[3,10] Ἀλλ´ ὅτι μὲν δὴ δεῖ βοηθεῖν, εἴποι τις ἄν, πάντες ἐγνώκαμεν,
καὶ βοηθήσομεν· τὸ δ´ ὅπως, τοῦτο λέγε. μὴ τοίνυν,
ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, θαυμάσητε, ἂν παράδοξον εἴπω τι τοῖς
πολλοῖς. νομοθέτας καθίσατε. ἐν δὲ τούτοις τοῖς νομοθέταις
μὴ θῆσθε νόμον μηδένα (εἰσὶ γὰρ ὑμῖν ἱκανοί), ἀλλὰ
τοὺς εἰς τὸ παρὸν βλάπτοντας ὑμᾶς λύσατε. λέγω τοὺς
περὶ τῶν θεωρικῶν, σαφῶς οὑτωσί, καὶ τοὺς περὶ τῶν
στρατευομένων ἐνίους, ὧν οἱ μὲν τὰ στρατιωτικὰ τοῖς οἴκοι
μένουσι διανέμουσι θεωρικά, οἱ δὲ τοὺς ἀτακτοῦντας ἀθῴους
καθιστᾶσιν, εἶτα καὶ τοὺς τὰ δέοντα ποιεῖν βουλομένους
ἀθυμοτέρους ποιοῦσιν. ἐπειδὰν δὲ ταῦτα λύσητε καὶ τὴν
τοῦ τὰ βέλτιστα λέγειν ὁδὸν παράσχητ´ ἀσφαλῆ, τηνικαῦτα
τὸν γράψονθ´ ἃ πάντες ἴσθ´ ὅτι συμφέρει ζητεῖτε. πρὶν δὲ
ταῦτα πρᾶξαι, μὴ σκοπεῖτε τίς εἰπὼν τὰ βέλτισθ´ ὑπὲρ ὑμῶν
ὑφ´ ὑμῶν ἀπολέσθαι βουλήσεται· οὐ γὰρ εὑρήσετε, ἄλλως
τε καὶ τούτου μόνου περιγίγνεσθαι μέλλοντος, παθεῖν ἀδίκως
τι κακὸν τὸν ταῦτ´ εἰπόντα καὶ γράψαντα, μηδὲν δ´ ὠφελῆσαι
τὰ πράγματα, ἀλλὰ καὶ εἰς τὸ λοιπὸν μᾶλλον ἔτ´ ἢ νῦν τὸ
τὰ βέλτιστα λέγειν φοβερώτερον ποιῆσαι. καὶ λύειν γ´, ὦ
ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοὺς νόμους δεῖ τούτους τοὺς αὐτοὺς ἀξιοῦν
οἵπερ καὶ τεθήκασιν· οὐ γάρ ἐστι δίκαιον, τὴν μὲν χάριν, ἣ
πᾶσαν ἔβλαπτε τὴν πόλιν, τοῖς τότε θεῖσιν ὑπάρχειν, τὴν
δ´ ἀπέχθειαν, δι´ ἧς ἂν ἅπαντες ἄμεινον πράξαιμεν, τῷ νῦν
τὰ βέλτιστ´ εἰπόντι ζημίαν γενέσθαι. πρὶν δὲ ταῦτ´ εὐτρεπίσαι,
μηδαμῶς, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, μηδέν´ ἀξιοῦτε τηλικοῦτον
εἶναι παρ´ ὑμῖν ὥστε τοὺς νόμους τούτους παραβάντα
μὴ δοῦναι δίκην, μηδ´ οὕτως ἀνόητον ὥστ´ εἰς προῦπτον
κακὸν αὑτὸν ἐμβαλεῖν.
