HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Basile de Césarée, Lettre à un père

Chapitre 2

  Chapitre 2

[2] Ἐπεὶ δὲ ἡμῶν αὐτῶν ἐγενόμεθα καὶ διεβλέψαμεν τῷ τῆς ψυχῆς ὀφθαλμῷ πρὸς τὴν φύσιν τῶν ἀνθρωπίνων, τῷ μὲν Κυρίῳ ἀπελογησάμεθα ἐφ´ οἷς κατὰ συναρπαγὴν ψυχὴ ἡμῶν διετέθη πρὸς τὸ συμβάν, ἑαυτοὺς δὲ ἐνουθετήσαμεν μετρίως φέρειν ταῦτα ἐκ τῆς παλαιᾶς τοῦ Θεοῦ ἀποφάσεως συγκληρωθέντα τῇ ζωῇ τῶν ἀνθρώπων. Οἴχεται παῖς αὐτὸ τῆς ἡλικίας ἄγων τὸ βιώσιμον, διαπρέπων ἐν χοροῖς ὁμηλίκων, ποθεινὸς διδασκάλοις, ἀπὸ ψιλῆς τῆς ἐντεύξεως εἰς εὔνοιαν δυνάμενος καὶ τὸν ἀγριώτατον ἐπισπάσασθαι, ὀξὺς ἐν μαθήμασι, πρᾶος τὸ ἦθος, ὑπὲρ τὴν ἡλικίαν κατεσταλμένος, καὶ πλείω τούτων εἰπὼν ἐλάττω ἄν τις εἴποι τῆς ἀληθείας, ἀλλ´ ὅμως ἄνθρωπος παρ´ ἀνθρώπου γεννηθείς. Τί τοίνυν λογίζεσθαι τὸν πατέρα τοῦ τοιούτου προσῆκε; Τί ἄλλο γε ἀναμνησθῆναι τοῦ ἑαυτοῦ πατρὸς ὅτι τέθνηκε; Τί οὖν θαυμαστὸν ἐκ θνητοῦ γεννηθέντα θνητοῦ γενέσθαι πατέρα; Τὸ δὲ πρὸ ὥρας καὶ πρὶν κορεσθῆναι τοῦ βίου καὶ πρὶν εἰς μέτρον ἡλικίας ἐλθεῖν καὶ φανῆναι τοῖς ἀνθρώποις καὶ διαδοχὴν τοῦ γένους καταλιπεῖν, ταῦτα οὐκ αὔξησις τοῦ πάθους, ὡς ἐμαυτὸν πείθω, ἀλλὰ παραμυθία τοῦ γεγονότος ἐστίν. Εὐχαριστεῖσθαι ὀφείλει τοῦ Θεοῦ διάταξις, ὅτι μὴ κατέλιπεν ἐπὶ γῆς ὀρφανὰ τέκνα, ὅτι μὴ γυναῖκα χήραν θλίψει μακρᾷ ἔκδοτον ἀφῆκεν ἀνδρὶ ἑτέρῳ συνοικήσουσαν καὶ τῶν προτέρων γάμων καταμελήσουσαν. Τὸ δὲ ὅτι οὐ παρετάθη τῷ βίῳ τούτῳ ζωὴ τοῦ παιδός, τίς οὕτως ἀγνώμων ὡς μὴ τὸ μέγιστον τῶν ἀγαθῶν τοῦτο νομίζειν εἶναι; γὰρ ἐπὶ πλεῖον ἐνταῦθα διατριβὴ πλειόνων κακῶν ἐστιν ἀφορμή. Οὐκ ἐποίησε κακόν, οὐκ ἔρραψε δόλον τῷ πλησίον, οὐκ εἰς ἀνάγκην ἦλθε φατρίαις μιγῆναι πονηρευομένων, οὐκ ἐνεπλάκη τοῖς κατ´ ἀγορὰν κακοῖς, οὐχ ὑπέμεινεν ἀνάγκην ἁμαρτημάτων, οὐ ψεῦδος, οὐκ ἀγνωμοσύνην, οὐ πλεονεξίαν, οὐ φιληδονίαν, οὐ τὰ τῆς σαρκὸς πάθη, ὅσα ταῖς ἀναγώγοις ψυχαῖς ἐγγίνεσθαι πέφυκεν· οὐδεμιᾷ τούτων κηλῖδι τὴν ψυχὴν ἀπῆλθε κατεστιγμένος, ἀλλὰ καθαρὸς ἀνεχώρησε πρὸς τὴν ἀμείνω λῆξιν. Οὐ γῆ κατέκρυψε τὸν ἀγαπητόν, ἀλλ´ οὐρανὸς ὑπεδέξατο. Θεὸς τὰ ἡμέτερα οἰκονομῶν, τὰς τῶν χρόνων ὁροθεσίας ἑκάστῳ νομοθετῶν, ἀγαγὼν εἰς τὴν ζωὴν ταύτην, αὐτὸς καὶ μετέστησεν. Ἔχομεν διδασκαλεῖον ἐν ταῖς ὑπερβολαῖς τῶν συμφορῶν τὴν περιβόητον ἐκείνην φωνὴν τοῦ μεγάλου Ἰώβ· " Κύριος ἔδωκεν, Κύριος ἀφείλετο· ὡς τῷ Κυρίῳ ἔδοξεν, οὕτω καὶ ἐγένετο. Εἴη τὸ ὄνομα Κυρίου εὐλογημένον εἰς τοὺς αἰῶνας." [2] Mais lorsque je suis un peu revenu à moi, et que j'ai considère des yeux de l'esprit la nature des choses humaines, je me suis justifié devant le Seigneur de m'être laissé transporter dans un événement