[6,10] CHAPITRE X.
Κατ´ ἐπακολούθημα τοίνυν καὶ τοῖς εἰς γνῶσιν γυμνάζουσιν αὐτὸν
προσανάκειται, παρ´ ἑκάστου μαθήματος τὸ πρόσφορον τῇ ἀληθείᾳ λαμβάνων,
τῆς μὲν οὖν μουσικῆς τὴν ἐν τοῖς ἡρμοσμένοις ἀναλογίαν διώκων, ἐν δὲ τῇ
ἀριθμητικῇ τὰς αὐξήσεις καὶ μειώσεις τῶν ἀριθμῶν παρασημειούμενος καὶ τὰς
πρὸς ἀλλήλους σχέσεις καὶ ὡς τὰ πλεῖστα ἀναλογίᾳ τινὶ ἀριθμῶν ὑποπέπτωκεν,
ἐν δὲ τῇ γεωμετρικῇ οὐσίαν αὐτὴν ἐφ´ ἑαυτῆς θεωρῶν καὶ ἐθιζόμενος συνεχές
τι διάστημα νοεῖν καὶ οὐσίαν ἀμετάβλητον, ἑτέραν τῶνδε τῶν σωμάτων οὖσαν·
ἔκ τε αὖ τῆς ἀστρονομίας γῆθεν αἰωρούμενος {τε} τῷ νῷ συνυψωθήσεται οὐρανῷ
καὶ τῇ περιφορᾷ συμπεριπολήσει, ἱστορῶν ἀεὶ τὰ θεῖα καὶ τὴν πρὸς ἄλληλα
συμφωνίαν, ἀφ´ ὧν ὁρμώμενος Ἀβραὰμ εἰς τὴν τοῦ κτίσαντος ὑπεξανέβη
γνῶσιν. Ἀλλὰ καὶ τῇ διαλεκτικῇ προσχρήσεται ὁ γνωστικός, τὴν εἰς εἴδη τῶν
γενῶν ἐκλεγόμενος διαίρεσιν, καὶ τὴν τῶν ὄντων προσήσεται διάκρισιν. Μέχρις
ἂν τῶν πρώτων καὶ ἁπλῶν ἐφάψηται.
Οἱ πολλοὶ δὲ καθάπερ οἱ παῖδες τὰ μορμολυκεῖα, οὕτως δεδίασι τὴν Ἑλληνικὴν
φιλοσοφίαν, φοβούμενοι μὴ ἀπαγάγῃ αὐτούς. Εἰ δὲ τοιαύτη παρ´ αὐτοῖς ἐστιν ἡ
πίστις (οὐ γὰρ ἂν γνῶσιν εἴποιμι), ἵνα λυθῇ πιθανολογίᾳ, λυθήτω, διὰ τούτου
μάλιστα ὁμολογούντων οὐχ ἕξειν τὴν ἀλήθειαν· ἀνίκητος γάρ, φησίν, ἡ ἀλήθεια,
ψευδοδοξία δὲ καταλύεται. Αὐτίκα πορφύραν ἐξ ἀντιπαραθέσεως ἄλλης
πορφύρας ἐκλεγόμεθα. Ὥστ´ εἴ τις ὁμολογεῖ καρδίαν μὴ ἔχειν διηρθρωμένην,
τράπεζαν οὐκ ἔχει τὴν τῶν ἀργυραμοιβῶν οὐδὲ μὴν τὸ κριτήριον τῶν λόγων. Καὶ
πῶς ἔτι τραπεζίτης οὗτος, δοκιμάσαι μὴ δυνάμενος καὶ διακρῖναι τὸ ἀκίβδηλον
νόμισμα τοῦ παραχαράγματος; κέκραγεν δὲ ὁ Δαβίδ·
« Ὅτι εἰς τὸν αἰῶνα οὐ σαλευθήσεται δίκαιος·»
οὔτ´ οὖν ἀπατηλῷ λόγῳ οὐδὲ μὴν πεπλανημένῃ ἡδονῇ, ὅθεν οὐδὲ τῆς οἰκείας
κληρονομίας σαλευθήσεται.
« Ἀπὸ ἀκοῆς ἄρα πονηρᾶς οὐ φοβηθήσεται.»
οὔτ´ οὖν διαβολῆς κενῆς οὐδὲ μὴν ψευδοδοξίας τῆς περὶ αὑτόν, ἀλλ´ οὐδὲ τοὺς
πανούργους δεδίξεται λόγους ὁ διαγνῶναι τούτους δυνάμενος {ἢ} πρός τε τὸ
ἐρωτᾶν ὀρθῶς καὶ ἀποκρίνασθαι· οἷον θριγκὸς γάρ ἐστι διαλεκτική, ὡς μὴ
καταπατεῖσθαι πρὸς τῶν σοφιστῶν τὴν ἀλήθειαν. Ἐπαινουμένους γὰρ χρὴ ἐν τῷ
ὀνόματι τῷ ἁγίῳ τοῦ κυρίου κατὰ τὸν προφήτην εὐφραίνεσθαι τὴν καρδίαν
ζητοῦντας τὸν κύριον.
