[2,3] Ἀλλὰ νὴ Δί´, εἴποι τις ἂν ὡς πάντα ταῦτ´ εἰδώς, οὐ
πλεονεξίας ἕνεκ´ οὐδ´ ὧν ἐγὼ κατηγορῶ τότε ταῦτ´ ἔπραξεν,
ἀλλὰ τῷ δικαιότερα τοὺς Θηβαίους ἢ ὑμᾶς ἀξιοῦν. ἀλλὰ
τοῦτον καὶ μόνον πάντων τῶν λόγων οὐκ ἔνεστιν αὐτῷ νῦν
εἰπεῖν· ὁ γὰρ Μεσσήνην Λακεδαιμονίους ἀφιέναι κελεύων,
πῶς ἂν Ὀρχομενὸν καὶ Κορώνειαν τότε Θηβαίοις παραδοὺς
τῷ δίκαια νομίζειν ταῦτ´ εἶναι πεποιηκέναι σκήψαιτο;
Ἀλλ´ ἐβιάσθη νὴ Δία (ταῦτα γάρ ἐσθ´ ὑπόλοιπον) καὶ
παρὰ γνώμην, τῶν Θετταλῶν ἱππέων καὶ τῶν Θηβαίων
ὁπλιτῶν ἐν μέσῳ ληφθείς, συνεχώρησε ταῦτα. καλῶς.
οὐκοῦν φασὶ μὲν μέλλειν πρὸς τοὺς Θηβαίους αὐτὸν ὑπόπτως
ἔχειν, καὶ λογοποιοῦσιν περιιόντες τινὲς ὡς Ἐλάτειαν τειχιεῖ.
ὁ δὲ ταῦτα μὲν μέλλει καὶ μελλήσει γ´, ὡς ἐγὼ κρίνω, τοῖς
Μεσσηνίοις δὲ καὶ τοῖς Ἀργείοις ἐπὶ τοὺς Λακεδαιμονίους
συλλαμβάνειν οὐ μέλλει, ἀλλὰ καὶ ξένους εἰσπέμπει καὶ
χρήματ´ ἀποστέλλει καὶ δύναμιν μεγάλην ἔχων αὐτός ἐστι
προσδόκιμος. τοὺς μὲν ὄντας ἐχθροὺς Θηβαίων Λακεδαιμονίους
ἀναιρεῖ, οὓς δ´ ἀπώλεσεν αὐτὸς πρότερον Φωκέας
νῦν σῴζει; καὶ τίς ἂν ταῦτα πιστεύσειεν; ἐγὼ μὲν γὰρ
οὐκ ἂν ἡγοῦμαι Φίλιππον, οὔτ´ εἰ τὰ πρῶτα βιασθεὶς ἄκων
ἔπραξεν, οὔτ´ ἂν εἰ νῦν ἀπεγίγνωσκε Θηβαίους, τοῖς ἐκείνων
ἐχθροῖς συνεχῶς ἐναντιοῦσθαι, ἀλλ´ ἀφ´ ὧν νῦν ποιεῖ,
κἀκεῖν´ ἐκ προαιρέσεως δῆλός ἐστι ποιήσας, ἐκ πάντων δ´,
ἄν τις ὀρθῶς θεωρῇ, πάνθ´ ἃ πραγματεύεται κατὰ τῆς πόλεως
συντάττων. καὶ τοῦτ´ ἐξ ἀνάγκης τρόπον τιν´ αὐτῷ νῦν γε
δὴ συμβαίνει. λογίζεσθε γάρ. ἄρχειν βούλεται, τούτου
δ´ ἀνταγωνιστὰς μόνους ὑπείληφεν ὑμᾶς. ἀδικεῖ πολὺν
ἤδη χρόνον, καὶ τοῦτ´ αὐτὸς ἄριστα σύνοιδεν αὑτῷ· οἷς γὰρ
οὖσιν ὑμετέροις ἔχει, τούτοις πάντα τἄλλ´ ἀσφαλῶς κέκτηται·
εἰ γὰρ Ἀμφίπολιν καὶ Ποτείδαιαν προεῖτο, οὐδ´ ἂν οἴκοι
μένειν βεβαίως ἡγεῖται. ἀμφότερ´ οὖν οἶδε, καὶ αὑτὸν ὑμῖν
ἐπιβουλεύοντα καὶ ὑμᾶς αἰσθανομένους· εὖ φρονεῖν δ´ ὑμᾶς
ὑπολαμβάνων, δικαίως αὑτὸν μισεῖν νομίζει, καὶ παρώξυνται,
πείσεσθαί τι προσδοκῶν, ἂν καιρὸν λάβητε, ἂν μὴ φθάσῃ
ποιήσας πρότερος. διὰ ταῦτ´ ἐγρήγορεν, ἐφέστηκεν, ἐπὶ τῇ
πόλει θεραπεύει τινάς, Θηβαίους καὶ Πελοποννησίων τοὺς
ταὐτὰ βουλομένους τούτοις, οὓς διὰ μὲν πλεονεξίαν τὰ
παρόντ´ ἀγαπήσειν οἴεται, διὰ δὲ σκαιότητα τρόπων τῶν
μετὰ ταῦτ´ οὐδὲν προόψεσθαι. καίτοι σωφρονοῦσί γε καὶ
μετρίως ἐναργῆ παραδείγματ´ ἔστιν ἰδεῖν, ἃ καὶ πρὸς Μεσσηνίους
καὶ πρὸς Ἀργείους ἔμοιγ´ εἰπεῖν συνέβη, βέλτιον
δ´ ἴσως καὶ πρὸς ὑμᾶς ἐστιν εἰρῆσθαι.