fâcheux par la vivacité du sentiment; je me suis dît à moi-même qu'il fallait souffrir avec modération ces disgrâces auxquelles l'homme a été anciennement condamné par la justice divine. Il n'est plus cet enfant qui était dans la fleur de l'âge, qui devait vivre encore si longtemps qui se distinguait parmi ses égaux, qui était chéri de ses maîtres, qui du premier abord se conciliait les caractères les plus durs, qui avait un esprit si vif pour les sciences, un naturel si doux, une sagesse au-dessus de son âge, auquel on ne peut donner d'éloges sans rester au-dessous de la vérité, mais qui enfin était homme et engendré par un homme. Que doit penser le père d'un tel enfant? Ne doit-il pas se souvenir que son père est mort aussi? qu'y a-t-il donc d'étonnant que le fils d'un père mortel ait été père d'un fils mortel? Mais il est mort avant le terme ordinaire, avant que d'avoir été rassasié de la vie, avant que d'avoir pu se faire connaître et laisser un héritier de son nom. Ces réflexions, à mon avis, sont plutôt des motifs de consolation qu'un surcroît de douleur. Il faut remercier la divine Providence de ce qu'il ne laisse pas après lui d'orphelins, ni une femme veuve, exposée à une longue suite de peines, qui s'unirait peut-être à un autre époux, et qui négligerait ses premiers enfants. Peut-on être assez peu raisonnable pour ne pas convenir que c'est pour lui un avantage d'avoir peu vécu, pour ne pas reconnaître qu’une vie plus longue ne fait que nous exposer à plus de maux. Il n'a point fait le mal, il n'a point tendu de piège à son prochain, il ne s'est point trouvé mêlé dans les intrigues du barreau, il ne s'est point vu dans la nécessité d'avoir commerce avec les méchants et de commettre le péché ; il n'a été ni menteur, ni ingrat, ni cupide, ni livré aux plaisirs, ni esclave des mouvements de la chair qui ont coutume d'asservir les âmes faibles. Son âme n'a été souillée d'aucun vice ; il est sorti pur du monde pour jouir d'une meilleure destinée. La terre ne couvre point notre cher enfant, le ciel l’a reçu. Le Dieu qui gouverne les choses humaines, qui règle le cours de notre vie, et qui l'avait mis dans ce monde, l'en a retiré. Nous avons une leçon et une ressource pour adoucir nos disgrâces extrêmes, dans cette parole célèbre du généreux Job: Le Seigneur me l’a donné, le Seigneur me l’a ôté ; il est arrivé ce que le Seigneur a voulu : que le nom du Seigneur soit béni dans tous les siècles (Job. I. 21.).


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Dernière mise à jour : 15/04/2009