[30] οὐκ ἐλάνθανεν Οἰνείδας ὅτι Κάδμου μὲν Σεμέλη, τῆς δ´ ὃν οὐ
πρέπον ἐστὶν ὀνομάζειν ἐπὶ τοῦδε τοῦ τάφου, τοῦ δ´ Οἰνεὺς γέγονεν,
ὃς ἀρχηγὸς αὐτῶν ἐκαλεῖτο. κοινοῦ δ´ ὄντος ἀμφοτέραις
ταῖς πόλεσιν τοῦ παρόντος κινδύνου, ὑπὲρ ἀμφοτέρων ἅπασαν
ᾤοντο δεῖν ἀγωνίαν ἐκτεῖναι. ᾔδεσαν Κεκροπίδαι τὸν
ἑαυτῶν ἀρχηγὸν τὰ μὲν ὡς ἔστιν δράκων, τὰ δ´ ὡς ἔστιν
ἄνθρωπος λεγόμενον, οὐκ ἄλλοθέν ποθεν ἢ τῷ τὴν σύνεσιν
αὐτοῦ προσομοιοῦν ἀνθρώπῳ, τὴν ἀλκὴν δὲ δράκοντι.
ἄξια δὴ τούτων πράττειν ὑπελάμβανον αὑτοῖς προσήκειν.
ἐμέμνηνθ´ Ἱπποθωντίδαι τῶν Ἀλόπης γάμων, ἐξ ὧν Ἱπποθῶν
ἔφυ, καὶ τὸν ἀρχηγὸν ᾔδεσαν· ὧν, τὸ πρέπον φυλάττων
ἐγὼ τῷδε τῷ καιρῷ, τὸ σαφὲς εἰπεῖν ὑπερβαίνω. ἄξια
δὴ τούτων ᾤοντο δεῖν ποιοῦντες ὀφθῆναι. οὐκ ἐλάνθανεν
Αἰαντίδας ὅτι τῶν ἀριστείων στερηθεὶς Αἴας ἀβίωτον
ἑαυτῷ ἡγήσατο τὸν βίον. ἡνίκ´ οὖν ὁ δαίμων ἄλλῳ
τἀριστεῖ´ ἐδίδου, τότε τοὺς ἐχθροὺς ἀμυνόμενοι τεθνάναι
δεῖν ᾤοντο, ὥστε μηδὲν ἀνάξιον αὑτῶν παθεῖν. οὐκ ἠμνημόνουν Ἀντιοχίδαι Ἡρακλέους ὄντ´ Ἀντίοχον. δεῖν οὖν
ἡγήσαντ´ ἢ ζῆν ἀξίως τῶν ὑπαρχόντων ἢ τεθνάναι καλῶς.
Οἱ μὲν οὖν ζῶντες οἰκεῖοι τούτων ἐλεινοί, τοιούτων
ἀνδρῶν ἐστερημένοι καὶ συνηθείας πολλῆς καὶ φιλανθρώπου
διεζευγμένοι, καὶ τὰ τῆς πατρίδος πράγματ´ ἔρημα καὶ
δακρύων καὶ πένθους πλήρη· οἱ δ´ εὐδαίμονες τῷ δικαίῳ
λογισμῷ. πρῶτον μὲν ἀντὶ μικροῦ χρόνου πολὺν καὶ τὸν
ἅπαντ´ εὔκλειαν ἀγήρω καταλείπουσιν, ἐν ᾗ καὶ παῖδες οἱ
τούτων ὀνομαστοὶ τραφήσονται καὶ γονεῖς {οἱ τούτων} περίβλεπτοι γηροτροφήσονται, παραψυχὴν τῷ πένθει τὴν
τούτων εὔκλειαν ἔχοντες. ἔπειτα νόσων ἀπαθεῖς τὰ
σώματα καὶ λυπῶν ἄπειροι τὰς ψυχάς, ἃς ἐπὶ τοῖς συμβεβηκόσιν
οἱ ζῶντες ἔχουσιν, ἐν μεγάλῃ τιμῇ καὶ πολλῷ ζήλῳ
τῶν νομιζομένων τυγχάνουσιν. οὓς γὰρ ἅπασα μὲν ἡ
πατρὶς θάπτει δημοσίᾳ, κοινῶν δ´ ἐπαίνων μόνοι τυγχάνουσιν, ποθοῦσι δ´ οὐ μόνοι συγγενεῖς καὶ πολῖται, ἀλλὰ πᾶσαν
ὅσην Ἑλλάδα χρὴ προσειπεῖν, συμπεπένθηκεν δὲ καὶ τῆς
οἰκουμένης τὸ πλεῖστον μέρος, πῶς οὐ χρὴ τούτους εὐδαίμονας νομίζεσθαι; οὓς παρέδρους εἰκότως ἄν τις φήσαι
