Texte grec :
[13,46] Μέχρι μὲν τούτων μνημονεύω τῶν ὑπὸ τοῦ Μάχωνος
εἰρημένων. Αἱ γὰρ καλαὶ ἡμῶν ᾿Αθῆναι τοσοῦτον πλῆθος
ἤνεγκαν ἑταιρῶν, περὶ ὧν ἐπεξελεύσομαι ὅσον γε δύναμαι,
ὅσον ὄχλον εὐανδροῦσα πόλις οὐκ ἔσχεν. ᾿Αναγέγραφε γοῦν
᾿Αριστοφάνης μὲν ὁ Βυζάντιος ἑκατὸν καὶ λε', ᾿Απολλόδωρος
δὲ τούτων πλείους, ὁ Γοργίας δὲ πλέονας, παραλειφθῆναι
φάσκοντες ὑπὸ τοῦ ᾿Αριστοφάνους μετὰ ἑταιρῶν πλειόνων
καὶ τάσδε, - - - . τὴν Πάροινον ἐπικληθεῖσαν καὶ Λαμπυρίδα
καὶ Εὐφροσύνην· αὕτη δὲ ἦν γναφέως θυγάθηρ. ῎Αγραφοι δ'
εἰσὶν αὐτῷ Μεγίστη, ᾿Αγαλλίς, Θαυμάριον, Θεόκλεια (αὕτη δ'
ἐπεκαλεῖτο Κορώνη, Ληναιτόκυστος, ῎Αστρα, Γνάθαινα καὶ
ταύτης θυγατριδῆ Γναθαίνιον, καὶ Σιγὴ καὶ Συνωρὶς ἡ
Λύχνος ἐπικαλουμένη καὶ Εὔκλεια καὶ Γρυμέα καὶ Θρυαλλίς,
ἔτι Χίμαιρα καὶ Λαμπάς. Τῆς δὲ Γναθαίνης ἤρα δεινῶς, ὡς
καὶ πρότερον εἴρηται, Δίφιλος ὁ κωμῳδιοποιός, ὡς καὶ
Λυγκεὺς ὁ Σάμιος ἐν τοῖς ᾿Απομνημονεύμασιν ἱστορεῖ. ᾿Εν
ἀγῶνι οὖν ποτε αὐτὸν ἀσχημονήσαντα σφόδρα ἀρθῆναι ἐκ
τοῦ θεάτρου συνέβη καὶ οὐδὲν ἧττον ἐλθεῖν πρὸς τὴν
Γνάθαιναν. Κελεύοντος οὖν τοῦ Διφίλου ὑπονίψαι τοὺς
πόδας αὐτοῦ τὴν Γνάθαιναν, ἣ δὲ «τί γάρ, εἶπεν, οὐκ
ἠρμένος ἥκεις;» Σφόδρα δ' ἧν εὔθικτος πρὸς τὰς ἀποκρίσεις
ἡ Γνάθαινα. Καὶ ἄλλαι δὲ ἑταῖραι μέγα ἐφρόνουν ἐφ' αὑταῖς,
παιδείας ἀντεχόμεναι καὶ τοῖς μαθήμασι χρόνον
ἀπομερίζουσαι· διόπερ καὶ εὔθικτοι πρὸς τὰς ἀπαντήσεις
ἦσαν. Κατηγοροῦντος γοῦν ποτε Στίλπωνος Γλυκέρας παρὰ
πότον ὡς διαφθειρούσης τοὺς νέους, ὥς φησι Σάτυρος ἐν
τοῖς Βίοις, ὑποτυχοῦσα ἡ Γλυκέρα «Τὴν αὐτήν, ἐφη, ἔχομεν
αἰτίαν, ὦ Στίλιπων. Σέ τε γὰρ λέγουσιν διαφθείρειν τοὺς
ἐντυγχάνοντάς σοι ἀνωφελῆ καὶ ἐριστικὰ σοφίσματα
διδάσκοντα, ἐμέ τε ὡσαύτως. Μηθὲν οὖν διαφέρειν
ἐπιτριβουμένοις καὶ κακῶς πάσχουσιν {ἢ} μετὰ φιλοσόφου
ζῆν ἢ ἑταίρας.» Κατὰ γὰρ ᾿Αγάθωνα
Γυνὴ τὸ σῶμα δι' ἀργίαν ψυχῆς φρόνησιν ἐντὸς οὐκ ἀργὸν
φορεῖ.
|
|
Traduction française :
[13,46] Jusqu'à maintenant, je me suis borné à ne rapporter que les
anecdotes de Machon relatives aux courtisanes.
Mais sachez que la belle Athènes, que nous aimons tant, a
produit, plus que tout autre cité, même les plus populeuses, une
incroyable succession de courtisanes dont je parlerai plus loin,
selon mes moyens. Aristophane de Byzance a recensé pour cette
ville pas moins de cent trente-cinq courtisanes. Apollodore
augmente le chiffre et Gorgias fait de même. Tous deux déclarent
qu'Aristophane a exclu de sa liste les courtisanes suivantes : Tipsy,
Lampyris et Euphrosyne. Cette dernière était la fille d'un teinturier.
En outre, Aristophane aurait omis bien d'autres femmes encore :
Mégisté, Agallis, Thaumarion, Théocléia «la Corneille»,
Lénaitocystos, Astra, Gnathaina et sa grand-mère Gnathainion, sans
oublier Sigé, Synoris, surnommée «la lampe», Eucléia, Gryméa,
Thryallis, Chimaira et Lampas.
S'agissant de Gnathaina, nous avons déjà vu que Diphilos, le
poète comique, en était éperdument amoureux. D'ailleurs, Lyncéos
de Samos ne dit pas autre chose dans ses Dits Mémorables.
Une fois, dans un concours dramatique, il fut si décrié par le
public qu'on l'expulsa du théâtre. Venu se réfugier chez Gnathaina,
Diphilos lui demanda de lui laver les pieds.
«En as-tu vraiment besoin, lui dit-elle, n'es-tu pas venu chez
moi, la tête renversée ?»
Gnathaina avait en effet un sens de la répartie qui tenait du génie.
Elle n'était pas la seule à être douée d'une remarquable
intelligence. De nombreuses courtisanes, très férues de culture,
occupaient une grande partie de leur temps à s'instruire et à affiner
leur esprit. De fait, elles avaient développé dans leur conversation
une certaine causticité.
Prenons le cas de Glycéra. Celle-ci fut accusée par Stilpon – aux
dires de Satyros dans ses Vies – de corrompre la jeunesse. Voici
quelle fut sa défense :
«On peut nous mettre dans le même sac, mon cher Stilpon. On dit
que tu corromps tes disciples en leur enseignant des sophismes
totalement inutiles, qui ne servent qu'à provoquer des disputes.
Moi, je fais exactement la même chose, mais d'un point de vue
sexuel. Il n'y a donc pas à faire de différence entre ceux qui sont
victimes des agissements d'un philosophe et ceux qui sortent des
bras d'une putain.»
Rappelons pour mémoire ces vers d'Agathon :
«Une femme, parce qu'elle est inactive par le corps, est forcément active
par l'esprit.»
|
|