[8,14] CHAPITRE XIV.
§ 1. Εὐλόγως δὲ συμβέβηκε τὸ τὴν κύκλῳ μίαν εἶναι καὶ συνεχῆ, καὶ μὴ τὴν ἐπ' εὐθείας· τῆς μὲν γὰρ ἐπ' εὐθείας ὥρισται καὶ ἀρχὴ καὶ τέλος καὶ μέσον, καὶ πάντ' ἔχει ἐν αὑτῇ, ὥστ' ἔστιν ὅθεν ἄρξεται τὸ κινούμενον καὶ οὗ τελευτήσει (πρὸς γὰρ τοῖς πέρασιν ἠρεμεῖ πᾶν, ἢ ὅθεν ἢ οὗ), τῆς δὲ περιφεροῦς ἀόριστα· τί γὰρ μᾶλλον ὁποιονοῦν πέρας τῶν ἐπὶ τῆς γραμμῆς; ὁμοίως γὰρ ἕκαστον καὶ ἀρχὴ καὶ μέσον καὶ τέλος, ὥστ' ἀεί τε εἶναι ἐν ἀρχῇ καὶ ἐν τέλει καὶ μηδέποτε. διὸ κινεῖταί τε καὶ ἠρεμεῖ πως ἡ σφαῖρα· τὸν αὐτὸν γὰρ κατέχει τόπον.
§ 2. Αἴτιον δ' ὅτι πάντα συμβέβηκε ταῦτα τῷ κέντρῳ· καὶ γὰρ ἀρχὴ καὶ μέσον τοῦ μεγέθους καὶ τέλος ἐστίν, ὥστε διὰ τὸ ἔξω εἶναι τοῦτο τῆς περιφερείας οὐκ ἔστιν ὅπου τὸ φερόμενον ἠρεμήσει ὡς διεληλυθός (ἀεὶ γὰρ φέρεται περὶ τὸ μέσον, ἀλλ' οὐ πρὸς τὸ ἔσχατον), διὰ δὲ τὸ τοῦτο μένειν ἀεί τε ἠρεμεῖ πως τὸ ὅλον καὶ κινεῖται συνεχῶς.
§ 3. Συμβαίνει δ' ἀντιστρόφως· καὶ γὰρ ὅτι μέτρον τῶν κινήσεων ἡ περιφορά, πρώτην ἀναγκαῖον αὐτὴν εἶναι (ἅπαντα γὰρ μετρεῖται τῷ πρώτῳ), καὶ διότι πρώτη, μέτρον ἐστὶν τῶν ἄλλων.
§ 4. Ἔτι δὲ καὶ ὁμαλῆ ἐνδέχεται εἶναι τὴν κύκλῳ μόνην· τὰ γὰρ ἐπ' εὐθείας ἀνωμαλῶς ἀπὸ τῆς ἀρχῆς φέρεται καὶ πρὸς τὸ τέλος· πάντα γὰρ ὅσῳπερ ἂν ἀφίστηται {πλεῖον} τοῦ ἠρεμοῦντος, φέρεται θᾶττον· τῆς δὲ κύκλῳ μόνης οὔτ' ἀρχὴ οὔτε τέλος ἐν αὐτῇ πέφυκεν, ἀλλ' ἐκτός.
