[10] »Εἰ θέλεις τέλειος γενέσθαι.« οὐκ ἄρα πω τέλειος ἦν· οὐδὲν γὰρ
τελείου τελειότερον. καὶ θείως τὸ »εἰ θέλεις« τὸ αὐτεξούσιον τῆς
προσδιαλεγομένης αὐτῷ ψυχῆς ἐδήλωσεν. ἐπὶ τῷ ἀνθρώπῳ γὰρ ἦν
ἡ αἵρεσις ὡς ἐλευθέρῳ, ἐπὶ θεῷ δὲ ἡ δόσις ὡς κυρίῳ. δίδωσι δὲ
βουλομένοις καὶ ὑπερεσπουδακόσι καὶ δεομένοις, ἵν´ οὕτως ἴδιον
αὐτῶν ἡ σωτηρία γένηται. οὐ γὰρ ἀναγκάζει ὁ θεός, βία γὰρ ἐχθρὸν
θεῷ, ἀλλὰ τοῖς ζητοῦσι πορίζει καὶ τοῖς αἰτοῦσι παρέχει καὶ τοῖς
κρούουσιν ἀνοίγει. εἰ θέλεις οὖν, εἰ ὄντως θέλεις καὶ μὴ ἑαυτὸν
ἐξαπατᾷς, κτῆσαι τὸ ἐνδέον. »ἕν σοι λείπει«, τὸ ἕν, τὸ ἐμόν, τὸ
ἀγαθόν, τὸ ἤδη ὑπὲρ νόμον, ὅπερ νόμος οὐ δίδωσιν, ὅπερ νόμος οὐ
χωρεῖ, ὃ τῶν ζώντων ἴδιόν ἐστιν. ἀμέλει ὁ πάντα τὰ τοῦ νόμου
πληρώσας »ἐκ νεότητος« καὶ τὰ ὑπέρογκα φρυαξάμενος τὸ ἓν τοῦτο
προσθεῖναι τοῖς ὅλοις οὐ δεδύνηται, τὸ τοῦ σωτῆρος ἐξαίρετον, ἵνα
λάβῃ ζωὴν αἰώνιον, ἣν ποθεῖ· ἀλλὰ δυσχεράνας ἀπῆλθεν, ἀχθεσθεὶς
τῷ παραγγέλματι τῆς ζωῆς, ὑπὲρ ἧς ἱκέτευεν. οὐ γὰρ ἀληθῶς ζωὴν
ἤθελεν, ὡς ἔφασκεν, ἀλλὰ δόξαν προαιρέσεως ἀγαθῆς μόνην περιεβάλλετο,
καὶ περὶ πολλὰ μὲν οἷός τε ἦν ἀσχολεῖσθαι, τὸ δὲ ἕν, τὸ
τῆς ζωῆς ἔργον, ἀδύνατος καὶ ἀπρόθυμος καὶ ἀσθενὴς ἐκτελεῖν·
ὁποῖόν τι καὶ πρὸς τὴν Μάρθαν εἶπεν ὁ σωτὴρ ἀσχολουμένην περὶ
πολλὰ καὶ περιελκομένην καὶ ταρασσομένην διακονικῶς, τὴν δὲ ἀδελφὴν αἰτιωμένην, ὅτι τὸ ὑπηρετεῖν ἀπολιποῦσα τοῖς ποσὶν αὐτοῦ
παρακάθηται μαθητικὴν ἄγουσα σχολήν· »σὺ περὶ πολλὰ ταράσσῃ·
Μαρία δὲ τὴν ἀγαθὴν μερίδα ἐξελέξατο, καὶ οὐκ ἀφαιρεθήσεται αὐτῆς.«
οὕτως καὶ τοῦτον ἐκέλευε τῆς πολυπραγμοσύνης ἀφέμενον ἑνὶ προστετηκέναι
καὶ προσκαθέζεσθαι, τῇ χάριτι τοῦ ζωὴν αἰώνιον προστιθέντος.
| [10] « Si vous voulez être parfait. » Ce jeune homme ne l'était donc pas encore
; car qu'y a-t-il au-delà de la perfection ? Ces mots mystérieux et
divins, « si vous voulez, » montrent bien la puissance de notre libre
arbitre. C'est à l'homme de choisir, il est libre. C'est à Dieu de donner,
il est le maître. Or, Dieu donne à ceux qui désirent, prient, et
s'efforcent de tout leur pouvoir afin que le salut soit leur propre
ouvrage. Dieu ne contraint personne; il est ennemi de la contrainte. Il
fait trouver à ceux qui cherchent, il accorde à ceux qui demandent, il
ouvre à ceux qui frappent. Si vous voulez donc, si vous voulez
véritablement, si vous ne vous trompez pas vous-même, efforcez-vous
d'acquérir ce qui vous manque. Ce qui vous manque, c'est ce qui demeure
toujours, ce qui est bon, ce qui est au-dessus de la loi, ce que la loi ne
contient pas, et par conséquent ne peut donner, ce qui appartient aux
seuls vivants. De là vient que ce jeune homme, qui avait si hautement
parlé de lui-même et de ses œuvres, ne put par ses œuvres acquérir la vie
éternelle, dont le désir l'avait saisi, parce que la vie est un don du
Sauveur et n'est point un don de la loi. Il se retira, triste et
déconcerté, accablé sous le poids du commandement qu'il était venu
solliciter, puissant pour mille travaux inutiles, impuissant pour le seul
travail bon et nécessaire. Comme le Seigneur dit à Marthe que les soins du
ménage, auxquels elle se livrait tout entière, remplissaient de distractions
et de troubles, et qui reprochait à sa sœur de lui en laisser tout le
fardeau et de se tenir en repos, disciple attentive aux pieds du maître,
"Marthe, Marthe, vous vous troublez du soin de mille choses ; mais Marie a
choisi la meilleure part, et elle ne lui sera point ôtée", ainsi il ordonne
à ce jeune homme de renoncer à ses occupations tumultueuses pour ne
s'attacher qu'à lui seul et à sa grâce qui lui ouvrira l'entrée de la vie éternelle.
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