[2,3] Ἐποίησεν ὁ Θεὸς τὸν οὐρανὸν καὶ τὴν γῆν· οὐκ ἐξ
ἡμισείας ἑκάτερον, ἀλλ´ ὅλον οὐρανὸν καὶ ὅλην γῆν, αὐτὴν
τὴν οὐσίαν τῷ εἴδει συνειλημμένην. Οὐχὶ γὰρ σχημάτων
ἐστὶν εὑρέτης, ἀλλ´ αὐτῆς τῆς φύσεως τῶν ὄντων δημιουργός.
Ἐπεὶ ἀποκρινέσθωσαν ἡμῖν, πῶς ἀλλήλοις συνέτυχον
ἥ τε δραστικὴ τοῦ Θεοῦ δύναμις, καὶ ἡ παθητικὴ φύσις τῆς
ὕλης· ἡ μὲν τὸ ὑποκείμενον παρεχομένη χωρὶς μορφῆς·
ὁ δὲ τῶν σχημάτων τὴν ἐπιστήμην ἔχων, ἄνευ τῆς ὕλης,
ἵν´ ἑκατέρῳ τὸ ἐνδέον παρὰ θατέρου γένηται· τῷ μὲν
δημιουργῷ τὸ ἔχειν ὅπου τὴν τέχνην ἐνεπιδείξηται, τῇ
δὲ ὕλῃ τὸ ἀποθέσθαι τὴν ἀμορφίαν καὶ τοῦ εἴδους τὴν
στέρησιν. Ἀλλὰ περὶ μὲν τούτων ἐπὶ τοσοῦτον. Πρὸς δὲ τὸ
ἐξ ἀρχῆς ἐπανίωμεν. Ἡ δὲ γῆ ἦν ἀόρατος καὶ ἀκατασκεύαστος.
Εἰπὼν, Ἐν ἀρχῇ ἐποίησεν ὁ Θεὸς τὸν οὐρανὸν
καὶ τὴν γῆν· πολλὰ ἀπεσιώπησεν, ὕδωρ, ἀέρα, πῦρ, τὰ ἐκ
τούτων ἀπογεννώμενα πάθη· ἃ πάντα μὲν ὡς συμπληρωτικὰ
τοῦ κόσμου συνυπέστη τῷ παντὶ δηλονότι· παρέλιπε
δὲ ἡ ἱστορία, τὸν ἡμέτερον νοῦν γυμνάζουσα πρὸς ἐντρέχειαν,
ἐξ ὀλίγων ἀφορμῶν παρεχομένη ἐπιλογίζεσθαι τὰ λειπόμενα.
Ἐπεὶ οὖν οὐκ εἴρηται περὶ τοῦ ὕδατος ὅτι ἐποίησεν ὁ Θεὸς,
εἴρηται δὲ ὅτι ἀόρατος ἦν ἡ γῆ· σκόπει σὺ κατὰ σεαυτὸν
τίνι παραπετάσματι καλυπτομένη οὐκ ἐξεφαίνετο. Οὔτε οὖν
πῦρ αὐτὴν καλύπτειν ἠδύνατο. Φωτιστικὸν γὰρ καὶ καταφάνειαν
παρέχον οἷς ἂν προσγένηται μᾶλλον ἢ σκοτῶδες
τὸ πῦρ. Οὐ μὴν οὐδὲ ἀὴρ προκάλυμμα ἦν τότε τῆς γῆς.
Ἀραιὰ γὰρ καὶ διαφανὴς τοῦ ἀέρος ἡ φύσις, πάντα τὰ εἴδη
τῶν ὁρατῶν δεχομένη, καὶ ταῖς τῶν ὁρώντων ὄψεσι παραπέμπουσα.
