HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Arrien, Les Entretiens d'Épictête, livre I

Chapitre 20

  Chapitre 20

[1,20] Περὶ τοῦ λόγου πῶς αὑτοῦ θεωρητικός ἐστιν. Πᾶσα τέχνη καὶ δύναμις προηγουμένων τινῶν ἐστι θεωρητική. ὅταν μὲν οὖν ὁμοειδὴς τοῖς θεωρουμένοις καὶ αὐτή, ἀναγκαίως καὶ αὑτῆς γίνεται θεωρητική· ὅταν δ´ ἀνομογενής, οὐ δύναται θεωρεῖν ἑαυτήν. οἷον σκυτικὴ περὶ δέρματα ἀναστρέφεται, αὐτὴ δὲ παντελῶς ἀπήλλακται τῆς ὕλης τῶν δερμάτων· διὰ τοῦτο οὐκ ἔστιν αὑτῆς θεωρητική. γραμματικὴ πάλιν περὶ τὴν ἐγγράμματον φωνήν· μή τι οὖν ἐστι καὶ αὐτὴ ἐγγράμματος φωνή; οὐδαμῶς. διὰ τοῦτο οὐ δύναται θεωρεῖν ἑαυτήν. οὖν λόγος πρὸς τί ποτε ὑπὸ τῆς φύσεως παρείληπται; πρὸς χρῆσιν φαντασιῶν οἵαν δεῖ. αὐτὸς οὖν τί ἐστιν; σύστημα ἐκ ποιῶν φαντασιῶν. οὕτως γίνεται φύσει καὶ αὑτοῦ θεωρητικός. πάλιν φρόνησις τίνα θεωρήσουσα παρελήλυθεν; ἀγαθὰ καὶ κακὰ καὶ οὐδέτερα. αὐτὴ οὖν τί ἐστιν; ἀγαθόν. δ´ ἀφροσύνη τί ἐστιν; κακόν. ὁρᾷς οὖν ὅτι ἀναγκαίως καὶ αὑτῆς γίνεται καὶ τῆς ἐναντίας θεωρητική; διὰ τοῦτο ἔργον τοῦ φιλοσόφου τὸ μέγιστον καὶ πρῶτον δοκιμάζειν τὰς φαντασίας καὶ διακρίνειν καὶ μηδεμίαν ἀδοκίμαστον προσφέρεσθαι. ὁρᾶτε ἐπὶ τοῦ νομίσματος, ὅπου δοκεῖ τι εἶναι πρὸς ἡμᾶς, πῶς καὶ τέχνην ἐξευρήκαμεν καὶ ὅσοις ἀργυρογνώμων προσχρῆται πρὸς δοκιμασίαν τοῦ νομίσματος, τῇ ὄψει, τῇ ἁφῇ, τῇ ὀσφρασίᾳ, τὰ τελευταῖα τῇ ἀκοῇ· ῥήξας τὸ δηνάριον τῷ ψόφῳ προσέχει καὶ οὐχ ἅπαξ ἀρκεῖται ψοφήσαντος, ἀλλ´ ὑπὸ τῆς πολλῆς προσοχῆς μουσικὸς γίνεται. οὕτως ὅπου διαφέρειν οἰόμεθα τὸ πλανᾶσθαι τοῦ μὴ πλανᾶσθαι, ἐνταῦθα πολλὴν προσοχὴν εἰσφέρομεν εἰς διάκρισιν τῶν διαπλανᾶν δυναμένων, ἐπὶ δὲ ταλαιπώρου ἡγεμονικοῦ χάσκοντες καὶ καθεύδοντες, πᾶσαν φαντασίαν παραπροσδεχόμεθα· γὰρ ζημία οὐ προσπίπτει. Ὅταν οὖν θέλῃς γνῶναι, πῶς ἔχεις περὶ μὲν τἀγαθὰ καὶ κακὰ ἀνειμένως, περὶ τἀδιάφορα δ´ ἐσπευσμένως, ἐπίστησον πῶς ἔχεις πρὸς τὸ ἐκτυφλωθῆναι καὶ πῶς πρὸς τὸ ἐξαπατηθῆναι καὶ γνώσῃ ὅτι μακρὰν εἶ τοῦ ὡς δεῖ πεπονθέναι περὶ ἀγαθῶν καὶ κακῶν. ‘ἀλλὰ πολλῆς ἔχει χρείαν παρασκευῆς καὶ πόνου πολλοῦ καὶ μαθημάτων.’ τί οὖν; ἐλπίζεις ὅτι τὴν μεγίστην τέχνην ἀπὸ ὀλίγων ἔστιν ἀναλαβεῖν; καίτοι αὐτὸς μὲν προηγούμενος λόγος τῶν φιλοσόφων λίαν ἐστὶν ὀλίγος. εἰ θέλεις γνῶναι, ἀνάγνωθι τὰ Ζήνωνος καὶ ὄψει. τί γὰρ ἔχει μακρὸν εἰπεῖν ὅτι τέλος ἐστὶ τὸ ἕπεσθαι θεοῖς, οὐσία δ´ ἀγαθοῦ χρῆσις οἵα δεῖ φαντασιῶν; λέγετί οὖν ἐστι θεὸς καὶ τί φαντασία; καὶ τί ἐστι φύσις ἐπὶ μέρους καὶ τί ἐστι φύσις τῶν ὅλων;’ ἤδη μακρόν. ἂν οὖν ἐλθὼν Ἐπίκουρος εἴπῃ, ὅτι ἐν σαρκὶ δεῖ εἶναι τὸ ἀγαθόν, πάλιν μακρὸν γίνεται καὶ ἀνάγκη ἀκοῦσαι τί τὸ προηγούμενόν ἐστιν ἐφ´ ἡμῶν, τί τὸ ὑποστατικὸν καὶ οὐσιῶδες. ὅτι τὸ κοχλίου ἀγαθὸν οὐκ εἰκὸς εἶναι ἐν τῷ κελύφει, τὸ οὖν τοῦ ἀνθρώπου εἰκός; σὺ δ´ αὐτὸς τί κυριώτερον ἔχεις, Ἐπίκουρε; τί ἐστιν ἐν σοὶ τὸ βουλευόμενον, τὸ ἐπισκεπτόμενον ἕκαστα, τὸ περὶ τῆς σαρκὸς αὐτῆς ὅτι τὸ προηγούμενόν ἐστιν {τὸ} ἐπικρῖνον; τί δὲ καὶ λύχνον ἅπτεις καὶ πονεῖς ὑπὲρ ἡμῶν καὶ τηλικαῦτα βιβλία γράφεις; ἵνα μὴ ἀγνοήσωμεν ἡμεῖς τὴν ἀλήθειαν; τίνες ἡμεῖς; τί πρὸς σὲ ὄντες; οὕτω μακρὸς λόγος γίνεται. [1,20] CHAPITRE XX : Comment la raison se contemple elle-même. Toute espèce d'art ou de faculté a un objet spécial de ses études. Quand elle est de même nature que cet objet, elle s'étudie forcément aussi elle-même ; mais quand elle est de nature différente, elle ne peut pas s'étudier ainsi. L'art du cordonnier, par exemple, s'occupe des cuirs, mais sa nature est à mille lieues de celle des cuirs ; aussi ne peut-il s'étudier lui-même. La