[6,3] CHAPITRE III.
1 Εἰ δ´ ἐπὶ πλεῖον εἴρηκε τὸν ὅρον, πρῶτον μὲν σκοπεῖν εἴ τινι κέχρηται ὃ πᾶσιν ὑπάρχει, ἢ ὅλως τοῖς οὖσιν ἢ τοῖς ὑπὸ ταὐτὸ γένος τῷ ὁριζομένῳ· ἐπὶ πλεῖον γὰρ εἰρῆσθαι ἀναγκαῖον τοῦτο. Δεῖ γὰρ τὸ μὲν γένος ἀπὸ τῶν ἄλλων χωρίζειν, τὴν δὲ διαφορὰν ἀπὸ τῶν ἐν τῷ αὐτῷ γένει. Τὸ μὲν οὖν πᾶσιν ὑπάρχον ἁπλῶς ἀπ´ οὐδενὸς χωρίζει· τὸ δὲ τοῖς ὑπὸ ταὐτὸ γένος πᾶσιν ὑπάρχον οὐ χωρίζει ἀπὸ τῶν ἐν ταὐτῷ γένει, ὥστε μάταιον τὸ τοιοῦτον προσκείμενον.
2 Ἢ εἰ ἔστι μὲν ἴδιον τὸ προσκείμενον, ἀφαιρεθέντος δὲ τούτου καὶ ὁ λοιπὸς λόγος ἴδιός ἐστι καὶ δηλοῖ τὴν οὐσίαν. Οἷον ἐν τῷ τοῦ ἀνθρώπου λόγῳ τὸ ἐπιστήμης δεκτικὸν προστεθὲν περίεργον· καὶ γὰρ ἀφαιρεθέντος τούτου ὁ λοιπὸς λόγος ἴδιος καὶ δηλοῖ τὴν οὐσίαν. Ἁπλῶς δ´ εἰπεῖν ἅπαν {141} περίεργον οὗ ἀφαιρεθέντος τὸ λοιπὸν δῆλον ποιεῖ τὸ ὁριζόμενον. Τοιοῦτος δὲ καὶ ὁ τῆς ψυχῆς ὅρος, εἴπερ "ἀριθμὸς αὐτὸς αὑτὸν κινῶν" ἐστιν· καὶ γὰρ τὸ αὐτὸ αὑτὸ κινοῦν ψυχή, καθάπερ Πλάτων ὥρισται. Ἢ ἴδιον μέν ἐστι τὸ εἰρημένον, οὐ δηλοῖ δὲ τὴν οὐσίαν ἀφαιρεθέντος τοῦ ἀριθμοῦ. Ποτέρως μὲν οὖν ἔχει, χαλεπὸν διασαφῆσαι· χρηστέον δ´ ἐπὶ πάντων τῶν τοιούτων πρὸς τὸ συμφέρον· οἷον ὅτι ὁ τοῦ φλέγματος ὅρος "ὑγρὸν πρῶτον ἀπὸ τροφῆς ἄπεπτον". Ἓν γὰρ τὸ πρῶτον, οὐ πολλά, ὥστε περίεργον τὸ ἄπεπτον προσκείμενον· καὶ γὰρ τούτου ἀφαιρεθέντος ὁ λοιπὸς ἔσται ἴδιος λόγος· οὐ γὰρ ἐνδέχεται ἀπὸ τῆς τροφῆς καὶ τοῦτο καὶ ἄλλο τι πρῶτον εἶναι. Ἢ οὐχ ἁπλῶς πρῶτον ἀπὸ τροφῆς τὸ φλέγμα ἀλλὰ τῶν ἀπέπτων πρῶτον, ὥστε προσθετέον τὸ "ἄπεπτον" (ἐκείνως μὲν γὰρ ῥηθέντος οὐκ ἀληθὴς ὁ λόγος, εἴπερ μὴ πάντων πρῶτόν ἐστιν);
