Texte grec :
[4,1m] Ταῦτα μελέτα, ταῦτα τὰ δόγματα, τούτους τοὺς λόγους, εἰς ταῦτα ἀφόρα τὰ
παραδείγματα, εἰ θέλεις ἐλεύθερος εἶναι, εἰ ἐπιθυμεῖς κατ´ ἀξίαν τοῦ πράγματος.
καὶ τί θαυμαστόν, εἰ τηλικοῦτο πρᾶγμα τοσούτων καὶ
τηλικούτων ὠνῇ; ὑπὲρ τῆς νομιζομένης ἐλευθερίας ταύτης οἱ μὲν ἀπάγχονται, οἱ
δὲ κατακρημνίζουσιν αὑτούς,
ἔστι δ´ ὅτε καὶ πόλεις ὅλαι ἀπώλοντο· ὑπὲρ τῆς ἀληθ{ε}ινῆς καὶ ἀνεπιβουλεύτου
καὶ ἀσφαλοῦς ἐλευθερίας
ἀπαιτοῦντι τῷ θεῷ ἃ δέδωκεν οὐκ ἐκστήσῃ; οὐχ, ὡς
Πλάτων λέγει, μελετήσεις οὐχὶ ἀποθνῄσκειν μόνον, ἀλλὰ καὶ στρεβλοῦσθαι καὶ
φεύγειν καὶ δέρεσθαι καὶ
πάνθ´ ἁπλῶς ἀποδιδόναι τἀλλότρια; ἔσει τοίνυν δοῦλος
ἐν δούλοις, κἂν μυριάκις ὑπατεύσῃς, κἂν εἰς τὸ παλάτιον ἀναβῇς, οὐδὲν ἧττον·
καὶ αἰσθήσει, ὅτι παράδοξα μὲν ἴσως φασὶν οἱ φιλόσοφοι, καθάπερ καὶ
ὁ Κλεάνθης ἔλεγεν, οὐ μὴν παράλογα. ἔργῳ γὰρ
εἴσῃ, ὅτι ἀληθῆ ἐστι καὶ τούτων τῶν θαυμαζομένων
καὶ σπουδαζομένων ὄφελος οὐδέν ἐστι τοῖς τυχοῦσι·
τοῖς δὲ μηδέπω τετευχόσι φαντασία γίνεται, ὅτι παραγενομένων αὐτῶν ἅπαντα
παρέσται αὐτοῖς τὰ ἀγαθά·
εἶθ´ ὅταν παραγένηται, τὸ καῦμα ἴσον, ὁ ῥιπτασμὸς ὁ
αὐτός, ἡ ἄση, ἡ τῶν οὐ παρόντων ἐπιθυμία. οὐ γὰρ
ἐκπληρώσει τῶν ἐπιθυμουμένων ἐλευθερία παρασκευάζεται, ἀλλὰ ἀνασκευῇ
τῆς ἐπιθυμίας. καὶ ἵν´ εἰδῇς,
ὅτι ἀληθῆ ταῦτά ἐστιν, ὡς ἐκείνων ἕνεκα πεπόνηκας,
οὕτως καὶ ἐπὶ ταῦτα μετάθες τὸν πόνον· ἀγρύπνησον
ἕνεκα τοῦ δόγμα περιποιήσασθαι ἐλευθεροποιόν, θεράπευσον ἀντὶ γέροντος
πλουσίου φιλόσοφον, περὶ θύρας ὄφθητ{α}ι τὰς τούτου· οὐκ ἀσχημονήσεις
ὀφθείς, οὐκ ἀπελεύσῃ κενὸς οὐδ´ ἀκερδής, ἂν ὡς δεῖ προσέλθῃς. εἰ
δὲ μή, πείρασόν γ´· οὐκ ἔστιν αἰσχρὰ ἡ πεῖρα.
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Traduction française :
[4,1m] Voilà les principes, voilà les paroles qu'il te faut méditer. Voilà les
exemples qu'il te faut contempler, si tu veux être libre, si tu le désires
comme la chose en vaut la peine. Et qu'y a-t-il d'étonnant à ce qu'une
chose de cette importance s'achète si cher et à si haut prix? Pour la
prétendue liberté, il y a des gens qui se pendent, et d'autres qui se
précipitent de haut sur le sol; il y a même des villes entières qui ont
péri pour elle ; et, pour avoir la vraie liberté, celle qui est à l'abri
de toute embûche et de tout péril, tu refuseras de rendre à Dieu ce qu'il
t'a donné, lorsqu'il te le réclame ! Refuseras-tu de te préparer, comme le
dit Platon, non seulement à mourir, mais encore à être mis en croix, à
être exilé, à être écorché; en un mot, à rendre tout ce qui n'est pas à
toi? Tu ne seras donc qu'un esclave parmi des esclaves, fusses-tu dix
mille fois consul. Parviens même au trône, tu ne seras toujours
qu'esclave, et tu t'apercevras que les philosophes, suivant le mot de
Cléanthe, disent des choses qui sont peut-être contraires à l'opinion,
mais non pas contraires à la raison. Les faits t'apprendront qu'ils disent
vrai, et que toutes ces choses que l'on admire, et pour lesquelles on se
donne tant de peine, ne servent de rien à ceux qui les ont. Quand on ne
les a pas encore, l'idée vous vient que, si on les obtenait, on aurait
avec elles tous les biens ; puis, quand on les a obtenues, on se consume
de même, on s'agite de même, on se dégoûte de ce que l'on a, on convoite
ce que l'on n'a pas. Car ce n'est pas en satisfaisant ses désirs qu'on se
fait libre, mais en se délivrant du désir. Veux-tu savoir que je dis vrai?
Donne-toi, pour te délivrer de tes désirs, la même peine que tu te donnais
pour les satisfaire. Veille pour acquérir les manières de voir qui doivent
te faire libre. Au lieu de t'empresser près d'un vieillard riche,
empresse-toi près d'un philosophe. Qu'on te voie à sa porte : tu n'auras
pas à rougir d'y être vu ; et tu ne le quitteras pas les mains vides et
sans profit, si tu vas à lui avec les sentiments qu'il faut. Si tu ne les
as pas, essaie du moins; il n'y a pas de honte à essayer.
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