grammaire à son tour s'occupe d'écrire les mots, mais est-elle elle-même un mot à écrire? Non. Aussi ne peut-elle s'étudier elle-même. Pourquoi donc la nature nous a-t-elle donné la raison? pour user des idées, comme il faut en user. Or, qu'est-elle elle-même? un certain ensemble d'idées. Elle peut ainsi, en vertu de sa nature, s'examiner elle-même. La sagesse, à son tour, pour l'étude de quoi nous a-t-elle été donnée? Pour l'étude de ce qui est bien, de ce qui est mal, et de ce qui est indifférent. Qu'est-elle donc elle-même? Un bien. Et le manque de sagesse? Un mal. Tu vois bien que forcément elle doit pouvoir s'étudier elle-même et étudier son contraire. Aussi le premier et le plus important devoir du philosophe est-il d'examiner ses idées, de les juger, et de n'adhérer à aucune qu'après examen. Voyez comme nous avons su trouver un art pour la monnaie qui semble nous intéresser si fort, et de combien de moyens se sert l'essayeur d'argent pour la vérifier. Il se sert de la vue, du toucher, de l'odorat, et finalement de l'ouïe. Il frappe sur une pièce, écoute le son, et ne se contente pas de la faire sonner une fois ; c'est à force de s'y reprendre que son oreille arrive à juger. C'est ainsi que, lorsque nous croyons qu'il est pour nous de grande conséquence de nous tromper ou de ne pas nous tromper, nous apportons la plus grande attention à l'examen des choses qui peuvent nous tromper. Mais, bâillant et endormis, pour tout ce qui regarde notre faculté malheureuse, nous acceptons n'importe quelle représentation; c'est que nous n'en ressentons pas le dommage. Quand donc tu sauras à quel point tu es négligent en ce qui concerne le bien et le mal, et à quel point tu es actif en ce qui concerne les choses qui te sont indifférentes, pense alors comment tu te sens lorsque tu es privé de vue et lorsque tu te trompes, et tu découvriras que tu es loin du sentiment que tu devrais avoir vis-à-vis du bien et du mal. - Mais c'est une question qui exige beaucoup de préparation, beaucoup de travail et d'étude. - Eh quoi ! comptes-tu acquérir le plus grand des arts à peu de frais ? Sans doute la doctrine essentielle des philosophes est très courte. Si tu as l'occasion, lis les écrits de Zénon et tu verras qu'en peu de mots il indique que la fin de l'homme (ou de l'objet) est de suivre les dieux, et que l'essence du bien est une utilisation appropriée de ses représentations. Mais si tu dis : Qu'est-ce Dieu ? Quel est sa nature ? Est-ce celle d'un être particulier ou celle de l'univers ? alors en effet tu auras besoin de beaucoup de mots. Si alors Epicure arrive et dit que le bien doit être dans le corps ; alors dans ce cas-là on aura besoin d'encore plus de mots, et il nous faudra apprendre ce qui est en nous l'essentiel, le principe fondamental et la partie essentielle ; et comme il n'est pas probable que le bien d'un escargot soit dans la coquille, est-il probable que le bien d'un homme soit dans son corps ? Mais toi, Epicure, possède-tu toi-même quelque chose d'essentiel. Qu'est-ce qui en toi délibère, qu'est ce qui examine chaque chose, qu'est-ce qui forme un jugement sur le corps lui-même et qui juge qu'il est la partie principale ? et pourquoi allumer ta lampe et travailler pour nous, pourquoi écrire tant de livres ? Qui nous ? et que sommes nous en ce qui te concerne ? Ainsi la discussion s'allonge.


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Dernière mise à jour : 7/06/2007