§ 5. Ὅτι δ' ἡ κατὰ τόπον φορὰ πρώτη τῶν κινήσεων, μαρτυροῦσι πάντες ὅσοι περὶ κινήσεως πεποίηνται μνείαν· τὰς γὰρ ἀρχὰς αὐτῆς ἀποδιδόασιν τοῖς κινοῦσι τοιαύτην κίνησιν. διάκρισις γὰρ καὶ σύγκρισις κινήσεις κατὰ τόπον εἰσίν, οὕτω δὲ κινοῦσιν ἡ φιλία καὶ τὸ νεῖκος· τὸ μὲν γὰρ διακρίνει, τὸ δὲ συγκρίνει αὐτῶν. καὶ τὸν νοῦν δέ φησιν Ἀναξαγόρας διακρίνειν τὸν κινήσαντα πρῶτον. ὁμοίως δὲ καὶ ὅσοι τοιαύτην μὲν οὐδεμίαν αἰτίαν λέγουσιν, διὰ δὲ τὸ κενὸν κινεῖσθαί φασιν· καὶ γὰρ οὗτοι τὴν κατὰ τόπον κίνησιν κινεῖσθαι τὴν φύσιν λέγουσιν (ἡ γὰρ διὰ τὸ κενὸν κίνησις φορά ἐστιν καὶ ὡς ἐν τόπῳ), τῶν δ' ἄλλων οὐδεμίαν ὑπάρχειν τοῖς πρώτοις ἀλλὰ τοῖς ἐκ τούτων οἴονται· αὐξάνεσθαι γὰρ καὶ φθίνειν καὶ ἀλλοιοῦσθαι συγκρινομένων καὶ διακρινομένων τῶν ἀτόμων σωμάτων φασίν. τὸν αὐτὸν δὲ τρόπον καὶ ὅσοι διὰ πυκνότητα ἢ μανότητα κατασκευάζουσι γένεσιν καὶ φθοράν· συγκρίσει γὰρ καὶ διακρίσει ταῦτα διακοσμοῦσιν. ἔτι δὲ παρὰ τούτους οἱ τὴν ψυχὴν αἰτίαν ποιοῦντες κινήσεως· τὸ γὰρ αὐτὸ αὑτὸ κινοῦν ἀρχὴν εἶναί φασιν τῶν κινουμένων, κινεῖ δὲ τὸ ζῷον καὶ πᾶν τὸ ἔμψυχον τὴν κατὰ τόπον αὑτὸ κίνησιν.
§ 6. Καὶ κυρίως δὲ κινεῖσθαί φαμεν μόνον τὸ κινούμενον {τὴν} κατὰ τόπον {κίνησιν}· ἂν δ' ἠρεμῇ μὲν ἐν τῷ αὐτῷ, αὐξάνηται δ' ἢ φθίνῃ ἢ ἀλλοιούμενον τυγχάνῃ, πῂ κινεῖσθαι, ἁπλῶς δὲ κινεῖσθαι οὔ φαμεν.
§ 7. Ὅτι μὲν οὖν ἀεί τε κίνησις ἦν καὶ ἔσται τὸν ἅπαντα χρόνον, καὶ τίς ἀρχὴ τῆς ἀϊδίου κινήσεως, ἔτι δὲ τίς πρώτη κίνησις, καὶ τίνα κίνησιν ἀΐδιον ἐνδέχεται μόνην εἶναι, καὶ τὸ κινοῦν πρῶτον ὅτι ἀκίνητον, εἴρηται.
| [8,14] CHAPITRE XIV.
§ 1. On comprend du reste très bien que la translation circulaire soit une
et continue, tandis que la translation en ligne droite ne peut pas l'être.
Dans le mouvement direct, le point de départ, le milieu, et la fin où il
s'arrête, tout est déterminé ; et cette ligne a tout cela en elle-même. Ainsi
il y a un point où le mobile commencera à se mouvoir, et un point où il
achèvera et finira son mouvement. En effet, tout mobile est en repos aux
deux extrémités, ou à celle d'où il part, ou à celle où il arrive. Mais tous
ces éléments sont indéfinis dans le mouvement circulaire ; car où trouver
une limite quelconque ici plutôt que là dans les points d'une
circonférence? Tous sans exception peuvent être tout aussi bien soit le
commencement, soit le milieu, soit la fin. Toujours il y en a qui sont au
commencement et à la fin, en même temps que jamais ils n'y sont. On
peut donc dire que la sphère se meut tout à la fois et est en repos, parce
qu'elle occupe toujours le même lieu.
