HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, La Logique. La réfutation des sophistes. Première section (texte complet)

Chapitre 4

  Chapitre 4

[1,4] CHAPITRE IV. § 1. Τρόποι δ´ εἰσὶ τοῦ μὲν ἐλέγχειν δύο· οἱ μὲν γάρ εἰσι παρὰ τὴν λέξιν, οἱ δ´ ἔξω τῆς λέξεως. § 2. Ἔστι δὲ τὰ μὲν παρὰ τὴν λέξιν ἐμποιοῦντα τὴν φαντασίαν ἓξ τὸν ἀριθμόν· ταῦτα δ´ ἐστὶν ὁμωνυμία, ἀμφιβολία, σύνθεσις, διαίρεσις, προσῳδία, σχῆμα λέξεως. Τούτου δὲ πίστις τε διὰ τῆς ἐπαγωγῆς καὶ συλλογισμός, ἄν τε ληφθῇ τις ἄλλος καὶ ὅτι τοσαυταχῶς ἂν τοῖς αὐτοῖς ὀνόμασι καὶ λόγοις μὴ ταὐτὸ δηλώσαιμεν. § 3. Εἰσὶ δὲ παρὰ μὲν τὴν ὁμωνυμίαν οἱ τοιοίδε τῶν λόγων, οἷον ὅτι μανθάνουσιν οἱ ἐπιστάμενοι, τὰ γὰρ ἀποστοματιζόμενα μανθάνουσιν οἱ γραμματικοί· τὸ γὰρ μανθάνειν ὁμώνυμον, τό τε ξυνιέναι χρώμενον τῇ ἐπιστήμῃ καὶ τὸ λαμβάνειν ἐπιστήμην. Καὶ πάλιν ὅτι τὰ κακὰ ἀγαθά· τὰ γὰρ δέοντα ἀγαθά, τὰ δὲ κακὰ δέοντα· διττὸν γὰρ τὸ δέον, τό τ´ ἀναγκαῖον, συμβαίνει πολλάκις καὶ ἐπὶ τῶν κακῶν (ἔστι γὰρ κακόν τι ἀναγκαῖον)—καὶ τἀγαθὰ δὲ δέοντά φαμεν εἶναι. Ἔτι τὸ τὸν αὐτὸν καθῆσθαι καὶ ἑστάναι, καὶ κάμνειν καὶ ὑγιαίνειν. Ὅσπερ γὰρ ἀνίστατο, ἕστηκεν, καὶ ὅσπερ (166b) ὑγιάζετο, ὑγιαίνει· ἀνίστατο δ´ καθήμενος καὶ ὑγιάζετο κάμνων. Τὸ γὰρ τὸν κάμνοντα ὁτιοῦν ποιεῖν πάσχειν οὐχ ἓν σημαίνει, ἀλλ´ ὁτὲ μὲν ὅτι νῦν κάμνων ( καθήμενος), ὁτὲ δ´ ὃς ἔκαμνε πρότερον. Πλὴν ὑγιάζετο μὲν καὶ κάμνων καὶ κάμνων· ὑγιαίνει δ´ οὐ κάμνων ἀλλ´ κάμνων, οὐ νῦν, ἀλλ´ πρότερον. § 4. Παρὰ δὲ τὴν ἀμφιβολίαν οἱ τοιοίδε· τὸ βούλεσθαι λαβεῖν με τοὺς πολεμίους. Καὶ "ἆρ´ τις γινώσκει, τοῦτο γινώσκει;" καὶ γὰρ τὸν γινώσκοντα καὶ τὸ γινωσκόμενον ἐνδέχεται ὡς γινώσκοντα σημῆναι τούτῳ τῷ λόγῳ. Καὶ "ἆρα ὁρᾷ τις, τοῦτο ὁρᾷ; ὁρᾷ δὲ τὸν κίονα, ὥστε ὁρᾷ κίων". Καὶ "ἆρα σὺ φῂς εἶναι, τοῦτο σὺ φῂς εἶναι; φῂς δὲ λίθον εἶναι· σὺ ἄρα φῂς λίθος εἶναι". Καὶ "ἆρ´ ἔστι σιγῶντα λέγειν;" διττὸν γὰρ καὶ τὸ σιγῶντα λέγειν, τό τε τὸν λέγοντα σιγᾶν καὶ τὸ τὰ λεγόμενα. § 5. Εἰσὶ δὲ τρεῖς τρόποι τῶν παρὰ τὴν ὁμωνυμίαν καὶ τὴν ἀμφιβολίαν· εἷς μὲν ὅταν λόγος τοὔνομα κυρίως σημαίνῃ πλείω, οἷον ἀετὸς καὶ κύων· εἷς δὲ ὅταν εἰωθότες ὦμεν οὕτω λέγειν· τρίτος δὲ ὅταν τὸ συντεθὲν πλείω σημαίνῃ, κεχωρισμένον δὲ ἁπλῶς. Οἷον τὸ "ἐπίσταται γράμματαἑκάτερον μὲν γάρ, εἰ ἔτυχεν, ἕν τι σημαίνει, τὸ "ἐπίσταται" καὶ τὸ "γράμματαἄμφω δὲ πλείω, τὸ τὰ γράμματα αὐτὰ ἐπιστήμην ἔχειν τῶν γραμμάτων ἄλλον. μὲν οὖν ἀμφιβολία καὶ ὁμωνυμία παρὰ τούτους τοὺς τρόπους ἐστίν. § 6. Παρὰ δὲ τὴν σύνθεσιν τὰ τοιάδε, οἷον τὸ δύνασθαι καθήμενον βαδίζειν καὶ μὴ γράφοντα γράφειν (οὐ γὰρ ταὐτὸ σημαίνει ἂν διελών τις εἴπῃ καὶ συνθεὶς ὡς δυνατὸν τὸ "καθήμενον βαδίζειν" (καὶ "μὴ γράφοντα γράφειν")· καὶ τοῦθ´ ὡσαύτως, ἄν