[2,5] Μὴ τοίνυν ἔξωθεν τὸ κακὸν περισκόπει· μηδὲ ἀρχέγονόν
τινα φύσιν πονηρίας φαντάζου· ἀλλὰ τῆς ἐν ἑαυτῷ
κακίας ἕκαστος ἑαυτὸν ἀρχηγὸν γνωριζέτω. Ἀεὶ γὰρ τῶν
γινομένων τὰ μὲν ἐκ φύσεως ἡμῖν ἐπιγίνεται, οἷον γῆρας
καὶ ἀσθένειαι· τὰ δὲ ἀπὸ ταυτομάτου, οἷον αἱ ἄλογοι
περιπτώσεις ἀλλοτρίαις ἀρχαῖς ἐπισυμβαίνουσαι, σκυθρωπῶν
τινων πολλάκις ἢ καὶ τῶν φαιδροτέρων· ὡς τῷ φρέαρ
ὀρύσσοντι ἡ τοῦ θησαυροῦ εὕρεσις, ἢ τῷ πρὸς τὴν ἀγορὰν
ὡρμημένῳ ἡ τοῦ λυσσῶντος κυνὸς ἔντευξις· τὰ δὲ ἐφ´
ἡμῖν τυγχάνει, ὡς τὸ κρατῆσαι τῶν ἐπιθυμιῶν, ἢ μὴ κολάσαι
τὰς ἡδονάς· ὡς τὸ κατασχεῖν ὀργῆς, ἢ χεῖρας ἐπαφεῖναι
τῷ παροξύναντι· ἀληθεύειν, ἢ ψεύδεσθαι· ἐπιεικῆ τὸ
ἦθος εἶναι καὶ μέτριον, ἢ ὑπέρογκον καὶ ἀλαζονείαις ὑπεραιρόμενον.
Ὧν τοίνυν αὐτὸς εἶ κύριος, τούτων τὰς ἀρχὰς μὴ
ζητήσῃς ἑτέρωθεν, ἀλλὰ γνώριζε τὸ κυρίως κακὸν ἐκ τῶν
προαιρετικῶν ἀποπτωμάτων τὴν ἀρχὴν εἰληφός. Οὐ γὰρ
ἂν εἴπερ ἀκούσιον ἦν, καὶ μὴ ἐφ´ ἡμῖν, τοσοῦτος μὲν ἐκ
τῶν νόμων ὁ φόβος τοῖς ἀδικοῦσιν ἐπήρτητο, οὕτω δὲ
ἀπαραίτητοι τῶν δικαστηρίων αἱ κολάσεις, τὸ πρὸς ἀξίαν
τοῖς κακούργοις ἀντιμετροῦσαι. Ταῦτα δέ μοι εἰρήσθω περὶ
τοῦ κυρίως κακοῦ. Νόσον γὰρ καὶ πενίαν καὶ ἀδοξίαν καὶ
θάνατον, καὶ ὅσα λυπηρὰ τοῖς ἀνθρώποις, οὔπω καὶ ἐν τῇ
μοίρᾳ τῶν κακῶν καταλογίζεσθαι ἄξιον, διὰ τὸ μηδὲ τὰ
ἀντικείμενα τούτοις, ἐν τοῖς μεγίστοις ἡμᾶς τῶν ἀγαθῶν
ἀριθμεῖν· ὧν τὰ μὲν ἐκ φύσεώς ἐστι, τὰ δὲ καὶ συμφερόντως
πολλοῖς ἀπαντήσαντα φαίνεται. Πᾶσαν οὖν τροπικὴν καὶ
δι´ ὑπονοίας ἐξήγησιν ἔν γε τῷ παρόντι κατασιγάσαντες,
τοῦ σκότους τὴν ἔννοιαν ἁπλῶς καὶ ἀπεριεργάστως,
ἑπόμενοι τῷ βουλήματι τῆς Γραφῆς, ἐκδεξώμεθα. Ἐπιζητεῖ
δὲ ὁ λόγος, εἰ συγκατεσκευάσθη τῷ κόσμῳ τὸ σκότος, καὶ
εἰ ἀρχαιότερον τοῦ φωτὸς, καὶ διὰ τί τὸ χεῖρον πρεσβύτερον;
Λέγομεν τοίνυν καὶ τοῦτο τὸ σκότος μὴ κατ´ οὐσίαν ὑφεστηκέναι,
ἀλλὰ πάθος εἶναι περὶ τὸν ἀέρα στερήσει φωτὸς
ἐπιγινόμενον. Ποίου τοίνυν φωτὸς ἄμοιρος αἰφνιδίως ὁ ἐν
τῷ κόσμῳ τόπος εὑρέθη, ὥστε τὸ σκότος ἐπάνω εἶναι τοῦ
ὕδατος; Λογιζόμεθα τοίνυν ὅτι, εἴπερ τι ἦν πρὸ τῆς τοῦ
αἰσθητοῦ τούτου καὶ φθαρτοῦ κόσμου συστάσεως, ἐν φωτὶ
ἂν ἦν δηλονότι. Οὔτε γὰρ αἱ τῶν ἀγγέλων ἀξίαι, οὔτε πᾶσαι
αἱ ἐπουράνιοι στρατιαὶ, οὔτε ὅλως εἴ τι ἐστὶν ὠνομασμένον
ἢ ἀκατονόμαστον τῶν λογικῶν φύσεων, καὶ τῶν λειτουργικῶν
πνευμάτων ἐν σκότῳ διῆγεν, ἀλλ´ ἐν φωτὶ καὶ πάσῃ εὐφροσύνῃ
πνευματικῇ τὴν πρέπουσαν ἑαυτοῖς κατάστασιν εἶχε.