3 Ἔτι εἴ τι τῶν ἐν τῷ λόγῳ μὴ πᾶσιν ὑπάρχει τοῖς ὑπὸ ταὐτὸ εἶδος· ὁ γὰρ τοιοῦτος χεῖρον ὥρισται τῶν χρωμένων ὃ πᾶσιν ὑπάρχει τοῖς οὖσιν. Ἐκείνως μὲν γάρ, ἂν ὁ λοιπὸς ἴδιος ᾖ λόγος, καὶ ὁ πᾶς ἴδιος ἔσται· ἁπλῶς γὰρ πρὸς τὸ ἴδιον ὁτουοῦν προστεθέντος ἀληθοῦς ὅλος ὁ λόγος ἴδιος γίνεται. Εἰ δέ τι τῶν ἐν τῷ λόγῳ μὴ πᾶσιν ὑπάρχει τοῖς ὑπὸ ταὐτὸ εἶδος, ἀδύνατον ὅλον τὸν λόγον ἴδιον εἶναι· οὐ γὰρ ἀντικατηγορηθήσεται τοῦ πράγματος. Οἷον "ζῷον πεζὸν δίπουν τετράπηχυ"· ὁ γὰρ τοιοῦτος λόγος οὐκ ἀντικατηγορεῖται τοῦ πράγματος διὰ τὸ μὴ πᾶσιν ὑπάρχειν τοῖς ὑπὸ ταὐτὸν εἶδος τὸ τετράπηχυ.
4 Πάλιν εἰ ταὐτὸν πλεονάκις εἴρηκεν, οἷον τὴν ἐπιθυμίαν ὄρεξιν ἡδέος εἰπών· πᾶσα γὰρ ἐπιθυμία ἡδέος ἐστίν, ὥστε καὶ τὸ ταὐτὸν τῇ ἐπιθυμίᾳ ἡδέος ἔσται. Γίνεται οὖν ὅρος τῆς ἐπιθυμίας ὄρεξις ἡδέος ἡδέος· οὐδὲν γὰρ διαφέρει ἐπιθυμίαν εἰπεῖν ἢ ὄρεξιν ἡδέος, ὥσθ´ ἑκάτερον αὐτῶν ἡδέος ἔσται. Ἢ τοῦτο μὲν οὐδὲν ἄτοπον· καὶ γὰρ ὁ ἄνθρωπος δίπουν ἐστίν, ὥστε καὶ τὸ ταὐτὸν τῷ ἀνθρώπῳ δίπουν ἔσται, ἔστι δὲ ταὐτὸν τῷ ἀνθρώπῳ ζῷον πεζὸν δίπουν, ὥστε ζῷον πεζὸν δίπουν δίπουν ἔσται, ἀλλ´ οὐ διὰ τοῦτο ἄτοπόν τι συμβαίνει· οὐ γὰρ κατὰ ζῴου πεζοῦ τὸ δίπουν κατηγορεῖται (οὕτω μὲν γὰρ δὶς ἂν περὶ τοῦ αὐτοῦ τὸ δίπουν κατηγοροῖτο), ἀλλὰ περὶ ζῴου πεζοῦ δίποδος τὸ δίπουν λέγεται, ὥστε ἅπαξ μόνον τὸ δίπουν κατηγορεῖται. Ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῆς ἐπιθυμίας· οὐ γὰρ κατὰ τῆς ὀρέξεως τὸ ἡδέος εἶναι κατηγορεῖται ἀλλὰ κατὰ τοῦ σύμπαντος, ὥστε ἅπαξ καὶ ἐνταῦθα ἡ κατηγορία γίνεται. Οὐκ ἔστι δὲ τὸ δὶς φθέγξασθαι ταὐτὸν ὄνομα τῶν ἀτόπων, ἀλλὰ {141a} τὸ πλεονάκις περί τινος τὸ αὐτὸ κατηγορῆσαι, ὡς Ξενοκράτης τὴν φρόνησιν ὁριστικὴν καὶ θεωρητικὴν τῶν ὄντων φησὶν εἶναι· ἡ γὰρ ὁριστικὴ θεωρητική τίς ἐστιν, ὥστε δὶς τὸ αὐτὸ λέγει, προσθεὶς πάλιν καὶ θεωρητικήν. Ὁμοίως δὲ καὶ ὅσοι τὴν κατάψυξιν στέρησιν τοῦ κατὰ φύσιν θερμοῦ φασιν εἶναι· πᾶσα γὰρ στέρησίς ἐστι τοῦ κατὰ φύσιν ὑπάρχοντος, ὥστε περίεργον τὸ προσθεῖναι τοῦ κατὰ φύσιν, ἀλλ´ ἱκανὸν ἦν εἰπεῖν στέρησιν θερμοῦ, ἐπειδὴ αὐτὴ ἡ στέρησις γνώριμον ποιεῖ ὅτι τοῦ κατὰ φύσιν λέγεται.
