[8] CHAPITRE VIII.
1 Ἐπεὶ δὲ εἴρηται πρότερον ὅτι τὸ ζῆν καὶ ἡ τῆς ψυχῆς ἕξις μετὰ θερμότητός τινός ἐστιν (οὐδὲ γὰρ ἡ πέψις, δι' ἧς ἡ τροφὴ γίνεται τοῖς ζῴοις, οὔτ' ἄνευ ψυχῆς οὔτ' ἄνευ θερμότητός ἐστιν· πυρὶ γὰρ ἐργάζεται πάντα), 2 διόπερ ἐν ᾧ πρώτῳ τόπῳ τοῦ σώματος καὶ ἐν ᾧ πρώτῳ τοῦ τόπου τούτου μορίῳ τὴν ἀρχὴν ἀναγκαῖον εἶναι τὴν τοιαύτην, ἐνταῦθα καὶ τὴν πρώτην θρεπτικὴν ψυχὴν ἀναγκαῖον ὑπάρχειν, 3 <474b> οὗτος δ' ἐστὶν ὁ μέσος τόπος τοῦ δεχομένου τὴν τροφὴν καὶ καθ' ὃν ἀφίησι τὸ περίττωμα, τοῖς μὲν οὖν ἀναίμοις ἀνώνυμον, τοῖς δ' ἐναίμοις ἡ καρδία τοῦτο τὸ μόριόν ἐστιν. 4 Ἡ τροφὴ μὲν γὰρ ἐξ ἧς ἤδη γίνεται τὰ μόρια τοῖς ζῴοις ἡ τοῦ αἵματος φύσις ἐστίν. Τοῦ δ' αἵματος καὶ τῶν φλεβῶν τὴν αὐτὴν ἀρχὴν ἀναγκαῖον εἶναι· θατέρου γὰρ ἕνεκα θάτερόν ἐστιν, ὡς ἀγγεῖον καὶ δεκτικόν. Ἀρχὴ δὲ τῶν φλεβῶν ἡ καρδία τοῖς ἐναίμοις· οὐ γὰρ διὰ ταύτης, ἀλλ' ἐκ ταύτης ἠρτημέναι πᾶσαι τυγχάνουσιν· δῆλον δ' ἡμῖν τοῦτο ἐκ τῶν ἀνατομῶν.
5 Τὰς μὲν οὖν ἄλλας δυνάμεις τῆς ψυχῆς ἀδύνατον ὑπάρχειν ἄνευ τῆς θρεπτικῆς (δι' ἣν δ' αἰτίαν, εἴρηται πρότερον ἐν τοῖς Περὶ ψυχῆς), ταύτην δ' ἄνευ τοῦ φυσικοῦ πυρός· ἐν τούτῳ γὰρ ἡ φύσις ἐμπεπύρευκεν αὐτήν. 6 Φθορὰ δὲ πυρός, ὥσπερ εἴρηται πρότερον, σβέσις καὶ μάρανσις, σβέσις μὲν ἡ ὑπὸ τῶν ἐναντίων (διόπερ ἀθρόον τε ὑπὸ τῆς τοῦ περιέχοντος ψυχρότητος καὶ θᾶττον σβέννυται διασπώμενον· αὕτη μὲν οὖν ἡ φθορὰ βίαιος ὁμοίως ἐπὶ τῶν ἐμψύχων καὶ τῶν ἀψύχων ἐστίν· καὶ γὰρ ὀργάνοις διαιρουμένου τοῦ ζῴου, καὶ πηγνυμένου διὰ ψύχους ὑπερβολήν, ἀποθνήσκουσιν), 7 ἡ δὲ μάρανσις διὰ πλῆθος θερμότητος· καὶ γὰρ ἂν ὑπερβάλλῃ τὸ πέριξ θερμόν, καὶ τροφὴν ἐὰν μὴ λαμβάνῃ, φθείρεται τὸ πυρούμενον, οὐ ψυχόμενον ἀλλὰ μαραινόμενον. 8 Ὥστ' ἀνάγκη γίγνεσθαι κατάψυξιν, εἰ μέλλει τεύξεσθαι σωτηρίας· τοῦτο γὰρ βοηθεῖ πρὸς ταύτην τὴν φθοράν.
| [8] CHAPITRE VIII.
§ 1. On a dit antérieurement que la vie et l'âme ne peuvent subsister dans les êtres qu'à la condition d'une certaine chaleur, parce que la digestion, par laquelle se fait la nutrition dans les animaux, ne saurait s'accomplir sans âme et sans chaleur. Le feu est, en effet, l'instrument universel de toutes ces fonctions. § 2. Voilà pourquoi c'est dans le premier lieu du corps, et dans la première partie de ce premier lieu, où il doit y avoir nécessairement un principe de ce genre, que doit aussi nécessairement se trouver la première âme, l'âme nutritive. § 3. <474b> Or, ce lieu central est intermédiaire entre celui qui reçoit la nourriture et celui qui en rejette le résidu. Dans les animaux qui n'ont pas de sang, cette partie n'a pas de nom spécial ; dans les animaux qui ont du sang, elle se nomme le coeur. § 4. La nourriture dont en définitive se forment les parties qui composent les animaux, c'est la nature du sang. Il faut donc que le principe du sang et des veines soit identique ; car l'un est fait pour l'autre, comme un vase capable de le recevoir. Dans les animaux qui ont du sang, c'est le coeur qui est le principe des veines; car ce n'est pas parce que les veines traversent le coeur, c'est parce qu'elles en partent, que toutes en dépendent, comme nous le voyons bien clairement par l'anatomie.
§ 5. D'ailleurs, il est impossible que les autres facultés de l'âme existent sans la faculté nutritive. Nous en avons dit antérieurement la raison dans le Traité de l'Âme. Mais la faculté nutritive ne peut pas davantage exister sans le feu naturel, parce que c'est dans le feu que la nature a puisé la flamme nécessaire à cette faculté. § 6. La destruction du feu, comme on l'a dit plus haut, est de deux sortes : ou il est étouffé, ou il se consume. Il est étouffé, quand il cesse par l'action des éléments contraires; et voilà pourquoi le feu est étouffé en masse par le froid du milieu qui environne l'animal, et qu'il l'est plus vite encore quand l'animal est divisé. Cette destruction violente du feu est donc absolument la même, qu'elle se fasse ou par des choses inanimées, ou par des êtres animés. Ainsi, l'anime, quand on le coupe avec des instruments tranchants, ou quand il est gelé par l'effet d'un froid excessif, ne tarde pas à mourir. § 7. Au contraire quand le feu se consume et s'éteint lui-même, c'est par la quantité trop forte de la chaleur; car si la chaleur qui entoure le corps en ignition est plus vive que la sienne, et qu'il n'ait plus d'aliment, le feu est détruit, non pas par le froid, mais parce qu'il s'éteint lui-même. § 8. Ainsi donc, il faut nécessairement qu'il y ait un certain refroidissement pour que le feu se conserve; et c'est là seulement ce qui le protége contre cette destruction.
|