[8,2] CHAPITRE II.
§ 1. Τὰ δὲ ἐναντία τούτοις οὐ χαλεπὸν λύειν. Δόξειε δ' ἂν ἐκ τῶν τοιῶνδε σκοποῦσιν ἐνδέχεσθαι μάλιστα κίνησιν εἶναί ποτε μὴ οὖσαν ὅλως.
§ 2. Πρῶτον μὲν ὅτι οὐδεμία ἀΐδιος μεταβολή· μεταβολὴ γὰρ ἅπασα πέφυκεν ἔκ τινος εἴς τι, ὥστε ἀνάγκη πάσης μεταβολῆς εἶναι πέρας τὰ ἐναντία ἐν οἷς γίγνεται, εἰς ἄπειρον δὲ κινεῖσθαι μηδέν.
§ 3. Ἔτι ὁρῶμεν ὅτι δυνατὸν κινηθῆναι μήτε κινούμενον μήτ' ἔχον ἐν ἑαυτῷ μηδεμίαν κίνησιν, οἷον ἐπὶ τῶν ἀψύχων, ὧν οὔτε μέρος οὐδὲν οὔτε τὸ ὅλον κινούμενον ἀλλ' ἠρεμοῦν κινεῖταί ποτε· προσῆκεν δὲ ἢ ἀεὶ κινεῖσθαι ἢ μηδέποτε, εἴπερ μὴ γίγνεται οὐκ οὖσα.
§ 4. Πολὺ δὲ μάλιστα τὸ τοιοῦτον ἐπὶ τῶν ἐμψύχων εἶναι φανερόν· οὐδεμιᾶς γὰρ ἐν ἡμῖν ἐνούσης κινήσεως ἐνίοτε, ἀλλ' ἡσυχάζοντες ὅμως κινούμεθά ποτε, καὶ ἐγγίγνεται ἐν ἡμῖν ἐξ ἡμῶν αὐτῶν ἀρχὴ κινήσεως, κἂν μηθὲν ἔξωθεν κινήσῃ. Τοῦτο γὰρ ἐπὶ τῶν ἀψύχων οὐχ ὁρῶμεν ὁμοίως, ἀλλ' ἀεὶ κινεῖ τι αὐτὰ τῶν ἔξωθεν ἕτερον· τὸ δὲ ζῷον αὐτό φαμεν ἑαυτὸ κινεῖν.
§ 5. Ὥστ' εἴπερ ἠρεμεῖ ποτὲ πάμπαν, ἐν ἀκινήτῳ κίνησις ἂν γίγνοιτο ἐξ αὑτοῦ καὶ οὐκ ἔξωθεν. Εἰ δ' ἐν ζῴῳ τοῦτο δυνατὸν γενέσθαι, τί κωλύει τὸ αὐτὸ συμβῆναι καὶ κατὰ τὸ πᾶν; εἰ γὰρ ἐν μικρῷ κόσμῳ γίγνεται, καὶ ἐν μεγάλῳ· καὶ εἰ ἐν τῷ κόσμῳ, κἀν τῷ ἀπείρῳ, εἴπερ ἐνδέχεται κινεῖσθαι τὸ ἄπειρον καὶ ἠρεμεῖν ὅλον. Τούτων δὴ τὸ μὲν πρῶτον λεχθέν, τὸ μὴ τὴν αὐτὴν ἀεὶ καὶ μίαν τῷ ἀριθμῷ εἶναι τὴν κίνησιν τὴν εἰς τὰ ἀντικείμενα, ὀρθῶς λέγεται. Τοῦτο μὲν γὰρ ἴσως ἀναγκαῖον, εἴπερ μὴ ἀεὶ μίαν καὶ τὴν αὐτὴν εἶναι δυνατὸν τὴν τοῦ αὐτοῦ καὶ ἑνὸς κίνησιν· λέγω δ' οἷον πότερον τῆς μιᾶς χορδῆς εἷς καὶ ὁ αὐτὸς φθόγγος, ἢ ἀεὶ ἕτερος, ὁμοίως ἐχούσης καὶ κινουμένης. Ἀλλ' ὅμως ὁποτέρως ποτ' ἔχει, οὐδὲν κωλύει τὴν αὐτὴν εἶναί τινα τῷ συνεχῆ εἶναι καὶ ἀΐδιον· δῆλον δ' ἔσται μᾶλλον ἐκ τῶν ὕστερον.
