[4,20] Καὶ τοίνυν καὶ λόγος κατέχει ὀλίγον μετὰ τὴν
μάχην, ἣ πρὸς Ἰσσῷ Δαρείῳ τε καὶ Ἀλεξάνδρῳ ξυνέβη,
ἀποδράντα ἐλθεῖν παρὰ Δαρεῖον τὸν εὐνοῦχον
τὸν φύλακα αὐτῷ τῆς γυναικός. καὶ τοῦτον ὡς εἶδε
Δαρεῖος, πρῶτα μὲν πυθέσθαι εἰ ζῶσιν αὐτῷ αἱ παῖδες
{καὶ οἱ υἱοὶ} καὶ ἡ γυνή τε καὶ ἡ μήτηρ. ὡς δὲ ζώσας
τε ἐπύθετο καὶ βασίλισσαι ὅτι καλοῦνται καὶ ἡ θεραπεία
ὅτι ἀμφ´ αὐτάς ἐστιν, ἥντινα καὶ ἐπὶ Δαρείου
ἐθεραπεύοντο, ἐπὶ τῷδε αὖ πυθέσθαι εἰ σωφρονεῖ
αὐτῷ ἡ γυνὴ ἔτι. ὡς δὲ σωφρονοῦσαν ἐπύθετο, αὖθις
ἐρέσθαι μή τι βίαιον ἐξ Ἀλεξάνδρου αὐτῇ ἐς ὕβριν
ξυνέβη· καὶ τὸν εὐνοῦχον ἐπομόσαντα φάναι ὅτι· ὦ
βασιλεῦ, οὕτω τοι ὡς ἀπέλιπες ἔχει ἡ σὴ γυνή, καὶ
Ἀλέξανδρος ἀνδρῶν ἄριστός τέ ἐστι καὶ σωφρονέστατος.
ἐπὶ τοῖσδε ἀνατεῖναι Δαρεῖον ἐς τὸν οὐρανὸν τὰς
χεῖρας καὶ εὔξασθαι ὧδε· ἀλλ´ ὦ Ζεῦ βασιλεῦ, ὅτῳ
ἐπιτέτραπται νέμειν τὰ βασιλέων πράγματα ἐν ἀνθρώποις,
σὺ νῦν μάλιστα μὲν ἐμοὶ φύλαξον Περσῶν τε
καὶ Μήδων τὴν ἀρχήν, ὥσπερ οὖν καὶ ἔδωκας· εἰ δὲ
δὴ ἐγὼ οὐκέτι σοι βασιλεὺς τῆς Ἀσίας, σὺ δὲ μηδενὶ
ἄλλῳ ὅτι μὴ Ἀλεξάνδρῳ παραδοῦναι τὸ ἐμὸν κράτος.
οὕτως οὐδὲ πρὸς τῶν πολεμίων ἄρα ἀμελεῖται ὅσα
σώφρονα ἔργα.
Ὀξυάρτης δὲ ἀκούσας τοὺς παῖδας ἐχομένους,
ἀκούσας δὲ καὶ ὑπὲρ Ῥωξάνης τῆς θυγατρὸς ὅτι μέλει
αὐτῆς Ἀλεξάνδρῳ, θαρσήσας ἀφίκετο παρὰ Ἀλέξανδρον,
καὶ ἦν ἐν τιμῇ παρ´ αὐτῷ, ᾗπερ εἰκὸς ἐπὶ ξυντυχίᾳ τοιαύτῃ.
| [4,20] Et, à ce propos, le bruit s'est répandu que, après la
bataille qui eut lieu à Issos entre Darius et Alexandre, l'eunuque
chargé de veiller sur l'épouse de Darius s'était échappé et avait
rejoint Darius ; en le voyant, Darius lui avait demandé en
premier lieu si ses filles, sa femme et sa mère étaient en vie ;
ayant appris que oui, et qu'elles avaient le titre de reines, qu'on
leur assurait le même service que celui dont elles bénéficiaient
à la cour de Darius, il avait posé là-dessus une nouvelle question :
sa femme lui était-elle restée fidèle ? Ayant appris qu'elle l'était
restée, il avait demandé encore si elle n'avait pas subi de violences
de la part d'Alexandre ; et l'eunuque avait répondu sous la foi
du serment : « Roi, elle est comme tu l'avais laissée, et Alexandre
est l'être le meilleur et le plus maître de ses passions de tous
les hommes. » A ces paroles, Darius avait tendu les mains
vers le ciel et fait cette prière : « O Zeus-Roi, toi à qui a été
remis le soin de diriger les affaires des rois parmi les hommes,
protège à cette heure de toute ta puissance mon pouvoir sur
les Perses et les Mèdes, de même que tu me l'as accordé ! Mais,
si je ne suis plus du tout pour toi le souverain de l'Asie, ne
transmets mon pouvoir à personne d'autre qu'à Alexandre ! »
Tant il est vrai que même des ennemis ne sont pas insensibles
aux marques de vertu !
Pour en revenir à Oxyarte, ayant entendu dire que ses filles
étaient captives, mais aussi qu'Alexandre s'intéressait à sa fille
Roxane, il reprit confiance, se rendit auprès d'Alexandre, qui
le traita avec honneur, comme il était naturel pour un événement si heureux.
|