[21] Ὅταν οὖν παραλάβωσιν αὐτὸν αὗται, ποῦ ἄγουσι;
Πρὸς τὴν μητέρα, ἔφη.
Αὕτη δὲ τίς ἐστιν;
Εὐδαιμονία, ἔφη.
Ποία δ´ ἐστὶν αὕτη;
Ὁρᾷς τὴν ὁδὸν ἐκείνην τὴν φέρουσαν ἐπὶ τὸ ὑψηλὸν
ἐκεῖνο, ὅ ἐστιν ἀκρόπολις τῶν περιβόλων πάντων;
Ὁρῶ.
Οὐκοῦν ἐπὶ τοῦ προπυλαίου γυνὴ καθεστηκυῖα
εὐειδής τις κάθηται ἐπὶ θρόνου ὑψηλοῦ κεκοσμημένη
ἐλευθέρως καὶ ἀπεριέργως καὶ ἐστεφανωμένη στεφάνῳ
εὐανθεῖ πάνυ καλῷ;
Ἐμφαίνει οὕτως.
Αὕτη τοίνυν ἐστὶν ἡ Εὐδαιμονία, ἔφη.
(22) Ὅταν οὖν ὧδέ τις παραγένηται, τί ποιεῖ;
Στεφανοῖ αὐτόν, ἔφη, τῇ ἑαυτῆς δυνάμει ἥ τε
Εὐδαιμονία καὶ αἱ ἄλλαι Ἀρεταὶ πᾶσαι ὥσπερ τοὺς
νενικηκότας τοὺς μεγίστους ἀγῶνας.
Καὶ ποίους ἀγῶνας νενίκηκεν αὐτός; ἔφην ἐγώ.
Τοὺς μεγίστους, ἔφη, καὶ τὰ μέγιστα θηρία, ἃ
πρότερον αὐτὸν κατήσθιε καὶ ἐκόλαζε καὶ ἐποίει δοῦλον,
ταῦτα πάντα νενίκηκε καὶ ἀπέρριψεν ἀφ´ ἑαυτοῦ
καὶ κεκράτηκεν ἑαυτοῦ, ὥστε ἐκεῖνα νῦν τούτῳ δουλεύουσι,
καθάπερ οὗτος ἐκείνοις πρότερον.
(23) Ποῖα ταῦτα λέγεις θηρία; πάνυ γὰρ ἐπιποθῶ ἀκοῦσαι.
Πρῶτον μέν, ἔφη, τὴν Ἄγνοιαν καὶ τὸν Πλάνον.
ἢ οὐ δοκεῖ σοι ταῦτα θηρία;
Καὶ πονηρά γε, ἔφην ἐγώ.
Εἶτα τὴν Λύπην καὶ τὸν Ὀδυρμὸν καὶ τὴν Φιλαργυρίαν
καὶ τὴν Ἀκρασίαν καὶ τὴν λοιπὴν ἅπασαν Κακίαν.
πάντων τούτων κρατεῖ καὶ οὐ κρατεῖται ὥσπερ πρότερον.
Ὢ καλῶν ἔργων, ἔφην ἐγώ, καὶ καλλίστης νίκης.
ἀλλ´ ἐκεῖνο ἔτι μοι εἰπέ· τίς ἡ δύναμις τοῦ στεφάνου,
ᾧ ἔφης - - - στεφανοῦν αὐτόν;
Εὐδαιμονική, ὦ νεανίσκε. ὁ γὰρ στεφανωθεὶς ταύτῃ
τῇ δυνάμει εὐδαίμων γίνεται καὶ μακάριος καὶ οὐκ ἔχει
ἐν ἑτέροις τὰς ἐλπίδας τῆς εὐδαιμονίας, ἀλλ´ ἐν αὑτῷ.
(24) Ὡς καλὸν τὸ νίκημα λέγεις. ὅταν δὲ
στεφανωθῇ, τί ποιεῖ ἢ ποῖ βαδίζει;
Ἄγουσιν αὐτὸν ὑπολαβοῦσαι αἱ Ἀρεταὶ πρὸς τὸν
τόπον ἐκεῖνον, ὅθεν ἦλθε πρῶτον, καὶ δεικνύουσιν
αὐτῷ τοὺς ἐκεῖ διατρίβοντας ὡς κακῶς διατρίβουσι
καὶ ἀθλίως ζῶσι καὶ ὡς ναυαγοῦσιν ἐν τῷ βίῳ καὶ
πλανῶνται καὶ ἄγονται κατακεκρατημένοι ὥσπερ ὑπὸ
πολεμίων, οἱ μὲν ὑπ´ Ἀκρασίας, οἱ δὲ ὑπ´ Ἀλαζονείας,
οἱ δὲ ὑπὸ Φιλαργυρίας, ἕτεροι δὲ ὑπὸ Κενοδοξίας, οἱ
δὲ ὑφ´ ἑτέρων Κακῶν. ἐξ ὧν οὐ δύνανται ἐκλῦσαι
ἑαυτοὺς τῶν δεινῶν, οἷς δέδενται, ὥστε σωθῆναι καὶ
ἀφικέσθαι ὧδε, ἀλλὰ ταράττονται διὰ παντὸς τοῦ βίου.