Καὶ τούτοις οὐδεὶς ἀντερεῖ, οὔκουν ὅστις γε τὸ ὑπερουράνιον
φῶς ἐν ταῖς τῶν ἀγαθῶν ἐπαγγελίαις ἐκδέχεται, περὶ
οὗ Σολομών φησι· Φῶς δικαίοις διὰ παντός· καὶ ὁ ἀπόστολος·
Εὐχαριστοῦντες Πατρὶ τῷ ἱκανώσαντι ἡμᾶς ἐν τῇ
μερίδι τοῦ κλήρου τῶν ἁγίων ἐν τῷ φωτί. Εἰ γὰρ οἱ καταδικαζόμενοι
πέμπονται εἰς τὸ σκότος τὸ ἐξώτερον, δηλονότι
οἱ τὰ τῆς ἀποδοχῆς ἄξια εἰργασμένοι, ἐν τῷ ὑπερκοσμίῳ
φωτὶ τὴν ἀνάπαυσιν ἔχουσιν. Ἐπεὶ οὖν ἐγένετο ὁ οὐρανὸς
προστάγματι Θεοῦ ἀθρόως περιταθεὶς τοῖς ἐντὸς ὑπὸ τῆς
οἰκείας αὐτοῦ περιφερείας ἀπειλημμένοις, σῶμα ἔχων
συνεχὲς, ἱκανὸν τῶν ἔξω διαστῆσαι τὰ ἔνδον, ἀναγκαίως τὸν
ἐναπολειφθέντα αὐτῷ τόπον ἀφεγγῆ κατέστησε, τὴν ἔξωθεν
αὐγὴν διακόψας. Τρία γὰρ δεῖ συνδραμεῖν ἐπὶ τῆς σκιᾶς, τὸ
φῶς, τὸ σῶμα, τὸν ἀλαμπῆ τόπον. Τὸ τοίνυν ἐγκόσμιον
σκότος τῇ σκιᾷ τοῦ οὐρανίου σώματος παρυπέστη. Νόησον
δέ μοι ἀπὸ παραδείγματος ἐναργοῦς τὸ λεγόμενον, ἐν
σταθηρᾷ μεσημβρίᾳ σκηνήν τινα ἐκ πυκνῆς καὶ στεγανῆς
ὕλης ἑαυτῷ περιστήσαντα, καὶ ἐν σκότῳ αὐτοσχεδίῳ ἑαυτὸν
καθειργνύντα. Τοιοῦτον οὖν κἀκεῖνο τὸ σκότος ὑπόθου, οὐ
προηγουμένως ὑφεστηκὸς, ἀλλ´ ἐπακολουθῆσαν ἑτέροις.
Τοῦτο δὴ τὸ σκότος καὶ ἐπιβαίνειν λέγεται τῇ ἀβύσσῳ,
ἐπειδὴ τὰ ἔσχατα τοῦ ἀέρος πέφυκε ταῖς ἐπιφανείαις τῶν
σωμάτων συνάπτεσθαι. Τότε δὲ ὕδωρ ἦν τοῖς πᾶσιν ἐπιπολάζον.
