[14] CHAPITRE XIV.
1 Ἐμπεδοκλῆς δ' οὐ καλῶς τοῦτ' εἴρηκε, φάσκων τὰ θερμότατα <477b> καὶ πῦρ ἔχοντα πλεῖστον τῶν ζῴων ἔνυδρα εἶναι, φεύγοντα τὴν ὑπερβολὴν τῆς ἐν τῇ φύσει θερμότητος, ὅπως ἐπειδὴ τοῦ ψυχροῦ καὶ τοῦ ὑγροῦ ἐλλείπει, κατὰ τὸν τόπον ἀνασῴζηται, ἐναντίον ὄντα· θερμὸν γὰρ εἶναι τὸ ὑγρὸν ἧττον τοῦ ἀέρος. 2 Ὅλως μὲν οὖν ἄτοπον πῶς ἐνδέχεται γενόμενον ἕκαστον αὐτῶν ἐν τῷ ξηρῷ μεταβάλλειν τὸν τόπον εἰς τὸ ὑγρόν (σχεδὸν γὰρ καὶ ἄποδα τὰ πλεῖστα αὐτῶν ἐστιν)· ὁ δὲ τὴν ἐξ ἀρχῆς αὐτῶν σύστασιν λέγων γενέσθαι μὲν ἐν τῷ ξηρῷ φησι, φεύγοντα δ' ἐλθεῖν εἰς τὸ ὕδωρ. 3 Ἔτι δ' οὐδὲ φαίνεται θερμότερα ὄντα τῶν πεζῶν· τὰ μὲν γὰρ ἄναιμα πάμπαν, τὰ δ' ὀλίγαιμα αὐτῶν ἐστιν. Ἀλλὰ ποῖα μὲν δεῖ λέγειν θερμὰ καὶ ψυχρά, καθ' αὑτὰ τὴν ἐπίσκεψιν εἴληφεν· περὶ δ' ἧς αἰτίας εἴρηκεν Ἐμπεδοκλῆς, τῇ μὲν ἔχει τὸ ζητούμενον λόγον, οὐ μὴν ὅ γέ φησιν ἐκεῖνος ἀληθές. 5 Τῶν μὲν γὰρ ἕξεων τοὺς τὰς ὑπερβολὰς ἔχοντας οἱ ἐναντίοι τόποι καὶ ὧραι σῴζουσιν, ἡ δὲ φύσις ἐν τοῖς οἰκείοις σῴζεται μάλιστα τόποις. Οὐ γὰρ ταὐτὸν ἥ θ' ὕλη τῶν ζῴων ἐξ ἧς ἐστιν ἕκαστον, καὶ αἱ ἕξεις καὶ διαθέσεις αὐτῆς. Λέγω δ' οἷον εἴ τι ἐκ κηροῦ συστήσειεν ἡ φύσις, οὐκ ἂν ἐν θερμῷ θεῖσα διέσωσεν, οὐδ' εἴ τι ἐκ κρυστάλλου· ἐφθάρη γὰρ ἂν ταχὺ διὰ τοὐναντίον· τήκει γὰρ τὸ θερμὸν τὸ ὑπὸ τοῦ ἐναντίου συστάν. Οὐδ' εἴ τι ἐξ ἁλὸς ἢ νίτρου συνέστησεν, οὐκ ἂν εἰς ὑγρὸν φέρουσα κατέθηκεν· φθείρει γὰρ τὰ ὑπὸ ξηροῦ συστάντα τὸ ὑγρόν. 6 Εἰ οὖν ὕλη πᾶσι τοῖς σώμασι τὸ ὑγρὸν καὶ τὸ ξηρόν, εὐλόγως τὰ μὲν ἐξ ὑγροῦ <καὶ ψυχροῦ> συστάντα ἐν ὑγροῖς ἐστι <καὶ εἰ ψυχρά, ἔσται ἐν ψυχρῷ>, τὰ δ' ἐκ ξηροῦ ἐν ξηρῷ. Διὰ τοῦτο τὰ δένδρα οὐκ ἐν ὕδατι φύεται, ἀλλ' ἐν γῇ. Καίτοι τοῦ αὐτοῦ λόγου ἐστὶν εἰς τὸ ὕδωρ, διὰ τὸ εἶναι αὐτὰ ὑπέρξηρα, ὥσπερ τὰ ὑπέρπυρά φησιν ἐκεῖνος· οὐ γὰρ διὰ τὸ ψυχρὸν ‹ἂν› ἦλθεν εἰς αὐτό, ἀλλ' ὅτι ὑγρόν.
