Texte grec :
[4,5b] Ποῦ οὖν ἔτι μάχης τόπος τῷ οὕτως ἔχοντι; μὴ
γὰρ θαυμάζει τι τῶν γινομένων; μὴ γὰρ καινὸν αὐτῷ
φαίνεται; μὴ γὰρ οὐ χείρονα καὶ χαλεπώτερα προσδέχεται τὰ παρὰ τῶν φαύλων
ἢ ἀποβαίνει αὐτῷ; μὴ γὰρ οὐ κέρδος λογίζεται πᾶν ὅ τι ἀπολείπουσιν τοῦ
ἐσχάτου; ‘ἐλοιδόρησέν σε ὁ δεῖνα.’ πολλὴ χάρις αὐτῷ,
ὅτι μὴ ἔπληξεν. ‘ἀλλὰ καὶ ἔπληξεν.’ πολλὴ χάρις, ὅτι
μὴ ἔτρωσεν. ‘ἀλλὰ καὶ ἔτρωσεν’. πολλὴ χάρις, ὅτι μὴ
ἀπέκτεινεν. πότε γὰρ ἔμαθεν ἢ παρὰ τίνι, ὅτι ἥμερόν
ἐστι ζῷον, ὅτι φιλάλληλον, ὅτι μεγάλη βλάβη
τῷ ἀδικοῦντι αὐτὴ ἡ ἀδικία; ταῦτα οὖν μὴ μεμαθηκὼς μηδὲ πεπεισμένος,
διὰ τί μὴ ἀκολουθήσῃ τῷ
φαινομένῳ συμφέροντι; ‘βέβληκεν ὁ γείτων λίθους’.
μή τι οὖν σὺ ἡμάρτηκας; ‘ἀλλὰ τὰ ἐν οἴκῳ κατεάγη’.
σὺ οὖν σκευάριον εἶ; οὔ, ἀλλὰ προαίρεσις. τί οὖν σοι
δίδοται πρὸς τοῦτο; ὡς μὲν λύκῳ ἀντιδάκνειν καὶ
ἄλλους πλείονας λίθους βάλλειν· ἀνθρώπῳ δ´ ἐὰν
ζητῇς, ἐπίσκεψαί σου τὸ ταμιεῖον, ἴδε τίνας δυνάμεις
ἔχων ἐλήλυθας· μή τι τὴν θηριώδη; μή τι τὴν μνησικακητικήν;
ἵππος οὖν πότ´ ἄθλιός ἐστιν; ὅταν τῶν
φυσικῶν δυνάμεων στέρηται· οὐχ ὅταν μὴ δύνηται
κοκκύζειν, ἀλλ´ ὅταν μὴ τρέχειν. ὁ δὲ κύων; ὅταν
πέτεσθαι μὴ δύνηται; ἀλλ´ ὅταν μὴ ἰχνεύειν. μή ποτ´
οὖν οὕτως καὶ ἄνθρωπος δυστυχής ἐστιν οὐχ ὁ μὴ δυνάμενος
λέοντας πνίγειν ἢ ἀνδριάντας περιλαμβάνειν
(οὐ γὰρ πρὸς τοῦτο δυνάμεις τινὰς ἔχων ἐλήλυθεν
παρὰ τῆς φύσεως), ἀλλ´ ὁ ἀπολωλεκὼς τὸ εὔγνωμον, ὁ
τὸ πιστόν; τοῦτον ἔδει συνελθόντας θρηνεῖν, εἰς