§ 6. Τὸ δὲ κινεῖσθαι μὴ κινούμενον οὐδὲν ἄτοπον, ἂν ὁτὲ μὲν ᾖ τὸ κινῆσον ἔξωθεν, ὁτὲ δὲ μή. Τοῦτο μέντοι πῶς ἂν εἴη, ζητητέον, λέγω δὲ ὥστε τὸ αὐτὸ ὑπὸ τοῦ αὐτοῦ κινητικοῦ ὄντος ὁτὲ μὲν κινεῖσθαι ὁτὲ δὲ μή· οὐδὲν γὰρ ἄλλ' ἀπορεῖ ὁ τοῦτο λέγων ἢ διὰ τί οὐκ ἀεὶ τὰ μὲν ἠρεμεῖ τῶν ὄντων τὰ δὲ κινεῖται.
§ 7. Μάλιστα δ' ἂν δόξειεν τὸ τρίτον ἔχειν ἀπορίαν, ὡς ἐγγιγνομένης οὐκ ἐνούσης πρότερον κινήσεως, τὸ συμβαῖνον ἐπὶ τῶν ἐμψύχων· ἠρεμοῦν γὰρ πρότερον μετὰ ταῦτα βαδίζει, κινήσαντος τῶν ἔξωθεν οὐδενός, ὡς δοκεῖ. Τοῦτο δ' ἐστὶ ψεῦδος. Ὁρῶμεν γὰρ ἀεί τι κινούμενον ἐν τῷ ζῴῳ τῶν συμφύτων· τούτου δὲ τῆς κινήσεως οὐκ αὐτὸ τὸ ζῷον αἴτιον, ἀλλὰ τὸ περιέχον ἴσως. Αὐτὸ δέ φαμεν αὑτὸ κινεῖν οὐ πᾶσαν κίνησιν, ἀλλὰ τὴν κατὰ τόπον. Οὐδὲν οὖν κωλύει, μᾶλλον δ' ἴσως ἀναγκαῖον, ἐν μὲν τῷ σώματι πολλὰς ἐγγίγνεσθαι κινήσεις ὑπὸ τοῦ περιέχοντος, τούτων δ' ἐνίας τὴν διάνοιαν ἢ τὴν ὄρεξιν κινεῖν, ἐκείνην δὲ τὸ ὅλον ἤδη ζῷον κινεῖν, οἷον συμβαίνει περὶ τοὺς ὕπνους· αἰσθητικῆς μὲν γὰρ οὐδεμιᾶς ἐνούσης κινήσεως, ἐνούσης μέντοι τινός, ἐγείρεται τὰ ζῷα πάλιν. Ἀλλὰ γὰρ φανερὸν ἔσται καὶ περὶ τούτων ἐκ τῶν ἑπομένων.
| [8,2] CHAPITRE II.
§ 1. Il n'est pas difficile de répondre aux principes qu'on opposerait à
ceux qui viennent d'être développés; et voici les principaux arguments
par lesquels on pourrait démontrer que le mouvement s'est produit à un
certain moment, sans du tout avoir antérieurement existé.
§ 2. D'abord il n'y a point de changement qui soit éternel, parce que
naturellement tout changement va d'un certain état à un certain état ; et
par une conséquence nécessaire, tout changement a pour limite les
contraires dans lesquels il se passe. Il n'y a donc pas de mouvement qui
puisse aller à l'infini.
§ 3. En second lieu, on peut se convaincre, par l'observation, qu'un objet
qui n'est pas mu actuellement et n'a en soi aucun mouvement, peut être
mu à un certain moment ; par exemple, les êtres inanimés, pour lesquels
sans qu'une partie ni le tout se meuve, et restant, au contraire,
immobiles, il peut y avoir mouvement à un certain moment donné. Mais
si le mouvement ne peut pas naître et sortir du néant, il faut dire alors, ou
que le mouvement est éternel, ou qu'il est éternellement impossible.
