[4,24] Αὐτὸς δὲ ἄγων τοὺς ὑπασπιστάς τε καὶ τοὺς
τοξότας καὶ τοὺς Ἀγριᾶνας καὶ τὴν Κοίνου τε καὶ
Ἀττάλου τάξιν καὶ τῶν ἱππέων τὸ ἄγημα καὶ τῶν
ἄλλων ἑταίρων ἐς τέσσαρας μάλιστα ἱππαρχίας καὶ
τῶν ἱπποτοξοτῶν τοὺς ἡμίσεας ὡς ἐπὶ τὸν ποταμὸν
τὸν Εὐας- - - πόλεως προὐχώρει, ἵνα ὁ τῶν Ἀσπασίων
ὕπαρχος ἦν· καὶ διελθὼν πολλὴν ὁδὸν δευτεραῖος
ἀφίκετο πρὸς τὴν πόλιν. οἱ δὲ βάρβαροι προσάγοντα
αἰσθόμενοι Ἀλέξανδρον ἐμπρήσαντες τὴν πόλιν
ἔφευγον πρὸς τὰ ὄρη. οἱ δ´ ἀμφ´ Ἀλέξανδρον εἴχοντο
τῶν φευγόντων ἔστε ἐπὶ τὰ ὄρη, καὶ φόνος πολὺς
γίγνεται τῶν βαρβάρων, πρὶν ἐς τὰς δυσχωρίας φθάσαι
ἀπελθόντας.
Τὸν δὲ ἡγεμόνα αὐτὸν τῶν ταύτῃ Ἰνδῶν Πτολεμαῖος
ὁ Λάγου πρός τινι ἤδη γηλόφῳ ὄντα κατιδὼν
καὶ τῶν ὑπασπιστῶν ἔστιν οὓς ἀμφ´ αὐτὸν ξὺν πολὺ
ἐλάττοσιν αὐτὸς ὢν ὅμως ἐδίωκεν ἔτι ἐκ τοῦ ἵππου·
ὡς δὲ χαλεπὸς ὁ γήλοφος τῷ ἵππῳ ἀναδραμεῖν ἦν,
τοῦτον μὲν αὐτοῦ καταλείπει παραδούς τινι τῶν
ὑπασπιστῶν ἄγειν, αὐτὸς δὲ ὡς εἶχε πεζὸς τῷ Ἰνδῷ
εἵπετο. ὁ δὲ ὡς πελάζοντα ἤδη κατεῖδε τὸν Πτολεμαῖον,
αὐτός τε μεταβάλλει ἐς τὸ ἔμπαλιν καὶ οἱ ὑπασπισταὶ
ξὺν αὐτῷ. καὶ ὁ μὲν Ἰνδὸς τοῦ Πτολεμαίου διὰ τοῦ
θώρακος παίει ἐκ χειρὸς ἐς τὸ στῆθος ξυστῷ μακρῷ,
καὶ ὁ θώραξ ἔσχε τὴν πληγήν· Πτολεμαῖος δὲ τὸν
μηρὸν διαμπὰξ βαλὼν τοῦ Ἰνδοῦ καταβάλλει τε καὶ
σκυλεύει αὐτόν. ὡς δὲ τὸν ἡγεμόνα σφῶν κείμενον
οἱ ἀμφ´ αὐτὸν εἶδον, οὗτοι μὲν οὐκέτι ἔμενον, οἱ δὲ
ἐκ τῶν ὀρῶν αἰρόμενον τὸν νεκρὸν τοῦ ὑπάρχου
ἰδόντες πρὸς τῶν πολεμίων ἤλγησάν τε καὶ καταδραμόντες
ξυνάπτουσιν ἐπ´ αὐτῷ μάχην καρτερὰν πρὸς
τῷ γηλόφῳ. ἤδη γὰρ καὶ Ἀλέξανδρος ἔχων τοὺς ἀπὸ
τῶν ἵππων καταβεβηκότας πεζοὺς πρὸς τῷ γηλόφῳ ἦν.
καὶ οὗτοι ἐπιγενόμενοι μόγις ἐξέωσαν τοὺς Ἰνδοὺς ἐς
τὰ ὄρη καὶ τοῦ νεκροῦ ἐκράτησαν.
