[17] ὁ δὲ ἐν τῇ ψυχῇ τὸν πλοῦτον φέρων καὶ ἀντὶ θεοῦ πνεύματος ἐν
τῇ καρδίᾳ χρυσὸν φέρων ἢ ἀγρὸν καὶ τὴν κτῆσιν ἄμετρον ἀεὶ ποιῶν
καὶ ἑκάστοτε τὸ πλεῖον βλέπων, κάτω νενευκὼς καὶ τοῖς τοῦ κόσμου
θηράτροις πεπεδημένος, γῆ ὢν καὶ εἰς γῆν ἀπελευσόμενος, πόθεν
δύναται βασιλείας οὐρανῶν ἐπιθυμῆσαι καὶ φροντίσαι, ἄνθρωπος οὐ
καρδίαν, ἀλλὰ ἀγρὸν ἢ μέταλλον φορῶν, ἐν τούτοις εὑρεθησόμενος
ἐπάναγκες {ἐν} οἷς εἵλετο; »ὅπου γὰρ ὁ νοῦς τοῦ ἀνθρώπου, ἐκεῖ καὶ
ὁ θησαυρὸς αὐτοῦ.«
Θησαυροὺς δέ γε ὁ κύριος οἶδε διττούς, τὸν μὲν ἀγαθόν, »ὁ«
γὰρ »ἀγαθὸς ἄνθρωπος ἐκ τοῦ ἀγαθοῦ θησαυροῦ τῆς καρδίας προφέρει
τὸ ἀγαθόν«, τὸν δὲ πονηρόν, »ὁ« γὰρ »κακὸς ἐκ τοῦ κακοῦ
θησαυροῦ προφέρει τὸ κακόν, ὅτι ἐκ περισσεύματος τῆς καρδίας τὸ
στόμα λαλεῖ.« ὥσπερ οὖν θησαυρὸς οὐχ εἷς παρ´ αὐτῷ καθὸ καὶ παρ´
ἡμῖν, ὁ τὸ αἰφνίδιον μέγα κέρδος ἐν εὑρήσει διδούς, ἀλλὰ καὶ δεύτερος,
ὁ ἀκερδὴς καὶ ἄζηλος καὶ δύσκτητος καὶ ἐπιζήμιος, οὕτως καὶ
πλοῦτος ὃ μέν τις ἀγαθῶν, ὃ δὲ κακῶν, εἴ γε τὸν πλοῦτον καὶ τὸν
θησαυρὸν οὐκ ἀπηρτημένους ἴσμεν ἀλλήλων τῇ φύσει. καὶ ὁ μέν τις
πλοῦτος κτητὸς ἂν εἴη καὶ περίβλητος, ὃ δὲ ἄκτητος καὶ ἀπόβλητος· τὸν
αὐτὸν δὲ τρόπον καὶ πτωχεία μακαριστὴ μὲν ἡ πνευματική. διὸ
καὶ προσέθηκεν ὁ Ματθαῖος· »μακάριοι οἱ πτωχοί·« πῶς; »τῷ πνεύματι.«
καὶ πάλιν· »μακάριοι οἱ πεινῶντες καὶ διψῶντες τὴν δικαιοσύνην
τοῦ θεοῦ·« οὐκοῦν ἄθλιοι οἱ ἐναντίοι πτωχοί, θεοῦ μὲν ἄμοιροι,
ἀμοιρότεροι δὲ τῆς ἀνθρωπίνης κτήσεως, ἄγευστοι δὲ δικαιοσύνης θεοῦ.
| [17] Celui dont l'âme est toute pleine du sentiment impur de ses richesses,
qui, fermant son cœur à l'esprit de Dieu, le remplit d'or et de terre, de
qui l'esprit et le corps se fatiguent sans relâche à accroître ses biens
sans mesure, esclave enchaîné par le monde et courbé vers cette terre de
laquelle il est sorti et à laquelle il doit retourner, comment un tel
homme pourra-t-il brûler du saint désir de posséder Dieu ? un homme,
dis-je, qui ôte son cœur de sa poitrine pour y placer un froid métal :
non, il est tout entier dans les richesses dont le coupable amour
l'enchaîne, et c'est là que Dieu le retrouve ; car où est votre trésor, là
aussi est votre cœur, le Seigneur reconnaît deux espèces de trésors ; l'un
bon : « l'homme bon tire de bonnes choses d'un bon trésor; » l'autre
mauvais : « et l'homme mauvais tire de mauvaises choses d'un mauvais
trésor, car la bouche parle de l'abondance du cœur. » De ces deux trésors,
l'un, si vous le trouvez, vous est une source de biens ; la possession de
l'autre, loin d'être utile et désirable, entraîne, au contraire, votre
perte et votre ruine. Les richesses, comme les trésors dont parle le
Sauveur, sont de deux espèces, les unes bonnes, les autres mauvaises : les
bonnes méritent notre amour; les mauvaises, notre mépris. La pauvreté
spirituelle est la seule qui soit appelée heureuse. « Heureux les pauvres !»
a dit saint Mathieu ; mais quels pauvres ? les « pauvres d'esprit, »
a-t-il ajouté. Et pour mieux faire entendre sa pensée : « heureux ceux qui
ont faim et soif de la justice de Dieu ! » Malheureux donc, au contraire,
et bien malheureux, les pauvres qui, privés à la fois des biens célestes
et terrestres, ne connaissent ni Dieu ni sa justice!
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