§ 4. Ceci, du reste, est évidemment bien plus sensible encore dans les
êtres animés, et nous le voyons par nous-mêmes; car, bien qu'il n'y ait
en nous aucun mouvement, et qu'à ce moment nous soyons en repos,
néanmoins nous nous mettons en mouvement ; et c'est en nous-mêmes
que nous trouvons alors le principe du mouvement qui nous fait agir,
sans qu'il y ait la moindre intervention du dehors. Mais nous ne pouvons
pas en dire autant pour les choses inanimées, qui ne sont jamais mues
que par une cause extérieure. Pour l'être animé, au contraire, nous
disons qu'il se meut lui-même, attendu que, s'il demeure parfois dans un
absolu repos, il se produit aussi en lui un mouvement qui ne vient que de
lui seul, et où le dehors n'est pour rien. Mais si ce phénomène peut se
passer dans l'animal, pourquoi ne se passerait-il pas aussi tout à fait de
même dans l'univers? Si c'est possible dans le petit monde, ce l'est
également dans le grand; et si c'est possible dans le monde, c'est
possible aussi dans l'infini, si toutefois l'infini peut, ou se mouvoir tout
entier, ou demeurer tout entier en repos.
§ 5. De ces divers arguments, le premier dont nous avons parlé, et qui
consiste à dire que le mouvement qui va aux opposés ne peut pas être
éternellement le même, et numériquement un, ce premier argument est
très vrai. On peut même trouver qu'il y a en ceci nécessité absolue,
puisqu'une seule et même chose ne peut avoir un mouvement qui soit un
et toujours le même ; numériquement. Je cite un exemple, et je demande
si le son d'une seule corde est toujours un seul et même son, ou si c'est
toujours un son différent, tant qu'elle reste semblable et semblablement
mue. Mais, quoi qu'il en soit de ceci, rien n'empêche que le mouvement
ne soit un et le même, en étant continu et éternel. C'est ce que l'on verra
plus clairement par ce qui va suivre.
§ 6. Il n'y a rien d'absurde à dire qu'un corps qui n'était pas en
mouvement peut y être mis, selon que le moteur extérieur, tantôt existe,
et tantôt n'existe point. Mais il faut examiner à quelles conditions cela est
possible. Je dis donc que la même chose peut tantôt être mue par le
même moteur capable de la mouvoir, et tantôt ne l'être pas. Cela revient
absolument à rechercher comment il se fait que les choses ne sont pas
toujours en repos ou toujours en mouvement.
§ 7. Quant au troisième argument, c'est celui qui peut surtout
embarrasser, quand on voit que dans les êtres animés le mouvement se
produit tout à coup, sans y avoir antérieurement apparu. L'être est en
repos; puis tout à coup il marche, sans qu'aucune cause extérieure l'ait
mis en action, du moins à ce qu'il semble. Mais c'est là une erreur. Dans
l'animal, il y a toujours quelqu'un des éléments naturels dont il est formé,
qui est en mouvement. Or, ce n'est pas l'être lui-même qui est cause du
mouvement de ces éléments, et c'est peut-être le milieu qui l'enveloppe.
Nous ne disons pas que ce soit l'être lui-même qui puisse se donner
toute espèce de mouvement; mais nous n'entendons désigner que le
mouvement dans l'espace. Or, il se peut fort bien, et peut-être même est-
il nécessaire qu'il se passe dans le corps une foule de mouvements
causés par tout ce qui l'environne. Ces mouvements agissent à leur tour
sur la pensée et sur le désir, qui met alors lui-même en mouvement l'être
entier. C'est ce qu'on voit bien dans les phénomènes du sommeil,
L'animal s'éveille sans qu'il y ait de mouvement sensible, bien qu'il y ait
pourtant un mouvement d'un certain genre. Mais ce que nous allons dire
éclaircira tout ceci.
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