§ 2. Ce qui fait que toutes ces propriétés appartiennent au cercle, c'est
qu'elles appartiennent d'abord au centre. Le centre en effet est le
commencement, et le milieu de la grandeur comme il en est la fin; et
comme le centre est en dehors de la circonférence, il n'y a pas de point
où le mobile mis en mouvement puisse s'arrêter après avoir épuisé son
mouvement ; car il est porté sans cesse vers le milieu, et non point vers
l'extrémité. Voilà comment le cercle entier est en quelque sorte toujours
immobile et en repos, et comment cependant il est dans un mouvement
continu.
§ 3. Mais il y a ici réciprocité ; et c'est parce que le mouvement circulaire
est la mesure de tous les autres qu'il doit être nécessairement le premier
de tous ; car toutes choses se mesurent au primitif ; et c'est parce que ce
mouvement est le premier qu'il sert de mesure à tous les autres
mouvements.
§ 4. Il n'y a en outre que le mouvement circulaire qui puisse être uniforme
; car les mouvements en ligne droite n'ont pas lieu uniformément au
commencement et à la fin ; et tout mobile sans exception est mu d'autant
plus vivement qu'il s'éloigne davantage du point d'inertie. Mais le
mouvement circulaire est le seul qui ait au dehors et non en lui-même
son origine et sa fin.
§ 5. D'ailleurs tous les philosophes qui se sont occupés de l'étude du
mouvement et qui en ont traité, admettent et témoignent unanimement
que la translation dans l'espace est le premier des mouvements. Tous ils
font remonter les principes du mouvement aux seuls moteurs qui
produisent cette sorte de mouvement particulier. Ainsi, la division et la
combinaison ne sont l'une et l'autre que des mouvements dans l'espace.
Or, c'est ainsi que l'Amour et la Discorde font mouvoir les choses ; car
l'une divise et l'autre réunit et combine. C'est encore ainsi qu'Anaxagore
prétend que l'Intelligence, premier moteur de tout l'univers, divise et
ordonne les choses. C'est même encore là le sentiment des philosophes
qui ne reconnaissent point de cause de ce genre, et qui ne voient le
principe du mouvement que dans le vide; car eux aussi ils disent que le
mouvement de la nature est le mouvement dans l'espace, puisque le
mouvement dans le vide est une translation; et il s'y accomplit comme
dans le lieu. Tous ces philosophes pensent qu'aucun mouvement autre
que celui-là ne peut appartenir aux éléments primitifs, et que les autres
mouvements s'appliquent seulement aux composés que forment ces
éléments premiers. Selon eux, l'accroissement, le dépérissement et
l'altération ne sont que des combinaisons ou des divisions des corps
indivisibles, des atomes. C'est encore le raisonnement de ceux qui
expliquent la production et la destruction des choses par la condensation
et par la raréfaction; car c'est toujours supposer que ces phénomènes
ont lieu par combinaison et par division. C'est même là enfin l'opinion de
ces autres philosophes qui font de l'âme la cause du mouvement,
puisque, dans leur système, c'est ce qui se meut soi-même qui met en
mouvement tout le reste; et que l'animal ou tout être qui a une âme, se
donne à lui-même le mouvement dans l'espace ou la locomotion.
§ 6. J'ajoute qu'à proprement parler on ne dit réellement d'une chose
qu'elle a du mouvement que quand elle se meut dans l'espace. Si elle
demeure en repos dans le même lieu, elle a beau s'accroître ou dépérir
ou s'altérer, on dit alors qu'elle se meut d'une certaine façon; mais on ne
dit pas d'une manière absolue qu'elle se meuve.
§ 7. Ainsi donc on a démontré que le mouvement a toujours existé, et
qu'il existera dans toute la durée du temps; on a dit quel est le principe
du mouvement éternel et quel est le premier des mouvements; on a dit
encore quel est le mouvement qui seul peut avoir lieu éternellement; et
enfin on a établi que le premier moteur est immobile.
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