τις συνθῇ τὸ "μὴ γράφοντα γράφεινσημαίνει γὰρ ὡς ἔχει δύναμιν τοῦ μὴ γράφων γράφειν· ἐὰν δὲ μὴ συνθῇ, ὅτι ἔχει δύναμιν, ὅτε οὐ γράφει, τοῦ γράφειν), καὶ "μανθάνει νῦν γράμματα, εἴπερ μανθάνει ἐπίσταται". Ἔτι τὸ ἓν μόνον δυνάμενον φέρειν πολλὰ δύνασθαι φέρειν. § 7. Παρὰ δὲ τὴν διαίρεσιν ὅτι τὰ πέντ´ ἐστὶ δύο καὶ τρία, καὶ περιττὰ καὶ ἄρτια, καὶ τὸ μεῖζον ἴσον· τοσοῦτον γὰρ καὶ ἔτι πρός. γὰρ αὐτὸς λόγος διῃρημένος καὶ συγκείμενος οὐκ ἀεὶ ταὐτὸ σημαίνειν ἂν δόξειεν, οἷον "ἐγώ ς´ ἔθηκα δοῦλον ὄντ´ ἐλεύθερον" καὶ τὸ "πεντήκοντ´ ἀνδρῶν ἑκατὸν λίπε δῖος Ἀχιλλεύς". (167a) § 8. Παρὰ δὲ τὴν προσῳδίαν ἐν μὲν τοῖς ἄνευ γραφῆς διαλεκτικοῖς οὐ ῥᾴδιον ποιῆσαι λόγον, ἐν δὲ τοῖς γεγραμμένοις καὶ ποιήμασι μᾶλλον. Οἷον καὶ τὸν Ὅμηρον ἔνιοι διορθοῦνται πρὸς τοὺς ἐλέγχοντας ὡς ἄτοπον εἰρηκότα "τὸ μὲν οὐ καταπύθεται ὄμβρῳλύουσι γὰρ αὐτὸ τῇ προσῳδίᾳ, λέγοντες τὸ "ου" ὀξύτερον. Καὶ τὸ περὶ τὸ ἐνύπνιον τοῦ Ἀγαμέμνονος, ὅτι οὐκ αὐτὸς Ζεὺς εἶπεν "δίδομεν δέ οἱ εὖχος ἀρέσθαι", ἀλλὰ τῷ ἐνυπνίῳ ἐνετέλλετο διδόναι. Τὰ μὲν οὖν τοιαῦτα παρὰ τὴν προσῳδίαν ἐστίν. § 9. Οἱ δὲ παρὰ τὸ σχῆμα τῆς λέξεως συμβαίνουσιν ὅταν τὸ μὴ ταὐτὸ ὡσαύτως ἑρμηνεύηται, οἷον τὸ ἄρρεν θῆλυ τὸ θῆλυ ἄρρεν τὸ μεταξὺ θάτερον τούτων, πάλιν τὸ ποιὸν ποσὸν τὸ ποσὸν ποιόν, τὸ ποιοῦν πάσχον τὸ διακείμενον ποιοῦν, καὶ τἆλλα δ´ ὡς διῄρηται πρότερον· ἔστι γὰρ τὸ μὴ τῶν ποιεῖν ὂν ὡς τῶν ποιεῖν τι τῇ λέξει σημαίνειν. Οἷον τὸ ὑγιαίνειν ὁμοίως τῷ σχήματι τῆς λέξεως λέγεται τῷ τέμνειν οἰκοδομεῖν· καίτοι τὸ μὲν ποιόν τι καὶ διακείμενόν πως δηλοῖ, τὸ δὲ ποιεῖν τι. Τὸν αὐτὸν δὲ τρόπον καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων. § 10. Οἱ μὲν οὖν παρὰ τὴν λέξιν ἔλεγχοι ἐκ τούτων τῶν τόπων εἰσίν. [1,4] CHAPITRE IV. {Deux espèces principales de réfutations : 1° l'une purement verbale; 2° l'autre relative aux choses.} § 1. Il y a deux manières de réfuter : l'une s'adresse au mot, l'autre est en dehors du mot. § 2. Les causes qui font illusion relativement aux mots, sont au nombre de six : c'est l'homonymie, l'amphibologie, la combinaison, la division, la prosodie et la forme même du mot. On peut démontrer par la méthode d'induction et par le syllogisme, ou telle autre méthode, que l'on peut exprimer une chose qui n'est pas la même, d'autant de façons qu'on vient de dire, par les mêmes mots et les mêmes paroles. § 3. Pour l'homonymie, il y a des raisonnements du genre de celui-ci : Ceux qui savent, apprennent; car les grammairiens apprennent les choses qu'ils font réciter de mémoire. C'est qu'apprendre est un homonyme, et signifie également faire comprendre en se servant de la science et acquérir la science. On prouve encore