[5,1310b] Σχεδὸν δὲ παραπλήσια τοῖς εἰρημένοις περὶ τὰς πολιτείας ἐστὶ
καὶ τὰ συμβαίνοντα περὶ τὰς βασιλείας καὶ τὰς τυραννίδας.
Ἡ μὲν γὰρ βασιλεία κατὰ τὴν ἀριστοκρατίαν ἐστίν, ἡ δὲ τυραννὶς ἐξ ὀλιγαρχίας
τῆς ὑστάτης σύγκειται καὶ δημοκρατίας· διὸ δὴ καὶ βλαβερωτάτη τοῖς
ἀρχομένοις ἐστίν, ἅτε ἐκ δυοῖν συγκειμένη κακῶν καὶ τὰς παρεκβάσεις καὶ
τὰς ἁμαρτίας ἔχουσα τὰς παρ' ἀμφοτέρων τῶν πολιτειῶν.
§ 2. Ὑπάρχει δ' ἡ γένεσις εὐθὺς ἐξ ἐναντίων ἑκατέρᾳ τῶν μοναρχιῶν· ἡ μὲν
γὰρ βασιλεία πρὸς βοήθειαν τὴν ἀπὸ τοῦ δήμου τοῖς ἐπιεικέσι γέγονεν, καὶ
καθίσταται βασιλεὺς ἐκ τῶν ἐπιεικῶν καθ' ὑπεροχὴν ἀρετῆς ἢ πράξεων τῶν ἀπὸ
τῆς ἀρετῆς, ἢ καθ' ὑπεροχὴν τοιούτου γένους, ὁ δὲ τύραννος ἐκ τοῦ δήμου
καὶ τοῦ πλήθους ἐπὶ τοὺς γνωρίμους, ὅπως ὁ δῆμος ἀδικῆται μηδὲν ὑπ' αὐτῶν.
§ 3. Φανερὸν δ' ἐκ τῶν συμβεβηκότων. Σχεδὸν γὰρ οἱ πλεῖστοι τῶν τυράννων
γεγόνασιν ἐκ δημαγωγῶν ὡς εἰπεῖν, πιστευθέντες ἐκ τοῦ διαβάλλειν τοὺς
γνωρίμους. Αἱ μὲν γὰρ τοῦτον τὸν τρόπον κατέστησαν τῶν τυραννίδων, ἤδη τῶν
πόλεων ηὐξημένων, αἱ δὲ πρὸ τούτων ἐκ τε τῶν βασιλέων παρεκβαινόντων τὰ
πάτρια καὶ δεσποτικωτέρας ἀρχῆς ὀρεγομένων, αἱ δὲ ἐκ τῶν αἱρετῶν ἐπὶ τὰς
κυρίας ἀρχάς (τὸ γὰρ ἀρχαῖον οἱ δῆμοι καθίστασαν πολυχρονίους τὰς
δημιουργίας καὶ τὰς θεωρίας), αἱ δ' ἐκ τῶν ὀλιγαρχιῶν, αἱρουμένων ἕνα τινὰ
κύριον ἐπὶ τὰς μεγίστας ἀρχάς.
§ 4. Πᾶσι γὰρ ὑπῆρχε τοῖς τρόποις τούτοις τὸ κατεργάζεσθαι ῥᾳδίως, εἰ
μόνον βουληθεῖεν, διὰ τὸ δύναμιν προυυπάρχειν τοῖς μὲν βασιλικῆς ἀρχῆς
τοῖς δὲ τὴν τῆς τιμῆς· οἷον Φείδων μὲν περὶ Ἄργος καὶ ἕτεροι τύραννοι
κατέστησαν βασιλείας ὑπαρχούσης, οἱ δὲ περὶ τὴν Ἰωνίαν καὶ Φάλαρις ἐκ τῶν
τιμῶν, Παναίτιος δ' ἐν Λεοντίνοις καὶ Κύψελος ἐν Κορίνθῳ καὶ Πεισίστρατος
Ἀθήνησι καὶ Διονύσιος ἐν Συρακούσαις καὶ ἕτεροι τὸν αὐτὸν τρόπον ἐκ δημαγωγίας.
