[8,9] CHAPITRE IX.
§ 1. Ἀλλὰ μὴν εἴ γε ἔστιν τι ἀεὶ τοιοῦτον, κινοῦν μέν τι ἀκίνητον δὲ αὐτὸ καὶ ἀΐδιον, ἀνάγκη καὶ τὸ πρῶτον ὑπὸ τούτου κινούμενον ἀΐδιον εἶναι.
§ 2. Ἔστιν δὲ τοῦτο δῆλον μὲν καὶ ἐκ τοῦ μὴ ἂν ἄλλως εἶναι γένεσιν καὶ φθορὰν καὶ μεταβολὴν τοῖς ἄλλοις, εἰ μή τι κινήσει κινούμενον· τὸ μὲν γὰρ ἀκίνητον {τὴν αὐτὴν} ἀεὶ τὸν αὐτὸν κινήσει τρόπον καὶ μίαν κίνησιν, ἅτε οὐδὲν αὐτὸ μεταβάλλον πρὸς τὸ κινούμενον. Τὸ δὲ κινούμενον ὑπὸ τοῦ κινουμένου μέν, ὑπὸ τοῦ ἀκινήτου δὲ κινουμένου ἤδη, διὰ τὸ ἄλλως καὶ ἄλλως ἔχειν πρὸς τὰ πράγματα, οὐ τῆς αὐτῆς ἔσται κινήσεως αἴτιον, ἀλλὰ διὰ τὸ ἐν ἐναντίοις εἶναι τόποις ἢ εἴδεσιν ἐναντίως παρέξεται κινούμενον ἕκαστον τῶν ἄλλων, καὶ ὁτὲ μὲν ἠρεμοῦν ὁτὲ δὲ κινούμενον.
§ 3. Φανερὸν δὴ γέγονεν ἐκ τῶν εἰρημένων καὶ ὃ κατ' ἀρχὰς ἠποροῦμεν, τί δή ποτε οὐ πάντα ἢ κινεῖται ἢ ἠρεμεῖ, ἢ τὰ μὲν κινεῖται ἀεὶ τὰ δ' ἀεὶ ἠρεμεῖ, ἀλλ' ἔνια ὁτὲ μὲν ὁτὲ δ' οὔ. Τούτου γὰρ τὸ αἴτιον δῆλόν ἐστι νῦν, ὅτι τὰ μὲν ὑπὸ ἀκινήτου κινεῖται ἀϊδίου, διὸ ἀεὶ κινεῖται, τὰ δ' ὑπὸ κινουμένου καὶ μεταβάλλοντος, ὥστε καὶ αὐτὰ ἀναγκαῖον μεταβάλλειν. Τὸ δ' ἀκίνητον, ὥσπερ εἴρηται, ἅτε ἁπλῶς καὶ ὡσαύτως καὶ ἐν τῷ αὐτῷ διαμένον, μίαν καὶ ἁπλῆν κινήσει κίνησιν.
| [8,9] CHAPITRE IX.
§ 1. S'il existe bien en effet éternellement un principe qui soit, ainsi que
nous le disons, moteur tout en étant immobile et éternel, il faut que le
premier mobile qu'il met en mouvement soit éternel ainsi que lui.
§ 2. Ce qui le prouve, c'est que la naissance, la destruction et le
changement ne peuvent pas se trouver autrement dans les choses qu'à
cette seule condition, à savoir qu'un certain mobile communiquera le
mouvement reçu par lui. En effet, l'immobile donnera toujours le même
mouvement, de la même manière et un mouvement unique, puisqu'il ne
change jamais dans son rapport avec le mobile qu'il meut. Mais le
mobile, au contraire, mu par l'immobile ou par un mobile qui a déjà reçu
le mouvement, se trouvant dans des rapports constamment divers avec
les choses, pourra ne plus être cause d'un mouvement identique.
Comme il est dans des lieux contraires ou qu'il revêt des formes
contraires, ce sera d'une façon contraire aussi qu'il communiquera le
mouvement à chacun des autres mobiles, selon qu'il sera lui-même
tantôt en repos, et tantôt en mouvement.
§ 3. Ce que nous venons de dire doit résoudre la question que nous
nous étions posée au début : Pourquoi tout n'est-il pas ou en
mouvement, ou en repos? Pourquoi certaines choses sont-elles dans un
mouvement éternel ? Pourquoi d'autres sont-elles dans un éternel
repos? Pourquoi y a-t-il des choses qui tantôt sont en mouvement, et
tantôt n'y sont pas? La cause en est maintenant évidente : c'est que les
unes sont mues par un immobile éternel, et alors elles changent
éternellement, tandis que les autres n'étant mues que par un mobile qui
change lui-même, doivent nécessairement changer aussi. Quant à
l'immobile qui, ainsi que nous l'avons déjà dit, persiste d'une manière
absolue, identique et toujours la même, il ne peut donner qu'un seul et
absolu mouvement.
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