Ὑπερβαλὼν δὲ τὰ ὄρη Ἀλέξανδρος ἐς πόλιν κατῆλθεν,
ᾗ ὄνομα ἦν Ἀριγαῖον· καὶ ταύτην καταλαμβάνει
ἐμπεπρησμένην ὑπὸ τῶν ἐνοικούντων καὶ τοὺς ἀνθρώπους
πεφευγότας. ἐνταῦθα δὲ ἀφίκοντο αὐτῷ καὶ οἱ
ἀμφὶ Κρατερὸν ξὺν τῇ στρατιᾷ πεπραγμένων σφίσι
ξυμπάντων ὅσα ὑπὸ τοῦ βασιλέως ἐτέτακτο. ταύτην
μὲν δὴ τὴν πόλιν, ὅτι ἐν ἐπικαίρῳ χωρίῳ ἐδόκει
ᾠκίσθαι, ἐκτειχίσαι τε προστάσσει Κρατερῷ καὶ ξυνοικίσαι
ἐς αὐτὴν τούς τε προσχώρους ὅσοι ἐθελονταὶ
καὶ εἰ δή τινες ἀπόμαχοι τῆς στρατιᾶς. αὐτὸς δὲ
προὐχώρει ἵνα ξυμπεφευγέναι ἐπυνθάνετο τοὺς πολλοὺς
τῶν ταύτῃ βαρβάρων. ἐλθὼν δὲ πρός τι ὄρος κατεστρατοπέδευσεν
ὑπὸ ταῖς ὑπωρείαις τοῦ ὄρους.
Καὶ ἐν τούτῳ Πτολεμαῖος ὁ Λάγου ἐκπεμφθεὶς
μὲν ὑπὸ Ἀλεξάνδρου ἐς προνομήν, προελθὼν δὲ προσωτέρω
αὐτὸς ξὺν ὀλίγοις ὡς ἐς κατασκοπήν, ἀπαγγέλλει
Ἀλεξάνδρῳ πυρὰ κατιδεῖν τῶν βαρβάρων πλείονα ἢ
ἐν τῷ Ἀλεξάνδρου στρατοπέδῳ. καὶ Ἀλέξανδρος τῷ
μὲν πλήθει τῶν πυρῶν ἠπίστησεν, εἶναι δέ τι ξυνεστηκὸς
τῶν ταύτῃ βαρβάρων αἰσθόμενος μέρος μὲν
τῆς στρατιᾶς αὐτοῦ καταλείπει πρὸς τῷ ὄρει ὡς εἶχον
ἐστρατοπεδευμένους· αὐτὸς δὲ ἀναλαβὼν ὅσοι ἀποχρῶντες
ἐς τὰ ἀπηγγελμένα ἐφαίνοντο, ὡς πλησίον ἤδη
ἀφεώρων τὰ πυρά, τρίχα διανέμει τὴν στρατιάν. καὶ
τῷ μὲν ἑνὶ ἐπέταξε Λεοννάτον τὸν σωματοφύλακα,
ξυντάξας αὐτῷ τήν τε Ἀττάλου καὶ τὴν Βαλάκρου
τάξιν· τὴν δευτέραν δὲ μοῖραν Πτολεμαίῳ τῷ Λάγου
ἄγειν ἔδωκε, τῶν τε ὑπασπιστῶν τῶν βασιλικῶν τὸ
τρίτον μέρος καὶ τὴν Φιλίππου καὶ Φιλώτα τάξιν καὶ
δύο χιλιαρχίας τῶν τοξοτῶν καὶ τοὺς Ἀγριᾶνας καὶ
τῶν ἱππέων τοὺς ἡμίσεας· τὴν δὲ τρίτην μοῖραν αὐτὸς
ἦγεν ἵνα οἱ πλεῖστοι τῶν βαρβάρων ἐφαίνοντο.
| [4,24] Alexandre suivi des Hypaspistes, de l'autre moitié des Hétaires à cheval, des
Hetaires à pied, des archers, des Agriens et de la cavalerie des hommes de
trait, pousse vers les Aspiens, les Thyréens et les Arasaques : il côtoie le
Choès, se dirige par des hauteurs difficiles et escarpées, traverse le fleuve
avec peine. Apprenant que les Barbares se sont réfugiés dans leurs montagnes et
leurs places fortes, il laisse en arrière son infanterie avec ordre de le suivre
au petit pas, s'avance rapidement avec toute sa cavalerie et huit cents hommes
de la phalange qu'il fait monter en croupe tout armés.
