὗτος ἀτάκτως νῦν λαμβάνων οὐκ ὠφελεῖ, ταῦτ´ ἐν ἴσῃ τάξει
λαμβάνων πάντ´ ἐφορῶν καὶ διοικῶν ἃ χρὴ πράττεσθαι.
ὅλως δ´ οὔτ´ ἀφελὼν οὔτε προσθείς, πλὴν μικρῶν, τὴν
ἀταξίαν ἀνελὼν εἰς τάξιν ἤγαγον τὴν πόλιν, τὴν αὐτὴν τοῦ
λαβεῖν, τοῦ στρατεύεσθαι, τοῦ δικάζειν, τοῦ ποιεῖν τοῦθ´ ὅ
τι καθ´ ἡλικίαν ἕκαστος ἔχοι καὶ ὅτου καιρὸς εἴη, τάξιν
ποιήσας. οὐκ ἔστιν ὅπου μηδὲν ἐγὼ ποιοῦσι τὰ τῶν ποιούντων
εἶπον ὡς δεῖ νέμειν, οὐδ´ αὐτοὺς μὲν ἀργεῖν καὶ
σχολάζειν καὶ ἀπορεῖν, ὅτι δ´ οἱ τοῦ δεῖνος νικῶσι ξένοι,
ταῦτα πυνθάνεσθαι· ταῦτα γὰρ νυνὶ γίγνεται. (36) καὶ οὐχὶ
μέμφομαι τὸν ποιοῦντά τι τῶν δεόντων ὑπὲρ ὑμῶν, ἀλλὰ
καὶ ὑμᾶς ὑπὲρ ὑμῶν αὐτῶν ἀξιῶ πράττειν ταῦτ´ ἐφ´ οἷς ἑτέρους
τιμᾶτε, καὶ μὴ παραχωρεῖν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τῆς τάξεως,
ἣν ὑμῖν οἱ πρόγονοι τῆς ἀρετῆς μετὰ πολλῶν καὶ καλῶν
κινδύνων κτησάμενοι κατέλιπον.
Σχεδὸν εἴρηχ´ ἃ νομίζω συμφέρειν· ὑμεῖς δ´ ἕλοισθ´ ὅ τι
καὶ τῇ πόλει καὶ ἅπασι συνοίσειν ὑμῖν μέλλει.
| [3,30] De tout cela quelle est la cause ? Pourquoi tout allait-il bien autrefois, et
tout est-il mal aujourd'hui ? C'est qu'alors le peuple, assez hardi pour
combattre de sa personne, gardait l'autorité sur les gouvernants, et disposait
lui-même de tous les biens de la cité ; c'est que chaque particulier s'estimait
heureux d'obtenir du peuple un honneur, une charge, une faveur quelconque.
Maintenant, au contraire, tous les biens sont aux mains des gouvernants, ce sont
eux qui font tout, et vous, le peuple, paralysés, dépouillés de vos richesses,
de vos alliés, vous n'êtes plus que des valets, qui faites nombre : satisfaits,
si ces gens vous partagent les fonds du théâtre ou organisent une procession aux
Boédromies ; et, comble d'héroïsme ! quand ils vous distribuent ce qui est à
vous, vous croyez leur devoir encore de la reconnaissance ! Ils vous enferment
dans la ville, en vous offrant cette maigre curée, ils vous apprivoisent, vous
manient à leur gré. Quand les actes sont mesquins et vils, le coeur ne peut être
grand et noble ; car telles sont les façons de vivre, telles aussi sont
nécessairement les pensées. Je ne serais pas surpris, par Cérès, qu'il m'en
coûtât plus cher, pour vous tenir ce langage, qu'à ces gens, pour vous avoir
ainsi abaissés. La franchise n'est pas toujours ce qui vous plaît le mieux, et
je m'étonne que vous la supportiez en ce moment.
Il en est temps encore : rompez avec ces honteuses habitudes, osez faire
campagne, tenir une conduite digne de vous ; ces fonds, qui sont dissipés dans
Athènes comme un superflu, appliquez-les à soutenir votre honneur au dehors :
vous conquerrez ainsi le plus grand, le plus précieux des biens, en même temps
que vous répudierez ces misérables dons, semblables aux aliments que les
médecins font prendre aux malades, et qui, sans leur donner de forces, les
empêchent simplement de mourir ; les aumônes aussi que vous vous partagez ne
sont pas assez abondantes pour subvenir efficacement à vos besoins ; mais elles
vous empêchent de chercher ailleurs des ressources, et développent votre
indolence.
Voulez-vous parler d'une solde ? dira-t-on. - Sans doute ; et je veux aussi,
Athéniens, que tout soit réglé d'une manière analogue, et que chacun ait sa part
des deniers publics, en prêtant à la patrie le secours qu'elle a droit de
réclamer. Est-il possible d'être en paix ? les citoyens resteront chez eux, à
l'abri de la misère qui les pourrait contraindre à quelque acte honteux ;
survient-il, une crise grave, comme la crise actuelle ? le citoyen fait campagne
en personne, et reçoit la même somme, comme paye ; c'est justice, puisqu'il sert
la patrie. A-t-on dépassé l'âge militaire ? Ce qu'on reçoit aujourd'hui, sans
rendre de service régulier, on le recevra légitimement pour surveiller, diriger
tel ou tel travail qu'il est nécessaire d'exécuter. En somme, l'État ne
dépensera guère ni plus ni moins ; mais l'ordre, dans la cité, succédera au
désordre, et chacun, pour ce qu'il recevra, devra soit partir en campagne, soit
siéger au tribunal, remplir enfin telle fonction que comporte son âge, et qui
sera utile. Je ne dis certes pas qu'il faille donner à ceux qui ne font rien le
salaire de ceux qui agissent ; je ne veux pas non plus qu'on vive dans un loisir
associé à la misère, et qu'on s'occupe uniquement de demander si les mercenaires
de tel ou tel chef ont été vainqueurs, comme on le fait maintenant. (36) Je ne
prétends pas blâmer ceux qui font leur devoir en vous servant ; mais je désire
que vous fassiez vous-mêmes pour vos intérêts ce que vous honorez chez les
autres, et que vous gardiez, Athéniens, le rang illustre auquel vos ancêtres
vous ont élevés, au prix de si périlleux exploits. - J'ai dit à peu près tout ce
que je crois de votre intérêt ; à vous de choisir les mesures les plus
profitables pour la cité et pour vous tous !
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