ὅσα κακὰ ἐλήλυθεν· οὐχὶ μὰ Δία τὸν φύντα ἢ
τὸν ἀποθανόντα, ἀλλ´ ᾧ ζῶντι συμβεβήκει ἀπολέσαι
τὰ ἴδια, οὐ τὰ πατρῷα, τὸ ἀγρίδιον καὶ τὸ οἰκίδιον καὶ
τὸ πανδοκεῖον καὶ τὰ δουλάρια (τούτων γὰρ οὐδὲν
ἴδιον τῷ ἀνθρώπῳ ἐστίν, ἀλλὰ πάντα ἀλλότρια, δοῦλα,
ὑπεύθυνα ἄλλοτε ἄλλοις διδόμενα ὑπὸ τῶν κυρίων),
ἀλλὰ τὰ ἀνθρωπικά, τοὺς χαρακτῆρας, οὓς ἔχων ἐν τῇ
διανοίᾳ ἐλήλυθεν, οἵους καὶ ἐπὶ τῶν νομισμάτων ζητοῦντες, ἂν μὲν εὕρωμεν,
δοκιμάζομεν, ἂν δὲ μὴ εὕρωμεν, ῥιπτοῦμεν. ‘τίνος ἔχει τὸν χαρακτῆρα τοῦτο τὸ
τετράσσαρον; Τραιανοῦ; φέρε. Νέρωνος; ῥῖψον ἔξω,
ἀδόκιμόν ἐστιν, σαπρόν. οὕτως καὶ ἐνθάδε. τίνα ἔχει
χαρακτῆρα τὰ δόγματα αὐτοῦ; ’ἥμερον, κοινωνικόν, ἀνεκτικόν, φιλάλληλον.‘
φέρε, παραδέχομαι, ποιῶ πολίτην
τοῦτον, παραδέχομαι γείτονα, σύμπλουν. ὅρα μόνον,
μὴ Νερωνιανὸν ἔχει χαρακτῆρα. μή τι ὀργίλος ἐστίν, μή
τι μηνιτής, μή τι μεμψίμοιρος; ’ἂν αὐτῷ φανῇ, πατάσσει
τὰς κεφαλὰς τῶν ἀπαντώντων.‘ τί οὖν ἔλεγες, ὅτι ἄνθρωπός ἐστιν;
μὴ γὰρ ἐκ ψιλῆς μορφῆς κρίνεται τῶν
ὄντων ἕκαστον; ἐπεὶ οὕτως λέγε καὶ τὸ κήρινον μῆλον
εἶναι. καὶ ὀδμὴν ἔχειν αὐτὸ δεῖ καὶ γεῦσιν· οὐκ ἀρκεῖ
ἡ ἐκτὸς περιγραφή. οὐκοῦν οὐδὲ πρὸς τὸν ἄνθρωπον
ἡ ῥὶς ἐξαρκεῖ καὶ οἱ ὀφθαλμοί, ἀλλ´ ἂν τὰ δόγματα
ἔχῃ ἀνθρωπικά. οὗτος οὐκ ἀκούει λόγου, οὐ παρακολουθεῖ ἐλεγχόμενος·
ὄνος ἐστίν. τούτου τὸ αἰδῆμον
ἀπονενέκρωται· ἄχρηστός ἐστιν, πάντα μᾶλλον ἢ ἄνθρωπος. οὗτος ζητεῖ, τίνα
ἀπαντήσας λακτίσῃ ἢ δάκῃ· ὥστε
οὐδὲ πρόβατον ἢ ὄνος, ἀλλά τί ποτε ἄγριον θηρίον.
