[8,5] CHAPITRE V.
§ 1. Ἐπεὶ δ´ ἔστιν ἀδιόριστα τοῖς γυμνασίας καὶ πείρας ἕνεκα τοὺς λόγους ποιουμένοις (οὐ γὰρ οἱ αὐτοὶ σκοποὶ τοῖς διδάσκουσιν ἢ μανθάνουσι καὶ τοῖς ἀγωνιζομένοις, οὐδὲ τούτοις τε καὶ τοῖς διατρίβουσι μετ´ ἀλλήλων σκέψεως χάριν· τῷ μὲν γὰρ μανθάνοντι θετέον ἀεὶ τὰ δοκοῦντα· καὶ γὰρ οὐδ´ ἐπιχειρεῖ ψεῦδος οὐδεὶς διδάσκειν· τῶν δ´ ἀγωνιζομένων τὸν μὲν ἐρωτῶντα φαίνεσθαί τι δεῖ ποιεῖν πάντως, τὸν δ´ ἀποκρινόμενον μηδὲν φαίνεσθαι πάσχειν· ἐν δὲ ταῖς διαλεκτικαῖς συνόδοις τοῖς μὴ ἀγῶνος χάριν ἀλλὰ πείρας καὶ σκέψεως τοὺς λόγους ποιουμένοις οὐ διήρθρωταί πω τίνος δεῖ στοχάζεσθαι τὸν ἀποκρινόμενον καὶ ποῖα διδόναι καὶ ποῖα μή, πρὸς τὸ καλῶς ἢ μὴ καλῶς φυλάττειν τὴν θέσιν)· ἐπεὶ οὖν οὐδὲν ἔχομεν παραδεδομένον ὑπ´ ἄλλων, αὐτοί τι πειραθῶμεν εἰπεῖν.
§ 2. Ἀνάγκη δὴ τὸν ἀποκρινόμενον ὑπέχειν λόγον θέμενον ἤτοι ἔνδοξον ἢ ἄδοξον θέσιν ἢ μηδέτερον, καὶ ἤτοι ἁπλῶς {160a} ἔνδοξον ἢ ἄδοξον ἢ ὡρισμένως, οἷον τῳδί τινι, ἢ αὐτῷ ἢ ἄλλῳ. § 3. Διαφέρει δ´ οὐδὲν ὁπωσοῦν ἐνδόξου ἢ ἀδόξου οὔσης· ὁ γὰρ αὐτὸς τρόπος ἔσται τοῦ καλῶς ἀποκρίνασθαι καὶ δοῦναι ἢ μὴ δοῦναι τὸ ἐρωτηθέν. § 4. Ἀδόξου μὲν οὖν οὔσης τῆς θέσεως ἔνδοξον ἀνάγκη τὸ συμπέρασμα γίνεσθαι, ἐνδόξου δ´ ἄδοξον· τὸ γὰρ ἀντικείμενον ἀεὶ τῇ θέσει ὁ ἐρωτῶν συμπεραίνεται. Εἰ δὲ μήτ´ ἄδοξον μήτ´ ἔνδοξον τὸ κείμενον, καὶ τὸ συμπέρασμα ἔσται τοιοῦτον. Ἐπεὶ δ´ ὁ καλῶς συλλογιζόμενος ἐξ ἐνδοξοτέρων καὶ γνωριμωτέρων τὸ προβληθὲν ἀποδείκνυσι, φανερὸν ὡς ἀδόξου μὲν ὄντος ἁπλῶς τοῦ κειμένου οὐ δοτέον τῷ ἀποκρινομένῳ οὔθ´ ὃ μὴ δοκεῖ ἁπλῶς, οὔθ´ ὃ δοκεῖ μὲν ἧττον δὲ τοῦ συμπεράσματος δοκεῖ. § 5. Ἀδόξου γὰρ οὔσης τῆς θέσεως ἔνδοξον τὸ συμπέρασμα, ὥστε δεῖ τὰ λαμβανόμενα ἔνδοξα πάντ´ εἶναι καὶ μᾶλλον ἔνδοξα τοῦ προκειμένου, εἰ μέλλει διὰ τῶν γνωριμωτέρων τὸ ἧττον γνώριμον περαίνεσθαι. Ὥστ´ εἴ τι μὴ τοιοῦτόν ἐστι τῶν ἐρωτωμένων, οὐ θετέον τῷ ἀποκρινομένῳ.