Διόπερ ἀναγκαίως τὸ σκότος ἐπάνω ὑπάρχειν εἴρηται
τῆς ἀβύσσου.
| [2,5] N'examinez donc pas le mal hors de vous,
n'imaginez pas une nature qui soit le Principe de la perversité; mais que
chacun se reconnaisse l'auteur des vices qui sont en lui. Parmi les choses
que nous éprouvons, les unes nous arrivent par la nature, telles que la
vieillesse et les infirmités ; les autres par hasard, tels que ces événements
inattendus, heureux ou malheureux, qui surviennent par des causes
étrangères: par exemple, on creuse un puits, on trouve un trésor; on se
rend dans la place publique, on rencontre un chien enragé. D'autres sont
en nous : comme dominer les passions, ou ne pas réprimer la volupté;
vaincre sa colère, ou se jeter sur celui qui nous irrite; dire la vérité, ou
mentir; être doux et modéré par caractère, ou être superbe et insolent.
Ne cherchez donc pas hors de vous les principes de choses qui dépendent
de vous; mais sachez que le mal proprement tire son origine de nos
chutes volontaires. Si le mal était nécessaire et ne dépendait pas de nous,
les lois ne seraient pas aussi attentives à effrayer les coupables, et les
châtiments des tribunaux, qui punissent les scélérats comme ils le
méritent, ne seraient pas si sévères. Je n'en dirai point davantage sur le
mal proprement dit; quant à la pauvreté, à l'infamie, à la maladie, à la
mort, et à tout ce qui arrive de fâcheux aux hommes, on ne doit pas les
mettre au nombre des maux, puisque nous ne comptons pas parmi les
plus grands biens les choses qui leur sont opposées. Parmi ces maux
prétendus, les uns viennent de la nature, les autres sont même utiles à
ceux auxquels ils arrivent.
Laissant donc pour le moment toute explication métaphorique et
allégorique, prenons le mot de ténèbres dans le sens le plus naturel et le
plus simple, en suivant l'esprit de l’Ecriture. Des
personnes raisonnables demandent si les ténèbres ont été créées avec le
monde, si elles sont plus anciennes que la lumière, et pourquoi l'être pur
a été fait auparavant. Nous disons donc que les ténèbres ne sont pas par
elles-mêmes une substance, mais une certaine disposition de l’air
provenant de la privation de lumière. Mais de quelle lumière un endroit du
monde s'est-il trouvé tout-à-coup privé, en sorte que les ténèbres étaient
répandues sur les eaux? Faisons réflexion que s'il existait un monde avant
ce monde sensible et corruptible, il était sans doute dans la lumière: qu'en
effet, ni les puissances angéliques, ni les armées célestes, ni en général
les êtres raisonnables et les esprits exécuteurs de la volonté de Dieu, ceux
qui ont un nom parmi nous comme ceux qui n'en ont pas, n'étaient dans
les ténèbres, mais menaient une vie conforme à leur nature, dans la
lumière et dans une joie spirituelle. Ces vérités ne seront contredites par
aucun de ceux qui, parmi les promesses des saints, attendent une lumière
surnaturelle, cette lumière dont Salomon dit: La lumière est pour les
justes à jamais (Prov. 13. 9). Rendons grâces, dit saint Paul, à Dieu le
Père, qui nous a rendus dignes d'avoir part à l'héritage des saints, c'est-à-dire,
à la lumière (Coloss. 1. 12). Si les réprouvés sont envoyés dans les
ténèbres extérieures, ceux qui ont fait des actions dignes de la
récompense possèdent le repos dans une lumière surnaturelle. Puis donc
que, par l'ordre de Dieu, le ciel a enveloppé tout-à-coup tous les êtres
renfermés dans sa circonférence, le ciel, dont le corps sans interruption
peut séparer ce qui est hors de lui de ce qui est au-dedans de lui, a laissé
nécessairement sans lumière le lieu qui lui était assigné, en le séparant de
l'éclat extérieur.
Trois choses concourent pour l'ombre : la lumière, le corps, le lieu obscur.
Or, les ténèbres du monde vinrent de l'opacité du corps céleste. Vous
comprendrez ce que je dis par un exemple sensible, sans doute si vous
vous environnez en plein midi d'une tente dont la matière soit épaisse et
impénétrable, vous vous renfermez tout-à-coup dans les ténèbres.
Supposez donc que telles étaient les ténèbres d'alors, qui n'existaient pas
originairement, mais qui survinrent par l'enveloppe du corps céleste. Il est
dit que ces ténèbres couvraient l'abyme, parce que les extrémités de l'air
touchent naturellement la superficie des corps, et qu'alors les eaux étaient
répandues sur toute la terre. Ainsi les ténèbres couvraient nécessairement
l'abyme.
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