Οὐ μὴν οὐδ´ ἐκεῖνό γ´ ὑμᾶς ἀγνοεῖν δεῖ, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι,
ὅτι ψήφισμ´ οὐδενὸς ἄξιόν ἐστιν, ἂν μὴ προσγένηται
τὸ ποιεῖν ἐθέλειν τά γε δόξαντα προθύμως {ὑμᾶς}. εἰ γὰρ
αὐτάρκη τὰ ψηφίσματ´ ἦν ἢ ὑμᾶς ἀναγκάζειν ἃ προσήκει
πράττειν ἢ περὶ ὧν γραφείη διαπράξασθαι, οὔτ´ ἂν ὑμεῖς
πολλὰ ψηφιζόμενοι μικρά, μᾶλλον δ´ οὐδὲν ἐπράττετε τούτων,
οὔτε Φίλιππος τοσοῦτον ὑβρίκει χρόνον· πάλαι γὰρ
ἂν εἵνεκά γε ψηφισμάτων ἐδεδώκει δίκην. ἀλλ´ οὐχ οὕτω
ταῦτ´ ἔχει· τὸ γὰρ πράττειν τοῦ λέγειν καὶ χειροτονεῖν
ὕστερον ὂν τῇ τάξει, πρότερον τῇ δυνάμει καὶ κρεῖττόν
ἐστιν. τοῦτ´ οὖν δεῖ προσεῖναι, τὰ δ´ ἄλλ´ ὑπάρχει· καὶ
γὰρ εἰπεῖν τὰ δέοντα παρ´ ὑμῖν εἰσιν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι,
δυνάμενοι, καὶ γνῶναι πάντων ὑμεῖς ὀξύτατοι τὰ ῥηθέντα,
καὶ πρᾶξαι δὲ δυνήσεσθε νῦν, ἐὰν ὀρθῶς ποιῆτε. τίνα γὰρ
χρόνον ἢ τίνα καιρόν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοῦ παρόντος
βελτίω ζητεῖτε; ἢ πόθ´ ἃ δεῖ πράξετ´, εἰ μὴ νῦν; οὐχ
ἅπαντα μὲν ἡμῶν προείληφε τὰ χωρί´ ἅνθρωπος, εἰ δὲ καὶ
ταύτης κύριος τῆς χώρας γενήσεται, πάντων αἴσχιστα
πεισόμεθα; οὐχ οὕς, εἰ πολεμήσαιεν, ἑτοίμως σώσειν ὑπισχνούμεθα,
οὗτοι νῦν πολεμοῦσιν; οὐκ ἐχθρός; οὐκ ἔχων τὰ
ἡμέτερα; οὐ βάρβαρος; οὐχ ὅ τι ἂν εἴποι τις; ἀλλὰ πρὸς
θεῶν πάντ´ ἐάσαντες καὶ μόνον οὐχὶ συγκατασκευάσαντες
αὐτῷ, τότε τοὺς αἰτίους οἵτινες τούτων ζητήσομεν; οὐ γὰρ
αὐτοί γ´ αἴτιοι φήσομεν εἶναι, σαφῶς οἶδα τοῦτ´ ἐγώ. οὐδὲ
γὰρ ἐν τοῖς τοῦ πολέμου κινδύνοις τῶν φυγόντων οὐδεὶς
ἑαυτοῦ κατηγορεῖ, ἀλλὰ τοῦ στρατηγοῦ καὶ τῶν πλησίον
καὶ πάντων μᾶλλον, ἥττηνται δ´ ὅμως διὰ πάντας τοὺς
φυγόντας δήπου· μένειν γὰρ ἐξῆν τῷ κατηγοροῦντι τῶν ἄλλων,
εἰ δὲ τοῦτ´ ἐποίει ἕκαστος, ἐνίκων ἄν. καὶ νῦν, οὐ λέγει τις τὰ
βέλτιστα· ἀναστὰς ἄλλος εἰπάτω, μὴ τοῦτον αἰτιάσθω.