§ 6. Εἰ δ´ ἔνδοξος ἁπλῶς ἡ θέσις, δῆλον ὅτι τὸ συμπέρασμα ἁπλῶς ἄδοξον. Θετέον οὖν τά τε δοκοῦντα πάντα καὶ τῶν μὴ δοκούντων ὅσα ἧττόν ἐστιν ἄδοξα τοῦ συμπεράσματος· ἱκανῶς γὰρ ἂν δόξειε διειλέχθαι. § 7. Ὁμοίως δέ, εἰ μήτ´ ἄδοξος μήτ´ ἔνδοξός ἐστιν ἡ θέσις· καὶ γὰρ οὕτως τά τε φαινόμενα πάντα δοτέον καὶ τῶν μὴ δοκούντων ὅσα μᾶλλον ἔνδοξα τοῦ συμπεράσματος· οὕτω γὰρ ἐνδοξοτέρους συμβήσεται τοὺς λόγους γίνεσθαι. § 8. Εἰ μὲν οὖν ἁπλῶς ἔνδοξον ἢ ἄδοξον τὸ κείμενον, πρὸς τὰ δοκοῦντα ἁπλῶς τὴν σύγκρισιν ποιητέον. § 9. Εἰ δὲ μὴ ἁπλῶς ἔνδοξον ἢ ἄδοξον τὸ κείμενον ἀλλὰ τῷ ἀποκρινομένῳ, πρὸς αὑτὸν τὸ δοκοῦν καὶ τὸ μὴ δοκοῦν κρίνοντα θετέον ἢ οὐ θετέον. § 10. Ἂν δ´ ἑτέρου δόξαν διαφυλάττῃ ὁ ἀποκρινόμενος, δῆλον ὅτι πρὸς τὴν ἐκείνου διάνοιαν ἀποβλέποντα θετέον ἕκαστα καὶ ἀρνητέον. Διὸ καὶ οἱ κομίζοντες ἀλλοτρίας δόξας, οἷον ἀγαθὸν καὶ κακὸν εἶναι ταὐτόν, καθάπερ Ἡράκλειτός φησιν, οὐ διδόασι μὴ παρεῖναι ἅμα τῷ αὐτῷ τἀναντία, οὐχ ὡς οὐ δοκοῦν αὐτοῖς τοῦτο, ἀλλ´ ὅτι καθ´ Ἡράκλειτον οὕτω λεκτέον. Ποιοῦσι δὲ τοῦτο καὶ οἱ παρ´ ἀλλήλων δεχόμενοι τὰς θέσεις· στοχάζονται γὰρ ὡς ἂν εἴπειεν ὁ θέμενος.
§ 11. Φανερὸν οὖν τίνων στοχαστέον τῷ ἀποκρινομένῳ, εἴτε ἁπλῶς ἔνδοξον εἴτε τινὶ τὸ κείμενόν ἐστιν.
| [8,5] CHAPITRE V.
