[2,1] Λεωνᾶς δὲ κελεύσας Φωκᾷ τῷ οἰκονόμῳ πολλὴν ἐπιμέλειαν ἔχειν
τῆς γυναικός, αὐτὸς ἔτι νυκτὸς ἐξῆλθεν εἰς τὴν Μίλητον, σπεύδων
εὐαγγελίσασθαι τῷ δεσπότῃ τὰ περὶ τῆς νεωνήτου, μεγάλην οἰόμενος
αὐτῷ φέρειν τοῦ πένθους παραμυθίαν. εὗρε δὲ ἔτι κατακείμενον τὸν
Διονύσιον· ἀλύων γὰρ ὑπὸ τῆς λύπης οὐδὲ προῄει τὰ πολλά, καίτοι
ποθούσης αὐτὸν τῆς πατρίδος, ἀλλὰ διέτριβεν ἐν τῷ θαλάμῳ, ὡς ἔτι
παρούσης αὐτῷ τῆς γυναικός. ἰδὼν δὲ τὸν Λεωνᾶν ἔφη πρὸς αὐτὸν
"μίαν ταύτην ἐγὼ νύκτα μετὰ τὸν θάνατον τῆς ἀθλίας ἡδέως κεκοίμημαι·
καὶ γὰρ εἶδον αὐτὴν ἐναργῶς μείζονά τε καὶ κρείττονα γεγενημένην,
καὶ ὡς ὕπαρ μοι συνῆν. ἔδοξα δὲ εἶναι τὴν πρώτην ἡμέραν τῶν
γάμων καὶ ἀπὸ τῶν χωρίων μου τῶν παραθαλαττίων αὐτὴν νυμφαγωγεῖν,
σοῦ μοι τὸν ὑμέναιον ᾄδοντος." ἔτι δὲ αὐτοῦ διηγουμένου,
Λεωνᾶς ἀνεβόησεν "εὐτυχὴς εἶ, δέσποτα, καὶ ὄναρ καὶ ὕπαρ. μέλλεις
ἀκούειν ταῦτα, ἃ τεθέασαι." καὶ ἀρξάμενος αὐτῷ διηγεῖται
"προσῆλθέ μοί τις ἔμπορος πιπράσκων γυναῖκα καλλίστην, διὰ δὲ
τοὺς τελώνας ἔξω τῆς πόλεως ὥρμισε τὴν ναῦν πλησίον τῶν σῶν
χωρίων. κἀγὼ συνταξάμενος ἀπῆλθον εἰς ἀγρόν. ἐκεῖ δὲ συμβαλόντες
ἀλλήλοις ἔργῳ μὲν τὴν πρᾶσιν ἀπηρτίκαμεν· ἐγώ τε γὰρ
ἐκείνῳ τάλαντον δέδωκα· δεῖ δὲ ἐνταῦθα γενέσθαι νομίμως τὴν καταγραφήν."
ὁ δὲ Διονύσιος τὸ μὲν κάλλος ἡδέως ἤκουσε τῆς γυναικός
(ἦν γὰρ φιλογύνης ἀληθῶς), τὴν δὲ δουλείαν ἀηδῶς· ἀνὴρ γὰρ βασιλικός,
διαφέρων ἀξιώματι καὶ παιδείᾳ τῆς ὅλης Ἰωνίας, ἀπηξίου κοίτην
θεραπαινίδος, καὶ "ἀδύνατον" εἶπεν, "ὦ Λεωνᾶ, καλὸν εἶναι σῶμα μὴ
πεφυκὸς ἐλεύθερον. οὐκ ἀκούεις τῶν ποιητῶν ὅτι θεῶν παῖδές εἰσιν οἱ
καλοί, πολὺ δὲ πρότερον ἀνθρώπων εὐγενῶν; σοὶ δὲ ἤρεσεν ἐπ´ ἐρημίας·
συνέκρινας γὰρ αὐτὴν ταῖς ἀγροίκοις. ἀλλ´ ἐπείπερ ἐπρίω, βάδιζε εἰς
τὴν ἀγοράν· Ἄδραστος δὲ ὁ ἐμπειρότατος τῶν νόμων διοικήσει τὰς
καταγραφάς." ἔχαιρεν ὁ Λεωνᾶς ἀπιστούμενος· τὸ γὰρ ἀπροσδόκητον
ἔμελλε τὸν δεσπότην μᾶλλον ἐκπλήσσειν. παριὼν δὲ τοὺς Μιλησίων
λιμένας ἅπαντας καὶ τὰς τραπέζας καὶ τὴν πόλιν ὅλην οὐδαμοῦ Θήρωνα
εὑρεῖν ἠδύνατο. ἐμπόρους ἐξήταζε καὶ πορθμεῖς, ἐγνώριζε δὲ οὐδείς.
