[10] Τί οὖν; ἐν τῇ κατηγορίᾳ τοῦ κακοῦ τὸν λόγον στήσομεν;
Ἀλλὰ τοῦτο ὥσπερ ἥμισύ τί ἐστι τῆς ἰατρείας.
Τὸ μὲν γὰρ δεῖξαι τῷ κάμνοντι τῆς νόσου τὸ μέγεθος,
ὥστε ἀξίαν ἐμποιῆσαι αὐτῷ τοῦ κακοῦ τὴν
φροντίδα, οὐκ ἄχρηστον· τὸ δὲ ἄχρι τούτου καταλιπεῖν,
μὴ πρὸς τὴν ὑγίειαν χειραγωγήσαντα, οὐδὲν
ἕτερόν ἐστιν ἢ ἔκδοτον ἀφεῖναι τῇ ἀῤῥωστίᾳ τὸν
κάμνοντα. Τί οὖν; πῶς ἂν μὴ πάθοιμεν ἐξ ἀρχῆς
τὴν νόσον, ἢ ὑπαχθέντες ἐκφύγοιμεν; Εἰ πρῶτον
μὲν μηδὲν μέγα, μηδὲ ὑπερφυὲς τῶν ἀνθρωπίνων
κρίνοιμεν· μὴ εὐπορίαν τὴν ἐν ἀνθρώποις· μὴ
δόξαν τὴν ἀπανθοῦσαν· μὴ σώματος εὐεξίαν.
Οὐ γὰρ ἐν τοῖς παρερχομένοις ὁριζόμεθα εἶναι τὸ
ἀγαθὸν, ἀλλ´ ἐπὶ αἰωνίων ἀγαθῶν καὶ ἀληθινῶν μετουσίαν
κεκλήμεθα. Ὥστε ὁ πλουτῶν οὔπω ζηλωτός
ἐστι διὰ τὸν πλοῦτον· οὐχ ὁ δυνάστης διὰ τὸν ὄγκον
τοῦ ἀξιώματος, οὐχ ὁ ἰσχυρὸς διὰ τὴν ῥώμην τοῦ
σώματος, οὐχ ὁ σοφὸς διὰ τὴν τοῦ λόγου περιουσίαν.
Ὄργανα γάρ ἐστι ταῦτα τῆς ἀρετῆς τοῖς καλῶς κεχρημένοις,
οὐκ αὐτὰ ἐν ἑαυτοῖς ἔχοντα τὸ μακάριον. Ὁ μὲν
οὖν κακῶς αὐτοῖς κεχρημένος, ἐλεεινὸς, ὡς ὁ τῷ ξίφει,
ὃ ἔλαβε πρὸς τὴν τῶν πολεμίων
ἄμυναν, τούτῳ ἑκουσίως ἑαυτὸν κατατιτρώσκων· εἰ
(p. 384) δὲ καλῶς καὶ κατὰ τὸν ὀρθὸν λόγον τὰ παρόντα
μεταχειρίζεται, καὶ οἰκονόμος ἐστὶ τῶν παρὰ Θεοῦ,
οὐχὶ δὲ πρὸς ἰδίαν ἀπόλαυσιν θησαυρίζει, ἐπαινεῖσθαι
καὶ ἀγαπᾶσθαι δίκαιός ἐστι διὰ τὸ φιλάδελφον καὶ
κοινωνικὸν τοῦ τρόπου. Πάλιν φρονήσει τις διαφέρει,
καὶ λόγῳ Θεοῦ τετίμηται, καὶ ἐξηγητής ἐστιν
ἱερῶν λογίων· μὴ φθονήσῃς τῷ τοιούτῳ, μηδὲ
βουληθῇς ποτε σιωπῆσαι τὸν τῶν ἱερῶν ὑποφήτην,
εἰ τῇ τοῦ Πνεύματος χάριτι ἀποδοχή τις καὶ ἔπαινος
ἐκ τῶν ἀκουόντων ἀκολουθεῖ. Σὸν γάρ ἐστι τὸ ἀγαθὸν, καί σοι ἐπέμφθη διὰ τοῦ
ἀδελφοῦ τῆς διδασκαλίας τὸ δῶρον, ἐὰν ὑποδέξασθαι θέλῃς.