τοῖς κάτω θεοῖς εἶναι, τὴν αὐτὴν τάξιν ἔχοντας τοῖς προτέροις ἀγαθοῖς ἀνδράσιν ἐν μακάρων νήσοις. οὐ γὰρ ἰδών
τις οὐδὲ περὶ ἐκείνων ταῦτ´ ἀπήγγελκεν, ἀλλ´ οὓς οἱ ζῶντες
ἀξίους ὑπειλήφαμεν τῶν ἄνω τιμῶν, τούτους τῇ δόξῃ
καταμαντευόμενοι κἀκεῖ τῶν αὐτῶν τιμῶν ἡγούμεθ´ αὐτοὺς
τυγχάνειν. ἔστι μὲν οὖν ἴσως χαλεπὸν τὰς παρούσας
συμφορὰς λόγῳ κουφίσαι· δεῖ δ´ ὅμως πειρᾶσθαι καὶ πρὸς
τὰ παρηγοροῦντα τρέπειν τὴν ψυχήν, ὡς τοὺς τοιούτους
ἄνδρας γεγεννηκότας καὶ πεφυκότας αὐτοὺς ἐκ τοιούτων
ἑτέρων καλόν ἐστιν τὰ δείν´ εὐσχημονέστερον τῶν ἄλλων
φέροντας ὁρᾶσθαι καὶ πάσῃ τύχῃ χρωμένους ὁμοίους εἶναι.
καὶ γὰρ ἐκείνοις ταῦτ´ ἂν εἴη μάλιστ´ ἐν κόσμῳ καὶ τιμῇ,
καὶ πάσῃ τῇ πόλει καὶ τοῖς ζῶσιν ταῦτ´ ἂν ἐνέγκοι
πλείστην εὐδοξίαν. χαλεπὸν πατρὶ καὶ μητρὶ παίδων
στερηθῆναι καὶ ἐρήμοις εἶναι τῶν οἰκειοτάτων γηροτρόφων·
σεμνὸν δέ γ´ ἀγήρως τιμὰς καὶ μνήμην ἀρετῆς δημοσίᾳ
κτησαμένους ἐπιδεῖν, καὶ θυσιῶν καὶ ἀγώνων ἠξιωμένους
ἀθανάτων.
(37) λυπηρὸν παισὶν ὀρφανοῖς γεγενῆσθαι πατρός·
καλὸν δέ γε κληρονομεῖν πατρῴας εὐδοξίας. καὶ τοῦ μὲν
λυπηροῦ τούτου τὸν δαίμον´ αἴτιον εὑρήσομεν ὄντα, ᾧ
φύντας ἀνθρώπους εἴκειν ἀνάγκη, τοῦ δὲ τιμίου καὶ καλοῦ
τὴν τῶν ἐθελησάντων καλῶς ἀποθνῄσκειν αἵρεσιν.
Ἐγὼ μὲν οὖν οὐχ ὅπως πολλὰ λέξω, τοῦτ´ ἐσκεψάμην,
ἀλλ´ ὅπως τἀληθῆ. ὑμεῖς δ´ ἀποδυράμενοι καὶ τὰ προσήκονθ´ ὡς
χρὴ καὶ νόμιμα ποιήσαντες ἄπιτε.
| [30] Les OEnéides n'oubliaient point que Sémèle, née
de Cadmus, eut pour fils un dieu qu'il ne
convient pas de nommer dans ces funérailles,
et que ce dieu était père d'OEnée, premier auteur
de leur race : à la vue du péril qui pressait
également les deux républiques, la lutte la plus
sanglante fut pour eux une dette à payer. Le
chef des Cécropides fut, dit-on, moitié homme,
moitié serpent, sans doute parce que, à la
force du dragon, il unissait toute la sagesse d'un
mortel : de là, les deux grandes qualités qu'il
appartenait surtout à cette tribu de faire revivre.
