Texte grec :
[4] Ἀπὸ τῆς πρώτης ἀρχῆς τὸ κακὸν ἐπίσχωμεν,
τὴν ὀργὴν πάσῃ μηχανῇ τῶν ψυχῶν ἐξελόντες.
Οὕτω γὰρ ἂν δυνηθείημεν τὰ πλεῖστα τῶν κακῶν,
ὥσπερ ῥίζῃ τινὶ καὶ ἀρχῇ, τῷ πάθει τούτῳ συνεκτεμεῖν.
Ἐλοιδόρησε; σὺ δὲ εὐλόγησον. Ἐτύπτησε; σὺ
δὲ ὑπόμεινον. Διαπτύει καὶ τὸ μηδὲν ἡγεῖταί σε; σὺ
δὲ ἔννοιαν λάβε σεαυτοῦ, ὅτι ἐκ γῆς ὑφέστηκας,
καὶ εἰς γῆν πάλιν ἀναλυθήσῃ. Ὁ γὰρ τούτοις τοῖς
λόγοις ἑαυτὸν προκατασχὼν πᾶσαν ἀτιμίαν ἐλάττονα
εὑρήσει τῆς ἀληθείας. Οὕτω γὰρ καὶ τῷ ἐχθρῷ ἀμήχανον
κατασκευάσεις τὴν ἄμυναν, ἄτρωτον σεαυτὸν
ταῖς λοιδορίαις δεικνύς· καὶ σεαυτῷ μέγαν τῆς
ὑπομονῆς προξενήσεις τὸν στέφανον, τὴν ἑτέρου μανίαν
ἀφορμὴν οἰκείας φιλοσοφίας ποιούμενος. Ὥστε,
ἂν ἐμοὶ πείθῃ, καὶ ἐπιδαψιλεύσῃ τῶν ὕβρεων. Ἀφανῆ
σε εἶπε, καὶ ἄδοξον, καὶ μηδένα μηδαμόθεν; σὺ δὲ
γῆν εἰπὲ καὶ σποδὸν σεαυτόν. Οὐκ εἶ σεμνότερος τοῦ
πατρὸς ἡμῶν Ἀβραὰμ, ὃς ἑαυτὸν ταῦτα ἀπεκάλει.
Ἀμαθῆ καὶ πτωχὸν καὶ τοῦ μηδενὸς ἄξιον; σὺ δὲ
σκώληκα σεαυτὸν εἰπὲ, καὶ ἀπὸ κοπρίας ἔχειν τὴν
γένεσιν, τὰ τοῦ Δαβὶδ λέγων ῥήματα. Τούτοις πρόσθες
καὶ τὸ τοῦ Μωϋσέως καλόν. Ἐκεῖνος, ὑπὸ Ἀαρὼν
καὶ Μαρίας λοιδορηθεὶς, οὐ κατενέτυχε τῷ Θεῷ, ἀλλὰ
προσηύχετο ὑπὲρ αὐτῶν. Τίνων βούλει μαθητὴς εἶναι
μᾶλλον, τῶν θεοφιλῶν καὶ μακαρίων ἀνδρῶν, ἢ τῶν
ὑπὸ τοῦ πνεύματος τῆς πονηρίας πεπληρωμένων;
Ὅταν σοι κινηθῇ τῆς λοιδορίας πειρασμὸς, νόμιζε
κρίνεσθαι σεαυτὸν, πότερον διὰ τῆς μακροθυμίας
προσχωρεῖς τῷ Θεῷ, ἢ διὰ τῆς ὀργῆς ἀποτρέχεις
πρὸς τὸν ἀντίδικον. Δὸς καιρὸν τοῖς λογισμοῖς σεαυτοῦ
τὴν ἀγαθὴν ἐκλέξασθαι μερίδα. Ἢ γὰρ ὠφέλησάς
τι κἀκεῖνον τῷ ὑποδείγματι τῆς πραότητος, ἢ χαλεπώτερον
ἠμύνω διὰ τῆς ὑπεροψίας. Τί γὰρ ἂν γένοιτο ὀδυνηρότερον
τῷ ἐχθρῷ, ἢ τὸν ἐχθρὸν ἑαυτοῦ ὁρᾷν ὕβρεων ὑψηλότερον;
Μὴ καταβάλῃς σεαυτοῦ τὴν γνώμην, μηδὲ ἀνάσχῃ γενέσθαι
ἐφικτὸς τοῖς ὑβρίζουσιν. Ἔασον αὐτὸν ἄπρακτά σου καθυλακτεῖν·
ἐφ´ ἑαυτῷ διαῤῥηγνύσθω.
Ὥσπερ γὰρ ὁ τύπτων τὸν μὴ ἀλγοῦντα ἑαυτὸν τιμωρεῖται (οὔτε
γὰρ τὸν ἐχθρὸν ἠμύνατο, καὶ τὸν θυμὸν οὐκ ἀνέπαυσεν)· οὕτως ὁ τὸν
ἀλοιδόρητον ὀνειδίζων παραμυθίαν εὑρεῖν τοῦ πάθους οὐ δύναται.
