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[22] 22.1
Εἰ φιλοσοφίας ἐπιθυμεῖς, παρασκευάζου αὐτόθεν ὡς καταγελασθησόμενος, ὡς
καταμωκησομένων σου πολλῶν, ὡς ἐρούντων ὅτι ‘ἄφνω φιλόσοφος ἡμῖν
ἐπανελήλυθε’ καὶ ‘πόθεν ἡμῖν αὕτη ἡ ὀφρύς;’ σὺ δὲ ὀφρὺν μὲν μὴ σχῇς· τῶν δὲ
βελτίστων σοι φαινομένων οὕτως ἔχου, ὡς ὑπὸ τοῦ θεοῦ τεταγμένος εἰς ταύτην τὴν
χώραν· μέμνησό τε διότι, ἐὰν μὲν ἐμμείνῃς τοῖς αὐτοῖς, οἱ καταγελῶντές σου τὸ
πρότερον οὗτοί σε ὕστερον θαυμάσονται, ἐὰν δὲ ἡττηθῇς αὐτῶν, διπλοῦν προσλήψῃ
καταγέλωτα.
| [22] Si tu désires être philosophe, attends-toi dès lors à être un objet de
dérision, à être en butte aux moqueries d’une foule de gens qui disent : «
Il nous est revenu tout à coup philosophe » et « D’où vient cet air
refrogné ? » Toi, n’aie pas l’air refrogné ; mais attache-toi à ce qui te
paraît le meilleur, avec la conviction que la divinité t’a assigné ce
poste : souviens-toi que si tu restes fidèle à tes principes, ceux qui se
moquaient d’abord de toi, t’admireront plus tard ; mais si tu es vaincu
par leurs propos, tu te rendras doublement ridicule.
| [23] 23.1
Ἐάν ποτέ σοι γένηται ἔξω στραφῆναι πρὸς τὸ βούλεσθαι ἀρέσαι τινί, ἴσθι ὅτι
ἀπώλεσας τὴν ἔνστασιν. ἀρκοῦ οὖν ἐν παντὶ τῷ εἶναι φιλόσοφος εἰ δὲ καὶ δοκεῖν
βούλει {τῷ εἶναι}, σαυτῷ φαίνου καὶ ἱκανὸς ἔσῃ.
| [23] S’il t’arrive de te tourner vers l’extérieur par complaisance pour
quelqu’un, sois sûr que tu as perdu ton assiette. Contente-toi donc,
partout, d’être philosophe. Si de plus tu veux le paraître, parais-le à
toi-même ; et c’est suffisant.
| [24] 24.1
Οὗτοί σε οἱ διαλογισμοὶ μὴ θλιβέτωσαν ‘ἄτιμος ἐγὼ βιώσομαι καὶ οὐδεὶς οὐδαμοῦ’. εἰ
γὰρ ἡ ἀτιμία ἐστὶ κακόν, οὐ δύνασαι ἐν κακῷ εἶναι δι' ἄλλον, οὐ μᾶλλον ἢ ἐν αἰσχρῷ·
μή τι οὖν σόν ἐστιν ἔργον τὸ ἀρχῆς τυχεῖν ἢ παραληφθῆναι ἐφ' ἑστίασιν; οὐδαμῶς.
πῶς οὖν ἔτι τοῦτ' ἔστιν ἀτιμία; πῶς δὲ οὐδεὶς οὐδαμοῦ ἔσῃ, ὃν ἐν μόνοις εἶναί τινα δεῖ
τοῖς ἐπὶ σοί, ἐν οἷς ἔξεστί σοι εἶναι πλείστου ἀξίῳ;
24.2
ἀλλά σοι οἱ φίλοι ἀβοήθητοι ἔσονται. τί λέγεις τὸ ἀβοήθητοι; οὐχ ἕξουσι παρὰ σοῦ
κερμάτιον· οὐδὲ πολίτας Ῥωμαίων αὐτοὺς ποιήσεις. τίς οὖν σοι εἶπεν, ὅτι ταῦτα τῶν
ἐφ' ἡμῖν ἐστιν, οὐχὶ δὲ ἀλλότρια ἔργα; τίς δὲ δοῦναι δύναται ἑτέρῳ, ἃ μὴ ἔχει αὐτός;
‘κτῆσαι οὖν’, φησίν, ‘ἵνα ἡμεῖς ἔχωμεν’.