§ 1. On n'a point encore déterminé la marche que doivent suivre ceux qui ne discutent que par manière d'exercice et d'essai. C'est, qu'en effet, le but n'est pas du tout le même, quand on enseigne ou quand on instruit, que quand on combat, non plus qu'il n'est pas le même quand on combat que lorsqu'on ne converse entre soi, que par simple curiosité théorique. Avec un disciple, il faut toujours poser des principes qui semblent vrais; et, en effet, personne ne pense à enseigner ce qui est faux. Quand on lutte dans la discussion, il faut que celui qui interroge semble toujours faire ce qui est convenable, et que celui qui répond ne paraisse absolument point succomber. Ainsi donc pour les rencontres dialectiques où l'on discute, non pour se combattre, mais pour s'essayer et s'éclairer, personne n'a encore fixé nettement le but que doit se proposer celui qui répond, et ce qu'il doit accorder ou ne pas accorder, pour défendre bien ou mal la thèse posée. Dans cette absence de toute méthode transmise à nous parles autres, essayons nous-même d'en dire quelque chose.
§ 2. II y a donc nécessité que celui qui répond soutienne la discussion en posant une thèse quelconque, qu'elle soit probable ou improbable, {160a} ou qu'elle ne soit ni l'un ni l'autre : je veux dire absolument probable ou improbable, ou limitativement, par exemple, pour telle ou telle personne, pour soi-même ou pour tel autre. § 3. Peu importe, du reste, comment elle est probable ou improbable ; car la manière de bien répondre sera toujours la même, ainsi que d'accorder ou de ne pas accorder ce qui est demandé. § 4. La proposition étant improbable, il est nécessaire que la conclusion soit probable, comme elle est improbable pour une proposition probable ; car celui qui interroge conclut toujours l'opposé de la thèse. Si le sujet en question n'est ni probable ni improbable, la conclusion sera aussi de ce genre. Puisque celui qui raisonne bien démontre la question par des principes plus probables et plus connus qu'elle, il est clair que le sujet étant tout à fait improbable, il ne faut pas que celui qui répond accorde ni ce qui lui semble faux absolument, ni ce qui lui paraît vrai, mais cependant moins vrai que la conclusion. § 5. En effet, quand la proposition est improbable, la conclusion est probable, de sorte qu'il faut, que toutes les données admises soient probables et plus probables que la thèse, puisqu'il fout conclure le moins connu par le plus connu. Ainsi donc, si rien parmi les choses demandées n'est tel, il ne faut pas que celui qui répond l'accorde.
§ 6. Si la proposition est absolument probable, il est clair que la conclusion sera absolument improbable. Il faut donc accorder tout ce qui semble vrai, et parmi ce qui ne semble pas vrai, tout ce qui est moins improbable que la conclusion ; car ainsi l'on paraît avoir bien discuté. § 7. Et de même encore, si la proposition n'est ni probable ni improbable ; car, dans ce cas aussi, il faut accorder tout ce qui paraît vrai, et de ce qui ne paraît pas vrai, tout ce qui est plus probable que la conclusion ; car, de cette façou, les arguments deviendront plus probables. § 8. Si donc le sujet est absolument probable ou improbable, il faut faire la comparaison des arguments avec ce qui semble absolument vrai. § 9. Si le sujet n'est pas absolument probable ou improbable, mais qu il le soit seulement pour celui qui répond, il faut, pour accorder ou ne pas accorder, s'en référer à ce qui lui paraît vrai et à ce qui ne le lui paraît pas. § 10. Si celui qui répond défend la pensée d'un autre, il est évident qu'il faut accorder ou rejeter chaque proposition, en se reportant à la pensée de cet autre. Ainsi, ceux mêmes qui soutiennent des opinions autres que les leurs, par exemple que le bien et le mal sont identiques, comme le dit Héraclite, repoussent cependant cette opinion que les contraires ne peuvent être à la fois à une même chose, non pas comme une opinion qui leur paraît fausse, mais seulement parce qu'il faut se prononcer ainsi, d'après Héraclite. C'est encore ce que font les interlocuteurs qui reçoivent mutuellement l'un de l'autre les données de la discussion; car alors ils visent à raisonner comme aurait fait celui qui les a posées.
§ 11. On voit donc clairement quelles choses celui qui répond doit avoir en vue, soit que le sujet soit absolument probable, ou qu'il le soit pour certains interlocuteurs.
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