[3,1] Διονύσιος δὲ ἀποτυγχάνων τοῦ Καλλιρόης ἔρωτος, μηκέτι ζῆν
φέρων ἀποκαρτερεῖν ἐγνώκει καὶ διαθήκας ἔγραφε τὰς τελευταίας,
ἐπιστέλλων πῶς ταφῇ. παρεκάλει δὲ Καλλιρόην ἐν τοῖς γράμμασιν
ἵνα αὐτῷ προσέλθῃ κἂν νεκρῷ. Πλαγγὼν δὲ ἐβούλετο μὲν εἰσελθεῖν
πρὸς τὸν δεσπότην, διεκώλυσε δὲ αὐτὴν ὁ θεράπων κεκελευσμένος
μηδένα δέχεσθαι. μαχομένων δὲ αὐτῶν πρὸς ταῖς θύραις, ἀκούσας
ὁ Διονύσιος ἤρετο τίς ἐνοχλοίη. τοῦ δὲ θεράποντος εἰπόντος ὅτι
Πλαγγών, "ἀκαίρως μὲν" εἶπε "πάρεστιν" (οὐκέτι γὰρ οὐδὲ ὑπόμνημα
τῆς ἐπιθυμίας ἤθελεν ἰδεῖν), "κάλεσον δὲ ὅμως." ἀνοίξασα
δὲ ἐκείνη τὰς θύρας "τί κατατρύχῃ" φησίν, "ὦ δέσποτα, λυπῶν
σεαυτὸν ὡς ἀποτυγχάνων. Καλλιρόη γάρ σε ἐπὶ τὸν γάμον παρακαλεῖ.
λαμπρειμόνει, θῦε, προσδέχου νύμφην, ἧς ἐρᾷς." ἐξεπλάγη
πρὸς τὸ ἀνέλπιστον ὁ Διονύσιος καὶ ἀχλὺς αὐτοῦ τῶν ὀφθαλμῶν
κατεχύθη, παντάπασι δὲ ὢν ἀσθενὴς φαντασίαν παρέσχε θανάτου.
κωκύσασα δὲ ἡ Πλαγγὼν συνδρομὴν ἐποίησε, καὶ ἐφ´ ὅλης τῆς
οἰκίας ὡς τεθνεὼς ὁ δεσπότης ἐπενθεῖτο. οὐδὲ Καλλιρόη τοῦτο
ἤκουσεν ἀδακρυτί. τοσαύτη ἦν, ὥστε κἀκείνη Διονύσιον ἔκλαιε
τὸν ἄνδρα. ὀψὲ δὲ καὶ μόλις ἐκεῖνος ἀνανήψας ἀσθενεῖ φωνῇ "τίς
με δαιμόνων" φησὶν "ἀπατᾷ βουλόμενος ἀναστρέψαι τῆς προκειμένης
ὁδοῦ; ὕπαρ ἢ ὄναρ ταῦτα ἤκουσα; θέλει μοι Καλλιρόη
γαμηθῆναι, ἡ μὴ θέλουσα μηδὲ ὀφθῆναι;" παρεστῶσα δὲ ἡ Πλαγγὼν
"παῦσαι" φησὶ "μάτην σεαυτὸν ὀδυνῶν καὶ τοῖς ἰδίοις ἀγαθοῖς
ἀπιστῶν· οὐ γὰρ ἐξαπατῶ μου τὸν δεσπότην, ἀλλ´ ἔπεμψέ με
Καλλιρόη πρεσβεῦσαι περὶ γάμων." "πρέσβευε τοίνυν" εἶπεν ὁ
Διονύσιος "καὶ λέγε αὐτὰ τὰ ἐκείνης ῥήματα. μηδὲν ἀφέλῃς μηδὲ
προσθῇς, ἀλλ´ ἀκριβῶς μνημόνευσον." "‘ἐγὼ’ φησὶν ‘οἰκίας
οὖσα τῆς πρώτης ἐν Σικελίᾳ δεδυστύχηκα μέν, ἀλλ´ ἔτι τὸ φρόνημα
τηρῶ. πατρίδος, γονέων ἐστέρημαι, μόνην οὐκ ἀπολώλεκα τὴν
εὐγένειαν. εἰ μὲν οὖν ὡς παλλακὴν θέλει με Διονύσιος ἔχειν καὶ
τῆς ἰδίας ἀπολαύειν ἐπιθυμίας, ἀπάγξομαι μᾶλλον ἢ ὕβρει δουλικῇ
παραδώσω τὸ σῶμα· εἰ δὲ γαμετὴν κατὰ νόμους, κἀγὼ γενέσθαι
θέλω μήτηρ, ἵνα διάδοχον ἔχῃ τὸ Ἑρμοκράτους γένος. βουλευσάσθω
περὶ τούτου Διονύσιος μὴ μόνος μηδὲ ταχέως, ἀλλὰ μετὰ φίλων καὶ
συγγενῶν, ἵνα μή τις ὕστερον εἴπῃ πρὸς αὐτὸν "σὺ θρέψεις παιδία
ἐκ τῆς ἀργυρωνήτου καὶ καταισχυνεῖς σου τὸν οἶκον;" εἰ μὴ θέλει
πατὴρ γενέσθαι, μηδὲ ἀνὴρ ἔστω.’" ταῦτα τὰ ῥήματα μᾶλλον
ἐξέκαυσε Διονύσιον καί τινα ἔσχεν ἐλπίδα κούφην ἀντερᾶσθαι
δοκῶν· ἀνατείνας δὲ τὰς χεῖρας εἰς τὸν οὐρανὸν "εἰ γὰρ ἴδοιμι"
φησίν, "ὦ Ζεῦ καὶ Ἥλιε, τέκνον ἐκ Καλλιρόης· τότε μακαριώτερος
δόξω τοῦ μεγάλου βασιλέως. ἀπίωμεν πρὸς αὐτήν· ἄγε με,
Πλαγγόνιον φιλοδέσποτον."
