Texte grec :
[11,507] (507) Ἐπιλίποι δ´ ἄν με ἡ ἡμέρα, εἰ πάντας
ἐθελήσαιμι ἐπελθεῖν τοὺς κακῶς ἀκούσαντας ὑπὸ τοῦ σοφοῦ.
Ἀλλὰ μὴν οὐδ´ Ἀντισθένη ἐπαινῶ· καὶ γὰρ καὶ οὗτος πολλοὺς εἰπὼν κακῶς οὐδ´
αὐτοῦ τοῦ Πλάτωνος ἀπέσχετο, ἀλλὰ καλέσας αὐτὸν φορτικῶς Σάθωνα τὸν ταύτην
ἔχοντα τὴν ἐπιγραφὴν διάλογον ἐξέδωκεν.
(116) Ἡγήσανδρος δὲ ὁ Δελφὸς ἐν τοῖς Ὑπομνήμασι περὶ τῆς πρὸς πάντας τοῦ
Πλάτωνος κακοηθείας λέγων γράφει καὶ ταῦτα·
« Μετὰ τὴν Σωκράτους τελευτὴν ἐπὶ πλεῖον τῶν συνήθων ἀθυμούντων ἔν τινι
συνουσίᾳ Πλάτων συμπαρὼν λαβὼν τὸ ποτήριον (507b) παρεκάλει μὴ ἀθυμεῖν αὐτούς,
ὡς ἱκανὸς αὐτὸς εἴη ἡγεῖσθαι τῆς σχολῆς, καὶ προέπιεν Ἀπολλοδώρῳ. Καὶ ὃς εἶπεν
«Ἥδιον ἂν παρὰ Σωκράτους τὴν τοῦ φαρμάκου κύλικα εἰλήφειν ἢ παρὰ σοῦ τὴν τοῦ
οἴνου πρόποσιν.»
Ἐδόκει γὰρ Πλάτων φθονερὸς εἶναι καὶ κατὰ τὸ ἦθος οὐδαμῶς εὐδοκιμεῖν. Καὶ γὰρ
Ἀρίστιππον πρὸς Διονύσιον ἀποδημήσαντα ἔσκωπτεν, αὐτὸς τρὶς εἰς Σικελίαν
ἐκπλεύσας· ἅπαξ μὲν τῶν ῥυάκων χάριν, ὅτε καὶ τῷ πρεσβυτέρῳ Διονυσίῳ (507c)
συγγενόμενος ἐκινδύνευσεν, δὶς δὲ πρὸς τὸν νεώτερον Διονύσιον.
Αἰσχίνου τε πένητος ὄντος καὶ μαθητὴν ἕνα ἔχοντος Ξενοκράτην, τοῦτον
περιέσπασεν. Καὶ Φαίδωνι δὲ τὴν τῆς δουλείας ἐφιστὰς δίκην ἐφωράθη· καὶ τὸ
καθόλου πᾶσι τοῖς Σωκράτους μαθηταῖς ἐπεφύκει μητρυιᾶς ἔχων διάθεσιν. Διόπερ
Σωκράτης οὐκ ἀηδῶς περὶ αὐτοῦ στοχαζόμενος ἐνύπνιον ἔφησεν ἑωρακέναι πλειόνων
παρόντων. Δοκεῖν γὰρ ἔφη τὸν Πλάτωνα κορώνην γενόμενον ἐπὶ τὴν κεφαλὴν (μου)
ἀναπηδήσαντα τὸ φαλακρὸν (μου) κατασκαριφᾶν καὶ κρώζειν περιβλέπουσαν.
(507d) «Δοκῶ οὖν σε, ὦ Πλάτων, πολλὰ κατὰ τῆς ἐμῆς ψεύσεσθαι κεφαλῆς.»
Ἦν δὲ ὁ Πλάτων πρὸς τῇ κακοηθείᾳ καὶ φιλόδοξος, ὅστις ἔφησεν·
«Ἔσχατον τὸν τῆς φιλοδοξίας χιτῶνα ἐν τῷ θανάτῳ αὐτῷ ἀποδυόμεθα, ἐν διαθήκαις,
ἐν ἐκκομιδαῖς, ἐν τάφοις»,
ὥς φησι Διοσκουρίδης ἐν τοῖς Ἀπομνημονεύμασιν. Καὶ τὸ πόλιν δὲ θελῆσαι κτίσαι
καὶ τὸ νομοθετῆσαι τίς οὐ φήσει πάθος εἶναι φιλοδοξίας; δῆλον δ´ ἐστὶ τοῦτο ἐξ
ὧν ἐν τῷ Τιμαίῳ λέγει·
(507e) «Πέπονθά τι πάθος πρὸς τὴν πολιτείαν, ὥσπερ ἂν εἰ ζωγράφος ἐβούλετο τὰ
ἑαυτοῦ ἔργα κινούμενα καὶ ἐνεργὰ ἰδεῖν, οὕτω κἀγὼ τοὺς πολίτας οὓς διαγράφω.»
(117) Περὶ δὲ τῶν ἐν τοῖς διαλόγοις αὐτοῦ κεκλεμμένων τί ἂν καὶ λέγοι τις; ἡ μὲν
γὰρ ψυχὴ ἡ διαπλαττομένη ἀθάνατος ὑπ´ αὐτοῦ καὶ κατὰ τὴν ἀπόλυσιν χωριζομένη τοῦ
σώματος παρὰ προτέρῳ εἴρηται Ὁμήρῳ. Οὗτος γὰρ εἶπεν ὡς ἡ τοῦ Πατρόκλου ψυχὴ
«Ἄιδόσδε κατῆλθεν ὃν πότμον γοόωσα, λιποῦς´ ἀνδροτῆτα καὶ ἥβην.»