ἐν πολλῇ τοίνυν ἀπορίᾳ γενόμενος κωπῆρες λαβὼν παρέπλευσεν ἐπὶ
τὴν ἀκτὴν κἀκεῖθεν ἐπὶ τὸ χωρίον· οὐκ ἔμελλε δὲ εὑρήσειν τὸν ἤδη
πλέοντα. μόλις οὖν καὶ βραδέως ἀπῆλθε πρὸς τὸν δεσπότην. ἰδὼν
δὲ αὐτὸν ὁ Διονύσιος σκυθρωπὸν ἤρετο τί πέπονθεν· ὁ δέ φησιν
"ἀπολώλεκά σου, ὦ δέσποτα, τάλαντον." "συμβαῖνον" εἶπεν ὁ
Διονύσιος "ἀσφαλέστερόν σε τοῦτο πρὸς τὰ λοιπὰ ποιήσει. τί δὲ
ὅμως συμβέβηκε; ἢ μή τι ἡ νεώνητος ἀποδέδρακεν;" "οὐκ ἐκείνη"
φησὶν, "ἀλλ´ ὁ πωλήσας." "ἀνδραποδιστὴς ἄρα ἦν, καὶ ἀλλοτρίαν
σοι πέπρακε δούλην διὰ τοῦτ´ ἐπ´ ἐρημίας. πόθεν δ´ ἔλεγε τὴν
ἄνθρωπον εἶναι;" "Συβαρῖτιν ἐξ Ἰταλίας, πραθεῖσαν ὑπὸ δεσποίνης
κατὰ ζηλοτυπίαν." "ζήτησον Συβαριτῶν εἴ τινες ἐπιδημοῦσιν· ἐν
δὲ τῷ μεταξὺ ἐκεῖ κατάλιπε τὴν γυναῖκα." τότε μὲν οὖν ὁ Λεωνᾶς
ἀπῆλθε λυπούμενος, ὡς οὐκ εὐτυχοῦς τῆς πραγματείας αὐτῷ γεγενημένης·
ἐπετήρει δὲ καιρὸν ἀναπεῖσαι τὸν δεσπότην ἐξελθεῖν εἰς τὰ
χωρία, λοιπὸν μίαν ἔχων ἐλπίδα τὴν ὄψιν τῆς γυναικός.
| [2,1] LÉONAS, après avoir recommandé à l'intendant
Phocas d'avoir le plus grand soin de
la jeune femme, s'en retourna à Milet, tandis qu'il faisait
encore nuit; il avait hâte d'annoncer à son maître la
bonne nouvelle au sujet de l'esclave qu'il venait d'acheter
et pensait qu'il lui apporterait là une grande consolation
dans son chagrin. Il trouva Dionysios encore
couché; désemparé par la douleur, il ne sortait pas,
la plupart du temps, malgré tout le désir qu'avaient ses
concitoyens de le voir; il demeurait longuement dans sa
chambre, comme si sa femme était encore auprès de lui.
Lorsqu'il vit Léonas, il lui dit : «Voici la première
nuit, depuis la mort de ma pauvre femme, que j'ai eu
un sommeil agréable; je l'ai vue distinctement, mais
plus grande et plus belle, et elle était auprès de moi
comme si j'avais été éveillé. Il me semblait que c'était
le jour de notre mariage et que l'on me l'amenait en
cortège depuis notre propriété de la côte, et c'était toi
qui chantais le chant d'hyménée. » Tandis qu'il parlait
encore, Léonas s'écria : «Bienheureux es-tu, maître, et
dans ton rêve et dans la réalité! Tu vas maintenant entendre
ce que tu viens de voir. » Et il commence à lui raconter :
« J'ai reçu la visite d'un marchand qui avait à vendre
une femme d'une grande beauté et, à cause des douaniers,
il avait mouillé son navire hors de la ville, près de
ta propriété. Et moi, après m'être entendu avec lui, je me
suis rendu au domaine; là, nous nous sommes mis
d'accord et nous avons conclu la vente. Je lui ai donné
un talent et le contrat doit être signé légalement ici-même. »
Dionysios fut heureux d'entendre louer la beauté de
la femme (car, effectivement, il aimait les femmes),
mais sa condition d'esclave ne lui plut pas, car c'était
une âme royale et que sa dignité et sa culture mettaient
à part de tous les autres habitants de l'Ionie; aussi dédaignait-il
le lit d'une servante. « Il est impossible, Léonas,
dit-il, que soit beau un corps qui n'est pas né libre. Tu
ne sais pas que les poètes nous disent que les beaux
garçons sont les fils des dieux, et à plus forte raison
seraient-ils fils d'hommes nobles ? Elle t'a plu parce que
c'était un endroit désert; tu l'as jugée par comparaison
avec les paysans. Mais, puisque tu l'as achetée, va sur
la place; Adrastos, qui connaît bien les lois, rédigera le contrat. »
Léonas se réjouit de n'être point cru, car la surprise
devait faire d'autant plus d'impression sur son maître.
Mais il eut beau faire le tour de tous les ports de Milet
de toutes les tables de banque et de la ville entière, nulle
part il ne put trouver Théron. Il interrogea les marchands
et les marins, personne ne le connaissait. Ne
sachant plus du tout que faire, il prit une barque et
longeant la côte, se rendit à la propriété; mais il
ne devait pas y trouver celui qui était déjà parti. A
contrecoeur, enfin, et lentement, il s'en revint vers son
maître. En voyant son air sombre, Dionysios lui demanda
ce qui lui était arrivé. L'autre lui répondit : « Je t'ai fait
perdre un talent, maître.
— Ce qui est arrivé, dit Dionysios, te rendra plus
prudent à l'avenir. Mais comment cela s'est-il fait?
Est-ce que la jeune femme s'est enfuie ? — Pas elle,
dit-il, mais le vendeur — C'était donc un trafiquant
clandestin, et il t'a vendu une esclave qui ne lui appartenait
pas et, pour cette raison, il l'a fait dans un endroit
isolé. D'où t'a-t-il dit qu'était cette fille ? — De Sybaris
en Italie, et qu'elle avait été vendue par sa maîtresse
qui était jalouse d'elle. — Cherche s'il y a ici des gens de
Sybaris; en attendant, laisse cette femme là-bas. »
Sur ce, Léonas s'en alla, fort malheureux parce que
l'affaire ne lui avait pas réussi, mais il cherchait l'occasion
de persuader à son maître d'aller à la propriété, n'ayant
plus qu'un seul espoir, c'était qu'il vît la jeune femme.
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