ἕτερος λέγει τις βελτίω· ταῦτα ποιεῖτ´ ἀγαθῇ τύχῃ. ἀλλ´
οὐχ ἡδέα ταῦτα· οὐκέτι τοῦθ´ ὁ λέγων ἀδικεῖ—πλὴν εἰ δέον
εὔξασθαι παραλείπει. εὔξασθαι μὲν γάρ, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι,
ῥᾴδιον, εἰς ταὐτὸ πάνθ´ ὅσα βούλεταί τις ἁθροίσαντ´ ἐν
ὀλίγῳ· ἑλέσθαι δ´, ὅταν περὶ πραγμάτων προτεθῇ σκοπεῖν,
οὐκέθ´ ὁμοίως εὔπορον, ἀλλὰ δεῖ τὰ βέλτιστ´ ἀντὶ τῶν
ἡδέων, ἂν μὴ συναμφότερ´ ἐξῇ, λαμβάνειν. εἰ δέ τις ἡμῖν
ἔχει καὶ τὰ θεωρικὰ ἐᾶν καὶ πόρους ἑτέρους λέγειν
στρατιωτικούς, οὐχ οὗτος κρείττων; εἴποι τις ἄν. φήμ´ ἔγωγε,
εἴπερ ἔστιν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι· ἀλλὰ θαυμάζω εἴ τῴ ποτ´
ἀνθρώπων ἢ γέγονεν ἢ γενήσεται, ἂν τὰ παρόντ´ ἀναλώσῃ
πρὸς ἃ μὴ δεῖ, τῶν ἀπόντων εὐπορῆσαι πρὸς ἃ δεῖ. ἀλλ´,
οἶμαι, μέγα τοῖς τοιούτοις ὑπάρχει λόγοις ἡ παρ´ ἑκάστου
βούλησις, διόπερ ῥᾷστον ἁπάντων ἐστὶν αὑτὸν ἐξαπατῆσαι·
ὃ γὰρ βούλεται, τοῦθ´ ἕκαστος καὶ οἴεται, τὰ δὲ πράγματα
πολλάκις οὐχ οὕτω πέφυκεν.
| [3,10] Oui, il faut assister Olynthe, dira-t-on, nous le reconnaissons tous, et nous
l'assisterons ; mais de quelle façon ? indiquez-le. Eh bien ! Athéniens, ne vous
étonnez pas d'un langage qui peut paraître étrange à la plupart de mes
auditeurs. Je vous dis : créez des nomothètes, non pour établir, par leur
ministère, aucune loi nouvelle - nous avons assez de lois, - mais pour abroger
celles qui nous sont actuellement nuisibles. Je veux parler des lois sur les
spectacles - je le déclare nettement, - et de quelques-unes de celles qui
règlent le service militaire ; parmi ces lois, les unes affectent aux spectacles
les fonds militaires, et les distribuent aux citoyens qui restent dans la ville
; les autres assurent l'impunité aux réfractaires, et découragent ceux qui
veulent faire leur devoir. Une fois que vous aurez abrogé ces lois, et préparé
une voie sûre aux bons conseillers, il se présentera certes un citoyen pour
proposer les mesures que tous vous savez utiles ; jusque-là, ne cherchez pas qui
consente, pour vous sauver, à périr sous vos coups ; vous ne trouverez personne,
d'autant plus que le seul résultat pour celui qui oserait parler et proposer un
décret dans ce sens, serait d'encourir un châtiment inique, sans améliorer en
rien nos affaires, et même en rendant plus redoutable encore à l'avenir le rôle
de sage conseiller. Ces lois, Athéniens, doivent être abrogées par ceux-là mêmes
qui les ont établies ; il n'est pas juste, en effet, que la mesure nuisible à
la ville ait rendu populaires ceux qui l'ont portée, et que, pour celle qui nous
sauvera tous, la haine publique soit aujourd'hui le salaire des plus sages avis.
Mais, avant que les choses aient été ainsi réglées, ne croyez pas, Athéniens,
qu'il y ait parmi vous un homme assez puissant pour violer impunément ces lois,
ni assez insensé pour se précipiter tête baissée à sa ruine.