| [2,3] Mais, dira quelqu'un de ceux qui se prétendent fort instruits de toutes
ces questions, ce n'est pas l'ambition, ni les motifs dont tu accuses
Philippe, qui ont alors dicté sa conduite ; il pensait que la justice était
du côté des Thébains plutôt que du vôtre. - Or cet argument est, de
tous, celui qu'il lui est le moins possible aujourd'hui de mettre en
avant. Eh quoi ! lui qui ordonnait aux Lacédémoniens de rendre la
liberté à Messène, pouvait-il, alors qu'il livrait aux Thébains
Orchomène et Coronée, prétendre qu'il agissait ainsi parce qu'il le
croyait juste ?
Mais il a été contraint, c'est la dernière excuse, et, contre son gré,
enveloppé par les cavaliers thessaliens et les hoplites thébains, il s'est
résigné à ces concessions. - A la bonne heure ! - aussi, ajoute-t-on, il
va bientôt marquer sa défiance à l'égard des Thébains, et certains
nouvellistes prétendent qu'il fortifiera Elatée. Voilà qui, à mon sens,
reste et restera longtemps en projet ; mais, ce qui est un fait, c'est
qu'il soutient Messène et Argos contre Lacédémone, il expédie des
mercenaires, fournit de l'argent, et on l'attend lui-même, à la tête
d'une grande armée. Ainsi, d'un côté il abat Lacédémone, la vieille
ennemie de Thèbes, et, de l'autre, après avoir lui-même écrasé la
Phocide, il en serait le sauveur ! Comment admettre de telles
contradictions ? Pour moi, je crois que, si Philippe n'avait agi
autrefois qu'à regret et contraint, et s'il reniait maintenant les
Thébains, il ne serait pas sans cesse en lutte contre leurs ennemis.
Non ! sa conduite actuelle prouve qu'il s'est autrefois décidé de son
plein gré, et tous ses actes, à les bien examiner, sont combinés contre
nous. Et il est, en quelque sorte, inévitable qu'il en soit ainsi.
Raisonnez plutôt : il veut régner, et ne voit en face de lui qu'un
adversaire, c'est Athènes. Aussi vous fait-il dès longtemps tout le mal
possible, et il en a parfaitement conscience. C'est grâce à ce qu'il vous
a pris qu'il assure la possession de tout le reste. S'il abandonnait
Amphipolis et Potidée, il ne se croirait plus en sécurité dans ses
propres États. Il sait donc deux choses : qu'il vous tend des pièges et
que vous vous en apercevez ; comme, d'ailleurs, il vous connaît pour
sensés, il pense que vous le haïssez à juste titre, ce qui l'excite encore
contre vous, parce qu'il s'attend, s'il ne prend les devants, à ce que
vous saisissiez la première occasion de l'attaquer. Aussi se tient-il en
éveil, attentif, et, pour nous gêner, il flatte les Thébains et ceux des
Péloponnésiens qui leur sont alliés ; il sait que leur ambition les
attache à lui dans le présent, et que leur esprit est trop épais pour
rien prévoir de l'avenir, quoiqu'il suffise d'une médiocre prudence
pour s'instruire par d'éclatants exemples. C'est ce qu'il m'est arrivé de
montrer aux Messéniens et aux Argiens, et ce qui, sans doute,
s'adresse encore mieux à vous.
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