Texte grec :
[33] 33.1
Τάξον τινὰ ἤδη χαρακτῆρα σαυτῷ καὶ τύπον, ὃν φυλάξεις ἐπί τε σεαυτοῦ ὢν καὶ
ἀνθρώποις ἐντυγχάνων.
33.2
καὶ σιωπὴ τὸ πολὺ ἔστω ἢ λαλείσθω τὰ ἀναγκαῖα καὶ δι' ὀλίγων. σπανίως δέ ποτε
καιροῦ παρακαλοῦντος ἐπὶ τὸ λέγειν λέξον μέν, ἀλλὰ περὶ οὐδενὸς τῶν τυχόντων· μὴ
περὶ μονομαχιῶν, μὴ περὶ ἱπποδρομιῶν, μὴ περὶ ἀθλητῶν, μὴ περὶ βρωμάτων ἢ
πομάτων, τῶν ἑκασταχοῦ, μάλιστα δὲ μὴ περὶ ἀνθρώπων ψέγων ἢ ἐπαινῶν ἢ
συγκρίνων.
33.3
ἂν μὲν οὖν οἷός τε ᾖς, μετάγαγε τοῖς σοῖς λόγοις καὶ τοὺς τῶν συνόντων ἐπὶ τὸ
προσῆκον. εἰ δὲ ἐν ἀλλοφύλοις ἀποληφθεὶς τύχοις, σιώπα.
33.4
γέλως μὴ πολὺς ἔστω μηδὲ ἐπὶ πολλοῖς μηδὲ ἀνειμένος.
33.5
ὅρκον παραίτησαι, εἰ μὲν οἷόν τε, εἰς ἅπαν, εἰ δὲ μή, ἐκ τῶν ἐνόντων.
33.6
ἑστιάσεις τὰς ἔξω καὶ ἰδιωτικὰς διακρούου· ἐὰν δέ ποτε γίνηται καιρός, ἐντετάσθω σοι
ἡ προσοχή, μήποτε ἄρα ὑπορρυῇς εἰς ἰδιωτισμόν. ἴσθι γάρ, ὅτι, ἐὰν ὁ ἑταῖρος ᾖ
μεμολυσμένος, καὶ τὸν συνανατριβόμενον αὐτῷ συμμολύνεσθαι ἀνάγκη, κἂν αὐτὸς
ὢν τύχῃ καθαρός.
33.7
τὰ περὶ τὸ σῶμα μέχρι τῆς χρείας ψιλῆς παραλάμβανε, οἷον τροφάς, πόμα,
ἀμπεχόνην, οἰκίαν, οἰκετίαν· τὸ δὲ πρὸς δόξαν ἢ τρυφὴν ἅπαν περίγραφε.
33.8
περὶ ἀφροδίσια εἰς δύναμιν πρὸ γάμου καθαρευτέον· ἁπτομένῳ δὲ ὧν νόμιμόν ἐστι
μεταληπτέον. μὴ μέντοι ἐπαχθὴς γίνου τοῖς χρωμένοις μηδὲ ἐλεγκτικός· μηδὲ
πολλαχοῦ τὸ ὅτι αὐτὸς οὐ χρῇ, παράφερε.
33.9
ἐὰν τίς σοι ἀπαγγείλῃ ὅτι ὁ δεῖνά σε κακῶς λέγει, μὴ ἀπολογοῦ πρὸς τὰ λεχθέντα,
ἀλλ' ἀποκρίνου διότι ‘ἠγνόει γὰρ τὰ ἄλλα τὰ προσόντα μοι κακά, ἐπεὶ οὐκ ἂν ταῦτα
μόνα ἔλεγεν’.
