[5,1302a] εὐγενεῖς γὰρ καὶ ἀγαθοὶ οὐδαμοῦ ἑκατόν, εὔποροι δὲ πολλαχοῦ. Τὸ δὲ ἁπλῶς
πάντῃ καθ' ἑκατέραν τετάχθαι τὴν ἰσότητα φαῦλον. Φανερὸν δ' ἐκ τοῦ συμβαίνοντος·
οὐδεμία γὰρ μόνιμος ἐκ τῶν τοιούτων πολιτειῶν. Τούτου δ' αἴτιον ὅτι
ἀδύνατον ἀπὸ τοῦ πρώτου καὶ τοῦ ἐν ἀρχῇ ἡμαρτημένου μὴ ἀπαντᾶν εἰς τὸ
τέλος κακόν τι. Διὸ δεῖ τὰ μὲν ἀριθμητικῇ ἰσότητι χρῆσθαι, τὰ δὲ τῇ κατ' ἀξίαν.
§ 9. Ὅμως δὲ ἀσφαλεστέρα καὶ ἀστασίαστος μᾶλλον ἡ δημοκρατία τῆς
ὀλιγαρχίας. Ἐν μὲν γὰρ ταῖς ὀλιγαρχίαις ἐγγίνονται δύο, ἥ τε πρὸς ἀλλήλους
στάσις καὶ ἔτι ἡ πρὸς τὸν δῆμον, ἐν δὲ ταῖς δημοκρατίαις ἡ πρὸς τὴν
ὀλιγαρχίαν μόνον, αὐτῷ δὲ πρὸς αὑτόν, ὅ τι καὶ ἄξιον εἰπεῖν, οὐκ ἐγγίνεται
τῷ δήμῳ στάσις· ἔτι δὲ ἡ ἐκ τῶν μέσων πολιτεία ἐγγυτέρω τοῦ δήμου ἢ ἡ τῶν
ὀλίγων· ἥπερ ἐστὶν ἀσφαλεστάτη τῶν τοιούτων πολιτειῶν.
CHAPITRE II.
§1. Ἐπεὶ δὲ σκοποῦμεν ἐκ τίνων αἵ τε στάσεις γίνονται καὶ αἱ μεταβολαὶ
περὶ τὰς πολιτείας, ληπτέον καθόλου πρῶτον τὰς ἀρχὰς καὶ τὰς αἰτίας αὐτῶν.
Εἰσὶ δὴ σχεδὸν ὡς εἰπεῖν τρεῖς τὸν ἀριθμόν, ἃς διοριστέον καθ' αὑτὰς τύπῳ
πρῶτον. Δεῖ γὰρ λαβεῖν πῶς τε ἔχοντες στασιάζουσι καὶ τίνων ἕνεκεν, καὶ
τρίτον τίνες ἀρχαὶ γίνονται τῶν πολιτικῶν ταραχῶν καὶ τῶν πρὸς ἀλλήλους
στάσεων. Τοῦ μὲν οὖν αὐτοὺς ἔχειν πως πρὸς τὴν μεταβολὴν αἰτίαν καθόλου
μάλιστα θετέον περὶ ἧς ἤδη τυγχάνομεν εἰρηκότες. Οἱ μὲν γὰρ ἰσότητος
ἐφιέμενοι στασιάζουσιν ἂν νομίζωσιν ἔλαττον ἔχειν ὄντες ἴσοι τοῖς
πλεονεκτοῦσιν, οἱ δὲ τῆς ἀνισότητος καὶ τῆς ὑπεροχῆς ἂν ὑπολαμβάνωσιν
ὄντες ἄνισοι μὴ πλέον ἔχειν ἀλλ' ἴσον ἢ ἔλαττον
§ 2. (τούτων δ' ἔστι μὲν ὀρέγεσθαι δικαίως, ἔστι δὲ καὶ ἀδίκως)· ἐλάττους
τε γὰρ ὄντες ὅπως ἴσοι ὦσι στασιάζουσι, καὶ ἴσοι ὄντες ὅπως μείζους. Πῶς
μὲν οὖν ἔχοντες στασιάζουσιν, εἴρηται· περὶ ὧν δὲ στασιάζουσιν ἐστὶ κέρδος
καὶ τιμὴ καὶ τἀναντία τούτοις. Καὶ γὰρ ἀτιμίαν φεύγοντες καὶ ζημίαν, ἢ
ὑπὲρ αὑτῶν ἢ τῶν φίλων, στασιάζουσιν ἐν ταῖς πόλεσιν.