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Traduction française :
[4,5b] Quelle occasion de dispute y a-t-il donc encore pour celui qui est dans
ces sentiments? Rien de tout ce qui arrive l'étonne-t-il? Rien lui
paraît-il extraordinaire? Est-ce qu'il ne s'attend pas toujours, de la
part des méchants, à des choses plus fâcheuses et plus tristes que ce qui
lui arrivé? Est-ce qu'il ne regarde pas comme autant de gagné tout ce qui
manque au malheur complet? « Un tel t'a injurié (dit-il), sache-lui gré de
ne pas t'avoir frappé. — Mais il m'a frappé ! — Sache-lui gré de ne pas
t'avoir blessé. — Mais il m'a blessé ! — Sache-lui gré de ne pas t'avoir
tué. En effet, quand, ou de qui, a-t-il appris qu'il est un animal
sociable, fait pour aimer les autres, et que l'injustice est un grand mal
pour qui la commet ! Et, puisqu'il ne l'a pas appris, et qu'il ne le croit
pas, comment ne suivrait-il pas ce qui lui semblé son intérêt? — Mon
voisin m'a jeté des pierres !— Eh bien ! as-tu pour ta part commis quelque
faute? — Tout ce qui est dans ma maison a été brisé ! — Serais-tu donc
toi-même un meuble? Non : tu es un jugement et une volonté. Qu'est-ce qui
t'a donc été donné contre ce dont tu te plains? En tant que tu tiens du
loup, il t'a été donné de mordre à ton tour, et de jeter un plus grand
nombre de pierres. Si tu cherches ce qui t'a été donné en tant que tu es
homme, regarde dans ta bourse, et vois quelles ressources tu avais en
venant ici. Serait-ce la férocité? Serait-ce l'esprit de vengeance? Quand
un cheval est-il malheureux? Quand il a perdu ses facultés naturelles ;
non quand il ne peut point chanter comme le coq, mais quand il ne peut
plus courir. Et le chien? Non quand il ne peut point voler, mais quand il
ne peut plus suivre la piste. Eh bien ! n'est-il pas pareillement vrai que
l'homme malheureux n'est pas celui qui ne peut étrangler des lions, ou
embrasser des statues (nul n'est venu au monde en tenant de la nature des
moyens pour cela), mais celui qui perd sa bienveillance et sa loyauté?
Voilà celui sur qui devraient gémir ceux qui le rencontrent, à la vue des
maux dans lesquels il est tombé. Par Jupiter ! il faut le plaindre, non
pas d'être né ou d'être mort, mais d'avoir perdu de son vivant ce qui lui
appartenait en propre : non point son patrimoine, son champ, sa maison,
son hôtellerie, ses esclaves (rien de tout cela n'appartient à l'individu;
ce sont toutes choses en dehors de lui, au pouvoir et à la merci d'autrui,
que donnent tantôt à l'un, tantôt à l'autre, ceux qui en sont les
maîtres), mais ce qui est vraiment de l'homme, la marque qu'il portait
dans son âme, lorsqu'il est venu au monde, marque semblable à celle que
nous cherchons sur les monnaies, pour les juger bonnes quand nous l'y
trouvons, pour les rejeter quand nous ne l'y trouvons pas. « Quelle marque
(disons-nous) a cette pièce de quatre as? — La marque de Trajan. —
Apporte. — Elle a la marque de Néron. — Jette-là ; elle est de mauvais
aloi ; elle est altérée. » Il en est de même ici : « Quelle marque portent
ses façons de penser et de vouloir? — Celle d'un être doux, sociable,
patient, affectueux. — Apporte. Je le reçois; j'en fais mon concitoyen; je
le reçois pour voisin, et pour compagnon de traversée. Prends garde
seulement qu'il ne porte pas la marque de Néron. Ne serait-il pas colère,
rancunier, mécontent de tout? Ne serait-il pas sujet, quand l'idée lui en
vient, à casser la tête de ceux qu'il rencontre? Si cela est, pourquoi
l'appelais-tu un homme? Ce n'est pas à la forme seule qu'on distingue
chaque espèce d'êtres. A ce compte, en effet, il faudrait dire qu'une
pomme en cire est une vraie pomme, tandis qu'il y faut encore et l'odeur
et le goût, la configuration extérieure n'y suffisant pas. De même, pour
faire un homme il ne suffit pas des narines et des yeux ; il y faut encore
des façons de penser et de vouloir qui soient d'un homme. » Un tel
n'écoute pas la raison ; il ne se rend pas, quand on l'a convaincu
d'erreur : ce n'est qu'un âne. Toute retenue est morte chez cet autre : il
n'est bon à rien ; il n'y a rien qu'il ne soit plutôt qu'un homme.
Celui-ci cherche à rencontrer quelqu'un afin de ruer ou de mordre : ce
n'est pas même un mouton ou un âne ; c'est une bête sauvage.»
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