[1] Πολλά με τὰ παρακαλοῦντά ἐστι συμβουλεῦσαι ὑμῖν,
ὦ παῖδες, ἃ βέλτιστα εἶναι κρίνω, καὶ ἃ συνοίσειν ὑμῖν
ἑλομένοις πεπίστευκα. Τό τε γὰρ ἡλικίας οὕτως ἔχειν,
καὶ τὸ διὰ πολλῶν ἤδη γεγυμνάσθαι πραγμάτων, καὶ μὴν
καὶ τὸ τῆς πάντα παιδευούσης ἐπ´ ἄμφω μεταβολῆς
ἱκανῶς μετασχεῖν, ἔμπειρόν με εἶναι τῶν ἀνθρωπίνων
πεποίηκεν, ὥστε τοῖς ἄρτι καθισταμένοις τὸν βίον ἔχειν
ὥσπερ ὁδοῦ τὴν ἀσφαλεστάτην ὑποδεικνύναι· τῇ τε παρὰ
τῆς φύσεως οἰκειότητι εὐθὺς μετὰ τοὺς γονέας ὑμῖν
τυγχάνω, ὥστε μήτ´ αὐτὸς ἔλαττόν τι πατέρων εὐνοίας
νέμειν ὑμῖν, ὑμᾶς δὲ νομίζω, εἰ μή τι ὑμῶν διαμαρτάνω
τῆς γνώμης, μὴ ποθεῖν τοὺς τεκόντας, πρὸς ἐμὲ βλέποντας.
Εἰ μὲν οὖν προθύμως δέχοισθε τὰ λεγόμενα, τῆς
δευτέρας τῶν ἐπαινουμένων ἔσεσθε παρ´ Ἡσιόδῳ τάξεως·
εἰ δὲ μή, ἐγὼ μὲν οὐδὲν ἂν εἴποιμι δυσχερές, αὐτοὶ δὲ
μέμνησθε τῶν ἐπῶν δηλονότι, ἐν οἷς ἐκεῖνός φησιν
ἄριστον μὲν εἶναι τὸν παρ´ ἑαυτοῦ τὰ δέοντα συνορῶντα,
ἐσθλὸν δὲ κἀκεῖνον τὸν τοῖς παρ´ ἑτέρων ὑποδειχθεῖσιν
ἑπόμενον, τὸν δὲ πρὸς οὐδέτερον ἐπιτήδειον ἀχρεῖον εἶναι
πρὸς ἅπαντα. Μὴ θαυμάζετε δὲ εἰ καθ´ ἑκάστην ἡμέραν
εἰς διδασκάλου φοιτῶσι, καὶ τοῖς ἐλλογίμοις τῶν παλαιῶν
ἀνδρῶν δι´ ὧν καταλελοίπασι λόγων συγγινομένοις ὑμῖν,
αὐτός τι παρ´ ἐμαυτοῦ λυσιτελέστερον ἐξευρηκέναι φημί.
Τοῦτο μὲν οὖν αὐτὸ καὶ συμβουλεύσων ἥκω, τὸ μὴ δεῖν
εἰς ἅπαξ τοῖς ἀνδράσι τούτοις, ὥσπερ πλοίου τὰ πηδάλια
τῆς διανοίας ὑμῶν παραδόντας, ᾗπερ ἂν ἄγωσι, ταύτῃ
συνέπεσθαι, ἀλλ´ ὅσον ἐστὶ χρήσιμον αὐτῶν δεχομένους,
εἰδέναι τί χρὴ καὶ παριδεῖν. Τίνα οὖν ἐστι ταῦτα καὶ
ὅπως διακρινοῦμεν, τοῦτο δὴ καὶ διδάξω ἔνθεν ἑλών.
| [1] MES CHERS ENFANTS, bien des motifs
m'engagent à vous donner les conseils que je crois les meilleurs pour vous et les plus
salutaires. A l'âge où je suis, le grand nombre d'événements par où j'ai passé, les
révolutions diverses que j'ai éprouvées, ces révolutions si propres à instruire,
m'ayant donné de l'expérience, je dois être en état de montrer le chemin le plus sûr à
des jeunes gens qui commencent leur carrière. D'ailleurs, après vos parents, personne
ne vous touche de plus près que moi, de sorte que j'ai pour vous une tendresse
vraiment paternelle ; et, si je ne m'abuse sur vos sentiments, je me flatte aussi que
vous me regardez comme tenant la place des auteurs de vos jours. Si donc vous êtes
dociles à mes préceptes, vous serez dans le second ordre de ceux que loue Hésiode :
sinon sans vous rien dire d'offensant, je me contenterai de vous rappeler les vers de
ce poète, dans lesquels il dit, que le premier mérite est de voir par soi-même ce qu'il y
a de mieux à faire ; le second, de pouvoir suivre les avis utiles qu'un autre vous
donne ; mais que celui-là n'est bon à rien, qui ne sait ni agir par soi-même, ni profiter
des conseils d'autrui (Hésiode, Les ouvrages et les jours, v. 291).
Ne soyez pas étonnés si, lorsque vous avez des maîtres
dont vous allez tous les jours recevoir les leçons, lorsque vous conversez avec les plus
illustres des anciens écrivains, par les livres qu'ils nous ont laissés, je prétends avoir
trouvé quelque chose de meilleur à vous dire. Je viens vous avertir de ne pas suivre
aveuglément des docteurs profanes, de ne pas vous livrer à eux sans réserve, mais de
prendre chez eux ce qu'il y a de bon, et de savoir ce qu'il faut rejeter. Comment donc
pourrons-nous faire ce choix? c'est ce que je veux vous apprendre, et c'est par où je
vais commencer.
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