§ 5. Καθάπερ οὖν εἴπομεν, ἡ βασιλεία τέτακται κατὰ τὴν ἀριστοκρατίαν. Κατ'
ἀξίαν γάρ ἐστιν, ἢ κατ' ἰδίαν ἀρετὴν ἢ κατὰ γένος, ἢ κατ' εὐεργεσίας, ἢ
κατὰ ταῦτά τε καὶ δύναμιν. Ἅπαντες γὰρ εὐεργετήσαντες ἢ δυνάμενοι τὰς
πόλεις ἢ τὰ ἔθνη εὐεργετεῖν ἐτύγχανον τῆς τιμῆς ταύτης, οἱ μὲν κατὰ
πόλεμον κωλύσαντες δουλεύειν, ὥσπερ Κόδρος, οἱ δ' ἐλευθερώσαντες, ὥσπερ
Κῦρος, ἢ κτίσαντες ἢ κτησάμενοι χώραν, ὥσπερ οἱ Λακεδαιμονίων βασιλεῖς καὶ
Μακεδόνων καὶ Μολοττῶν.
| [5,1310b] Les considérations qu'il convient de présenter sur le destin des
royautés et des tyrannies, se rapprochent beaucoup de celles que nous avons
indiquées à propos des États républicains. La royauté se rapproche de
l'aristocratie, et la tyrannie se compose des éléments de l'oligarchie extrême et
de la démagogie; aussi est-elle pour les sujets le plus funeste des systèmes,
parce qu'elle est formée de deux mauvais gouvernements, et qu'elle réunit
les lacunes et les vices de l'un et de l'autre.
§ 2. Du reste, ces deux espèces de monarchies sont tout opposées, même dès
leur point de départ. La royauté est créée par les hautes classes, qu'elle
doit défendre contre le peuple, et le roi est pris dans le sein même des
classes élevées, parmi lesquelles il se distingue par sa vertu supérieure,
ou par les actions éclatantes qu'elle lui inspire, ou par l'illustration
non moins méritée de sa race. Le tyran, au contraire, est tiré du peuple
et de la masse, contre les citoyens puissants, dont il doit repousser l'oppression.
§ 3. On peut le voir sans peine par les faits. Presque tous les tyrans, on
peut dire, ont été d'abord des démagogues, qui avaient gagné la confiance
du peuple en calomniant les principaux citoyens. Quelques tyrannies se
sont formées de cette manière quand les États étaient déjà puissants.
D'autres, plus anciennes, n'étaient que des royautés violant toutes les
lois du pays, et prétendant à une autorité despotique. D'autres ont été
fondées par des hommes parvenus en vertu d'une élection aux premières
magistratures, parce que jadis le peuple donnait à longue échéance tous
les grands emplois et toutes les fonctions publiques. D'autres enfin sont
sorties de gouvernements oligarchiques qui avaient imprudemment confié à
un seul individu des attributions politiques d'une excessive importance.
§ 4. Grâce à ces circonstances, l'usurpation était alors facile à tous les
tyrans ; de fait, ils n'ont eu qu'à vouloir le devenir, parce qu'ils
possédaient préalablement ou la puissance royale, ou celle qu'assure une
haute considération : témoin Phidon d'Argos et tous les autres tyrans qui
débutèrent par être rois ; témoin tous les tyrans d'Ionie, et Phalaris,
qui avaient d'abord été revêtus de hautes magistratures : Panoetius à
Léontium, Cypsèle à Corinthe, Pisistrate à Athènes, Denys à Syracuse, et
tant d'autres tyrans qui, comme eux, sont sortis de la démagogie.
§ 5. La royauté, je le répète, se classe auprès de l'aristocratie, en ce
qu'elle est, comme elle, le prix de la considération personnelle, d'une
vertu éminente, de la naissance, de grands services rendus, ou de tous ces
avantages réunis à la capacité. Tous ceux qui ont rendu d'éminents
services à des cités, à des peuples, ou qui étaient assez forts pour en
rendre, ont obtenu cette haute distinction : les uns ayant par des
victoires préservé le peuple de l'esclavage, comme Codrus; les autres lui
ayant rendu la liberté, comme Cyrus; d'autres ayant fondé l'État lui-même,
ou possédant le territoire, comme les rois des Spartiates, des Macédoniens
et des Molosses.
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