[2,12c] Παρήγαγεν δὲ τὸ γένος ἡμῶν ἐπὶ κοινωνίᾳ ὁ θεὸς
αὐτὸς τῶν ἑαυτοῦ πρότερος μεταδοὺς καὶ κοινὸν πᾶσιν ἀνθρώποις
τὸν ἑαυτοῦ ἐπικουρήσας λόγον, πάντα ποιήσας ὑπὲρ πάντων.
Κοινὰ οὖν τὰ πάντα καὶ μὴ πλεονεκτούντων οἱ πλούσιοι. Τὸ οὖν
πάρεστί μοι καὶ πλεονάζει μοι, διὰ τί μὴ τρυφήσω; οὐκ ἀνθρώπινον
οὐδὲ κοινωνικόν, ἐκεῖνο δὲ μᾶλλον ἀγαπητικόν· πάρεστί μοι, διὰ
τί μὴ μεταδῶ τοῖς δεομένοις; Ὁ γὰρ τοιοῦτος τέλειος ὁ τὸ
«ἀγαπήσεις τὸν πλησίον σου ὡς σεαυτὸν» πληρώσας. Αὕτη
γὰρ ἡ ἀληθὴς τρυφή, ἡ θησαυριζομένη πολυτέλεια, ἣ δὲ εἰς τὰς
ματαίους ἐπιθυμίας ἀνάλωσις ἀπωλείας, οὐ δαπάνης, ἐπέχει λόγον.
Δέδωκεν γὰρ ὁ θεὸς οἶδ´ ὅτι τῆς χρήσεως ἡμῖν τὴν ἐξουσίαν, ἀλλὰ
μέχρι τοῦ ἀναγκαίου, καὶ τὴν χρῆσιν κοινὴν εἶναι βεβούληται.
Ἄτοπον δὲ ἕνα τρυφᾶν πενομένων πλειόνων. Πόσῳ μὲν γὰρ εὐκλεέστερον τοῦ
πολυτελῶς οἰκεῖν τὸ πολλοὺς εὐεργετεῖν; Πόσῳ δὲ
συνετώτερον τοῦ εἰς λίθους καὶ χρυσίον τὸ εἰς ἀνθρώπους ἀναλίσκειν;
Πόσῳ δὲ ὠφελιμώτερον τῶν ἀψύχων κοσμίων τὸ φίλους
κεκτῆσθαι κοσμίους; Τίνα δὲ ἂν ἀγροὶ τοσοῦτον ὅσον τὸ χαρίζεσθαι
ὠφελήσειαν;
| [2,12c] Dieu a créé l'homme de telle sorte que nous entrions en communication de services les uns envers les autres ; lui-même a envoyé son Verbe pour le commun salut du genre humain, et tout ce qu'il a fait, il l'a fait pour tous, de peur que les riches ne prennent pour eux seuls ce qui est aux autres comme à eux. Ces mots, « je possède des biens plus qu'il ne m'en faut, pourquoi donc n'en userais-je pas à mon plaisir ? » Ces mots, indignes de l'homme, sont destructifs de toute société. Ceux-ci, au contraire, sont pleins d'un tendre amour :
« Je possède ces biens, pourquoi n'en ferais-je pas part aux pauvres ? » celui là est parfait, qui parle et agit ainsi. « Vous aimerez votre prochain comme vous» même. » Ce sont les vrais plaisirs et les précieux trésors.
Je sais que Dieu nous a donné le pouvoir d'user, mais seulement jusqu'au nécessaire , et il veut que l'usage soit commun. Il est absurde, en effet, il est honteux qu'un seul homme vive dans les festins et la volupté, tandis que des milliers d'autres meurent de faim. Oui, certes, il y a plus de gloire à être bienfaisant que magnifiquement logé ; plus de sagesse à répandre ses biens sur les hommes qu'à les échanger contre des métaux et des pierres; plus d'avantage à posséder des amis qu'on a ornés soi-même, que des ornements inanimés. Quel est celui à qui les biens ont profité autant que ses bienfaits ?
|