Λειπόμενον τοίνυν ἐστὶ νοεῖν ἡμᾶς ὕδωρ
ἐπιπολάζειν τῇ ἐπιφανείᾳ τῆς γῆς, οὔπω πρὸς τὴν οἰκείαν
λῆξιν τῆς ὑγρᾶς οὐσίας ἀποκριθείσης. Ἐκ δὲ τούτου οὐ
μόνον ἀόρατος ἦν ἡ γῆ, ἀλλὰ καὶ ἀκατασκεύαστος. Ἡ γὰρ
τοῦ ὑγροῦ πλεονεξία ἔτι καὶ νῦν ἐμπόδιόν ἐστι πρὸς
καρπογονίαν τῇ γῇ. Ἡ οὖν αὐτὴ αἰτία, καὶ τοῦ μὴ ὁρᾶσθαι,
καὶ τοῦ ἀκατασκεύαστον εἶναι· εἴπερ κατασκευὴ γῆς, ὁ
οἰκεῖος αὐτῇ καὶ κατὰ φύσιν κόσμος, λήϊα μὲν ταῖς κοιλότησιν
ἐγκυμαίνοντα, λειμῶνες χλοάζοντες καὶ ποικίλοις
ἄνθεσι βρύοντες, νάπαι εὐθαλεῖς, καὶ ὀρῶν κορυφαὶ ταῖς
ὕλαις κατάσκιοι· ὧν οὐδὲν εἶχεν οὐδέπω· ὠδίνουσα μὲν
τὴν πάντων γένεσιν διὰ τὴν ἐναποτεθεῖσαν αὐτῇ παρὰ τοῦ
δημιουργοῦ δύναμιν, ἀναμένουσα δὲ τοὺς καθήκοντας
χρόνους, ἵνα τῷ θείῳ κελεύσματι προαγάγῃ ἑαυτῆς εἰς
φανερὸν τὰ κυήματα.
| [2,3] Dieu créa le ciel et la terre ; il ne créa pas
l’un et l’autre à moitié, mais le ciel tout entier et la terre toute entière, la
substance remise à la forme. Car Dieu n'est pas seulement l'artisan des
formes, mais le créateur de la nature même des êtres. Ou bien qu'on
nous explique comment la puissance effectrice de Dieu et la nature
passive de la matière se sont rencontrées, l’une fournissant le sujet sans
forme, et l'autre ayant l'art des figures sans matière, afin que l’un reçût
de l’autre ce qui lui manquait, que l’Ouvrier suprême pût faire valoir son
art, et la matière prendre les figures et les formes dont elle était privée.
Mais en voilà assez sur cet article. Revenons à notre sujet. La terre était
invisible et informe. Après avoir dit : Au commencement Dieu créa le ciel
et la terre, l’écrivain sacré a passé sous silence beaucoup de choses; il
n'a parlé ni de l'eau, ni de l'air, ni du feu, ni des effets qui tiennent à ces
élément. Ces éléments sans doute ont été créés avec l'univers, comme
faisant le complément du monde ; mais l’Écriture n'en parle point, pour
exercer l'activité de notre esprit, pour lui apprendre à tirer des
conséquences de quelques paroles, et à suppléer ce qu'elle ne dit pas.
Puis donc qu'elle na point dit que Dieu a créé l'eau mais qu'elle a dit que
la terre était invisible, examinez en vous-même quel était le voile qui la
couvrait et qui l'empêchait de paraître. Ce n’était pas le feu qui pouvait la
cacher, puisque le feu éclaire et montre les objets qu'il approche loin de
les obscurcir. Ce n'était pas l'air qui la dérobait à notre vue, puisque sa
nature subtile et diaphane revoit toutes les formes des objets visibles et
renvoie aux yeux qui les contemplent. Il nous reste donc à penser que
l'eau inondait la surface de la terre, n'en ayant pas encore été séparée
pour aller prendre sa place. C'est ce qui rendait la terre non seulement
invisible, mais informe : car encore à présent une trop grande abondance
d'humide empêche la terre de produire ses fruits. La même cause
l'empêchait d'être aperçue et la privait de sa beauté naturelle. En elles, la
beauté de la terre est l'ornement qui lui est propre; sans doute des
moissons flottantes dans les vallées, des prés décorés de verdures et
émaillés de fleurs diverses, des bois agréables et fleuris, des montagnes
dont le sommet est ombragé de forêts immenses, la terre n'avait encore
aucun de ces ornements : elle était près de faire éclore de son sein toutes
ses productions par la fécondité que Dieu avait mise en elle ; mais elle
attendait les temps convenables et les ordres du Seigneur pour produire
tous les fruits dont elle portait le germe et le principe.
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