Texte grec :
[1,13] (1,13,57) Μιᾶς τοίνυν οὔσης τῆς ἀληθείας (τὸ γὰρ ψεῦδος μυρίας
ἐκτροπὰς ἔχει), καθάπερ αἱ βάκχαι τὰ τοῦ Πενθέως διαφορήσασαι
μέλη αἱ τῆς φιλοσοφίας τῆς τε βαρβάρου τῆς τε Ἑλληνικῆς αἱρέσεις,
ἑκάστη ὅπερ ἔλαχεν ὡς πᾶσαν αὐχεῖ τὴν ἀλήθειαν· φωτὸς δ´, οἶμαι,
ἀνατολῇ πάντα φωτίζεται. ξύμπαντες οὖν Ἕλληνές τε καὶ βάρβαροι,
ὅσοι τἀληθοῦς ὠρέχθησαν, οἳ μὲν οὐκ ὀλίγα, οἳ δὲ μέρος τι, εἴπερ
ἄρα, τοῦ τῆς ἀληθείας λόγου ἔχοντες ἀναδειχθεῖεν. ὁ γοῦν αἰὼν τοῦ
χρόνου τὸ μέλλον καὶ τὸ ἐνεστός, ἀτὰρ δὴ καὶ τὸ παρῳχηκὸς ἀκαριαίως
συνίστησι, πολὺ δὲ πλέον δυνατωτέρα τοῦ αἰῶνος ἡ ἀλήθεια
συναγαγεῖν τὰ οἰκεῖα σπέρματα, κἂν εἰς τὴν ἀλλοδαπὴν ἐκπέσῃ γῆν.
πάμπολλα γὰρ τῶν παρὰ ταῖς αἱρέσεσι δοξαζομένων εὕροιμεν ἄν
(ὅσαι μὴ τέλεον ἐκκεκώφηνται μηδὲ ἐξετμήθησαν τὴν φυσικὴν ἀκολουθίαν,
καθάπερ τὸν ἄνδρα αἱ γυναικωνίτιδες ἀποκοψάμεναι τὸν
λόγον), εἰ καὶ ἀλλήλοις ἀνόμοια εἶναι δοκεῖ, τῷ γένει γε καὶ ὅλῃ τῇ
ἀληθείᾳ ὁμολογοῦντα· ἢ γὰρ ὡς μέλος ἢ ὡς μέρος ἢ ὡς εἶδος ἢ ὡς
γένος εἰς ἓν συνάπτεται. ἤδη δὲ καὶ ἡ ὑπάτη ἐναντία τῇ νεάτῃ οὖσα,
ἀλλ´ ἄμφω γε ἁρμονία μία, ἔν τε ἀριθμοῖς ὁ ἄρτιος τῷ περιττῷ
διαφέρεται, ὁμολογοῦσι δὲ ἄμφω τῇ ἀριθμητικῇ, ὡς τῷ σχήματι ὁ
κύκλος καὶ τὸ τρίγωνον καὶ τὸ τετράγωνον καὶ ὅσα τῶν σχημάτων
ἀλλήλων διενήνοχεν. ἀτὰρ καὶ ἐν τῷ κόσμῳ παντὶ τὰ μέρη σύμπαντα,
κἂν διαφέρηται πρὸς ἄλληλα, τὴν πρὸς τὸ ὅλον οἰκειότητα
διαφυλάττει. οὕτως οὖν ἥ τε βάρβαρος ἥ τε Ἑλληνικὴ φιλοσοφία
τὴν ἀίδιον ἀλήθειαν σπαραγμόν τινα, οὐ τῆς Διονύσου μυθολογίας,
τῆς δὲ τοῦ λόγου τοῦ ὄντος ἀεὶ θεολογίας πεποίηται. ὁ δὲ τὰ διῃρημένα
συνθεὶς αὖθις καὶ ἑνοποιήσας τέλειον τὸν λόγον ἀκινδύνως εὖ
ἴσθ´ ὅτι κατόψεται, τὴν ἀλήθειαν. γέγραπται γοῦν ἐν τῷ Ἐκκλησιαστῇ·
«καὶ προσέθηκα σοφίαν ἐπὶ πᾶσιν, οἳ δὴ ἐγένοντο ἔμπροσθέν
μου ἐν Ἱερουσαλήμ· καὶ ἡ καρδία μου εἶδεν πολλά, σοφίαν καὶ γνῶσιν,
παραβολὰς καὶ ἐπιστήμην ἔγνων. ὅτι καί γε τοῦτό ἐστι προαίρεσις
πνεύματος, ὅτι ἐν πλήθει σοφίας πλῆθος γνώσεως.» ὁ δὲ τῆς παντοδαπῆς
σοφίας ἔμπειρος, οὗτος κυρίως ἂν εἴη γνωστικός. αὐτίκα
γέγραπται· «περισσεία γνώσεως τῆς σοφίας ζωοποιήσει τὸν παρ´
αὐτῆς.» πάλιν τε αὖ βεβαιοῖ σαφέστερον τὰ εἰρημένα ἥδε ἡ ῥῆσις·
«πάντα ἐνώπια τοῖς νοοῦσι» (τὰ δὲ πάντα Ἑλληνικά ἐστι καὶ βαρβαρικά,
θάτερα δὲ οὐκέτι πάντα), «ὀρθὰ δὲ τοῖς βουλομένοις ἀπενέγκασθαι
αἴσθησιν. ἀνθαιρεῖσθε παιδείαν καὶ μὴ ἀργύριον, καὶ
γνῶσιν ὑπὲρ χρυσίον δεδοκιμασμένον, ἀνθαιρεῖσθε δὲ καὶ αἴσθησιν
χρυσίου καθαροῦ· κρείσσων γὰρ σοφία λίθων πολυτελῶν, πᾶν δὲ
τίμιον οὐκ ἄξιον αὐτῆς.»
