[5] Οὐδὲ ἐπεξελθεῖν τῷ λόγῳ ῥᾴδιον πᾶσι τοῖς ἐκ τῆς
μέθης δεινοῖς. Αἱ μὲν οὖν ἐκ τοῦ λοιμοῦ βλάβαι
χρόνῳ ἐγγίνονται τοῖς ἀνθρώποις, κατὰ μικρὸν
τοῦ ἀέρος τὴν παρ´ ἑαυτοῦ φθορὰν ἐντιθέντος τοῖς
σώμασιν· αἱ δὲ παρὰ τοῦ οἴνου εὐθὺς συνεισπίπτουσιν.
Οὕτω γὰρ τὴν ψυχὴν ἀπολωλότες, ὡς ὑπὸ πάσης
κηλῖδος εἶναι κατεστιγμένοι, ἔτι καὶ αὐτὴν τοῦ σώματος
τὴν ἕξιν προσδιαφθείρονται· οὐ μόνον τῇ
(p. 452) ὑπερβολῇ τῶν ἡδονῶν ἐξοιστρουσῶν ἐπὶ λαγνείας
ἐκτετηκότες καὶ διαῤῥέοντες, ἀλλὰ καὶ αὐτῷ τῷ
ὄγκῳ πεπλαδηκὸς καὶ βρυῶδες καὶ τοῦ ζωτικοῦ τόνου
λελυμένον τὸ σῶμα φέροντες. Τούτων πελιδνοὶ οἱ
ὀφθαλμοί· ὕπωχρος δὲ ἡ ἐπιφάνεια· πνεῦμα προσεστηκός·
γλῶσσα παρειμένη, καὶ κραυγὴ ἄσημος· ἀκροσφαλεῖς
οἱ πόδες καθάπερ οἱ τῶν παίδων·
ἐκκρίσεις δὲ τῶν περιττωμάτων αὐτόματοι ὥσπερ
ἀπὸ ἀψύχων ῥέουσαι. Ἐλεεινοὶ τῆς τρυφῆς, ἐλεεινότεροι τῶν ἐν πελάγει
χειμαζομένων, οὓς ἄλλα ἐξ ἄλλων διαδεχόμενα καὶ ἐπιβαπτίζοντα κύματα
ἀναφέρειν οὐκ ἐπιτρέπει τοῦ κλύδωνος. Οὕτω δὴ καὶ τούτων αἱ ψυχαὶ ὑποβρύχιοι φέρονται βεβαπτισμέναι τῷ
οἴνῳ. Διόπερ ὡς τὰ χειμαζόμενα πλοῖα, ἐπειδὰν
ὑπέραντλα γένηται, ἀναγκαίως τῇ ἐκβολῇ τοῦ φόρτου κουφίζεται·
οὕτω καὶ τούτοις ἀναγκαῖαι τῶν
βαρυνόντων αἱ ἀποθέσεις. Ἐμοῦντες γὰρ καὶ ἀποβλύζοντες, μόλις
ἐλευθεροῦνται τοῦ βάρους· τοσοῦτον
τῶν δυσπλοούντων ἐλεεινότεροι, ὅσον οἱ μὲν ἀνέμους
καὶ θάλασσαν καὶ τὰς ἔξωθεν ἀνάγκας ἐπαιτιῶνται·
οἱ δὲ αὐθαίρετον ἐπισπῶνται τὸν ἐκ τῆς μέθης χειμῶνα.
| [5] Il ne serait pas facile de décrire tous les maux que l'ivresse entraîne. Les funestes
effets de la peste ne se font sentir aux hommes qu'avec le temps, l'air apportant peu
à peu sa corruption dans les corps : les effets horribles du vin se font remarquer
tout-à-coup dans ceux qui en boivent avec excès. Le vin flétrit l’âme et la réduit à un état
misérable ; il ruine même la constitution du corps, qui non seulement perd tout son
nerf et toute sa vigueur par l’usage immodéré des plaisirs auxquels l’homme ivre se
porte avec rage, mais dont toute la force vitale est dissoute et détruite par les amas
d’humeurs vicieuses qui le gonflent. Les gens ivres ont les yeux ternes et livides, le
teint pâle, la respiration courte et pressée, la langue embarrassée, la voix tremblante
et confuse, les pieds mal assurés comme ceux de la première enfance : dans le
relâchement de toute la machine, les déjections se font involontairement. Les plaisirs
de la table les rendent plus malheureux que ceux qui, en pleine mer, sont agités par
une tempête violente, et que les flots qui se succèdent enveloppent sans leur offrir
aucune issue. C'est ainsi que leur âme est ensevelie dans le vin, qu'elle en est comme
submergée. Lorsque les navires, battus violemment par les flots, ont trop de charge, il
faut les alléger en jetant les marchandises : de même il faut employer des moyens
extraordinaires pour dégager l'estomac de ceux qui ont bu avec excès, parce que les
déjections naturelles ne sont pas suffisantes pour les délivrer du poids qui les accable.
Ceux qui font naufrage sont à plaindre sans être coupables ; ils peuvent s'en prendre
à des causes extérieures, au vent et à la mer : ceux qui se livrent à la passion de
boire vont eux-mêmes chercher la tempête.
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