« Ζητήσατε οὖν αὐτὸν καὶ κραταιώθητε, ζητήσατε τὸ πρόσωπον αὐτοῦ διὰ
παντὸς» παντοίως. Πολυμερῶς γὰρ καὶ πολυτρόπως λαλήσας οὐχ ἁπλῶς
γνωρίζεται.
Οὔκουν ὡς ἀρεταῖς ταύταις συγχρώμενος ἡμῖν ὁ γνωστικὸς πολυμαθὴς ἔσται,
ἀλλὰ συνεργοῖς τισι, κἀν τῷ διαστέλλειν τά τε κοινὰ καὶ τὰ ἴδια προσήσεται τὴν
ἀλήθειαν· ἔστι γὰρ πάσης πλάνης καὶ ψευδοδοξίας αἴτιον τὸ μὴ δύνασθαι
διακρίνειν, πῇ τε ἀλλήλοις τὰ ὄντα κοινωνεῖ καὶ πῇ διενήνοχεν. Εἰ δὲ μὴ κατὰ τὰ
διωρισμένα τις τὸν λόγον ἐφοδεύοι, λήσεται συγχέας τά τε κοινὰ καὶ τὰ ἴδια,
τούτου δὲ γινομένου εἰς ἀνοδίαν καὶ πλάνην ἐμπίπτειν ἀναγκαῖον. Ἡ διαστολὴ
δὲ τῶν τε ὀνομάτων τῶν τε πραγμάτων κἀν ταῖς γραφαῖς αὐταῖς μέγα φῶς
ἐντίκτει ταῖς ψυχαῖς· ἀναγκαῖον γὰρ ἐπακούειν τῶν τε πλείονα σημαινουσῶν
λέξεων καὶ τῶν πλειόνων, ὅταν ἕν τι σημαίνωσιν· ὅθεν καὶ τὸ ὀρθῶς
ἀποκρίνεσθαι περιγίνεται.
Τὴν πολλὴν δὲ ἀχρηστίαν παραιτητέον, ἀπασχολοῦσαν περὶ τὰ μηδὲν
προσήκοντα, οἱονεὶ δὲ συναιτίοις προγυμνάσμασιν εἴς τε τὴν ἀκριβῆ παράδοσιν
τῆς ἀληθείας, ὅσον ἐφικτόν, καὶ ἀπερίσπαστον συγχρωμένου τοῖς μαθήμασι τοῦ
γνωστικοῦ καὶ εἰς προφυλακὴν τῶν κακοτεχνούντων λόγων πρὸς ἐκκοπὴν τῆς
ἀληθείας. Οὐκ ἀπολειφθήσεται τοίνυν τῶν προκοπτόντων περὶ τὰς μαθήσεις τὰς
ἐγκυκλίους καὶ τὴν Ἑλληνικὴν φιλοσοφίαν, ἀλλ´ οὐ κατὰ τὸν προηγούμενον
λόγον, τὸν δὲ ἀναγκαῖον καὶ δεύτερον καὶ περιστατικόν· οἷς γὰρ ἂν πανούργως
χρήσωνται οἱ κατὰ τὰς αἱρέσεις πονούμενοι, τούτοις ὁ γνωστικὸς εἰς εὖ
καταχρήσεται. Μερικῆς οὖν τυγχανούσης τῆς κατὰ τὴν Ἑλληνικὴν φιλοσοφίαν
ἐμφαινομένης ἀληθείας, ἡ τῷ ὄντι ἀλήθεια, ὥσπερ ἥλιος ἐπιλάμψας τὰ χρώματα
καὶ τὸ λευκὸν καὶ τὸ μέλαν, ὁποῖον ἕκαστον αὐτῶν, διαδείκνυσιν, οὕτως δὲ καὶ
αὐτὴ πᾶσαν ἐλέγχει σοφιστικὴν πιθανολογίαν. Εἰκότως ἄρα προαναπεφώνηται
καὶ τοῖς Ἕλλησιν· ἀρχὰ μεγάλας ἀρετᾶς, ὤνασσα ἀλήθεια.
| [6,10] CHAPITRE X.
La chose vraiment essentielle pour le Gnostique, c'est donc la connaissance. Mais
l'estime qu'il a pour elle, l'attache en outre aux sciences qui sont une préparation à la
connaissance, et à chacune des quelles il emprunte des armes pour la défense de la
vérité. La musique lui enseigne l'harmonie par le rythme mesuré de ses accords.
L'arithmétique, avec ses progressions ascendantes ou descendantes, lui apprend les
rapports des nombres, et lui explique que la plupart des choses sont soumises à des
proportions numériques. Vient-il à contempler la géométrie dans son essence et ses
profondeurs? Il s'accoutume par ces spéculations à concevoir un espace continu, et
une essence immuable, différente des corps terrestres. Avec l'astronomie, il monte en
esprit au-dessus de la terre, plane dans les régions célestes, suit les astres dans leurs
révolutions, les yeux de l'intelligence toujours attachés sur les merveilles divines, sur
l'harmonie qui règne parmi elles.; c'est par la contemplation de ces phénomènes
qu'Abraham s'éleva jusqu'à la connaissance du créateur. Le Gnostique ne s'arrêtera
point là ; il étudiera la dialectique avec ses divisions de genres et d'espèces ; il
apprendra d'elle encore à distinguer les êtres, à les isoler mutuellement et il
remontera par cette voie jusqu'aux substances premières et simples.