Τοὐναντίον μὲν οὖν, ὅπερ ἔφην, καὶ διαπρίεται. Εὐθὺς γὰρ ἐκ
τῶν παρόντων οἷα ἑκάτερος ὑμῶν προσαγορεύεται;
Ὁ μὲν λοίδορος, σὺ δὲ μεγαλόψυχος· ὁ μὲν ὀργίλος
καὶ χαλεπὸς, σὺ δὲ μακρόθυμος καὶ πρᾶος· ὁ μὲν
μεταγνώσεται ἐφ´ οἷς ἐφθέγξατο, σὺ δὲ οὐδέποτε
μεταμελήσῃ τῆς ἀρετῆς.
Τί δεῖ τὰ πολλὰ λέγειν; Τῷ μὲν ἀπέκλεισε τὴν
τῶν οὐρανῶν βασιλείαν ἡ λοιδορία· Λοίδοροι γὰρ
(p. 361) βασιλείαν Θεοῦ οὐ κληρονομήσουσι· σοὶ δὲ ἡτοίμασε
τὴν βασιλείαν ἡ σιωπή. Ὁ γὰρ ὑπομείνας
εἰς τέλος, οὗτος σωθήσεται. Ἀμυνόμενος δὲ καὶ
εἰς ἴσον ἀντικαθιστάμενος τῷ λοιδόρῳ, τί καὶ ἀπολογήσῃ;
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Traduction française :
[4] Arrêtons le mal dans sa naissance, en cherchant tous les moyens de bannir la
colère de nos âmes. Par-là, nous pourrons détourner beaucoup de maux en coupant
cette passion qui en est la racine et le principe. On vous a injurié ! répondez des
choses honnêtes. On vous a frappé ! endurez-le. On vous méprise, on vous regarde
comme un homme de rien ! songez que vous êtes sorti de la terre et que vous vous
en retournerez dans la terre (Gen. 3. 19). Si vous vous prémunissez de ces raisons,
les reproches les plus injurieux vous paraîtront au-dessous de la vérité. Vous réduirez
votre ennemi à l'impuissance de se venger en vous montrant invulnérable aux
invectives, et vous vous procurerez a vous-même une grande couronne de patience,
en faisant servir la folie d'autrui à votre vertu. Si donc vous m'en croyez, vous
renchérirez vous-même sur les injures qu'on vous adresse. On vous reproche d'être
d'une naissance basse et obscure, d'être un homme de rien ! dites-vous à vous-même
que vous êtes cendre et poussière (Gen. 18. 07). Vous n'êtes pas plus illustre que
notre père Abraham qui s'est traité lui-même de la sorte. On dit que vous n'êtes qu un
ignorant, un pauvre, un misérable ! dites comme David que vous n'êtes qu'un ver de
terre sorti de la boue (Ps. 21. 7). Imitez la générosité de Moise, qui, attaqué par les
discours offensants d’Aaron et de Marie, loin d'implorer contre eux le Seigneur, le pria
pour eux (Nomb. 12). De qui voulez-vous être le disciple ? est-ce des amis d’un
Dieu de bonté ou des esclaves d’un esprit de malice ? Lorsque vous êtes exposé à la
tentation de renvoyer des injures, croyez qu'on vous éprouve, qu’on veut savoir si
vous vous approcherez de Dieu par la patience, ou si vous vous rangerez du côté de
son ennemi par la colère. Donnez-vous le temps de délibérer et de choisir le bon parti.
Ou vous apaiserez votre ennemi par un exemple de douceur, ou vous vous en
vengerez par le mépris de ses outrages. Eh ! qu'y aurait-il pour lui de plus chagrinant
que de vous voir au-dessus de ses insultes? Ne laissez pas abattre votre courage;
rougissez d'être dompté par un homme qui éclate contre vous en invectives. Laissez-le
crier en vain, et se livrer à tout son dépit. Quand on frappe un homme qui ne sent
rien, on se punit soi-même, parce qu'on ne se venge pas de son ennemi et qu'on
persiste dans sa colère. Ainsi, quand on injurie un homme qui est au-dessus des
injures, loin de trouver à satisfaire son ressentiment, on sent son dépit s'accroître. La
différence de conduite vous attire à vous et à votre adversaire des noms différents.
Dans l'esprit de tout le monde, lui est un homme porté à injurier, vous, une âme
grande ; lui, un homme violent et emporté, vous, un homme doux et paisible. Il se
repentira de ses discours, vous, vous ne vous repentirez jamais de votre vertu.
Qu'est-il besoin de s'étendre ? ses injures lui ferment le royaume des cieux ; car les
médisants ne participeront point au royaume du ciel (I. Cor. 6. 10): vous, votre
silence vous prépare ce même royaume ; car celui persévèrera jusqu'à la fin sera sera
sauvé. (Matth. 10. 21). Si vous cherchez à vous venger, si vous répondez à des
injures ou à d'autres injures, quelle excuse vous restera-t-il ?
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