τοῦτο δὲ πάσχουσι διὰ τὸ μὴ δύνασθαι τὴν ἐνθάδε
ὁδὸν εὑρεῖν· ἐπελάθοντο γὰρ τὸ παρὰ τοῦ Δαιμονίου
πρόσταγμα.
(25) Ὀρθῶς μοι δοκεῖς λέγειν. ἀλλὰ καὶ τοῦτο
πάλιν ἀπορῶ, διὰ τί δεικνύουσιν αὐτῷ τὸν τόπον
ἐκεῖνον αἱ Ἀρεταί, ὅθεν ἥκει τὸ πρότερον.
Οὐκ ἀκριβῶς ᾔδει οὐδὲ ἠπίστατο, ἔφη, οὐδὲν τῶν
ἐκεῖ, ἀλλ´ ἐνεδοίαζε καὶ διὰ τὴν ἄγνοιαν καὶ τὸν πλάνον,
ὃν δὴ ἐπεπώκει, τὰ μὴ ὄντα ἀγαθὰ ἐνόμιζεν
ἀγαθὰ εἶναι καὶ τὰ μὴ ὄντα κακὰ κακά. διὸ καὶ ἔζη
κακῶς, ὥσπερ οἱ ἄλλοι οἱ ἐκεῖ διατρίβοντες. νῦν δὲ
ἀπειληφὼς τὴν ἐπιστήμην τῶν συμφερόντων αὐτός τε
καλῶς ζῇ καὶ τούτους θεωρεῖ ὡς κακῶς πράσσουσιν.
(26) Ἐπειδὰν οὖν θεωρήσῃ πάντα, τί ποιεῖ ἢ
ποῦ ἔτι βαδίζει;
Ὅπου ἂν βούληται, ἔφη. πανταχοῦ γὰρ ἔστιν αὐτῷ
ἀσφάλεια ὥσπερ τῷ τὸ Κωρύκιον ἄντρον ἔχοντι, καὶ
πανταχοῦ, οὗ ἂν ἀφίκηται, πάντα καλῶς βιώσεται
μετὰ πάσης ἀσφαλείας. ὑποδέξονται γὰρ αὐτὸν ἀσμένως
πάντες καθάπερ τὸν ἰατρὸν οἱ πάσχοντες.
Πότερον οὖν κἀκείνας τὰς γυναῖκας, ἃς ἔφης θηρία
εἶναι, οὐκέτι φοβεῖται, μή τι πάθῃ ὑπ´ αὐτῶν;
Οὐ μὴ διοχληθήσεται οὐδὲν οὔτε ὑπὸ Ὀδύνης
οὔτε ὑπὸ Λύπης οὔτε ὑπ´ Ἀκρασίας οὔτε ὑπὸ Φιλαργυρίας
οὔτε ὑπὸ Πενίας οὔτε ὑπὸ ἄλλου Κακοῦ οὐδενός.
ἁπάντων γὰρ κυριεύει καὶ ἐπάνω πάντων ἐστὶ τῶν
πρότερον αὐτὸν λυπούντων καθάπερ οἱ ἐχιοδεῖκται.
τὰ γὰρ θηρία δήπου τὰ πάντας τοὺς ἄλλους κακοποιοῦντα
μέχρι θανάτου ἐκείνους οὐ λυπεῖ διὰ τὸ
ἔχειν ἀντιφάρμακον αὐτούς. οὕτω καὶ τοῦτον οὐκέτι
οὐδὲν λυπεῖ διὰ τὸ ἔχειν ἀντιφάρμακον.
(27) Καλῶς ἐμοὶ δοκεῖς λέγειν. ἀλλ´ ἔτι τοῦτό
μοι εἰπέ. τίνες εἰσὶν οὗτοι οἱ δοκοῦντες ἐκεῖθεν ἀπὸ
τοῦ βουνοῦ παραγίνεσθαι; καὶ οἱ μὲν αὐτῶν ἐστεφανωμένοι
ἔμφασιν ποιοῦσιν εὐφροσύνης τινός, οἱ δὲ
ἀστεφάνωτοι λύπης καὶ ταραχῆς καὶ τὰς κνήμας καὶ
τὰς κεφαλὰς δοκοῦσι τετρῖφθαι, κατέχονται δὲ ὑπὸ
γυναικῶν τινων.
