HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Sur la couronne

ὡς



Texte grec :

[280] Καί μοι δοκεῖς ἐκ τούτων, Αἰσχίνη, λόγων ἐπίδειξίν τινα καὶ φωνασκίας βουλόμενος ποιήσασθαι τοῦτον προελέσθαι τὸν ἀγῶνα, οὐκ ἀδικήματος οὐδενὸς λαβεῖν τιμωρίαν. ἔστι δ' οὐχ ὁ λόγος τοῦ ῥήτορος, Αἰσχίνη, τίμιον, οὐδ' ὁ τόνος τῆς φωνῆς, ἀλλὰ τὸ ταὐτὰ προαιρεῖσθαι τοῖς πολλοῖς καὶ τὸ τοὺς αὐτοὺς μισεῖν καὶ φιλεῖν οὕσπερ ἂν ἡ πατρίς. (281) ὁ γὰρ οὕτως ἔχων τὴν ψυχήν, οὗτος ἐπ' εὐνοίᾳ πάντ' ἐρεῖ: ὁ δ' ἀφ' ὧν ἡ πόλις προορᾶταί τινα κίνδυνον ἑαυτῇ, τούτους θεραπεύων οὐκ ἐπὶ τῆς αὐτῆς ὁρμεῖ τοῖς πολλοῖς, οὔκουν οὐδὲ τῆς ἀσφαλείας τὴν αὐτὴν ἔχει προσδοκίαν. ἀλλ', ὁρᾷς; ἐγώ: ταὐτὰ γὰρ συμφέρονθ' εἱλόμην τουτοισί, καὶ οὐδὲν ἐξαίρετον οὐδ' ἴδιον πεποίημαι. (282) ἆρ' οὖν οὐδὲ σύ; καὶ πῶς; ὃς εὐθέως μετὰ τὴν μάχην πρεσβευτὴς ἐπορεύου πρὸς Φίλιππον, ὃς ἦν τῶν ἐν ἐκείνοις τοῖς χρόνοις συμφορῶν αἴτιος τῇ πατρίδι, καὶ ταῦτ' ἀρνούμενος πάντα τὸν ἔμπροσθε χρόνον ταύτην τὴν χρείαν, ὡς πάντες ἴσασιν. καίτοι τίς ὁ τὴν πόλιν ἐξαπατῶν; οὐχ ὁ μὴ λέγων ἃ φρονεῖ; τῷ δ' ὁ κῆρυξ καταρᾶται δικαίως; οὐ τῷ τοιούτῳ; τί δὲ μεῖζον ἔχοι τις ἂν εἰπεῖν ἀδίκημα κατ' ἀνδρὸς ῥήτορος ἢ εἰ μὴ ταὐτὰ φρονεῖ καὶ λέγει; σὺ τοίνυν οὗτος εὑρέθης. (283) εἶτα σὺ φθέγγει καὶ βλέπειν εἰς τὰ τούτων πρόσωπα τολμᾷς; πότερ' οὐχ ἡγεῖ γιγνώσκειν αὐτοὺς ὅστις εἶ; ἢ τοσοῦτον ὕπνον καὶ λήθην ἅπαντας ἔχειν ὥστ' οὐ μεμνῆσθαι τοὺς λόγους οὓς ἐδημηγόρεις ἐν τῷ πολέμῳ, καταρώμενος καὶ διομνύμενος μηδὲν εἶναι σοὶ καὶ Φιλίππῳ πρᾶγμα, ἀλλ' ἐμὲ τὴν αἰτίαν σοι ταύτην ἐπάγειν τῆς ἰδίας ἕνεκ' ἔχθρας, οὐκ οὖσαν ἀληθῆ. (284) ὡς δ' ἀπηγγέλθη τάχισθ' ἡ μάχη, οὐδὲν τούτων φροντίσας εὐθέως ὡμολόγεις καὶ προσεποιοῦ φιλίαν καὶ ξενίαν εἶναί σοι πρὸς αὐτόν, τῇ μισθαρνίᾳ ταῦτα μετατιθέμενος τὰ ὀνόματα: ἐκ ποίας γὰρ ἴσης ἢ δικαίας προφάσεως Αἰσχίνῃ τῷ Γλαυκοθέας τῆς τυμπανιστρίας ξένος ἢ φίλος ἢ γνώριμος ἦν Φίλιππος; ἐγὼ μὲν οὐχ ὁρῶ, ἀλλ' ἐμισθώθης ἐπὶ τῷ τὰ τουτωνὶ συμφέροντα διαφθείρειν. ἀλλ' ὅμως, οὕτω φανερῶς αὐτὸς εἰλημμένος προδότης καὶ κατὰ σαυτοῦ μηνυτὴς ἐπὶ τοῖς συμβᾶσιν γεγονώς, ἐμοὶ λοιδορεῖ καὶ ὀνειδίζεις ταῦτα, ὧν πάντας μᾶλλον αἰτίους εὑρήσεις. (285) πολλὰ καὶ καλὰ καὶ μεγάλ' ἡ πόλις, Αἰσχίνη, καὶ προείλετο καὶ κατώρθωσεν δι' ἐμοῦ, ὧν οὐκ ἠμνημόνησεν. σημεῖον δέ: χειροτονῶν γὰρ ὁ δῆμος τὸν ἐροῦντ' ἐπὶ τοῖς τετελευτηκόσιν παρ' αὐτὰ τὰ συμβάντα, οὐ σὲ ἐχειροτόνησε προβληθέντα, καίπερ εὔφωνον ὄντα, οὐδὲ Δημάδην, ἄρτι πεποιηκότα τὴν εἰρήνην, οὐδ' Ἡγήμονα, οὐδ' ἄλλον ὑμῶν οὐδένα, ἀλλ' ἐμέ. καὶ παρελθόντος