[5,1301a] LIVRE V. CHAPITRE I.
§ 1. Περὶ μὲν οὖν τῶν ἄλλων ὧν προειλόμεθα σχεδὸν εἴρηται περὶ
πάντων· ἐκ τίνων δὲ μεταβάλλουσιν αἱ πολιτεῖαι καὶ πόσων καὶ ποίων, καὶ
τίνες ἑκάστης πολιτείας φθοραί, καὶ ἐκ ποίων εἰς ποίας μάλιστα
μεθίστανται, ἔτι δὲ σωτηρίαι τίνες καὶ κοινῇ καὶ χωρὶς ἑκάστης εἰσίν, ἔτι
δὲ διὰ τίνων ἂν μάλιστα σῴζοιτο τῶν πολιτειῶν ἑκάστη, σκεπτέον ἐφεξῆς τοῖς
εἰρημένοις.
§ 2. Δεῖ δὲ πρῶτον ὑπολαβεῖν τὴν ἀρχήν, ὅτι πολλαὶ γεγένηνται πολιτεῖαι
πάντων μὲν ὁμολογούντων τὸ δίκαιον καὶ τὸ κατ' ἀναλογίαν ἴσον, τούτου δ'
ἁμαρτανόντων, ὥσπερ εἴρηται καὶ πρότερον. Δῆμος μὲν γὰρ ἐγένετο ἐκ τοῦ
ἴσους ὁτιοῦν ὄντας οἴεσθαι ἁπλῶς ἴσους εἶναι ιὅτι γὰρ ἐλεύθεροι πάντες
ὁμοίως, ἁπλῶς ἴσοι εἶναι νομίζουσινν, ὀλιγαρχία δὲ ἐκ τοῦ ἀνίσους ἕν τι
ὄντας ὅλως εἶναι ἀνίσους ὑπολαμβάνειν νκατ' οὐσίαν γὰρ ἄνισοι ὄντες ἁπλῶς
ἄνισοι ὑπολαμβάνουσιν εἶναἰ.
§ 3. Εἶτα οἱ μὲν ὡς ἴσοι ὄντες πάντων τῶν ἴσων ἀξιοῦσι μετέχειν· οἱ δ' ὡς
ἄνισοι ὄντες πλεονεκτεῖν ζητοῦσιν, τὸ γὰρ πλεῖον ἄνισον. Ἔχουσι μὲν οὖν τι
πᾶσαι δίκαιον, ἡμαρτημέναι δ' ἁπλῶς εἰσιν. Καὶ διὰ ταύτην τὴν αἰτίαν, ὅταν
μὴ κατὰ τὴν ὑπόληψιν ἣν ἑκάτεροι τυγχάνουσιν ἔχοντες μετέχωσι τῆς
πολιτείας, στασιάζουσιν. Πάντων δὲ δικαιότατα μὲν ἂν στασιάζοιεν, ἥκιστα
δὲ τοῦτο πράττουσιν, οἱ κατ' ἀρετὴν διαφέροντες·
| [5,1301a] LIVRE V. CHAPITRE PREMIER.
§ 1. Toutes les parties du sujet que nous nous proposions de traiter sont
donc à peu près épuisées. Pour faire suite à tout ce qui précède, nous
allons étudier, d'une part, le nombre et la nature des causes qui amènent
les révolutions dans les États, les caractères qu'elles prennent selon les
constitutions, et les relations qu'ont le plus ordinairement les principes
qu'elles quittent avec ceux qu'elles adoptent; d'autre part, nous
rechercherons quels sont pour les États en général, et pour chaque État en
particulier, les moyens de conservation; et enfin nous verrons quelles
sont les ressources spéciales de chacun d'eux.
§ 2. Nous avons indiqué déjà la cause première à laquelle il faut
rapporter la diversité de toutes les constitutions, la voici : tous les
systèmes politiques, quelque divers qu'ils soient, reconnaissent des
droits et une égalité proportionnelle entre les citoyens; mais tous s'en
écartent dans l'application. La démagogie est née presque toujours de ce
qu'on a prétendu rendre absolue et générale une égalité qui n'était réelle
qu'à certains égards. Parce que tous sont également libres, ils ont cru
qu'ils devaient être égaux d'une manière absolue. L'oligarchie est née de
ce qu'on a prétendu rendre absolue et générale, une inégalité qui n'était
réelle que sur quelques points, parce que, tout en n'étant inégaux que par
la fortune, ils ont supposé qu'ils devaient l'être en tout et sans limite.
§ 3. Les uns, forts de cette égalité, ont voulu que le pouvoir politique,
dans toutes ses attributions, fût également réparti; les autres, appuyés
sur cette inégalité, n'ont pensé qu'à accroître leurs privilèges; car les
augmenter, c'était augmenter l'inégalité. Tous ces systèmes, bien que
justes au fond, sont donc tous radicalement faux dans la pratique. Aussi,
de part et d'autre, dès que l'on n'obtient pas en pouvoir politique tout
ce que l'on croit si faussement mériter, on a recours à une révolution.
Certes le droit d'en faire une appartiendrait bien plus légitimement aux
citoyens d'un mérite supérieur,
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