Les Hippothoontides se souvenaient de l'hymen
d'Alopé, d'où naquit Hippothoon, qu'ils
reconnaissaient pour leur chef : fidèle aux convenances
de ce jour, je ne développerai pas ce souvenir.
Ils pensaient donc que c'était à eux à se montrer
dignes de ce grand homme. La tribu d'Ajax
était instruite que ce guerrier, frustré du prix de
la valeur, n'avait pu supporter la vie : aussi,
lorsque ce même prix fut décerné à un autre
par la fortune, repoussant les ennemis, elle comprit
qu'il fallait mourir pour remplir la vraie
destinée des Aïantides. Vivre dignes de nos ancêtres,
ou périr avec gloire, telle fut la
maxime des Antiochides, qui n'avaient pu oublier
qu'Antiochos était fils d'Hercule.
Privés de tels hommes, après avoir vu briser
des liens si intimes et si chers, les parents, les
amis qui survivent sont, sans doute, dignes de
compassion; la patrie est veuve, elle ne vit plus
que dans lè deuil et les larmes. Mais eux, ils
sont heureux aux yeux de la raison. D'abord,
en échange de cette courte vie, ils laissent après
eux une gloire qui, toujours jeune, traversera le
cours des siècles, et fera la consolation de leurs
enfants illustrés par elle et élevés par la république,
et de leurs parents; dont la vieillesse entourée
d'hommages, sera nourrie par l'État. Ensuite,
inaccessibles aux maladies, délivrés des
chagrins auxquels un événement cruel livre notre vie,
ils obtiennent de pompeuses et magnifiques funérailles.
Eh! comment ne pas les
regarder comme heureux, ceux que la patrie, à
ses frais, dépose dans la tombe, à qui seuls elle
accorde de publics éloges, qui sont pleurés de
leurs parents, de leurs concitoyens, de tout ce qui
mérite le nom d'Hellène, de presque tout le
monde habitable? On pourrait affirmer que, dans
les îles Fortunées, ils sont assis près des Immortels,
maîtres de ce séjour, au même rang que
les hommes vertueux des anciens âges. Aucun
témoin de ces honneurs n'est venu nous les révéler :
mais nous pressentons, par analogie, que
ceux qui, aux yeux des vivants, furent dignes
de terrestres hommages, rencontrent aussi là-bas
une gloire semblable.
Peut-être est-il difficile d'alléger par la parole
une infortune présente. Essayons cependant
de tourner les cœurs vers les idées qui consolent.
Généreux citoyens, nés de pères non moins généreux,
il vous sera beau de porter sans
fléchir, comme tant d'autres, le fardeau du malheur,
et d'avoir connu, sans changer, l'une et
l'autre fortune. De tels sentiments seraient le plus
riche tribu d'hommages pour les morts; et sur
Athènes entière, sur les vivants, ils répandraient
une gloire immense. Il est douloureux pour un
père, pour une mère, de se voir enlever leurs
enfants, et de perdre les nourriciers de leur
vieillesse. Mais quelle noble satisfaction de voir
ces mêmes fils obtenant de la patrie d'immortels
hommages, un glorieux souvenir, et honorés
par des sacrifices et des fêtes, comme les
dieux ! Il est cruel pour des enfants de perdre l'appui
d'un père ; mais qu'il est beau d'hériter de
la gloire paternelle! Dans ce partage, ce qui est
affligeant vient de la Fortune, sous qui tout
mortel doit plier : mais ce qui est honorable et
beau vient du choix des hommes qui ont voulu
noblement mourir.
Je n'ai point cherché à parler beaucoup,
mais à dire des choses vraies. Pour vous, après
avoir pleuré, et rempli le devoir de la justice
et de la loi, retirez-vous.
|