33.10
εἰς τὰ θέατρα τὸ πολὺ παριέναι οὐκ ἀναγκαῖον. εἰ δέ ποτε καιρὸς εἴη, μηδενὶ
σπουδάζων φαίνου ἢ σεαυτῷ, τοῦτ' ἔστι. θέλε γίνεσθαι μόνα τὰ γινόμενα καὶ νικᾶν
μόνον τὸν νικῶντα· οὕτω γὰρ οὐκ ἐμποδισθήσῃ. βοῆς δὲ καὶ τοῦ ἐπιγελᾶν τινι ἢ ἐπὶ
πολὺ συγκινεῖσθαι παντελῶς ἀπέχου. καὶ μετὰ τὸ ἀπαλλαγῆναι μὴ πολλὰ περὶ τῶν
γεγενημένων διαλέγου, ὅσα μὴ φέρει πρὸς τὴν σὴν ἐπανόρθωσιν· ἐμφαίνεται γὰρ ἐκ
τοῦ τοιούτου, ὅτι ἐθαύμασας τὴν θέαν.
33.11
εἰς ἀκροάσεις τινῶν μὴ εἰκῇ μηδὲ ῥᾳδίως πάριθι· παριὼν δὲ τὸ σεμνὸν καὶ τὸ εὐσταθὲς
καὶ ἅμα ἀνεπαχθὲς φύλασσε.
33.12
ὅταν τινὶ μέλλῃς συμβαλεῖν, μάλιστα τῶν ἐν ὑπεροχῇ δοκούντων, πρόβαλε σαυτῷ, τί
ἂν ἐποίησεν ἐν τούτῳ Σωκράτης ἢ Ζήνων, καὶ οὐκ ἀπορήσεις τοῦ χρήσασθαι
προσηκόντως τῷ ἐμπεσόντι.
33.13
ὅταν φοιτᾷς πρός τινα τῶν μέγα δυναμένων, πρόβαλε, ὅτι οὐχ εὑρήσεις αὐτὸν ἔνδον,
ὅτι ἀποκλεισθήσῃ, ὅτι ἐντιναχθήσονταί σοι αἱ θύραι, ὅτι οὐ φροντιεῖ σου. κἂν σὺν
τούτοις ἐλθεῖν καθήκῃ, ἐλθὼν φέρε τὰ γινόμενα καὶ μηδέποτε εἴπῃς αὐτὸς πρὸς
ἑαυτὸν ὅτι ‘οὐκ ἦν τοσούτου’· ἰδιωτικὸν γὰρ καὶ διαβεβλημένον πρὸς τὰ ἐκτός.
33.14
ἐν ταῖς ὁμιλίαις ἀπέστω τὸ ἑαυτοῦ τινων ἔργων ἢ κινδύνων ἐπὶ πολὺ καὶ ἀμέτρως
μεμνῆσθαι. οὐ γάρ, ὡς σοὶ ἡδύ ἐστι τὸ τῶν σῶν κινδύνων μεμνῆσθαι, οὕτω καὶ τοῖς
ἄλλοις ἡδύ ἐστι τὸ τῶν σοὶ συμβεβηκότων ἀκούειν.
33.15
ἀπέστω δὲ καὶ τὸ γέλωτα κινεῖν· ὀλισθηρὸς γὰρ ὁ τρόπος εἰς ἰδιωτισμὸν καὶ ἅμα
ἱκανὸς τὴν αἰδῶ τὴν πρὸς σὲ τῶν πλησίον ἀνιέναι.
33.16
ἐπισφαλὲς δὲ καὶ τὸ εἰς αἰσχρολογίαν προελθεῖν. ὅταν οὖν τι συμβῇ τοιοῦτον, ἂν μὲν
εὔκαιρον ᾖ, καὶ ἐπίπληξον τῷ προελθόντι· εἰ δὲ μή, τῷ γε ἀποσιωπῆσαι καὶ
ἐρυθριᾶσαι καὶ σκυθρωπάσαι δῆλος γίνου δυσχεραίνων τῷ λόγῳ.
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Traduction française :
[33] 1. Retrace-toi dès maintenant un genre de vie particulier, un plan de
conduite, que tu suivras, et quand tu seras seul et quand tu te trouveras
avec d’autres.