Εἶτα, πηγὴν μὲν βρύουσαν οὐδεὶς ἐμφράσσει· καὶ ἡλίου λάμποντος
οὐδεὶς τὰς ὄψεις ἐπικαλύπτει, οὐδὲ βασκαίνει
ἐκείνοις, ἀλλ´ ἑαυτῷ συνεύχεται τὴν ἀπόλαυσιν·
λόγου δὲ πνευματικοῦ ἐν Ἐκκλησίᾳ βρύοντος, καὶ
καρδίας εὐσεβοῦς ἐκ τῶν χαρισμάτων τοῦ Πνεύματος
πηγαζούσης, οὐχ ὑπέχεις τὰς ἀκοὰς μετ´ εὐφροσύνης;
οὐκ εὐχαρίστως ὑποδέχῃ τὴν ὠφέλειαν;
Ἀλλὰ δάκνει σε ὁ κρότος τῶν ἀκουόντων, καὶ ἐβουλήθης ἂν μήτε τὸν
ὠφελούμενον εἶναι, μήτε τὸν ἐπαινοῦντα.
Τίνα ταῦτα ἀπολογίαν ἕξει ἐπὶ τοῦ κριτοῦ
τῶν καρδιῶν ἡμῶν; Φύσει μὲν οὖν εἶναι καλὸν
ἡγεῖσθαι χρὴ τὸ τῆς ψυχῆς ἀγαθόν· τὸν δὲ ὑπερανθοῦντα τῷ πλούτῳ, καὶ
δυναστείᾳ μέγα φρονοῦντα, καὶ εὐεξίᾳ σώματος, καὶ καλῶς
μὲν κεχρημένον οἷς ἔχει, ἀγαπᾷν καὶ περιέπειν, ὡς κοινὰ τὰ
τοῦ βίου ὄργανα κεκτημένον, εἴπερ δὴ ταῦτα
κατὰ τὸν ὀρθὸν λόγον μεταχειρίζοιτο· ὡς τῇ μὲν
τῶν χρημάτων χορηγίᾳ ἄφθονος εἶναι τοῖς δεομένοις,
τῷ σώματι δὲ ὑπηρεσίαν παρέχειν τοῖς ἀσθενοῦσι·
πᾶσαν δὲ τὴν λοιπὴν περιουσίαν οὐ μᾶλλον ἑαυτοῦ
νομίζειν, ἢ καὶ οὑτινοσοῦν τῶν ἐπιδεομένων· τὸν δὲ
μὴ οὕτω πρὸς ταῦτα διακείμενον ἄθλιον τίθεσθαι
μᾶλλον ἢ ἐπίφθονον, εἰ μείζονας ἔχει πρὸς τὸ
κακὸς εἶναι τὰς ἀφορμάς. Τοῦτο γάρ ἐστιν ἐκ πλείονος
τῆς παρασκευῆς καὶ πραγματείας ἀπόλλυσθαι.
Εἰ μὲν γὰρ ἐφόδιον πρὸς ἀδικίαν ὁ πλοῦτος, ἐλεεινὸς
ὁ πλουτῶν· εἰ δὲ ὑπηρεσία πρὸς ἀρετὴν, οὐκ ἔχει
χώραν ἡ βασκανία, κοινῆς τῆς ἀπ´ αὐτῶν ὠφελείας
ἅπασι προκειμένης· πλὴν εἰ μή τις ἄρα τῇ περιουσίᾳ
τῆς πονηρίας καὶ ἑαυτῷ βασκαίνοι τῶν ἀγαθῶν.
