[15,670] (670a) Ὁ γὰρ ἐκ τοῦ στεφάνου κόσμος οὐδὲν ἔχων μόνιμον σημεῖόν ἐστι πάθους ἀβεβαίου μὲν κεκαλλωπισμένου δέ. Τοιοῦτος δ´ ἐστὶν ὁ ἔρως· οὐδένες γὰρ μᾶλλον τῶν ἐν τῷ ἐρᾶν ὄντων καλλωπίζονται.
Εἰ μὴ ἄρα ἡ φύσις οἱονεί τι δαιμόνιον δικαίως βραβεύουσα τῶν πραγμάτων
ἕκαστον οἴεται δεῖν τοὺς ἐρῶντας μὴ στεφανοῦσθαι πρὶν κρατήσωσιν τοῦ
ἔρωτος· τοῦτο δ´ ἔστιν ὅταν κατεργασάμενοι τὸν ἐρώμενον ἀπαλλαγῶσιν τῆς
ἐπιθυμίας. Τὴν ἀφαίρεσιν οὖν τοῦ στεφάνου σημεῖον τοῦ ἔτι ἐν τῷ
διαγωνίζεσθαι εἶναι ποιούμεθα.
(670b) Ἢ ὁ Ἔρως αὐτὸς οὐκ ἐῶν καθ´ αὑτοῦ στεφανοῦσθαι καὶ ἀνακηρύττεσθαι
τῶν μὲν τὸν στέφανον περιαιρεῖ, τοῖς δὲ λοιποῖς ἐνδίδωσιν αἴσθησιν μηνύων
ὅτι ἡττῶνται ὑπὸ αὐτοῦ· δι´ ὃ ἐρᾶν οἱ λοιποὶ τοὺς τοιούτους φασίν.
Ἢ ὅτι λύεται μὲν πᾶν τὸ δεδεμένον, ὁ δὲ ἔρως στεφανουμένων τινῶν δεσμός
ἐστιν (οὐθένες γὰρ ἄλλοι τῶν δεδεμένων περὶ τὸ στεφανοῦσθαι σπουδάζουσιν
πλὴν οἱ ἐρῶντες), τὴν τοῦ στεφάνου δὴ λύσιν σημεῖον τοῦ περὶ τὸν ἔρωτα
δεσμοῦ νομίζοντες ἐρᾶν φασιν τοὺς τοιούτους;
Ἢ διὰ τὸ πολλάκις τοὺς ἐρῶντας διὰ τὴν πτοίησιν, (670c) ὡς ἔοικεν,
στεφανουμένους περιαιρεῖν αὑτῶν τὸν στέφανον ἀντιστρέφομεν τῇ ὑπονοίᾳ τὸ
πάθος, ὡς οὐκ ἄν ποτε τοῦ στεφάνου περιρέοντος, εἰ μὴ ἤρων;
Ἢ ὅτι ἀναλύσεις περὶ μόνους μάλιστα τοὺς ἐρῶντας καὶ καταδεδεμένους
γίνονται, τὴν δὲ τοῦ στεφάνου ἀνάλυσιν καταδεδεμένων τινῶν εἶναι
νομίζοντες ἐρᾶν φασι τοὺς τοιούτους· καταδέδενται γὰρ οἱ ἐρῶντες.
Εἰ μὴ ἄρα διὰ τὸ κατεστέφθαι τῷ ἔρωτι (670d) τοὺς ἐρῶντας οὐκ ἐπίμονος
αὐτῶν ὁ στέφανος γίνεται· χαλεπὸν γὰρ ἐπὶ μεγάλῳ καὶ θείῳ στεφάνῳ μικρὸν
καὶ τὸν τυχόντα μεῖναι. Στεφανοῦσιν δὲ τὰς τῶν ἐρωμένων θύρας ἤτοι τιμῆς
χάριν καθαπερεί τινος θεοῦ τὰ πρόθυρα (στεφανοῦσιν αὐτῶν), ἢ οὐ τοῖς
ἐρωμένοις ἀλλὰ τῷ Ἔρωτι ποιούμενοι τὴν τῶν στεφάνων ἀνάθεσιν τοῦ μὲν
Ἔρωτος τὸν ἐρώμενον ἄγαλμα, τούτου δὲ ναὸν ὄντα τὴν οἴκησιν στεφανοῦσι (τὰ τῶν ἐρωμένων πρόθυρα)· διὰ ταῦτα δὲ καὶ θύουσιν ἔνιοι ἐπὶ ταῖς τῶν
ἐρωμένων θύραις.
Ἢ μᾶλλον ὑφ´ ὧν (670e) οἴονταί τε καὶ πρὸς ἀλήθειαν τὸν τῆς ψυχῆς κόσμον
ἐσκύλευνται, (καὶ) τούτοις καὶ τὸν τοῦ σώματος κόσμον ὑπὸ τοῦ πάθους
ἐξαγόμενοι (καὶ) σκυλεύοντες ἑαυτοὺς ἀνατιθέασιν. Πᾶς δ´ ὁ ἐρῶν τοῦτο δρᾷ
μὲν παρόντος, μὴ παρόντος δὲ τοῦ ἐρωμένου τοῦ ἐμποδὼν ποιεῖται τὴν
ἀνάθεσιν. Ὅθεν Λυκοφρονίδης τὸν ἐρῶντα ἐκεῖνον αἰπόλον ἐποίησε λέγοντα·
« Τόδ´ ἀνατίθημί σοι ῥόδον,
καλὸν ἄνθημα καὶ πέδιλα καὶ κυνέαν
καὶ τὰν θηροφόνον λογχίδ´, ἐπεί μοι νόος ἄλλᾳ κέχυται
(670f) ἐπὶ τὰν Χάρισι φίλαν παῖδα καὶ καλάν.»