2. Et d’abord garde ordinairement le silence, ou ne dis que ce qui est
nécessaire et en peu de mots. Il pourra arriver, mais rarement, que tu
doives parler quand l’occasion l’exigera ; mais ne parie sur rien de
frivole : ne parle pas de combats de gladiateurs, de courses du cirque,
d’athlètes, de boire et de manger, sujets ordinaires des conversations ;
surtout ne parle pas des personnes, soit pour blâmer, soit pour louer,
soit pour faire de parallèles. 3. Si tu le peux, ramène par tes discours
les entretiens de ceux avec qui tu vis sur des sujets convenables. Si tu
te trouves isolé au milieu d’étrangers, garde le silence.
4. Ne ris pas beaucoup, ni de beaucoup de choses, ni avec excès.
5. Dispense-toi de faire des serments, en toute circonstance, si
cela se peut, ou au moins dans la mesure du possible.
6. Refuse de venir aux repas où tu te trouverais avec des étrangers qui ne
sont pas philosophes ; et si l’occasion l’exige, fais bien attention à ne
pas tomber dans leurs manières. Souviens-toi que quand ton compagnon est
sale, tu ne peux pas te frotter à lui sans te salir, quelque propre que tu
sois toi-même.
7. Ne prends pour les besoins du corps que ce qui est strictement
nécessaire, en fait de nourriture, de boisson, de vêtement, de logement,
de domestiques. Tout ce qui est d’ostentation et de luxe, supprime-le.
8. Si l’on vient te dire qu’un tel dit du mal de toi, ne cherche point à
te justifier sur ce qu’on te rapporte ; réponds seulement : « Il faut
qu’il ne soit pas au courant de ce qu’on peut encore dire sur mon compte ;
autrement il ne se serait pas borné là. »
9. Il n’est pas nécessaire d’aller souvent au spectacle. S’il le faut, ne
t’intéresse sérieusement qu’à toi-même, c’est-à-dire, désire simplement
que les choses arrivent comme elles arrivent et que celui-là soit
vainqueur, qui est vainqueur ; ainsi tu ne seras pas contrarié.
Abstiens-toi entièrement de crier, de rire de tel acteur, de partager les
passions des spectateurs. Quand le spectacle est terminé, ne parle pas
beaucoup de ce qui s’est passé, sauf en ce qui peut contribuer à te rendre
meilleur ; autrement il serait évident que tu as été frappé du spectacle.
10. Ne te décide pas à la légère et facilement à assister à des lectures
publiques. Quand tu y viens, garde une attitude grave et calme qui
n’ait pourtant rien de désagréable.
11. Quand tu dois avoir affaire à quelqu’un, particulièrement à quelqu’un
de puissant, représente-toi ce que Socrate ou Zénon aurait fait en
pareil cas, et tu ne seras pas embarrassé pour te comporter convenablement
dans la circonstance.
12. Quand tu fais des visites à un homme puissant, représente-toi d’avance
que tu ne le trouveras pas chez lui, qu’on ne t’admettra pas, qu’on te
fermera la porte sur le nez, qu’il ne se souciera pas de toi. Et si avec
cela c’est ton office d’y aller, vas-y et supporte ce qui arrive, sans
jamais te dire en toi-même : « Ce n’était pas la peine ; » car cette
réflexion est d’un homme qui n’est pas philosophe et qui se met en colère
pour les choses du dehors.
13. Dans la conversation, évite de parler beaucoup et sans mesure de ce
que tu fais ou des dangers que tu as courus. Si tu as du plaisir à te
souvenir des dangers auxquels tu as été exposé, les autres n’ont pas
autant de plaisir à t’entendre raconter ce qui t’est arrivé. 14. Évite
aussi de chercher à faire rire. On est induit par là à glisser dans le
genre de ceux qui ne sont pas philosophes, et en même temps cela peut
diminuer les égards que les autres ont pour toi. 15. Il est facile aussi
de se laisser aller à tenir des propos obscènes. Quand il arrive quelque
chose de pareil, tu peux, si c’est à propos, aller jusqu’à faire des
reproches à celui qui se le permet ; sinon, témoigne au moins par ton
silence, ta rougeur, ton visage sévère, que cette conversation te déplaît.
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