Il en est un bon nombre qui redoutent la philosophie grecque comme les enfants ont
peur des fantômes. Nous craignons qu'elle ne nous égare, s'écrient-ils. — Si leur foi,
car je n'ose pas dire leur connaissance, est assez débile pour que les raisonnements
humains puissent la renverser, eh bien ! qu'elle tombe, et que ces pusillanimes
Chrétiens confessent par leur chute qu'ils ne possèdent pas la vérité ; car la vérité
assurément est inexpugnable : on ne renverse que les opinions fausses. N'est-ce
pas après avoir comparé la bonne pourpre avec la mauvaise, que nous déterminons
notre choix en faveur de la première? Avouer que l'on chancelle dans ses convictions,
c'est déclarer que l'on ne possède ni la pierre de touche du changeur, ni le critérium
de la vérité. Et comment cet homme inhabile pourra-t-il s'asseoir au comptoir du
banquier, s'il est incapable d'éprouver les pièces qu'on lui présente et de discerner la
bonne d'avec la fausse monnaie?
« Le juste ne sera point ébranlé dans l'éternité, »
s'écrie David. Qu'est-ce à dire? Les discours trompeurs, les plaisirs mensongers
passeront près de lui sans l'ébranler, d'où il suit que rien ne pourra l'arracher à
l'héritage qui l'attend.
« Quelles que soient les menaces qu'on lui adresse, la crainte n'entrera point dans son
cœur. »
Que lui font les vaines calomnies et les fausses opinions qui circulent sur son
compte? il ne redoutera pas davantage les artifices d'un discours captieux : n'est-il
pas capable de surprendre l'erreur dans ses détours ? n'est-il pas prêt à interroger et à
répondre comme il convient? La dialectique, en effet, se dresse comme un rempart
qui arrête les sophistes et les empêche de fouler aux pieds la vérité.
« Il faut selon le langage du prophète, que le cœur de ceux qui se glorifient dans le
saint nom du Seigneur, et qui cherchent le Seigneur, soit dans l'allégresse. Implorez
le Seigneur et sa force. Cherchez sans cesse et par toutes les voies possibles sa
présence. »
Car de ce qu'il a parlé « en diverses occasions et de plusieurs manières », il résulte
qu'il y a plus d'une manière de le connaître. Le véritable Gnostique, au lieu de
regarder comme des puissances directes, les sciences nombreuses qu'il acquerra, n'y
verra que des forces auxiliaires, qui l'aideront à s'élever jusqu'à la vérité, en le
mettant à même de discerner ce qui est général d'avec ce qui est particulier. La cause
de nos erreurs et de nos fausses opinions, il ne l'ignore pas, vient de ce que nous ne
savons pas distinguer quels sont les rapports communs des choses et les points qui
les séparent les unes des autres. Laisser flotter le langage à travers les objets sans
division, ni catégorie, ce sera confondre sans le savoir, le particulier avec le
général. Avec cette marche irrégulière, il faudra de toute nécessité que l'on s'égare.
Au contraire, distinguez les mots, séparez les choses, vous avez répandu la lumière,
même sur l'étude des saintes Écritures. Il est indispensable, en effet, de connaître les
termes qui ont plusieurs acceptions, et les termes non moins nombreux qui n'en ont
qu'une seule. La justesse et la précision des répliques dépendent de là.
Toutefois il faut bien se garder de consumer son temps dans de stériles
investigations. Les sciences humaines ne sont pour le véritable Gnostique que des
exercices préparatoires qui l'aident, autant qu'il est possible, non seulement à monter
jusqu'à la vérité et à s'affermir sur cette base inébranlable, mais encore à confondre
les sophismes qui conspirent contre la vérité. Il ne doit donc rien ignorer de ce qui
appartient aux connaissances, dites encycliques, et à la philosophie grecque.
Seulement il ne les étudiera point comme essentielles en elles-mêmes ; il n'y verra
qu'un accessoire utile, nécessaire même, selon les temps et les circonstances. Armes
du mensonge et du mal entre les mains des artisans de l'hérésie, dans les mains du
Gnostique elles serviront à la défense du bien et de la vérité. Ainsi, quoique la vérité
renfermée dans la philosophie grecque, ne soit que partielle, cependant elle ne laisse
pas d'être une vérité. Pareille au soleil qui, en répandant sa lumière sur les couleurs
noire ou blanche, les met chacune en évidence, la vérité grecque réfute les arguments
trompeurs des sophistes. La Grèce a donc raison de s'écrier elle aussi :
« Mère des grandes vertus, vérité, reine du monde ! »
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