Texte grec :
[4,2] Περὶ συμπεριφορᾶς.
Τούτῳ τῷ τόπῳ πρὸ πάντων σε δεῖ προσέχειν, μή
ποτε ἄρα τῶν προτέρων συνήθων ἢ φίλων ἀνακραθῇς
τινι οὕτως, ὥστ´ εἰς τὰ αὐτὰ συγκαταβῆναι αὐτῷ· εἰ
δὲ μή, ἀπολεῖς σεαυτόν. ἂν δέ ς´ ὑποτρέχῃ ὅτι ‘ἀδέξιος
αὐτῷ φανοῦμαι καὶ οὐχ ὁμοίως ἕξει ὡς πρότερον’,
μέμνησο, ὅτι προῖκα οὐδὲν γίνεται οὐδ´ ἔστι δυνατὸν
μὴ τὰ αὐτὰ ποιοῦντα {μὴ} τὸν αὐτὸν εἶναι τῷ ποτέ.
ἐλοῦ οὖν πότερον θέλεις, ὁμοίως φιλεῖσθαι ὑφ´ ὧν
πρότερον ὅμοιος ὢν τῷ πρότερον σεαυτῷ ἢ κρείσσων
ὢν μὴ τυγχάνειν τῶν ἴσων. εἰ γὰρ τοῦτο κρεῖσσον,
αὐτόθεν ἀπόνευσον ἐπὶ τοῦτο μηδέ σε περισπάτωσαν
οἱ ἕτεροι διαλογισμοί. οὐδεὶς γὰρ ἐπαμφοτερίζων δύναται προκόψαι,
ἀλλ´ εἰ τοῦτο πάντων προκέκρικας, εἰ
πρὸς τούτῳ μόνῳ θέλεις εἶναι, εἰ τοῦτο ἐκπονῆσαι,
ἄφες ἅπαντα τἆλλα· εἰ δὲ μή, οὗτος ὁ ἐπαμφοτερισμὸς
ἑκάτερόν σοι ποιήσει, οὔτε προκόψεις κατ´ ἀξίαν οὔτ´
ἐκείνων τεύξῃ, ὧν πρότερον ἐτύγχανες. πρότερον γὰρ
εἰλικρινῶς ἐφιέμενος τῶν οὐδενὸς ἀξίων ἡδὺς ἦς τοῖς
συνοῦσιν. οὐ δύνασαι δ´ ἐν ἀμφοτέρῳ τῷ εἴδει διενεγκεῖν· ἀλλ´ ἀνάγκη,
καθόσον ἂν τοῦ ἑτέρου κοινωνῇς,
ἀπολείπεσθαί ς´ ἐν θατέρῳ. οὐ δύνασαι μὴ πίνων μεθ´
ὧν ἔπινες ὁμοίως ἡδὺς αὐτοῖς φαίνεσθαι· ἑλοῦ οὖν,
πότερον μεθυστὴς εἶναι θέλεις καὶ ἡδὺς ἐκείνοις ἢ νήφων ἀηδής.
οὐ δύνασαι μὴ ᾄδων μεθ´ ὧν ᾖδες ὁμοίως
φιλεῖσθαι ὑπ´ αὐτῶν· ἑλοῦ οὖν καὶ ἐνταῦθα, πότερον
θέλεις. εἰ γὰρ κρεῖσσον τὸ αἰδήμονα εἶναι καὶ κόσμιον
τοῦ εἰπεῖν τινα ‘ἡδὺς ἄνθρωπος’, ἄφες τὰ ἕτερα, ἀπόγνωθι,
ἀποστράφηθι, μηδὲν σοὶ καὶ αὐτοῖς. εἰ δὲ μὴ
ἀρέσει ταῦτα, ὅλος ἀπόκλινον ἐπὶ τἀναντία· γενοῦ εἷς
τῶν κιναίδων, εἷς τῶν μοιχῶν καὶ ποίει τὰ ἑξῆς καὶ
τεύξῃ ὧν θέλεις. καὶ ἀναπηδῶν ἐπικραύγαζε τῷ ὀρχηστῇ. διάφορα δ´ οὕτως
πρόσωπα οὐ μίγνυται· οὐ δύνασαι καὶ Θερσίτην ὑποκρίνασθαι καὶ Ἀγαμέμνονα.
ἂν Θερσίτης εἶναι θέλῃς, κυρτόν σε εἶναι δεῖ, φαλακρόν·
ἂν Ἀγαμέμνων, μέγαν καὶ καλὸν καὶ τοὺς ὑποτεταγμένους φιλοῦντα.
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Traduction française :
[4,2] CHAPITRE II : Sur nos liaisons.
Voici un point auquel il te faut faire attention avant tout : ne te lie
avec aucun de tes habitués ou de tes amis d'autrefois, jusqu'à descendre
où il en est descendu; sinon, tu te perdras. Si l'idée te vient qu'il te
trouvera déplaisant, et qu'il ne sera plus pour toi ce qu'il était
auparavant, rappelle-toi que l'on n'a rien pour rien, et qu'on ne peut
pas, en n'agissant plus de même, rester l'homme qu'on était jadis. Décide
donc lequel tu préfères : ou de garder intacte l'affection de ceux qui
t'aimaient auparavant, en demeurant ce qu'auparavant tu étais ; ou de ne
plus obtenir d'eux la même affection, en devenant meilleur. Si c'est ce
dernier parti qui vaut le mieux, il faut le prendre, et sur-le-champ, sans
t'en laisser détourner par d'autres considérations. Il n'est pas possible
d'avancer, quand on va tantôt d'un côté, tantôt d'un autre. Si tu as jugé
que ce parti valait mieux que tous les autres, si tu veux t'attacher à lui
seul, et ne travailler que pour lui, laisse-moi là tout le reste. Sinon,
ces tergiversations auront pour toi ce double résultat, que tu ne feras
pas les progrès que tu devrais faire, et qu'on ne t'accordera plus ce
qu'on t'accordait auparavant. Auparavant, quand tu désirais franchement
des objets sans valeur réelle, tu étais agréable à tes amis; mais tu ne
peux pas réussir aux deux choses à la fois : il faut nécessairement que ce
que tu gagneras d'un côté, tu le perdes de l'autre. Tu ne peux pas, si tu
cesses de boire avec qui tu buvais, paraître à ces gens aussi agréable
qu'alors. Décide donc ce que tu préfères : ou de t'enivrer et de leur être
agréable, ou de leur déplaire en étant sobre. Tu ne peux pas, si tu cesses
de chanter avec qui tu chantais, rester aussi cher à ces gens. Choisis
donc encore ici le lot que tu voudras, s'il vaut mieux être tempérant et
réglé, que de faire dire de soi : « Quel homme agréable! » laisse-moi là
tout le reste; renonces-y; détourne-t'en; n'y touche plus. Si ce parti-là
ne te plaît pas, donne-toi tout entier au parti contraire : sois un de nos
hommes-femmes ; sois un de nos coureurs d'aventures ; fais tout ce qui
s'en suit, et tu arriveras à ce que tu veux. N'oublie pas aussi de
trépigner des pieds en acclamant le baladin. Mais on ne peut pas réunir en
soi ces deux personnages si différents : on ne peut pas jouer à la fois le
rôle de Thersite et celui d'Agamemnon. Si tu veux être Thersite, il te
faut être bossu et chauve ; si tu veux être Agamemnon, il te faut être
beau, et de haute taille, et aimer ceux qui te sont subordonnés.
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