§ 3. Αἱ δ' αἰτίαι καὶ ἀρχαὶ τῶν κινήσεων, ὅθεν αὐτοί τε διατίθενται τὸν
εἰρημένον τρόπον καὶ περὶ τῶν λεχθέντων, ἔστι μὲν ὡς τὸν ἀριθμὸν ἑπτὰ
τυγχάνουσιν οὖσαι, ἔστι δ' ὡς πλείους. Ὧν δύο μέν ἐστι ταὐτὰ τοῖς
εἰρημένοις, ἀλλ' οὐχ ὡσαύτως· διὰ κέρδος γὰρ καὶ διὰ τιμὴν καὶ παροξύνονται
πρὸς ἀλλήλους οὐχ ἵνα κτήσωνται σφίσιν αὐτοῖς, ὥσπερ εἴρηται πρότερον,
| [5,1302a] Dans aucune ville, on ne citerait cent hommes de naissance illustre,
de vertu irréprochable; presque partout, au contraire, on trouvera des masses
de pauvres. Il est dangereux de prétendre constituer l'égalité réelle ou
proportionnelle dans toutes ses conséquences ; les faits sont là pour le prouver.
Les gouvernements établis sur ces bases ne sont jamais solides, parce qu'il
est impossible que, de l'erreur qui a été primitivement commise dans le
principe, il ne sorte point à la longue un résultat vicieux. Le plus sage
est de combiner ensemble, et l'égalité suivant le nombre, et l'égalité
suivant le mérite.
§ 9. Quoi qu'il en soit, la démocratie est plus stable et moins sujette
aux bouleversements que l'oligarchie. Dans les gouvernements
oligarchiques, l'insurrection peut naître de deux côtés, de la minorité
qui s'insurge contre elle-même ou contre le peuple; dans les démocraties,
elle n'a que la minorité oligarchique à combattre. Le peuple ne s'insurge
jamais contre lui-même, ou du moins, les mouvements de ce genre sont sans
importance. La république où domine la classe moyenne, et qui se rapproche
de la démocratie plus que ne le fait l'oligarchie, est aussi le plus
stable de tous ces gouvernements.
CHAPITRE II.
§ 1. Puisque nous voulons étudier d'où naissent les discordes et les
bouleversements politiques, examinons en d'abord, d'une manière toute
générale, l'origine et les causes. Toutes ces causes, on doit dire,
peuvent être ramenées à trois chefs, que nous indiquerons en peu de mots :
ce sont la disposition morale de ceux qui s'insurgent, le but de
l'insurrection, et en troisième lieu, les circonstances déterminantes qui
amènent le trouble et la discorde parmi les citoyens. Nous avons déjà dit
ce qui dispose en général les esprits à une révolution ; et cette cause
est la principale de toutes. Les citoyens se soulèvent, tantôt par le
désir de l'égalité, lorsqu'ils se voient, tout égaux qu'ils se prétendent,
sacrifiés à des privilégiés ; tantôt par le désir de l'inégalité et de la
prédominance politiques, lorsque, en dépit de l'inégalité qu'ils se
supposent, ils n'ont pas plus de droits que les autres, ou n'en ont que
d'égaux, ou même de moins étendus.
§ 2. Ces prétentions peuvent être raisonnables, comme aussi elles peuvent
être injustes. Par exemple, inférieur, on s'insurge pour obtenir
l'égalité; l'égalité une fois obtenue, on s'insurge pour dominer. Telle
est donc, en général, la disposition d'esprit des citoyens qui commencent
la révolution. Leur but, quand ils s'insurgent, c'est d'atteindre la
fortune et les honneurs, ou bien de fuir l'obscurité et la misère ; car
souvent la révolution n'a eu pour objet que de soustraire quelques
citoyens, ou leurs amis, à une flétrissure ou au payement d'une amende.
§ 3. Enfin, quant aux causes et aux influences particulières qui
déterminent la disposition morale et les désirs que nous avons signalés,
elles sont, si l'on veut au nombre de sept, bien qu'on puisse à son gré en
compter encore davantage. Deux d'abord sont identiques aux causes
indiquées plus haut, bien qu'elles n'agissent point ici de la même
manière. L'ambition des richesses et celle des honneurs, dont nous venons
de parler, peuvent allumer la discorde, sans qu'on prétende pour soi-même
ni aux unes, ni aux autres,
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