que les maux sont des biens; car ce qui doit être est un bien, et les maux doivent être. C'est que, devoir être a un double sens, et signifie, d'une part, le nécessaire, ce qui se présente souvent même pour les maux; car il y a tel mal qui est nécessaire; et, d'autre part, nous disons que les biens sont aussi ce qui doit être. Autre homonymie : on prouve que le même individu est assis et debout, qu'il est malade et bien portant; car celui qui s'est levé, est debout, et celui qui s'est guéri est bien portant. Or, c'était un individu assis qui se levait, un malade (166b) qui se guérissait; car cette expression, que le malade fait ou souffre une chose quelconque, n'a pas une signification unique, mais tantôt elle veut dire que, telle personne est assise ou malade maintenant, et tantôt il s'agit d'une personne qui l'était auparavant. Oui, sans doute, le malade se portait bien même en étant malade, mais il ne se porte pas bien étant malade; c'est le malade qui se porte bien, mais ce n'est pas le malade qui l'est maintenant, c'est celui qui l'était auparavant. § 4. Quant à l'amphibologie, en voici un exemple: Vous voulez ma prise des ennemis: Quelqu'un qui connait connaît-il cela? Car on peut entendre par cette expression, et désigner ainsi comme connaissant, et celui qui connaît, et la chose qui est connue? Est-ce que ce que celui-ci voit, voit cela? Il voit la colonne, de sorte que c'est la colonne qui voit. Et encore, ce que tu dis être est-ce que tu le dis être? Et tu dis que c'est une pierre, tu dis donc que tu es une pierre? Enfin, est-ce que celui qui se tait parle? Car cette expression, celui qui qui se tait parle, a deux sens; d'abord, que celui qui parle se tait, et que ce sont les choses mêmes qui se taisent. § 5. II y a trois espèces dans l'homonymie et dans l'amphibologie; l'une, quand l'expression ou le mot a proprement plusieurs sens, comme aigle, chien; l'autre qui procède de l'usage où nous sommes d'employer ces mots; la troisième, enfin, quand le mot en combinaison a plusieurs sens, mais qu'il n'en a qu'un absolument quand il est isolé. Par exemple, savoir les lettres; car chacun de ces mots pris à part ne signifient qu'une seule chose: savoir, et les lettres ; mais tous deux réunis ont plusieurs sens; d'abord, que ce sont les lettres elles-mêmes qui ont la science, ou que c'est un autre qui a la science des lettres. L'homonymie et l'amphibologie ont donc ces diverses espèces. § 6. Voici celles de la combinaison : par exemple, que celui qui est assis peut marcher, et que celui qui n'écrit pas peut écrire; car le sens n'est pas le même, si l'on prétend