Vous ne devez pas l'ignorer, Athéniens : un décret n'a de valeur que s'il s'y
ajoute la volonté d'exécuter résolument ce qui a été décidé. Si les décrets
étaient suffisants pour vous contraindre à faire votre devoir, ou pour atteindre
le but proposé, on ne vous verrait pas, vous qui votez tant de décrets, n'agir
que peu ou point, et Philippe ne vous aurait pas sans cesse insultés ; car il y
a longtemps, de par les décrets, qu'il serait châtié. Mais il n'en est pas ainsi
: l'action, dans l'ordre des faits, suit la parole et le vote, mais elle les
devance en valeur par ses effets. Il faut donc que l'acte s'ajoute au décret, et
le reste va de soi. Vous êtes, en effet, capables, Athéniens, d'exprimer les
meilleurs avis, et nul n'a l'esprit plus vif pour saisir ce que l'on vous dit ;
vous saurez aussi agir aujourd'hui, si vous êtes sages. Quel temps, quelle
occasion cherchez-vous, Athéniens, qui soit plus favorable ? Quand ferez-vous le
nécessaire, si vous le négligez aujourd'hui ? Philippe a mis la main sur toutes
vos possessions ; s'il se rend maître encore du territoire d'Olynthe, ce sera
pour nous la dernière des hontes. Ce peuple, à qui nous avons promis de le
secourir efficacement, s'il faisait la guerre, n'y est-il pas engagé ? Philippe
n'est-il pas un ennemi, un spoliateur de nos biens, un barbare ? De quel autre
nom mérite-t-il encore qu'on le qualifie ? Eh bien ! vous l'avez laissé tout
faire à sa guise, peu s'en faut que vous ne lui ayez prêté assistance, et nous
chercherions encore quelle est la cause de ses succès ! Ah ! nous ne voulons pas
avouer, je le sais bien, que c'est nous seuls qui en sommes responsables. A la
guerre aussi, aucun fuyard ne s'accuse, mais il accuse le général, et ceux qui
combattaient près de lui, tous enfin plutôt que lui-même ; et cependant, si on a
été vaincu, tous les fuyards sans doute en sont cause ; celui qui accuse les
autres, pouvait rester à son poste ; et, si chacun eût fait de même, on aurait
triomphé. Il en est ainsi, aujourd'hui, à Athènes. Un orateur n'a-t-il pas su
indiquer les plus sages mesures ? Qu'un autre se lève, et parle, mais sans
condamner le premier. Le second orateur donne-t-il de meilleurs avis ?
Suivez-les, et que la fortune vous favorise ! - Mais ce qu'il conseille n'est
pas agréable. - Ceci n'est plus la faute de l'orateur ; à moins que ce ne soit
un devoir, à vos yeux, de formuler des voeux, ce qu'il aurait négligé. Faire des
voeux, Athéniens, grouper en une phrase tout ce qu'on désire, c'est chose aisée
; mais choisir, quand il y a lieu de prendre une décision, c'est moins facile ;
sacrifier l'agréable à l'utile, si on ne les peut réunir, voir, le devoir ! - Ah
! dira-t-on, si, sans toucher aux fonds des spectacles, on peut indiquer
d'autres ressources pour l'entrétien de l'armée, cela ne vaut-il pas mieux ? -
Beaucoup mieux, Athéniens, si c'est possible ; mais je m'étonnerais fort qu'il
soit arrivé, qu'il doive arriver jamais que, après avoir dissipé sa fortune en
dépenses inutiles, on pût encore, pour un but utile, trouver des ressources dans
ce qui n'existe plus. Chacun parle suivant ses désirs ; rien de si facile que de
se tromper soi-même ; ce qu'on veut, on le croit possible ; mais les faits,
d'ordinaire, ne suivent pas le même cours.
|