10. Ἀλλὰ μὴν καὶ ὁ ἱερώτατος Πλάτων ἐν ἑβδόμῳ Νόμων πρόβλημά τι προβάλλει
στεφανωτικόν, ὅπερ ἄξιόν ἐστιν ἐπιλύσασθαι, οὕτως λέγοντος τοῦ φιλοσόφου·
« Μήλων τέ τινων διανομαὶ καὶ στεφάνων πλείοσιν ἅμα καὶ ἐλάττοσιν
ἁρμοττόντων τῶν ἀριθμῶν τῶν αὐτῶν. »
Ὁ μὲν Πλάτων οὕτως εἶπεν. Ἐστὶν δ´ ὃ λέγει τοιοῦτον·
| [15,670] (670a) En effet, l'ornement résultant d'une couronne, étant de peu de
durée, peut être regardé comme le signe d'une passion inconstante, quels
que soient les ornements dont elle est accompagnée. Or, tel est l'amour ;
car ce sont surtout les amants qui affectent la parure.
Peut-être aussi serait-ce parce que la nature, étant une espèce de
divinité qui règle chaque chose avec justice, ne veut pas que les amants
soient couronnés, avant de posséder l'objet de leur passion; c'est-à-dire,
d'être délivrés de leurs désirs inquiets, après avoir joui de la personne
qu'ils aiment; et pour cette raison, cette couronne qui se détache, nous
paraît indiquer qu'il y a encore à combattre.
(670b) Peut-être même que l'amour ne voulant pas que l'on soit couronné et
proclamé vainqueur sans le mériter de sa part, leur ôte lui-même leur
couronne, faisant entendre ainsi aux autres qu'ils lui sont encore
asservis; ce qui donne lieu de croire à tous ceux-ci, que ceux-là sont
pris d'une belle passion.
Ou l'on dira que tout ce qui se délie est supposé lié auparavant, et
qu'ainsi l'amour de ceux qui sont couronnés, est une espèce de lien qui
les tient. Or, de tous ceux qui sont dans des liens, il n'y a que les
amants qui désirent d'être couronnés; ainsi, la couronne qui se délie,
étant regardée comme le signe du lien dans lequel l'amour retient l'amant,
on en conclut avec raison que ceux à qui cela arrive, sont vraiment amoureux.
Ou les amants étant assez souvent comme extasiés, (670c) leur couronne se
détache, comme cela doit arriver dans le trouble où la passion jette leur
esprit; et de là on conclut qu'ils sont réellement amoureux, parce que
l'on suppose que leur couronne ne se détacherait pas, s'ils n'aimaient
pas. Ou est-ce parce qu'aucun lien ne pouvant se détacher que de ceux qui
sont liés, et surtout des amants, on regarde une couronne qui se détache,
comme le lien de celui qui l'avait sur la tête, et l'on en conclut qu'il
est amoureux ; car les amants sont dans de vrais liens.
Peut-être dira-t-on que (670d) les amants devant être couronnés par
l'amour, la couronne qu'ils portaient auparavant ne pouvaient leur rester
sur la tête ; en ce qu'il est bien difficile qu'une petite couronne, telle
quelle, puisse être posée solidement où il doit se trouver un jour une
couronne bien plus grande et posée par un dieu.
Quant aux couronnes et aux guirlandes dont les amants ornent les portes
des personnes qu'ils aiment, ils les y mettent ou pour leur rendre des
honneurs, comme couronnant le porche d'une divinité ; ou, c'est à l'amour
qu'ils les offrent en les posant, et non aux personnes qui sont aimées ;
car ces personnes sont pour les amants les images mêmes du dieu d'amour;
et la maison où elles demeurent en étant le temple, c'en est aussi le
porche qu'ils ornent de couronnes, en les mettant aux portes de ces
personnes. Voilà aussi pourquoi on immole quelquefois des victimes aux
portes des personnes qu'on aime.
Ou, l'on dira plutôt (670e) avec vérité que les amants ayant été dépouillé
de ce qui faisait l'ornement de leur âme, ils se dépouillent aussi de
l'ornement de leur corps, et viennent en faire hommage dans la passion qui
s'est emparé d'eux. C'est ce que fait tout amant; mais si la personne
qu'ils aiment n'est pas présente, cet obstacle leur fait consacrer cet
hommage à la porte. C'est pourquoi Lycophronide met ceci dans la bouche
d'un chevrier amoureux :
« Toi qui étais l'objet charmant de mes pensées ! Je t'offre cette rose,
ces sandales, ce bonnet, cette lance si redoutable aux bêtes féroces : car
mon esprit se porte ailleurs (670f) vers une belle fillette, et chérie des grâces. »
10. Mais le divin Platon propose, lv. 7 de ses Lois, un problème relatif
aux couronnes : or, ce problème mérite bien d'être résolu. Le voici:
« Distribuer des pommes ou des couronnes à plus ou moins de convives
également et sans reste? »
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