24.3
εἰ δύναμαι κτήσασθαι τηρῶν ἐμαυτὸν αἰδήμονα καὶ πιστὸν καὶ μεγαλόφρονα, δείκνυε
τὴν ὁδὸν καὶ κτήσομαι. εἰ δ' ἐμὲ ἀξιοῦτε τὰ ἀγαθὰ τὰ ἐμαυτοῦ ἀπολέσαι, ἵνα ὑμεῖς τὰ
μὴ ἀγαθὰ περιποιήσησθε, ὁρᾶτε ὑμεῖς, πῶς ἄνισοί ἐστε καὶ ἀγνώμονες. τί δὲ καὶ
βούλεσθε μᾶλλον; ἀργύριον ἢ φίλον πιστὸν καὶ αἰδήμονα; εἰς τοῦτο οὖν μοι μᾶλλον
συλλαμβάνετε καὶ μή, δι' ὧν ἀποβαλῶ αὐτὰ ταῦτα, ἐκεῖνά με πράσσειν ἀξιοῦτε.
24.4
‘ἀλλ' ἡ πατρίς, ὅσον ἐπ' ἐμοί’, φησίν, ‘ἀβοήθητος ἔσται’. πάλιν, ποίαν καὶ ταύτην
βοήθειαν; στοὰς οὐχ ἕξει διὰ σὲ οὔτε βαλανεῖα. καὶ τί τοῦτο; οὐδὲ γὰρ ὑποδήματα ἔχει
διὰ τὸν χαλκέα οὐδ' ὅπλα διὰ τὸν σκυτέα· ἱκανὸν δέ, ἐὰν ἕκαστος ἐκπληρώσῃ τὸ
ἑαυτοῦ ἔργον. εἰ δὲ ἄλλον τινὰ αὐτῇ κατεσκεύαζες πολίτην πιστὸν καὶ αἰδήμονα,
οὐδὲν ἂν αὐτὴν ὠφέλεις; ‘ναί.’ οὐκοῦν οὐδὲ σὺ αὐτὸς ἀνωφελὴς ἂν εἴης αὐτῇ.
24.5
‘τίνα οὖν ἕξω’, φησί, ‘χώραν ἐν τῇ πόλει;’ ἣν ἂν δύνῃ φυλάττων ἅμα τὸν πιστὸν καὶ
αἰδήμονα. εἰ δὲ ἐκείνην ὠφελεῖν βουλόμενος ἀποβαλεῖς ταῦτα, τί ὄφελος ἂν αὐτῇ
γένοιο ἀναιδὴς καὶ ἄπιστος ἀποτελεσθείς;
| [24] 1. Ne t’afflige pas par des raisonnements comme : « Je vivrai sans
considération et je ne serai rien nulle part. » Si le manque de
considération est un mal, tu ne peux souffrir de mal par le fait d’autrui,
non plus que de honte. Est-ce que c’est quelque chose qui dépend de toi,
que d’obtenir une charge ou d’être invité à un grand repas ? nullement.
Comment est-ce donc une humiliation ? Comment ne seras-tu rien nulle part,
toi qui ne dois être quelque chose que dans ce qui dépend de toi, là où tu
peux avoir le plus grand mérite ?
2. Mais tu ne viendras pas en aide à tes amis. Qu’est-ce que tu dis là, ne
pas venir en aide ? Tu ne leur donneras pas de monnaie ? Tu ne les feras
pas citoyens romains ? Et qui donc t’a dit que ce sont là des choses
qui dépendent de nous, et non d’autrui ? Qui est-ce qui peut donner à un
autre ce qu’il n’a pas lui-même ? « Acquiers, » dira l’un d’eux,
«pour que nous ayons. » 3. Si je puis acquérir en restant discret, sois
magnanime, montre-moi le moyen, et j’acquerrai. Si vous exigez que je
perde les biens qui me sont propres pour vous acquérir ce qui n’est pas un
bien, voyez vous-mêmes comme vous êtes injustes et déraisonnables. Et que
préférez-vous donc ? de l’argent ou un ami loyal et réservé ? Aidez-moi
donc plutôt à acquérir ce bien-là, et n’exigez pas que je fasse ce qui me
le fera perdre.
4. « Mais, » dira quelqu’un, « ma patrie, je ne lui viendrai pas en aide,
autant qu’il est en moi. » Encore une fois, quelle aide ? Elle ne te devra
pas de portiques, de bains ? Et qu’est-ce que cela ? Tes concitoyens
ne sont pas non plus chaussés par l’armurier, ni armés par le cordonnier ;
il suffit que chacun remplisse sa tâche. Si tu procurais à ta patrie
quelque autre citoyen loyal et réservé, ne lui aurais-tu rendu aucun
service ? — « C’est vrai. » — Eh bien ! alors, tu ne lui seras pas non
plus inutile. 5. « Quelle place aurai-je donc dans l’État ? » — Celle que
tu peux avoir en restant homme loyal et réservé. Mais si pour venir en
aide à ta patrie, tu perds ces biens, de quelle utilité peux-tu lui être
quand tu seras devenu impudent et déloyal ?
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