5 Πάλιν εἰ τοῦ καθόλου εἰρημένου προσθείη καὶ ἐπὶ μέρους, οἷον εἰ τὴν ἐπιείκειαν ἐλάττωσιν τῶν συμφερόντων καὶ δικαίων· τὸ γὰρ δίκαιον συμφέρον τι, ὥστε περιέχεται ἐν τῷ συμφέροντι. Περιττὸν οὖν τὸ δίκαιον· καθόλου γὰρ εἴπας ἐπὶ μέρους προσέθηκεν. Καὶ εἰ τὴν ἰατρικὴν ἐπιστήμην τῶν ὑγιεινῶν ζῴῳ καὶ ἀνθρώπῳ, ἢ τὸν νόμον εἰκόνα τῶν φύσει καλῶν καὶ δικαίων· τὸ γὰρ δίκαιον καλόν τι, ὥστε πλεονάκις τὸ αὐτὸ λέγει.
6 Πότερον μὲν οὖν καλῶς ἢ οὐ καλῶς, διὰ τούτων καὶ τῶν τοιούτων ἐπισκεπτέον·
| [6,3] CHAPITRE III.
1 Si l'on a donné une définition trop étendue, il faut voir, d'abord, si l'on s'est servi d'un terme qui s'applique à tout, soit à tous les êtres absolument, soit à des choses qui sont comprises sous le même genre que le défini; car nécessairement ce terme sera trop étendu. C'est, qu'en effet, il faut que le genre sépare le défini des autres choses, et que la différence le sépare de l'une des autres choses comprises dans le même genre. Mais l'attribut qui est à tout ce qui est simplement ne sépare de rien; et celui qui s'applique à tout ce qui est du même genre, ne sépare pas de ce qui est dans le genre, de sorte que l'addition de cet attribut est tout à fait inutile.
2 Ou bien, il faut voir si l'attribut ajouté est propre au défini, de telle façon que si on l'enlève, la définition n'en reste pas moins propre, et n'exprime pas moins l'essence de la chose. Par exemple, dans la définition de l'homme, la qualité ajoutée : susceptible de science, est inutile; car en l'enlevant, le reste de la définition est encore propre à l'homme et exprime son essence. En un mot, on doit regarder comme inutile tout ce qui, étant enlevé, n'en laisse pas moins le défini parfaitement clair. Telle est la définition de l'âme, si l'on dit qu'elle est un nombre se mouvant de lui-même; car ce qui se meut soi-même est précisément la même chose que l'âme, comme l'a défini Platon. Est-ce que le terme indiqué ici est tellement propre que la définition cesse d'exprimer l'essence si le mot de nombre est enlevé? Il est difficile d'expliquer nettement ce qui en est. Il faut, du reste, se servir de ce lieu dans tous les cas analogues, selon que cela est utile. Par exemple, supposons que la définition du phlegme soit l'humide primitif, venant de la nourriture sans coction. Or, le primitif est unique et ne peut être plusieurs, ainsi cette addition de mot: sans coction, est inutile; et en l'ôtant, le reste de la définition n'en sera pas moins propre au défini. En effet, il ne peut pas provenir de la nourriture primitivement ce produit et un autre encore. Ou bien, est-ce que le phlegme n'est pas absolument le primitif provenant de la nourriture? est-ce qu'il est seulement le primitif des produits sans coction, de telle sorte qu'il faille ajouter sans coction? En s'exprimant de cette façon, la définition n'est pas vraie; car le phlegme n'est pas le primitif le tous les produits venus de la nourriture.