σοῦ καὶ Πυθοκλέους ὠμῶς καὶ ἀναιδῶς, ὦ Ζεῦ καὶ θεοί, καὶ κατηγορούντων ἐμοῦ ταὔθ' ἃ καὶ σὺ νυνί, καὶ λοιδορουμένων, ἔτ' ἄμεινον ἐχειροτόνησεν ἐμέ. (286) τὸ δ' αἴτιον οὐκ ἀγνοεῖς μέν, ὅμως δὲ φράσω σοι κἀγώ. ἀμφότερ' ᾔδεσαν αὐτοί, τήν τ' ἐμὴν εὔνοιαν καὶ προθυμίαν μεθ' ἧς τὰ πράγματ' ἔπραττον, καὶ τὴν ὑμετέραν ἀδικίαν: ἃ γὰρ εὐθενούντων τῶν πραγμάτων ἠρνεῖσθε διομνύμενοι, ταῦτ' ἐν οἷς ἔπταισεν ἡ πόλις ὡμολογήσατε. τοὺς οὖν ἐπὶ τοῖς κοινοῖς ἀτυχήμασιν ὧν ἐφρόνουν λαβόντας ἄδειαν ἐχθροὺς μὲν πάλαι, φανεροὺς δὲ τόθ' ἡγήσανθ' αὑτοῖς γεγενῆσθαι: (287) εἶτα καὶ προσήκειν {ὑπολαμβάνοντες} τὸν ἐροῦντ' ἐπὶ τοῖς τετελευτηκόσι καὶ τὴν ἐκείνων ἀρετὴν κοσμήσοντα μήθ' ὁμωρόφιον μήθ' ὁμόσπονδον γεγενημένον εἶναι τοῖς πρὸς ἐκείνους παραταξαμένοις, μηδ' ἐκεῖ μὲν κωμάζειν καὶ παιωνίζειν ἐπὶ ταῖς τῶν Ἑλλήνων συμφοραῖς μετὰ τῶν αὐτοχείρων τοῦ φόνου, δεῦρο δ' ἐλθόντα τιμᾶσθαι, μηδὲ τῇ φωνῇ δακρύειν ὑποκρινόμενον τὴν ἐκείνων τύχην, ἀλλὰ τῇ ψυχῇ συναλγεῖν. τοῦτο δ' ἑώρων παρ' ἑαυτοῖς καὶ παρ' ἐμοί, παρὰ δ' ὑμῖν οὔ. (288) διὰ ταῦτ' ἔμ' ἐχειροτόνησαν καὶ οὐχ ὑμᾶς. καὶ οὐχ ὁ μὲν δῆμος οὕτως, οἱ δὲ τῶν τετελευτηκότων πατέρες καὶ ἀδελφοὶ οἱ ὑπὸ τοῦ δήμου τόθ' αἱρεθέντες ἐπὶ τὰς ταφὰς ἄλλως πως, ἀλλὰ δέον ποιεῖν αὐτοὺς τὸ περίδειπνον ὡς παρ' οἰκειοτάτῳ τῶν τετελευτηκότων, ὥσπερ τἄλλ' εἴωθε γίγνεσθαι, τοῦτ' ἐποίησαν παρ' ἐμοί. εἰκότως: γένει μὲν γὰρ ἕκαστος ἑκάστῳ μᾶλλον οἰκεῖος ἦν ἐμοῦ, κοινῇ δὲ πᾶσιν οὐδεὶς ἐγγυτέρω: ᾧ γὰρ ἐκείνους σωθῆναι καὶ κατορθῶσαι μάλιστα διέφερεν, οὗτος καὶ παθόντων ἃ μήποτ' ὤφελον τῆς ὑπὲρ ἁπάντων λύπης πλεῖστον μετεῖχεν. (289) λέγε δ' αὐτῷ τουτὶ τὸ ἐπίγραμμα, ὃ δημοσίᾳ προείλεθ' ἡ πόλις αὐτοῖς ἐπιγράψαι, ἵν' εἰδῇς, Αἰσχίνη, καὶ ἐν αὐτῷ τούτῳ σαυτὸν ἀγνώμονα καὶ συκοφάντην ὄντα καὶ μιαρόν. Λέγε. Ἐπίγραμμα. οἵδε πάτρας ἕνεκα σφετέρας εἰς δῆριν ἔθεντο ὅπλα, καὶ ἀντιπάλων ὕβριν ἀπεσκέδασαν: μαρνάμενοι δ' ἀρετῆς καὶ δείματος οὐκ ἐσάωσαν ψυχάς, ἀλλ' Ἀίδην κοινὸν ἔθεντο βραβῆ, οὕνεκεν Ἑλλήνων, ὡς μὴ ζυγὸν αὐχένι θέντες δουλοσύνης στυγερὰν ἀμφὶς ἔχωσιν ὕβριν. γαῖα δὲ πατρὶς ἔχει κόλποις τῶν πλεῖστα καμόντων σώματ', ἐπεὶ θνητοῖς ἐκ Διὸς ἥδε κρίσις: μηδὲν ἁμαρτεῖν ἐστι θεῶν καὶ πάντα κατορθοῦν ἐν βιοτῇ: μοῖραν δ' οὔ τι φυγεῖν ἔπορεν.

Traduction française :