Οἱ μὲν ἐστεφανωμένοι οἱ σεσωσμένοι εἰσὶ πρὸς
τὴν Παιδείαν καὶ εὐφραίνονται τετυχηκότες αὐτῆς. οἱ
δὲ ἀστεφάνωτοι οἱ μὲν ἀπεγνωσμένοι ὑπὸ τῆς Παιδείας
ἀνακάμπτουσι κακῶς καὶ ἀθλίως διακείμενοι· οἱ
δὲ ἀποδεδειλιακότες καὶ οὐκ ἀναβεβηκότες πρὸς τὴν
Καρτερίαν πάλιν ἀνακάμπτουσι καὶ πλανῶνται ἀνοδίᾳ.
Αἱ δὲ γυναῖκες αἱ μετ´ αὐτῶν ἀκολουθοῦσαι τίνες
εἰσὶν αὗται;
Λῦπαι, ἔφη, καὶ Ὀδύναι καὶ Ἀθυμίαι καὶ Ἀδοξίαι
καὶ Ἄγνοιαι.
(28) Πάντα κακὰ λέγεις αὐτοῖς ἀκολουθεῖν.
Νὴ Δία πάντα, ἔφη, ἐπακολουθοῦσιν. ὅταν δὲ
οὗτοι παραγένωνται εἰς τὸν πρῶτον περίβολον πρὸς
τὴν Ἡδυπάθειαν καὶ τὴν Ἀκρασίαν, οὐχ ἑαυτοὺς
αἰτιῶνται, ἀλλ´ εὐθὺς κακῶς λέγουσι καὶ τὴν Παιδείαν
καὶ τοὺς ἐκεῖσε βαδίζοντας, ὡς ταλαίπωροι | [21] —Après que les Vertus ont pris notre voyageur, où le
conduisent-elles? — A la Félicité, leur mère. Voyez-vous cette route, qui
conduit à une élévation qui commande toutes les enceintes? A l'entrée du
vestibule est une femme d'un âge fait, d'une beauté touchante, sans luxe,
parée des mains de la décence, assise sur un trône élevé, et couronnée
d'une guirlande de fleurs. C'est elle qu'on nomme la Félicité. — Mais que
fait-elle à celui qui parvient à son trône? — Elle et toutes les Vertus
ses compagnes, le couronnent de leurs dons comme un généreux athlète sorti
vainqueur des plus grands combats. — Et quels ennemis a-t-il donc vaincus?
— Les plus dangereux de tous, je veux dire des monstres cruels qui le
dévoraient, le tourmentaient et le faisaient gémir dans le plus rude
esclavage ; voilà les ennemis dont il a triomphé, qu'il a terrassés. Il
s'est rendu à la liberté, et maintenant ces monstres, de ses tyrans sont
devenus ses esclaves. —De quels monstres parlez-vous? Je brûle d'envie de
les connaître. — D'abord l’Ignorance et l’Erreur. Ne les regardez-vous pas
comme des monstres? —Et comme des monstres cruels. —Ensuite la Douleur, le
Deuil, l’Avarice, l'Intempérance, et tous les vices. Il leur commande en
maître, et n'est plus leur esclave. — Quels brillants exploits ! quelle
belle victoire ! Mais, dites-moi, quelle est la vertu de la guirlande dont
le vainqueur est couronné? — D'assurer le bonheur. En effet, celui qui
porte cette couronne jouit d'une félicité pure et solide ; il ne l'attend
pas des autres, il la trouve dans son propre cœur. — Triomphe éclatant et
bien digne d'envie ! Mais, après avoir été couronné, que fait-il? où
va-t-il? — Les Vertus le ramènent au point d'où il était parti, et de là
lui montrent les autres mortels, leurs écarts, leurs vices et le malheur
de leur vie, leurs naufrages, et comment ils sont menés en triomphe par
leurs ennemis, les uns par l'Intempérance, les autres par la Vanité,
ceux-ci par l’Avarice, ceux-là par la vaine Gloire, tous par quelque vice
semblable. Ils ne peuvent briser les chaînes pesantes qui les accablent
pour se réfugier dans cet heureux séjour, mais toute leur vie est en proie
au trouble et à l'agitation. Ces malheurs leur sont arrivés parce qu'ils
ont perdu de vue les instructions du Génie, et ne peuvent plus trouver la
route qui conduit au bonheur.