3 Il faut voir de plus si l'un des éléments mis dans la définition cesse d'être à tous les objets compris sous la même espèce; car alors on définit encore plus mal qu'en prenant un attribut applicable à tous les êtres existants. En effet, de cette façon, si le reste de la définition est propre au défini, la définition tout entière lui sera propre aussi, parce qu'en ajoutant au propre un attribut vrai, quel qu'il soit, la totalité de la définition n'en reste pas moins propre. Mais du moment que l'un des éléments admis dans la définition n'est pas applicable à tout ce qui est sous la même espèce, il est impossible que la définition tout entière soit propre au défini; car elle ne pourra pas être prise réciproquement pour la chose. Par exemple, si la définition de l'homme est animal terrestre bipède haut de quatre coudées, cette définition ne peut être prise réciproquement pour la chose, parce que cet attribut : haut de quatre coudées, n'est pas à tous les êtres placées sous la même espèce.
4 Il faut voir, en outre, si l'on n'a point répété la même chose plusieurs fois: par exemple, en disant que le désir est l'appétit de ce qui est agréable; car tout désir s'applique à ce qui est agréable. II s'ensuit que ce qui est identique au désir s'applique aussi à l'agréable, et par là, la définition du désir devient l'appétit de l'agréable ; car il n'y a pas de différence à dire le désir ou l'appétit de l'agréable; et chacune de ces expressions s'applique également à l'agréable. Mais peut-être n'y a-t-il rien là d'absurde. L'homme, en effet, est bipède, et ce qui est identique à l'homme est bipède : or, animal terrestre bipède est identique à l'homme: donc l'animal terrestre bipède est bipède. Mais il n'y a rien là d'absurde; et le bipède lest pas attribué deux fois à l'animal terrestre; car alors bipède serait attribué deux fois à la même chose; mais le bipède est dit de l'animal terrestre bipède, de sorte que le bipède n'est attribué qu'une seule fois. Et de même pour le désir; car s'appliquer à l'agréable n'est pas attribué à l'appétit, mais à la totalité; de sorte que l'attribution ne vient ici qu'une seule fois. Ce n'est pas une absurdité du reste de répéter deux fois le même mot; mais seulement il est absurde d'attribuer la même chose plusieurs fois à une même chose. C'est ainsi que Xénocrate prétend que la réflexion est la faculté qui définit et qui observe les êtres. La définition ici est déjà une sorte d'observation, de sorte qu'en ajoutant : Et qui observe, il dit deux fois la même chose. Et de même encore, ceux qui prétendent que le refroidissement est la privation de la chaleur naturelle ; car toute privation s'applique à ce qui est naturel, donc il est inutile d'ajouter: naturelle; mais il suffit de dire privation de la chaleur, puisque la privation elle-même indique assez qu'il s'agit d'une chose naturelle.
5 Il faut voir, d'autre part, si, le terme étant universel, on n'y ajoute point aussi un terme particulier : et, par exemple, si on appelle la modération une concession sur des choses utiles et justes; car le juste est quelque chose d'utile, de sorte qu'il est compris dans l'utile. Ainsi le juste est ici superflu, parce qu'on a ajouté un terme particulier tout en employant le terme universel. Par exemple encore, si l'on a dit que la science médicale est la science de ce qui est sain pour l'animal et pour l'homme, ou bien que la loi est l'image des choses belles et justes par nature; car le juste déjà est quelque chose de beau; de sorte que la même chose est ici répétée plusieurs fois.
6 C'est donc par ces moyens ou des moyens analogues qu'on verra si l'on a bien ou mal défini.
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