[280] A tes déclamations, Eschine, je croirais que tu as entrepris cette cause, non pour demander vengeance d'un coupable, mais pour faire parade d'une voix bien exercée. Toutefois, ce n'est ni la beauté du langage, ni l'éclat de la voix qu'on estime dans l'orateur, c'est de sympathiser avec le Peuple, c'est de haïr et d'aimer comme la patrie. Avec un coeur ainsi fait, on n'a que des paroles de dévouement. Celui qui, au contraire, courtise ceux dont la République se voit menacée, ne s'appuie pas sur la même ancre que ses concitoyens : aussi n'est-ce point du même côté qu'il attend son salut. Ne vois-tu pas le contraire en moi ? Mes intérêts furent les intérêts de tous ; jamais rien à part, rien de personnel. En peux-tu dire autant, toi qui, aussitôt après la bataille, partis en ambassade vers Philippe, vers l'auteur des désastres de ta patrie? Tous savent qu'avant cette époque tu avais toujours refusé cette mission. Or, quel est celui qui trompe la République? N'est-ce pas le citoyen qui parle autrement qu'il ne pense? Sur qui tombent les justes imprécations du héraut? N'est-ce pas sur un tel homme? Que peut-on reprocher de plus grave à un orateur, que de parler contre ses propres sentiments? Voilà pourtant ce qu'on a découvert en toi ! Et tu parles encore! et tu oses regarder ces citoyens en face ! Crois-tu donc qu'ils ne te connaissent pas, ou que le sommeil et l'oubli se soient tellement emparés de tous, qu'ils ne se souviennent plus de tes discours, lorsque, durant la guerre, tu protestais avec serments, avec imprécations, contre toute liaison entre Philippe et toi, contre la vérité de mes reproches, que tu mettais sur le compte de la haine? Mais, à la première nouvelle de la défaite, oubliant imprécations et serments, tu te proclamas l'hôte et l'ami de Philippe, couvrant de ces beaux noms ton infâme trafic. En effet, à quel titre légitime Eschine, fils de Glaucothéa la joueuse de tympanon, aurait-il été l'hôte, l'ami, ou seulement connu du roi de Macédoine? Je ne le. vois pas; mais tu étais à ses gages pour perdre Athènes. Eh quoi ! ta trahison était flagrante; après l'événement tu fus ton propre dénonciateur : et c'est toi qui m'outrages! et tu me reproches des malheurs dont tu me trouveras moins coupable que personne! La République, Eschine, a entrepris et exécuté beaucoup de grandes choses par moi ; elle ne l'a point oublié, en voici la preuve. Quand le Peuple, aussitôt après l'événement, nomma un panégyriste pour ceux qui venaient de périr, ce ne fut pas toi qu'il choisit, malgré ta candidature et ta voix sonore; ni Démade, qui venait d'obtenir la paix ; ni Hégémon, ni aucun de vous : ce fut moi. Pythoclès et toi, vous vous élançâtes à la tribune. Avec quelle insolente fureur, ô ciel ! vous vomissiez les inculpations, les invectives que tu renouvelles aujourd'hui ! Eh bien ! le Peuple confirma son choix. La raison, tu ne l'ignores pas ; je veux pourtant te la dire. Il connaissait et mon zèle dévoué, et votre perfidie. Car, ce que vous aviez nié avec serment durant nos prospérités, vous l'avouâtes au moment de nos revers : on vous tint donc pour d'anciens ennemis, à qui les malheurs publics donnaient le courage de se déclarer. D'ailleurs, convenait-il de confier l'éloge de nos braves à l'homme qui avait logé sous le même toit, participé aux mêmes libations que ceux contre lesquels ils avaient combattu? Convenait-il que celui qui, en Macédoine, avait fait des orgies, et chanté les hymnes où les meurtriers de nos compatriotes célébraient la désolation de la Grèce, à son retour dans Athènes reçût un tel honneur? Il fallait, pour une telle infortune, non une voix et des larmes de théâtre, mais une âme pénétrée de la publique douleur. Cc deuil, les Athéniens le trouvaient dans leurs coeurs, dans le mien, non dans les vôtres : c'est pour cela qu'ils me choisirent, et non pas vous. Et non seulement eux, mais les pères, les frères chargés du soin des obsèques, agirent ainsi. Le repas funèbre, qui se donne ordinairement chez le plus proche parent, ils le donnèrent chez moi. Ils ne se trompaient point : en effet, si, par le sang, chacun d'eux tenait aux morts de plus près, comme citoyen je leur étais plus uni que personne. Oui, le plus intéressé à leur salut, à leur succès, devait, après leur malheur à jamais regrettable, prendre la plus grande part aux larmes de tous. Qu'on lise à cet homme l'inscription qu'Athènes fit graver sur leur tombeau. Ici encore, Eschine, tu reconnaîtras et ton injustice, et tes calomnies, et ta méchanceté. Inscription. "De leur zèle pieux intrépides victimes, Ces guerriers, que la gloire entraînait sur ses pas, Pour abattre un tyran et pour punir ses crimes, Au milieu des périls ont trouvé le trépas. Tandis qu'ils repoussaient la honte et l'esclavage, La fortune jalouse a trompé leur courage. Entre eux et l'agresseur ils appelaient la mort : C'est eux qu'elle a frappés! Nous les pleurons encore : Vains regrets! du Destin tel fut l'ordre immuable. Il n'appartient qu'aux Dieux de ne faillir jamais; Eux seuls ont en leurs mains le bonheur, le succès. Mortels, soumettez-vous au sort inévitable !"





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Dernière mise à jour : 17/11/2005