Εἰ δ´ οὖν καὶ Πλάτωνος φήσειέν τις εἶναι τὸν λόγον, οὐχ ὁρῶ τίν´ ἐσχήκαμεν ἀπ´
αὐτοῦ ὠφέλειαν. (507f) Ἐὰν γὰρ καὶ συγχωρήσῃ τις μεθίστασθαι τὰς τῶν
τετελευτηκότων ψυχὰς εἰς ἄλλας φύσεις ἢ πρὸς τὸν μετεωρότερον καὶ καθαρώτερον
ἀνέρχεσθαι τόπον, ἅτε κουφότητος μετεχούσας, τί πλέον ἡμῖν; ὧν γὰρ μήτ´
ἀνάμνησίς ἐστιν οὗ ποτε ἦμεν μήτ´ αἴσθησις, εἰ καὶ τὸ σύνολον ἦμεν, τίς χάρις
ταύτης τῆς ἀθανασίας;
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Traduction française :
[11,507] (507) enfin, je n'aurais pas assez de la journée si je voulais rappeler ici tous
ceux dont ce philosophe a mal parlé.
Je n'approuve cependant pas Antisthène, qui, après avoir invectivé plusieurs
personnages, n'a pas épargné Platon ; il l'appelle même assez grossièrement
Sathon, et a publié contre lui un dialogue sous ce titre.
(116) Mais voici ce qu'Hégésandre de Delphes écrit sur la malignité que Platon
montra envers tout le monde:
«Après la mort de Socrate, la plupart de ses disciples réunis en manifestaient
leur extrême douleur. Platon, qui était présent, prit alors une coupe
(poteerion), (507b) et les exhortant à bannir leur tristesse, puisqu'il était en
état de tenir l'école de Socrate, il porta la santé à Apollodore. — Je
trouverais plus de plaisir, lui dit celui-ci, à prendre le poison de la main de
Socrate, que le vin que tu me présentes à boire.
Platon passait pour fort envieux, et d'une conduite très équivoque. Il se moqua
d'Aristippe, parce que celui-ci avait fait un voyage chez Denys de Syracuse,
tandis que lui-même il s'était embarqué trois fois pour la Sicile, savoir; la
première pour aller voir les torrents de lave qui coulait des gouffres de
l'Etna, époque à laquelle il courut le plus grand danger, (507c) se trouvant
avec Denys l'ancien; les deux autres fois ce fut pour aller voir Denys le jeune.
Eschine, qui était pauvre, n'avait que le seul Xénocrate pour disciple; mais
Platon le lui enleva. Il fut même convaincu d'avoir dénoncé Phédon comme non
libre, dans l'intention de le faire retomber dans la servitude. En général, il
se comporta envers les disciples de Socrate avec tout le caractère d'une
marâtre. C'est pourquoi Socrate, voulant faire connaître en plaisantant ce qu'il
pensait de Platon, dit un jour en présence de plusieurs personnes qu'il avait eu
un songe :
«Il me semble que Platon, devenu corneille, était sauté sur ma tête pour
déchiqueter mon crâne chauve à coup de bec, et s'en emparer entièrement, en
regardant tout autour. (507d) C'est ainsi, Platon, que tu me feras retomber bien
des mensonges sur la tête.»
Outre que Platon était méchant, il avait une extrême vanité; car il a dit
quelque part, le dernier vêtement que nous quittons à la mort est celui de la
gloire, et c'est ce qu'il montra par ses dispositions testamentaires, la pompe
de ses funérailles, et par sa sépulture, comme l'observe Dioscoride dans ses
Commentaires : mais vouloir fonder une ville, lui donner des lois, ne
conviendra-t-on pas que c'est être obsédé de l'amour de la gloire? On le voit
manifestement par ce qu'il dit dans son Timée :
(507e) «Je me sens, dit-il, affecté à l'égard de ma république, comme le peut
être un peintre qui desirerait voir toutes les figures de ses tableaux animées
et en action. Je voudrais la même chose à l'égard des citoyens dont j'ai tracé
le gouvernement.»
(117) Mais que dira-t-on des réflexions qu'il produit dans ses Dialogues,
particulièrement sur l'âme qu'il représente comme immortelle, après sa
séparation du corps? D'abord il n'est pas le premier qui ait pensé ainsi. Homère
n'a-t-il pas dit que l'âme de Patrocle
«Était descendue dans l'Hadès, pleurant sa destinée, en ce qu'elle abandonnait
la jeunesse de son corps, et sa vigueur.»
Quand d'ailleurs Platon aurait eu le premier cette idée, je ne vois pas quelle
utilité il nous en résulterait. (507f) Ainsi, en accordant que les âmes des
morts prennent alors une autre nature, et s'élèvent à des régions plus hautes et
plus pures, vu l'extrême légèreté qu'elles peuvent avoir, qu'en avons-nous de
plus? En effet, si nous n'avons aucun souvenir de ce que nous étions
précédemment, et si nous ne sentons plus que nous ayons jamais existé, de quel
avantage est pour nous cette immortalité ?
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