Ὅλως δὲ, ὑπερκύψας τῷ λογισμῷ τὰ ἀνθρώπινα, καὶ
πρὸς τὸ ὄντως καλὸν καὶ ἐπαινετὸν ἀπιδὼν, πολλοῦ
ἄν τι δέοις τῶν φθαρτῶν καὶ γηΐνων μακαριστὸν κρῖναι
καὶ ζηλωτόν. Οὕτω δὲ ἔχοντι, καὶ μὴ ὡς ἐπὶ μεγάλοις ἐκπεπληγμένῳ
τοῖς κοσμικοῖς, ἀμήχανόν ποτε παραγενέσθαι τὸν φθόνον,
| [10] Quoi donc ? nous arrêterons-nous à attaquer l'envie ? ce ne serait là que la moitié
du traitement. Montrer à un malade le danger de sa maladie pour qu'il y apporte une
attention convenable, cela n'est pas inutile: mais le laisser là sans essayer de lui
rendre la santé, ce serait l'abandonner à lui-même et le livrer à son mal. Que devons-nous donc faire pour empêcher la passion de l'envie de s'emparer de notre coeur, ou
pour l'en bannir si elle y est entrée? Premièrement, nous ne devons pas trop estimer
les avantages humains, l'opulence, la gloire, la santé: car notre félicité ne consiste pas
dans des biens périssables, mais nous sommes appelés à la possession de biens
éternels. Ainsi il ne faut porter envie, ni au riche pour ses richesses, ni à l'homme
puissant pour l’étendue de son autorité, ni aux personnes robustes pour la bonne
constitution de leur corps, ni à l'orateur habile pour son éloquence. Ces avantages, qui
sont des instruments de la vertu quand on en use comme il faut, ne font pas par
eux-mêmes le bonheur. Celui qui en abuse est à plaindre; il ressemble à un homme qui
tournerait volontairement contre lui-même une épée qu'il aurait prise pour se
défendre de l'ennemi. Si l'on voit un homme se servir des biens présents selon les
règles d'une droite raison, dispenser avec sagesse ce qu'il a recru de Dieu, ne pas
amasser pour sa propre jouissance, on doit le louer et l'aimer pour son caractère
charitable et libéral envers ses frères. Quelqu'un se distingue par ses grandes
connaissances, il est honoré pour la manière dont il parle de Dieu et dont il explique
les divines Ecritures: ne lui portez pas envie, et ne désirez pas que cet interprète des
saints Livres garde le silence, si, par la grâce de l'Esprit Divin, il est admiré et applaudi
par des auditeurs. Son talent est votre bien, et c'est à vous, si vous voulez en profiter,
qu'a été envoyé le don de l'instruction. On ne bouche pas une source abondante : on
ne ferme pas les yeux lorsque le soleil brille; et loin d'être jaloux de son éclat, on s'en
souhaite la jouissance à soi-même. Et vous, lorsqu'une éloquence spirituelle jaillit
avec abondance dans l'église; lorsqu'un coeur pieux, rempli des dons de l'Esprit-Saint,
les répand comme d'une source, vous n'écoutez pas ses discours avec joie,
vous ne recevez pas ses instructions avec reconnaissance! mais les applaudissements
que lui donnent les auditeurs vous blessent! vous voudriez que personne ne louât ses
paroles, que personne n'en profitât! Pourrez-vous justifier de telles disputions devant
le souverain Juge de nos coeurs ? Il faut regarder les qualités de l’âme comme des
beautés naturelles. Quant à l'homme riche, puissant et robuste, on doit l'aimer et le
considérer s'il fait un usage légitime et raisonnable des instruments communs de la
vie, s'il fait part libéralement de ses richesses aux pauvres, s'il emploie ses forces à
soulager les faibles, et s'il croit que ce qu'il possède appartient plus aux autres qu'à
lui-même. Ceux qui n'ont pas ces sentiments sont plus dignes de pitié que d'envie,
parce qu'ils n'ont que plus de facilités pour le vice, et qu'ils ne font que se perdre avec
plus d'embarras et de faste. Un riche est à plaindre quand il emploie ses richesses à
faire des injustices : mais s'il les consacre à de bonnes oeuvres, elles ne doivent point
l'exposer à l'envie, puisque tout le monde en profite; à moins qu'on ne porte la
perversité jusqu'à s'envier à soi-même ses propres biens. En un mot, si l'on s'élève
par la pensée au-dessus des choses humaines, si l'on n'envisage que ce qui est
vraiment beau et louable, on n'aura garde de croire qu'aucun des biens périssables et
terrestres soit capable de rendre heureux. Or, un homme qui est tellement disposé
que les grands avantages du monde ne le touchent pas, il est impossible qu'il soit
dominé par l'envie.
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