8 Αἱ μὲν οὖν φύσεις τῆς ὕλης, ἐν οἵῳπερ τόπῳ εἰσί, τοιαῦται οὖσαι τυγχάνουσιν, αἱ μὲν ἐν ὕδατι ὑγραί, αἱ δ' ἐν τῇ γῇ ξηραί, αἱ δ' ἐν τῷ ἀέρι θερμαί· <478a> αἱ μέντοι ἕξεις αἱ μὲν ὑπερβάλλουσαι θερμότητι ἐν ψυχρῷ, αἱ δὲ τῇ ψυχρότητι ἐν θερμῷ τιθέμεναι σῴζονται μᾶλλον· ἐπανισοῖ γὰρ εἰς τὸ μέτριον ὁ τόπος τὴν τῆς ἕξεως ὑπερβολήν. Τοῦτο μὲν οὖν δεῖ ζητεῖν ἐν τοῖς οἰκείοις τόποις ἑκάστης ὕλης καὶ κατὰ τὰς μεταβολὰς τῆς κοινῆς ὥρας· τὰς μὲν γὰρ ἕξεις ἐνδέχεται τοῖς τόποις ἐναντίας εἶναι, τὴν δ' ὕλην ἀδύνατον.
9 Ὅτι μὲν οὖν οὐ διὰ θερμότητα τῆς φύσεως τὰ μὲν ἔνυδρα τὰ δὲ πεζὰ τῶν ζῴων ἐστί, καθάπερ Ἐμπεδοκλῆς φησιν, τοσαῦτ' εἰρήσθω, καὶ διότι τὰ μὲν οὐκ ἔχει πνεύμονα τὰ δὲ ἔχει.
| [14] CHAPITRE XIV.
§ 1. Empédocle n'a pas été heureux dans ses explications, quand il a soutenu que les animaux qui ont le plus de chaleur <477b> et le plus de feu sont aquatiques. A l'en croire, ils échappent ainsi à l'excès de la chaleur qui est dans leur nature, parce que, ayant en eux trop peu de froid et d'humidité, ils rétablissent l'équilibre par le lieu dans lequel ils vivent et qui a la qualité contraire à la leur ; car l'eau est chaude, mais moins que l'air. § 2. Une objection générale contre sa théorie, c'est qu'il est tout à fait impossible de comprendre comment chacun de ces animaux, qui sont nés à sec sur la terre, ont pu changer de lieu et aller dans les eaux, puisque la plupart d'entre eux sont privés de pieds; et pourtant, Empédocle, en rendant compte de leur constitution dès leur origine, n'en prétend pas moins qu'ils naissent à sec, et qu'ils s'enfuient sur-le-champ dans l'eau. § 3. D'un autre côté, il ne paraît pas non plus que les animaux aquatiques soient plus chauds que les animaux terrestres; car, en général, ou ils sont tout à fait privés de sang, ou ils en ont très peu. § 4. Quant à la question de savoir quels sont les êtres qu'il faut appeler chauds et froids, elle a été traitée spécialement. La cause qu'Empédocle indique contient en partie l'explication cherchée; mais ce qu'il dit n'est pas cependant parfaitement exact. § 5. Il est bien vrai que les lieux et climats qui ont, à un degré éminent, les qualités contraires à celles de l'animal, contribuent à le conserver. Mais il n'en est pas moins certain que la nature de tout être se conserve, surtout dans les lieux qui lui sont particulièrement propres. C'est que la matière dont est formée chaque espèce d'animal, n'est pas plus identique dans tous, que ne le sont les qualités et les dispositions de cette même matière. Je m'explique : par exemple, si la nature composait un être en cire, elle ne le conserverait pas en le plaçant dans la chaleur, non plus que si elle y plaçait quelque animal en glace; car cet être y périrait bientôt par son contraire, parce que le chaud détruit tout ce qui est formé de son contraire. Si elle avait fait quelque animal de sel ou de salpêtre, elle ne s'en irait pas certainement davantage le placer dans l'eau, parce que l'eau détruit les corps composés de chaud et de sec. § 6. Si donc le sec et l'humide sont la matière de tous les corps sans exception, il est tout simple que ceux qui se composent de froid,et d'humide soies dans les eaux; et, s'ils sont froids, ils seront dans le froid comme ceux qui sont formés de l'élément sec doive être dans le sec. § 7. Voilà pourquoi les arbres poussent, non pas dans l'eau, mais dans la terre; et cependant, d'après la même théorie, il faudrait qu'ils vinssent dans l'eau, puisqu'ils sont excessivement secs, comme y viennent, au dire d'Empédocle, les êtres excessivement ignés ; car ce n'est pas parce que l'eau est froide que les arbres y pousseraient, mais parce qu'elle est humide.
§ 8. Ainsi donc, les natures diverses de la matière, dans quelque lieu qu'elles soient placées, sont ce qu'est ce lieu, humides dans l'eau, sèches sur la terre, chaudes dans l'air. <478a> Mais cependant les qualités de cette matière se conservent mieux, quand elles ont un excès de chaleur, dans le froid, et quand elles ont un excès de froid; dans la chaleur, parce qu'alors le lieu rétablit en un juste équilibre l'excès de la qualité. Il faut donc que les êtres cherchent cet équilibre dans les lieux qui sont particulièrement propres à chaque organisation, et selon les variations du climat commun. Il se peut bien que les qualités de la matière soient en opposition avec les lieux, mais la matière elle-même ne saurait jamais y être.
§ 9. Ce n'est donc pas à cause de la chaleur que parmi lès animaux les uns sont aquatiques, et les autres, terrestres, ainsi que le prétend Empédocle; ce que nous avons dit suffit pour le prouver, et aussi pour expliquer comment les uns ont un poumon et les autres n'en ont pas.
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