| [3,1] LIVRE III.
Dionysios, désespérant d'obtenir l'amour de
Callirhoé et incapable de souffrir plus longtemps,
avait décidé de se laisser mourir de faim et il
rédigeait ses ultimes volontés, donnant ses instructions
pour sa sépulture. Il suppliait Callirhoé, dans son testament,
qu'elle voulût bien venir près de lui, au moins
lorsqu'il serait mort. A ce moment Plangon demanda
accès auprès de son maître, mais le valet de Dionysios
chercha à l'en empêcher, car il avait ordre de n'admettre
personne. Tandis qu'ils discutaient devant la porte,
Dionysios les entendit et demanda qui venait le déranger.
Lorsque le valet lui eut répondu que c'était Plangon :
« Elle arrive bien mal à propos, dit-il (car il en était
venu à ne plus vouloir rien voir qui lui rappelât son
amour), pourtant, fais-la entrer. » Et quand elle eut ouvert
la porte, elle dit : « Pourquoi te laisses-tu périr, maître,
et pleures-tu sur toi-même, comme si tu avais échoué ?
Callirhoé t'invite à l'épouser. Mets tes plus beaux vêtements,
offre le sacrifice, reçois la fiancée que tu aimes. »
Dionysios fut frappé de stupeur à cette nouvelle inattendue;
un brouillard tomba sur ses yeux et, pris d'une
faiblesse, il offrit l'image de la mort. Les cris aigus de
Plangon firent accourir tout le monde et, dans toute la
maison, on se mit à pleurer le maître, comme s'il était
mort. Même Callirhoé ne put entendre cela sans larmes.
Telle était la douleur de tous qu'elle-même pleurait
Dionysios comme s'il eût été son mari.
Au bout d'un long moment, avec bien du mal, Dionysios
revint à lui et, d'une voix faible : « Quelle
divinité, dit-il vient me tromper, dans l'espoir de me
détourner de la voie que je me suis tracée ? Est-ce éveillé
ou en songe que j'ai entendu cela ? Callirhoé consent à
m'épouser, elle qui refusait même de se faire voir ? »
Auprès de lui Plangon répondit : « Cesse de te tourmenter
inutilement et de refuser de croire à ton bonheur;
car je ne cherche pas à tromper mon maître; c'est Callirhoé
qui m'a envoyée en ambassade au sujet de son
mariage. — Acquitte-toi donc de cette ambassade,
dit Dionysios, et dis-moi ses propres paroles. N'omets
rien, n'ajoute rien non plus, souviens-toi exactement.
— Moi, dit-elle, qui appartiens à la première maison de
la Sicile, j'ai eu des malheurs, cela est vrai, mais je
conserve encore ma fierté; je suis privée de ma patrie,
de mes parents, il n'y a que ma noblesse que je n'ai pas
perdue. Donc, si Dionysios veut faire de moi sa concubine
et satisfaire son propre désir, je me pendrai plutôt que
d'abandonner mon corps à l'outrage, comme une
esclave; mais s'il veut m'épouser selon les lois, moi aussi
je désire être mère, pour donner un descendant à la race
d'Hermocrate. Que Dionysios réfléchisse à cela, non
pas tout seul, ni à la hâte, mais avec ses amis et ses parents
afin que nul, plus tard, ne puisse lui dire : « Tu vas élever
les enfants d'une esclave et faire la honte de ta maison ? »
S'il ne veut pas être père, qu'il ne soit pas non plus
mon mari. » Ces paroles n'enflammèrent Dionysios
que davantage et il conçut quelque espoir, car il lui
semblait que son amour lui était rendu. Il leva les mains
vers le ciel et dit : « Puissé-je voir, ô Zeus, ô Soleil, un
enfant né de Callirhoé! Alors je m'estimerai plus heureux
que le Grand Roi. Allons la trouver; conduis-moi,
ma petite Plangon, toi qui aimes tant ton maître. »
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