ainsi, en séparant les idées, ou en les réunissant, qu'il est possible que l'individu assis, marche, et que celui qui n'écrit pas, écrive. Et de même, si l'on réunit ces deux idées que celui qui n'écrit pas écrit; car cela signifie alors que celui qui n'écrit pas écrit; et si l'on ne réunit pas les idées, cela veut dire qu'il a la faculté d'écrire même lorsqu'il n'écrit pas. Et il apprend maintenant la grammaire, puisqu'il apprenait ce qu'il sait. Et de même encore que celui qui ne peut porter qu'une seule chose peut cependant en porter plusieurs. § 7. Pour la division, c'est, par exemple, que cinq sont deux et trois, et qu'ainsi ils sont pairs et impairs: et que le plus grand est égal; car il est d'abord autant, et, en outre, il a du plus. En effet, la même expression combinée ou divisée ne signifie plus la même chose. Ainsi : Je t'ai fait libre d'esclave, et le divin Achille laissa cinquante hommes de cent. (167a) § 8. Dans la prosodie, il n'est pas facile de se tromper quand on ne fait que discuter en paroles sans écrire, mais c'est bien plutôt dans les choses écrites et dans les poésies. Par exemple, il y a des gens qui défendent Homère contre ceux qui lui font un crime d'avoir dit: Il n'est pas atteint par sa pluie. On défend cette expression par une règle de prosodie, en disant que le mot en discussion doit être marqué d'un accent aigu: et dans le songe d'Agamemnon, que ce n'est pas Jupiter lui-même qui dit : Nous lui accordons d'obtenir sa prière, mais qu'il ordonne au songe de la lui accorder. Voilà donc des observations relatives à la prosodie. § 9. Quant aux arguments tirés de la forme du mot, ils ont lieu quand ce qui n'est pas la même chose est exprimé de la même façon : par exemple, le masculin pris au féminin, ou le féminin au masculin : ou bien lorsque le neutre est pris pour l'un ou pour l'autre: ou bien la qualité pour la quantité; ou à l'inverse, la quantité pour la qualité, ou l'action pour la souffrance, ou l'action pour la disposition. Et ainsi du reste, contre les divisions faites précédemment; car il est possible d'exprimer par le mot , comme étant de la catégorie de l'action, ce qui n'est pas de la catégorie de l'action : ainsi, se bien porter, est, pour la simple forme du mot, tout à fait la même chose que couper et construire; et, cependant, l'un exprime que l'on a certaine qualité, certaine disposition, et l'autre, que l'on fait certaine chose. Et de même pour tout le reste. § 10. Les arguments tirés des mots sont donc de ces différentes espèces.


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Dernière mise à jour : 5/11/2009