Texte grec :
[9] Εἶτ' οὐκ ἄτοπον, ὦ φίλοι, τὸν μὲν θεὸν ἀεὶ προτρέπειν ἡμᾶς ἐπ'
ἀρετήν, ἡμᾶς δὲ ἀναδύεσθαι τὴν ὠφέλειαν καὶ ἀναβάλλεσθαι τὴν
σωτηρίαν; Ἦ γὰρ οὐχὶ καὶ Ἰωάννης ἐπὶ σωτηρίαν παρακαλεῖ καὶ τὸ πᾶν
γίνεται φωνὴ προτρεπτική; Πυθώμεθα τοίνυν αὐτοῦ· "τίς πόθεν εἶς
ἀνδρῶν;" Ἠλίας μὲν οὐκ ἐρεῖ, Χριστὸς δὲ εἶναι ἀρνήσεται· φωνὴ δὲ ὁμολο
γήσει ἐν ἐρήμῳ βοῶσα. Τίς οὖν ἔστιν Ἰωάννης; Ὡς τύπῳ λαβεῖν, ἐξέστω
εἰπεῖν, φωνὴ τοῦ λόγου προτρεπτικὴ ἐν ἐρήμῳ βοῶσα. Τί βοᾷς, ὦ φωνή;
"Εἰπὲ καὶ ἡμῖν."
(1.9.2) "Εὐθείας ποιεῖτε τὰς ὁδοὺς κυρίου". Πρόδρομος Ἰωάννης καὶ ἡ
φωνὴ πρόδρομος τοῦ λόγου, φωνὴ παρακλητική, προετοιμάζουσα εἰς
σωτηρίαν, φωνὴ προτρέπουσα εἰς κληρονομίαν οὐρανῶν· δι' ἣν ἡ στεῖρα
καὶ ἔρημος ἄγονος οὐκέτι. Ταύτην μοι τὴν κυοφορίαν προεθέσπισεν
ἀγγέλου φωνή· πρόδρομος ἦν κἀκείνη τοῦ κυρίου, στεῖραν εὐαγγελιζομένη
γυναῖκα, ὡς Ἰωάννης τὴν ἔρημον. Διὰ ταύτην τοίνυν τοῦ λόγου
τὴν φωνὴν ἡ στεῖρα εὐτεκνεῖ καὶ ἡ ἔρημος καρποφορεῖ· αἱ πρόδρομοι τοῦ
κυρίου φωναὶ δύο, ἀγγέλου καὶ Ἰωάννου, αἰνίσσονταί μοι τὴν
ἐναποκειμένην σωτηρίαν, ὡς ἐπιφανέντος τοῦ λόγου τοῦδε εὐτεκνίας ἡμᾶς
καρπὸν (1.9.4) ἀπενέγκασθαι, ζωὴν ἀίδιον. Ἄμφω γοῦν ἐς ταὐτὸν
ἀγαγοῦσα τὰ φωνὰ ἡ γραφὴ σαφηνίζει τὸ πᾶν·
"Ἀκουσάτω ἡ οὐ τίκτουσα· ῥηξάτω φωνὴν ἡ οὐκ ὠδίνουσα, ὅτι
πλείονα τὰ τέκνα τῆς ἐρήμου μᾶλλον ἢ τῆς ἐχούσης τὸν ἄνδρα." Ἡμῖν
εὐηγγελίζετο ἄγγελος, ἡμᾶς προὔτρεπεν Ἰωάννης (1.9.5) νοῆσαι τὸν
γεωργόν, ζητῆσαι τὸν ἄνδρα. Εἷς γὰρ καὶ ὁ αὐτὸς οὗτος, ὁ τῆς στείρας
ἀνήρ, ὁ τῆς ἐρήμου γεωργός, ὁ τῆς θείας ἐμπλήσας δυνάμεως καὶ τὴν
στεῖραν καὶ τὴν ἔρημον.
Ἐπεὶ γὰρ πολλὰ τὰ τέκνα τῆς εὐγενοῦς, ἄπαις δὲ ἦν διὰ ἀπείθειαν ἡ
πολύπαις ἀνέκαθεν Ἑβραία γυνή, ἡ στεῖρα τὸν ἄνδρα λαμβάνει καὶ ἡ
ἔρημος τὸν γεωργόν· εἶτα ἣ μὲν καρπῶν, ἣ δὲ πιστῶν, ἄμφω δὲ μητέρες
διὰ τὸν λόγον· ἀπίστοις δὲ εἰσέτι νῦν καὶ στεῖρα καὶ ἔρημος περιλείπεται.
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Traduction française :
[9] Quelle conduite plus étrange que la nôtre ! Un Dieu nous exhorte
sans cesse à la vertu, et nous repoussons le salut qu'il nous offre ; nous
foulons aux pieds ses bienfaits. Jean ne nous presse-t-il pas d'accourir à
ce Dieu ? A-t-il été autre chose qu'une voix qui ne savait que presser,
exhorter les hommes? Demandez-lui, en effet, ce qu'il est ? d'où il vient? Il
dit qu'il n'est pas Élie. Il déclare qu'il n'est pas le Christ, mais une voix qui
crie dans le désert. Qu'est-ce donc que Jean? Nous pouvons le dire
maintenant, c'est une voix, la voix du Verbe, qui exhorte sans cesse et
crie dans le désert. Que proclamez-vous, ô voix! Parlez-nous aussi.
Rendez droits les sentiers du Seigneur, nous dit-elle. Jean est donc
le précurseur; c'est la voix qui précède le Verbe, c'est la voix d'exhortation
qui ouvre le chemin du salut, c'est la voix qui appelle a l'héritage céleste.
Par elle, la créature stérile et abandonnée est devenue féconde.
Fécondité prédite par la voix de l'ange, qui fut un autre précurseur,
annonçant la bonne nouvelle à la femme stérile, comme Jean l'annonçait
au désert. Grâce à cette voix de salut, la femme stérile devient mère, et la
terre qui ne donnait que des ronces produit des fruits. Ces deux voix qui
précèdent le Seigneur, l'une de l'ange et l'autre de Jean, ne désignent-elles
pas le salut tenu en réserve, et la vie éternelle, ce fruit de notre
fécondité qui nous reste à cueillir, depuis que le Verbe a paru sur la terre ?L'Écriture réunit ces deux voix et nous explique tout le mystère par ces
paroles :
« Réjouis-toi, stérile qui n'enfantes pas ; Pousse des cris de joie, toi
qui n'avais pas d'enfants; l'épouse abandonnée est devenue plus féconde
que celle qui était mariée. » L'ange nous annonce un époux ; Jean nous
montre tout à la fois un cultivateur et un époux ; car c'est le même qui
épouse la femme stérile et qui cultive la terre abandonnée, fécondant et le
désert et la stérilité par une vertu toute divine.
La femme libre, je veux dire l'épouse, se glorifiait de ses nombreux
enfants, mais son infidélité lui a ravi sa florissante postérité. Une autre
épouse restait stérile, une terre restait sans culture, celle-ci reçut un
cultivateur, celle-là un époux. L'une donne du fruit, l'autre des fidèles ;
toutes deux fécondées par la vertu du Verbe. La stérilité et le désert sont
encore le partage de ceux qui restent dans leur incrédulité.
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