— Vous avez raison ; mais je voudrais savoir pourquoi les Vertus montrent
à notre voyageur les lieux par où il a passé d'abord. — Il ne comprenait,
il ne voyait clairement rien de ce qui s'y passait. Dans un état de doute
et d'incertitude, aveuglé par les vapeurs de l’Ignorance et de l’Erreur,
il prenait pour bon ce qui ne l'était pas, et pour mauvais ce qui était
bon. Aussi vivait-il mal, comme le reste de ceux qui habitent ces lieux.
Maintenant qu'il possède la science des choses utiles, il mène une vie
sage, et contemple d'un œil de compassion les erreurs des autres mortels.
— Après avoir contemplé tous ces objets, que fait-il? où dirige-t-il ses
pas? — Partout où bon lui semble : partout il est en sûreté, comme Jupiter
dans l'antre; du mont Dictys. De quelque côté qu'il aille, il sera
vertueux et à l'abri de tout danger ; partout il se verra fêté, accueilli,
comme un médecin par ses malades. — N'a-t-il plus rien à craindre de ces
femmes, que vous traitiez de monstres cruels? — Non, il ne craint rien de
leur part. Il ne sera plus tourmenté par la Douleur, par la Tristesse, par
l’Intempérance, par l'Avarice, par la Pauvreté, enfin par quelques maux
que ce soient. Autrefois leur esclave, il est devenu leur maître ; elles
respectent aujourd'hui sa supériorité. Ainsi les serpents obéissent aux
Psylles. Acharnés contre tous les autres, jusqu'à ce qu'ils leur aient ôté
la vie, ils ne blessent pas ces peuples, parce qu'ils portent avec eux un
remède contre le venin du serpent. De même celui-ci, muni d'un antidote,
ne reçoit aucun mal.
— Fort bien : mais dites-moi qui sont ceux que l'on voit descendre de la
hauteur? Les uns la tête ceinte de guirlandes, l'air riant et serein ; les
autres, sans couronne, ont tous les traits du désespoir : leur tête
courbée et leurs genoux qui fléchissent annoncent leur épuisement, et ils
semblent tenus par des femmes. —Ceux qui portent des couronnes sont
arrivés heureusement jusqu'à l’Instruction ; ils témoignent leur joie
d'avoir reçu d'elle un favorable accueil. Des autres que vous voyez sans
couronnes, les uns ont été durement conduits par la déesse, et se retirent
toujours soumis à l'empire du Vice et du Malheur ; les autres, à qui la
lâcheté a fait perdre courage, après être parvenus jusqu'à la Patience,
retournent sur leurs pas, puis errent à l'aventure, sans tenir de route
certaine. Les femmes qui les suivent sont la Douleur, la Tristesse,
l’Ignominie et l’Ignorance. — C'est donc de tous les maux que vous formez
leur cortège? —Assurément. Pour ces derniers, après être rentrés dans la
première enceinte, auprès de la Volupté et de l’Intempérance, ils ne s'en
prennent pas à eux-mêmes, mais dès le moment se répandent en invectives
contre l’Instruction, et ceux qui dirigent leurs pas vers elle. Ils les
regardent comme des malheureux, des infortunés qui abandonnent une vie
douce, pour en choisir une dure et pénible, et se, priver des biens dont
ils jouissent eux-mêmes. — Quels sont ces biens? — Pour abréger, ce sont
lai débauche et l'intempérance. En effet, être, comme les brutes,
l'esclave de ses appétits déréglés, voilà ce qu'ils regardent comme le
souverain bien.
— Comment nommez-vous ces autres femmes qui, d'un air de gaieté, viennent
du séjour de l'Instruction ? — On les nomme Opinions. Elles viennent d'y
conduire ceux qui sont entrés dans le sanctuaire des Vertus, et reviennent
en prendre d'autres pour leur annoncer que les premiers jouissent déjà du
bonheur. — Sont-elles introduites aussi auprès des Vertus ? — Non ; il
n'est pas permis à l'Opinion de pénétrer dans le séjour de la Science.
Elle se contente de remettre les voyageurs à l’Instruction, et quand
celle-ci les a reçus, elle retourne sur ses pas pour en amener d'autres,
comme les vaisseaux déchargés de leurs marchandises repartent pour en
aller chercher de nouvelles.
— Rien de plus intéressant que ce récit. Mais vous ne nous avez pas encore
dit ce que le Génie recommande à ceux qui entrent dans la vie. — D'avoir
son courage : prenez aussi courage vous-mêmes ; car j'entrerai dans tous
les détails, et je n'omettrai rien, voyez-vous, dit-il en étendant le
bras, cette femme qui paraît aveugle et placée sur un globe, que je vous
l’ai dit s'appeler la Fortune ?
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