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Traduction française :
[1,13] CHAPITRE XIII.
Chacune des différentes sectes s'est emparée de quelque fragment de vérité.
La vérité est une, le mensonge a mille faces différentes. De même que les bacchantes mirent en pièces Penthée, et dispersèrent ses membres, de même les hérésies qui ont déchiré le sein, tant de la philosophie barbare que de la philosophie grecque, se glorifient chacune de ce qu'elle conserve de vérité, comme si chacune possédait la vérité tout entière. C'est l'apparition de la lumière qui fait ressortir tous les objets. Tous ceux d'entre les Grecs et d'entre les barbares qui ont recherché la vérité ont été illuminés plus ou moins par le Verbe, source de la vérité. Si l'éternité résume en elle-même l'avenir, le présent, et aussi le passé, la vérité, beaucoup mieux que l'éternité, peut rassembler ses propres semences, bien que tombées dans des terres étrangères. En effet, on retrouve ces parcelles dans les hérésies (je parle de toutes celles qui ne sont pas entièrement absurdes, qui n'ont pas détruit et brisé l'enchainement et l'ordre de la nature ), bien qu'elles aient mis en pièces le Christ et sa doctrine, comme les bacchantes déchirerent le corps de Penthée; bien qu'elles soient si différentes entr'elles et qu'elles soient à si grande distance de ce qui forme l'ensemble de la vérité ; car elles s'y rattachent par quelque côté, ou par la forme, ou par le genre, et peuvent recomposer le corps. Dans un instrument de musique, la plus haute corde est le contraire de la plus basse ; et pourtant, de leur vibration simultanée, jaillit un seul accord. Le nombre pair diffère du nombre impair, et pourtant l'arithmétique les rapproche. Ainsi du cercle, du triangle, du tétragone, et des autres figures géométriques si différentes entr'elles. De plus, toutes les parties de l'univers, quelque soit leur diversité, ont cependant cela de commun, que des rapports identiques les unissent toutes au même tout. Il en est de même de la philosophie barbare et de la philosophie grecque. Elles ont pris des fragments de l'éternelle vérité, non dans la mythologie de Bacchus, mais dans la théologie du Verbe éternel. Or, celui qui réunira de nouveau en un seul tout ces fragments épars, sachez qu'il contemplera, sans danger d'erreur, le Verbe parfait, la vérité. C'est pour cela qu'il est écrit dans l'Ecclésiaste : « Et j'ai élevé ma sagesse au-dessus de tous ceux qui ont été avant moi dans Jérusalem, et mon âme a vu beaucoup de choses, et j'ai eu en outre l'intelligence de la sagesse et de la connaissance des paraboles et de la science. Tel a été l'ordre établi par l'Esprit saint. Une grande sagesse renferme une science profonde. » Le véritable gnostique est l'homme en possession de toute la sagesse. N'est-il pas écrit : Quiconque se règle sur la sagesse, la connaissance de la sagesse lui viendra en abondance et le vivifiera ? » Les versets suivants viennent confirmer d'une manière encore plus positive ce que nous avons dit plus haut : « Toutes mes paroles sont à la portée des intelligents. » Par toutes, le Seigneur entend la philosophie grecque et la philosophie barbare. Et dès lors, l'une ou l'autre ne représente pas la signification du mot toutes. « Elles s'offrent d'elles-mêmes pour ceux qui veulent en pénétrer le sens. Préférez mes enseignements à l'argent, et la science à l'or éprouvé. Préférez cette science aussi à l'or le plus pur. « Car la sagesse est meilleure que les pierres précieuses; il n'est rien d'un si grand prix et qui lui soit comparable. »
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