Il trouve tous les habitants de la première ville avancée, rangés en bataille
aux pieds de leurs murs, dans lesquels il les rejette du premier choc.
Alexandre fut blessé à l'épaule, d'un trait qui ne pénétra point avant, parce
que le coup fut rompu par la cuirasse. Ptolémée et Léonnatus furent également
blessés.
Alexandre ayant tourné la ville en reconnaît le faible, campe de ce côté, et le
lendemain, dès l'aurore, ayant donné l'assaut, on force le premier rempart,
moins solide ; le second fut disputé plus longtemps. Mais lorsqu'ils virent
approcher les échelles et pleuvoir sur eux une grêle de traits, les Barbares
font une sortie et fuient dans leurs montagnes. On les poursuit ; une partie est
tuée dans la fuite ; on n'épargne pas même les prisonniers, et le soldat furieux
croit en les immolant venger Alexandre de sa blessure.
Le plus grand nombre se réfugie dans les montagnes voisines. On rase la ville ;
on marche vers Andraque : cette place se rend par composition. Alexandre y
laisse Cratérus avec les autres commandants de l'infanterie pour réduire le
reste de la contrée, et l'administrer selon les circonstances.
Pour lui, à la tête des Hypaspistes, des archers, des Agriens, du corps de
Coenus et d'Attalus, de l'Agéma, de quatre autres corps de cavalerie des
Hétaires, et de la moitié des archers à cheval, il marche vers le fleuve Soaste
contre l'hipparque des Aspiens. Il s'avance à pas redoublés, et campe le second
jour aux pieds de leur ville. Les Barbares la brûlent à l'approche d'Alexandre,
et se réfugient dans leurs montagnes ; on les poursuit, et dans le premier
mouvement on en fait un horrible carnage.
Ptolémée, apercevant alors sur une hauteur le chef des Barbares, pousse vers lui
avec un gros d'Hypaspistes malgré le désavantage du lieu et l'infériorité du
nombre. Comme il avait de la peine à gravir la hauteur, il laisse son cheval et
met pied à terre. L'Indien accourt avec les siens à sa rencontre, et frappe
Ptolémée d'un coup de pique rompu par la cuirasse. Ptolémée perce l'Indien à la
cuisse, le renverse, le dépouille de ses armes. Les Barbares à cette vue
prennent aussitôt la fuite. Ceux qui occupaient les sommets, s'indignant de voir
le corps de leur chef au pouvoir de l'ennemi, accourent ; on livre autour du
cadavre un combat sanglant. La troupe d'Alexandre met pied à terre et vient
soutenir les Grecs ; on repousse les Barbares avec peine ; ils abandonnent enfin
le corps et le champ de bataille. On franchit les hauteurs ; on arrive à la
ville d'Arigée, elle venait d'être brûlée et abandonnée par les habitants.
Sur ces entrefaites arrive Cratérus, qui a rempli la commission d'Alexandre.
Frappé des avantages qu'offrait la situation, le prince ordonne à Cratérus de
relever les murailles de la ville, et de la repeupler des hommes des nations
voisines qu'on pourrait attirer, ainsi que des soldats hors de service.
Il continue de poursuivre les Barbares, et campe aux pieds de la montagne qu'ils
occupent.
Ptolémée, envoyé aux fourrages et à la découverte, rapporta qu'on apercevait un
plus grand nombre de feux allumés dans l'armée des Barbares que dans celle des
Grecs. Cette observation ne suffit pas à Alexandre. Cependant, conjecturant que
les Barbares devaient être en grand nombre, il laisse une partie de son armée
aux pieds de la montagne, et prenant avec lui les troupes qu'il juge propres à
cette expédition, il se dirige du côté des feux, et partage alors ses troupes en
trois corps : le premier, sous la conduite de Léonnatus, soutenu des troupes
d'Attalus et de Balacre ; le second sous les ordres de Ptolémée qui mène avec
lui le tiers des Hypaspistes royaux, les phalanges de Philippe et de Philotas,
deux mille archers, les Agriens et la moitié de la cavalerie. Lui-même conduit
le troisième vers le plus épais des forces des Barbares.
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